Rencontre avec Jean-Jacques Goldman
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Rencontre avec Jean-Jacques Goldman
M40, le 31 janvier 1992
Retranscription de Géraldine Gauthier et Delphine W.
Animateur : Prénom ?
Jean-Jacques Goldman : Jean-Jacques.
Animateur : Nationalité ?
Jean-Jacques Goldman : Française.
Animateur : Profession ?
Jean-Jacques Goldman : De foi.
Animateur : Age ?
Jean-Jacques Goldman : Quarante ans et quelques nèfles.
Animateur : Taille ?
Jean-Jacques Goldman : 1 m 75.
Animateur : Poids ?
Jean-Jacques Goldman : Bof... entre 58 et 62.
Animateur : Signe particulier ?
Jean-Jacques Goldman : Sans.
Animateur : Titre actuel ?
Jean-Jacques Goldman : Citoyen.
Animateur : Jean-Jacques Goldman sur M40.
Animateur : 20 heures sur M40. Bienvenue à tous. Bonsoir. Jean-Jacques Goldman avec nous comme Thierry Hasard l'a été la semaine dernière. Jean-Jacques Goldman, pendant une heure, c'est un grand mot parce que nous, à M40, radio qui débute avec quelqu'un comme toi, Jean-Jacques, c'est quand même un privilège. Donc je te remercie d'être ce soir avec nous. Et d'une. Et puis d'autre part, on va parler un peu de tout ce soir, on va écouter un peu ce que tu aimes, on va parler un petit peu de ce que tu n'aimes pas aussi, parce que tu as le droit de le dire. Et puis on va surtout parler de ta collaboration actuelle avec Carole Fredericks et Michaël Jones qui est quand même le fer de lance actuel de ta carrière.
Alors, pourquoi une nouvelle carrière à trois ? Est-ce que c'est un intermède ? Est-ce que c'est une envie de faire des trucs ensemble ? Est-ce que c'est une nouvelle facette du compositeur Goldman ?
Jean-Jacques Goldman : Dans toute vie professionnelle d'abord, et en particulier musicale, il y a plusieurs phases. Moi j'ai eu une phase bals, groupes de clubs, des choses comme ça, ensuite il y a eu une phase Taï Phong, c'est à dire groupe et discographie puisqu'il y a eu trois albums. Ensuite il y a eu une phase où j'ai fait de la chanson en français tout seul. Et puis là, il y a une phase où je fais de la chanson en français avec deux complices.
Animateur : Est-ce que c'est un truc qui va durer ? Est-ce que vous avez d'autres projets ensemble ou est-ce que c'est une collaboration "tiens on va faire un album ensemble" ?
Jean-Jacques Goldman : Bah c'est quelque chose qui dure depuis longtemps puisque je connais Michaël depuis plus de 10 ans, Carole depuis plus de 6 ans. Donc c'est devenu un peu plus voyant avec l'album "Fredericks-Goldman-Jones", mais c'était déjà une longue histoire. Et je pense que ce n'est pas une histoire qui va se terminer comme ça.
Animateur : Et qu'est-ce qui t'a poussé à choisir spécialement ces gens-là ? Parce que je suppose que tu as dû travailler avec beaucoup de pointures au niveau artistes, et pas seulement pour Michaël Jones et pareil pour les choristes.
Jean-Jacques Goldman : Oui mais c'est toujours la question qu'on se pose quand on choisit un ami, un amant, une femme ou des gens comme ça. On ne sait pas pourquoi. C'est un ensemble, parce que c'était eux, parce que c'était moi, comme dirait l'autre.
Animateur : J'ai lu aussi que tu avais fait ça pour éviter un peu la routine de l'album tourné, et puis éviter aussi l'autoplagiat, c'est à dire faire du Jean-Jacques Goldman dans le texte et faire un petit peu un truc différent avec d'autres inspirations.
Jean-Jacques Goldman : Oui, enfin, plus globalement, comme je te l'ai dit tout à l'heure, on ne peut pas résumer une carrière en une seule chose et faire tout le temps la même chose. Donc si tu veux garder un petit peu d'envie et du plaisir à le faire, il faut suivre là où l'envie et le plaisir te guident. Et moi, l'envie et le plaisir allaient dans cette direction-là et avec ces personnages-là.
Animateur : Est-ce que, en général, tu restes fidèle à tes musiciens, à ton équipe, aussi bien au niveau des albums que des tournées ?
Jean-Jacques Goldman : Pas systématiquement, non.
Animateur : D'accord, on va écouter pas mal de choses. On va commencer par du Fredericks-Goldman-Jones, dans le texte évidemment. « Un, deux, trois » sur M40. Ce soir Jean-Jacques Goldman est notre invité.
[« Un, deux, trois »]
Animateur : M40, ce soir notre invité Jean-Jacques Goldman jusqu'à 21 heures. Si on reparle un petit peu des débuts, on ne va pas refaire tout petit à petit et dans le détail, mais Taï Phong, cest quand même une carrière, un truc important pour toi parce que trois albums c'est quand même pas n'importe quoi et le petit truc, quoi.
Jean-Jacques Goldman : C'était l'aboutissement de 10 ou 15 ans d'expériences de groupes. Alors tu commences d'abord par le bal de lycée, après tu es embauché pour des soirées privées chez des copains ou des trucs comme ça, après tu es embauché dans des clubs et après tu commences à faire le circuit des boîtes. Et ensuite, tu as envie de faire tes propres titres et tu signes un contrat. Donc ça a été un long truc de 10-15 ans et Taï Phong était le groupe parmi les dizaines de groupes qu'il y avait eu auparavant qui a signé un contrat.
Animateur : Et Taï Phong, c'était qui en fait ?
Jean-Jacques Goldman : C'était deux frères vietnamiens, anglo-vietnamiens, qui s'appelaient Khan et Taï et il y avait un jeune batteur qui avait 17-18 ans qui était très brillant et qui s'appelait Stéphan Caussarieu. Et voilà. Il y avait un clavier de la banlieue sud aussi, très brillant qui s'appelait Jean-Alain Gardet. Et voilà. Et moi.
Animateur : Et quel souvenir tu gardes de cette époque-là ? Un peu bons souvenirs entre copains ou les bals, ou un petit peu galère et on cherche un petit peu sa voie ?
Jean-Jacques Goldman : Pas trop, justement, on était tous sortis des bals, on ne voulait plus faire ça. Et donc, on avait tous répété pendant un an sans faire rien d'autre. Donc c'est plutôt une ambiance de travail et de studios dont je me souviens et où il n'y avait pas énormément de relations personnelles jusqu'à ce qu'il y ait un bassiste qui vienne pour remplacer l'autre et qui s'appelait Michaël Jones.
Animateur : Et on se souvient de "Sister Jane" évidemment qui est un titre, Thierry Hazard me disait la semaine dernière, c'était un titre qui avait marqué sa jeunesse et je crois que ce n'est pas le seul dans ce cas. Et puis moi, je me souviens d'un dimanche, j'étais devant la télé et je regardais "Les rendez-vous du dimanche" avec Michel Drucker et puis il dit "Voilà un jeune artiste français qui arrive avec une cravate en cuir". Et puis c'était toi avec "Il suffira d'un signe" et ça, c'etait les grands débuts, c'était le début solo. Est-ce que tu avais préparé l'album ? C'était juste une chanson et quand tu as eu du succès tu as pris l'album ?
Jean-Jacques Goldman : Non, toutes les chansons qui sont sur cet album, je les avais proposées à d'autres, puisque mon idée à moi, c'était surtout d'écrire des chansons pour des interprètes existants. Donc quand Taï Phong s'était terminé, j'en avais un petit peu marre, je voulais juste écrire des chansons et puis ce n'était pas fondamental pour moi d'être interprète. Et devant le refus de tous les interprètes de l'époque de chanter mes chansons parce que je n'étais pas connu, je les ai interprétées moi-même, et voilà.
Animateur : Et ça a marché dès le départ "Il suffira d'un signe" ou il a fallu ramer un peu ?
Jean-Jacques Goldman : Ça a ramé. Enfin, moi je m'en foutais, je travaillais…
Animateur : C'était pas le but ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, oui. Ce n'était pas très important pour moi. Et de temps en temps j'allumais la radio et puis j'entendais mon titre et puis il y avait des gens dans la maison de disques qui y croyaient beaucoup et puis il n'y avait pas beaucoup de gens, mais il y en avait deux-trois, comme ça qui travaillaient beaucoup dessus. Et puis 81, c'est l'année où c'est sorti et c'était lié aussi à l'arrivée des radios locales. Et les radios locales programment systématiquement un peu ce qui ne se programmait pas ailleurs. Et ça, ça a été un peu ma chance.
Animateur : Et tu dis que tu voulais écrire pour d'autres gens, est-ce que c'est pas un peu bizarre que tu n'aies pas plus écrit comme avec Johnny pour "Gang" et pour d'autres gens ? Et est-ce que tu aurais voulu plus le faire ?
Jean-Jacques Goldman : A partir du moment où ça marchait pour moi, ça m'a intéressé. J'ai bien aimé ensuite chanter, faire de la scène, etc. Il se trouve que j'écris très peu, donc ça m'a pris presque tout ce que j'écrivais. Je n'écris pas plus de 10-12 chansons tous les 2-3 ans. Animateur : Est-ce que c'était l'envie du compositeur Goldman de travailler avec un monument comme Johnny ou est-ce que c'était une commande "Tiens, Goldman ça marche bien, je vais lui demander de faire un album" ?
Jean-Jacques Goldman : C'était un peu les deux dans le sens où lui venait de faire un album avec Berger qui l'avait un peu remis en selle. Et donc, il voulait continuer cette expérience de travailler très près en collaboration avec un auteur compositeur. Mais je n'aurais pas accepté si ça n'avait pas été Johnny. Et ceci dit, cette idée de travailler avec d'autres, il m'a semblé la continuer avec Carole et Michaël.
Animateur : On se retrouve juste après Simple Red avec des questions des auditeurs sur Minitel. Jusqu'à 21 heures, Jean-Jacques Goldman est notre invité sur M40.
[Stars]
Animateur : Jean-Jacques Goldman est notre invité jusqu'à 21 heures sur M40. Et puis on va prendre des auditeurs aussi au fil avec, par exemple, Christian qui nous appelle de Nîmes. Salut Christian.
Christian : Oui, bonjour.
Animateur : Tu nous entends ?
Christian : Oui, je vous entends très bien.
Animateur : Tu peux poser ta question à Jean-Jacques.
Christian : Mon fils est collectionneur de Jean-Jacques Goldman, il a à peu près maintenant 200 disques ou compacts différents et il a été relativement déçu sur le dernier coffret, notamment sur le dernier CD. Il pensait trouver vraiment des raretés et il pensait surtout trouver les "Red Mountain Gospellers", c'était le premier groupe de Goldman. Et puis ça ne figurait pas, il était un petit peu déçu, alors pourquoi ? Est-ce que c'était un problème de droits ou est-ce que Jean-Jacques n'a strictement rien à voir dans le choix des titres ?
Jean-Jacques Goldman : Ah ouais ! Franchement, moi j'avais oublié ça. Des fois je reçois des lettres de gens qui sont plus au courant que moi de ce que j'ai fait. Alors ça, "Red Mountain Gospellers", c'était un truc que j'avais fait quand j'avais 13-14 ans qui était ce dont on parlait tout à l'heure, les premiers trucs communaux. Là, c'était des negro spiritual qu'on avait fait. Il y avait une chanson de Donovan aussi. Bof, je crois que si on ne l'a pas mis, c'est parce que je n'ai pas pensé que c'était d'un intérêt vital. Et puis en plus ce ne sont pas des textes originaux, je crois qu'il y avait "Go down Moses", il y avait Jerry Coke, qui sont des traditionnels du gospel, et puis il y avait cette chanson de Donovan. A mon avis, notre version n'a pas été absolument fondamentale dans l'histoire de ces titres (rires).
Christian : Non, ce n'était peut-être pas fondamental mais enfin je pense que des collectionneurs qui aiment Goldman auraient peut-être aimé trouver, justement, les tout débuts, débuts.
Jean-Jacques Goldman : Ah ! Peut-être. Franchement, ça ne m'a pas traversé l'esprit.
Animateur : Vraiment un vrai collectionneur acharné, quoi ?
Christian : Ah oui. Mon fils possède plus de 200 disques du monde entier.
Animateur : 200 disques, Jean-Jacques.
Christian : Des Etats-Unis, du Japon…
Jean-Jacques Goldman : Il en a plus que moi déjà.
Animateur : Merci Christian.
Christian : C'est moi. Au revoir.
Animateur : Au revoir, à bientôt, merci. La tournée, ça s'est passé impeccablement ? C'était fantastique ? Enfin je suppose que Jean-Jacques Goldman est avant tout un homme de scène…
Jean-Jacques Goldman : Pas tant que ça.
Animateur : Pas tant que ça ?
Jean-Jacques Goldman : Non, non. Non, je suis plus un type de studio et de composition que de scène. La scène n'est pas un endroit où je me sens naturellement très à l'aise. Et c'est vrai, j'ai appris à aimer et en particulier avec Carole et Michaël qui eux sont vraiment des gens de scène avant tout.
Animateur : Et alors vous avez fait une tournée marathon là. C'est passé par où ?
Jean-Jacques Goldman : Non pas tant que ça. On a fait une centaine de dates pour l'instant entre la France, la Belgique et la Suisse. On n'a pas encore beaucoup voyagé.
Animateur : Parmi les questions Minitel, on a Marc qui nous demande quand est-ce que tu sors un album live issu de cette tournée et s'il y en a un de prévu.
Jean-Jacques Goldman : On est en train d'écouter les bandes. A mon avis, ça va se faire et, à mon avis, ça devrait être vers le mois de septembre.
Animateur : Et tu es sensible aussi aux sons de l'époque comme, par exemple [???]. On va en parler tout à l'heure, qu'est-ce qui te séduit chez eux ?
Jean-Jacques Goldman : N'importe comment, on ne peut pas ne pas être influencé par ce qui se passe et par ce qu'on entend. Et les deux exemples qu'il y a sur ta programmation, par hasard c'est Simple Red et U2 qui sont pourtant des gens dont les racines sont très traditionnelles et tu entends les rythmiques derrière, c'est très 92.
Animateur : Roachford, choisi par Jean-Jacques Goldman.
[???]
Animateur : Avec Jean-Jacques Goldman, ce soir, qui est notre invité jusqu'à 21 heures. Tu disais qu'un musicien ne peut pas ne pas ne pas être influencé par les sons de l'époque, est-ce que toi tu es influencé et par qui ? Est-ce que ce sont des gens en France ? Est-ce que ce sont des gens internationaux ? Est-ce que tu l'es plus par des gens ou par des sons ?
Jean-Jacques Goldman : Par ce que j'entends d'abord, c'est un environnement. De la même façon que les gens ne s'habillent pas maintenant, qu'ils le veulent ou pas, comme il y a trois ou quatre ans. Sans bien comprendre pourquoi, ils vont acheter un col plus long ou plus petit, tout ça… Le fait d'écouter de la musique, tu vas trouver que les caisses claires sonnent mieux comme ça ce qui fait que, sans t'en rendre compte, ton album de 81, 83, 84, 85, finalement, il sonne tout à fait dans…
Animateur : Il est plus dans l'air du temps. Mais est-ce que tu crois que tu te sers, par exemple de certains gimmicks. Est-ce que tu le fais consciemment ou est-ce que c'est l'époque qui veut ça ? Et quand tu composes, tu es dans l'année 91 ou 92 et tu composes et ça vient parce que tu es donc en 92 et tu entends parler des mêmes choses qu'en 83 ?
Jean-Jacques Goldman : Je crois que tu baignes là-dedans et c'est plus ou moins inconscient, sauf quand il y a des grands mouvements technologiques comme, par exemple, l'arrivée des boîtes à rythmes, des programmations ou des choses comme ça. Evidemment, le jour où tu achète un séquenceur, tu ne composes plus tout à fait comme avant. J'avais lu une interview d'Elton John qui disait qu'il avait recommencé à composer des chansons rapides avec l'arrivée du synthétiseur, parce que le piano ne permet pas de faire des chansons rapides. Voilà, ce sont des choses comme ça qui peuvent vraiment t'influencer.
Animateur : Et ton matériel à toi, c'est toujours gratte, piano ou est-ce que tu te sers aussi de tous ces engins ?
Jean-Jacques Goldman : Non, je me sers beaucoup maintenant de l'Atari et puis des systèmes de boîte à rythmes et des synthétiseurs. Ça ne s'entend peut-être pas beaucoup dans le style de je fais mais ça t'aide beaucoup à travailler.
Animateur : C'est du gain temps ou est-ce que tu peux faire d'autres choses, tu peux plus t'exprimer avec ce genre de matériel ?
Jean-Jacques Goldman : En ce qui me concerne, c'est surtout du gagne-temps mais ça devrait devenir des sources d'inspiration puisque, maintenant, la forme, à mon avis, peut inspirer le fond. C'est à dire que sur un son, sur un groove, comme ils disent, sur des choses comme ça, de formes, à mon avis, peuvent découler une chanson. Alors que la technique traditionnelle, et qui est la mienne au départ, c'est d'abord de commencer au piano et ensuite de l'habiller. A mon avis, il y a des choses maintenant qui peuvent naître simplement d'une ambiance, d'une couleur et d'une rythmique.
Animateur : OK. M40 avec Jean-Jacques Goldman ce soir. On se retrouve dans quelques instants.
[C'est pas d'l'amour]
Animateur : Jean-Jacques Goldman est notre invité ce soir sur M40. Autant vous dire tout de suite que l'on a eu un sacré paquet de questions Minitel, en commençant par Hélène qui nous demande quand est-ce que tu sors un nouvel album. "J'espère que l'on ne t'attendra pas deux ans", dit-elle "pour qu'on t'écoute sur une nouvelle galette ?"
Jean-Jacques Goldman : A mon avis, elle n'attendra pas deux ans, elle attendra trois ou quatre ans, à mon avis.
Animateur : Ce n'est pas prévu pour tout de suite ?
Jean-Jacques Goldman : Non, non.
Animateur : Tu n'as pas envie de te remettre au travail ?
Jean-Jacques Goldman : Non, j'ai une flemme en ce moment !
Animateur : Est-ce que Jean-Jacques Goldman se dit "Bon, il faut quand même que je fasse un album parce que ça fait déjà deux ans que je n'ai rien sorti" ou est-ce que tu attends l'inspiration et quand ça viendra tu auras envie de faire un disque et tu en feras un ?
Jean-Jacques Goldman : Non, bah j'ai toujours attendu l'inspiration. Et puis là, elle me semble loin.
Animateur : C'est ce que disait Francis Cabrel il n'y a pas si longtemps : "il vaut mieux attendre parce que si on cherche à tout prix à sortir un truc…"
Jean-Jacques Goldman : Oui, je pense qu'il y a un moment, Francis a fait 7 albums, moi j'en ai fait 6 ou 7, où on n'est pas forcé de sortir un album, on n'est pas à deux ans près, mais en même temps…
Animateur : On me demande aussi quelles sont tes prochaines…
[passage coupé. Si vous avez le passage manquant, merci de me contacter : webmestre@parler-de-sa-vie.net]
Animateur : Est-ce que ça continue la tournée ?
Jean-Jacques Goldman : Non. C'est fini en France métropolitaine, donc on va se faire des petits voyages maintenant, mais juste pour se faire plaisir, genre les Antilles, le Vietnam, des choses comme ça qu'on est en train d'organiser. Mais sinon, sur le plan de la tournée elle-même, c'est terminé.
Animateur : Est-ce que Jean-Jacques Goldman va faire un jour Bercy ?
Jean-Jacques Goldman : Bof. Je pense que c'est difficile à dire "Non, je ne ferai jamais ça" ou des choses comme ça. Mais a priori, c'est une salle que je trouve trop grande pour le genre de spectacles que je fais. Voilà.
Animateur : Et puis tu préfères faire plusieurs salles, même quitte à changer de décors régulièrement comme tu avais fait en 88 avec le Bataclan, l'Olympia, le Palais des sports et le Zénith ?
Jean-Jacques Goldman : Oui.
Animateur : Mais sans faire la méga-party à Bercy, c'est un peu trop grand ? Tu veux garder un petit peu le côté intimité avec le public ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, il y a certaines villes sur lesquelles on est obligé de faire des grands endroits parce qu'il n'y a que des endroits grands et que le fait de les couper en deux, par exemple, n'arrange pas les problèmes de son, ni de proximité d'ailleurs. Alors par exemple à Strasbourg, où il n'y pas de salle, à Caen où il y a un grand hall expo, enfin il y a trois quatre endroits, à Lyon par exemple, où on a joué dans un endroit où il y avait dix-huit mille personnes et chaque fois pour moi ce sont des mauvais moments.
Je pense qu'on perd beaucoup et je préfèrerais donner trois concerts de six sept mille personnes plutôt qu'un seul de vingt mille.
Animateur : Oui. Est-ce que ça t'arrive de temps en temps d'aller donner un coup de main à quelqu'un, d'aller à un rift de guitare ou faire des chœurs pour des amis ou pour des musiciens ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, sur scène ou sur disque. Je me rappelle avoir fait le premier Olympia de Canada parce que ce sont des gens que j'aime beaucoup. On était allé faire un traditionnel. Et puis je fais des chœurs sur Yves Simon, sur Christophe Deschamps.
Animateur : Christophe Deschamps ? Ça s'est bien passé ? Parce que lui, il était batteur sur ta tournée ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, il est batteur de beaucoup de gens. Il est beaucoup plus qu'un batteur.
Animateur : On renvoie l'ascenseur : Jean-Jacques Goldman avec Christophe Deschamps.
[Christophe Deschamps : Chacun pour sa peau]
Animateur : Jusqu'à 21 heures, Jean-Jacques Goldman est avec nous. Qu'est-ce qu'il écoute chez lui, dans la salle à manger, dans son salon, dans son Walkman, Jean-Jacques Goldman ?
Jean-Jacques Goldman : En ce moment, beaucoup de Mark Cohn. Sinon, c'est Bruce Hornsby, Joe Cocker, un peu de tout quoi.
Animateur : Qu'est-ce qu'on ressent quand on est à la tête d'un groupe qui fait dresser… ? Bon les Restos du Cœur on en a parlé, il y a eu la télé, il y a eu la tournée, il y a eu des spectacles. Est-ce que c'est un truc qui te tient à cœur ? Est-ce que tu es un peu le leader de ça ? Est-ce qu'il y a des gens qui sont volontaires comme des chanteurs ou Muriel Robin ou Patrick Sébastien qui disent "On veut y aller" ou est-ce qu'on téléphone un peu à tous les potes et on dit "Est-ce que tu veux faire ça avec moi ?"
Jean-Jacques Goldman : Au début, c'est surtout Véronique Colucci qui travaille à la direction artistique, entre guillemets parce que ce n'est pas si formel que ça, des Restos et qui suscite ces opérations. Ensuite, comme je la connais et comme on s'aime bien, on travaille ensemble sur des projets. Le premier, c'était la tournée des Restos mais c'est elle qui a eu l'idée au départ avec un producteur spectacle qui s'appelle Claude Wild. Ensuite sur cette soirée à l'Opéra, on a travaillé ensemble.
Animateur : Alors il y avait qui cette année ? Est-ce que ce sont les mêmes gens qui reviennent d'année en année ? Parce qu'il y a des gens qui étaient là l'année dernière, d'autres qui sont nouveaux, qui viennent. Est-ce que les gens disent "Moi, je veux faire ça, je veux faire avec vous" et à ce moment-là, est-ce qu'on ne risque pas de se retrouver avec un peu trop de gens même à la limite ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, ça arrive. Enfin, bon on essaye de sélectionner. C'est un peu horrible de dire ça, mais on essaie surtout qu'il y ait une cohérence dans l'affiche de façon à ce que ça puisse intéresser les télés par exemple et les spectateurs, tout simplement, dans un souci d'abord d'efficacité pour les Restos du Cœur.
Animateur : On n'entend pas beaucoup Jean-Jacques Goldman s'engager sur des trucs un petit peu grave ou un petit peu positionnés. Est-ce que les Restos du Cœur c'est une façon pour toi de dire "moi je suis contre ça" ou "je suis pour ça" ou "je fais ça pour Coluche" ou "je fais ça en son souvenir" ou…
Jean-Jacques Goldman : Non, moi je crois que c'est quelque chose d'efficace, ce n'est pas un engagement extrêmement précis. Je crois simplement ne pas supporter qu'il y ait des gens qui n'aient pas de quoi bouffer alors que nous on claque cent sacs au resto sans problème. Il y a quand même quelque chose d'un peu inadmissible, non ?
Animateur : Mark Cohn avec Jean-Jacques Goldman, tu l'as choisi et puis on se fait un petit appel téléphonique juste dans la foulée. "Walking in Memphis" choisi par Jean-Jacques Goldman qui est notre invité ce soir jusqu'à 21 heures.
[Walking in Memphis]
Animateur : Jean-Jacques Goldman est notre invité ce soir avec Mark Cohn "Walking in Memphis" dans un show case hallucinant où tu as été au New Morning, cette semaine ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, oui.
Animateur : C'était bien ?
Jean-Jacques Goldman : Magnifique, oui.
Animateur : C'était fort.
Jean-Jacques Goldman : Tout seul au piano avec un guitariste qui est venu le seconder dans le deuxième partie, c'était magnifique.
Animateur : En ligne, on a Patrick de Nantes. Salut Patrick !
Patrick : Bonjour.
Animateur : Tu vas bien ?
Patrick : Très très bien.
Animateur : Jean-Jacques t'écoute et on t'écoute.
Patrick : Alors tout d'abord merci Jean-Jacques et puis bonne année aussi.
Jean-Jacques Goldman : A toi également.
Patrick : Merci beaucoup. Et puis merci de nous donner pour ce trio de la musique française comme on l'aime. J'ai deux questions. La première est en rapport avec les Restos du Cœur, je sais que tu en a parlé un petit peu tout à l'heure et la première question est : est-ce que, tous les ans, tu remonteras, entre guillemets, sur les planches pour effectivement que les Restos du Cœur continuent à vivre ? Est-ce que tu trouveras d'autres personnes telles que Mitchell, Véronique Sanson, des personnes comme ça pour, j'allais dire pour éviter la routine quoi, chaque année revoir les mêmes ? Est-ce que tu soutiendras très très longtemps cette action ? Et puis deuxième question : est-ce que, puisque tu aimes beaucoup Mark Cohn, Bruce Hornsby ou des gens comme ça, quand est-ce qu'on pourrait voir un album de Jean-Jacques Goldman dans cette optique ?
Jean-Jacques Goldman : Alors la première question : Dieu merci, les Restos du Cœur n'ont pas besoin de nous pour vivre. D'abord ils vivent à travers les onze mille bénévoles et nous on est un peu la partie visible de cette action. Mais le plus important, c'est ce qui se fait sur le terrain. Alors c'est vrai que ça leur donne un coup de main et que ça leur donne le moral quand on fait des opérations médiatiques comme ça. Donc moi, mon idée pour l'année prochaine c'est d'essayer de pérenniser, je ne sais pas si ça existe ce terme, la faire sans moi. Parce que si moi je continuais, il y a un moment, n'importe comment, où ça tournerait en rond parce que je fais un peu les mêmes choses. Je pense, au contraire, que tous les artistes doivent être concernés et en particulier les artistes les plus forts de l'année. Donc ce que je souhaiterais, moi, c'est que l'année prochaine il y ait des gens comme Bruel, comme Mylène Farmer, etc., qui sont…
Animateur : Qui prennent le relais, quoi.
Jean-Jacques Goldman : Voilà. Et à mon avis, c'est bien parti parce qu'on a, sur l'affaire de cette année, gagné des choses. C'est-à-dire qu'on a gagné l'Opéra dans le sens où ils sont d'accord pour nous le redonner l'année prochaine parce qu'ils ont été très contents. On a gagné, je pense, la télé parce qu'on a fait un très gros audimat, même en face de Schwarzenegger (rires). Enfin donc, il y a des tas de choses positives qui font que, à mon avis, ça va continuer et le mieux, ce serait que ça continue sans ceux qui l'ont déjà fait, c'est ce qu'on a essayé de faire cette année.
Maintenant, pour l'autre question qui est celle de Mark Cohn, bon Bruce Hornsby, puisque je pense que Mark Cohn a beaucoup écouté Bruce Hornsby aussi, qui lui-même a beaucoup écouté Andy Newman, etc. Je pense qu'il y a déjà beaucoup de plans que j'ai piqués dans le sens-là, ne serait-ce que dans "Né en 17" ou des choses comme ça.
Patrick : "C'est pas d'l'amour" aussi qui est très…
Jean-Jacques Goldman : Oui, oui, oui, oui. Qui est très inspirée de ces gens-là et que j'écoute beaucoup, mais le problème c'est qu'il y a beaucoup de choses que j'aime aussi, d'autres styles de chansons peut-être plus bluesy ou plus guitare. C'est tout ça qui fait un style qui est à toi et puis qui n'est pas aux autres.
Animateur : Merci Patrick.
Patrick : Merci à…
Animateur : Jean-Jacques, quand on te dit les piliers de la chanson française Jonasz, Cabrel, Goldman, etc. Qu'est-ce que tu réponds ? Est-ce que tu crois que vous êtes les plus représentatifs ? Est-ce que c'est dans l'air du temps, les Cabrel, Jonasz, Goldman ? Est-ce qu'il y a des gens qui poussent derrière et qui sont aussi importants ? Bruel, etc. ?
Jean-Jacques Goldman : Pfff ! D'abord, c'est difficile de ne pas omettre quelques survivants, il y en a beaucoup d'autres.
Animateur : Hmm, Johnny, etc.
Jean-Jacques Goldman : Voilà, Sardou, même Ferré, tout des gens comme ça. Je crois que ce qui est bien dans la chanson, c'est que chacun a son numéro un. C'est-à-dire, tu dis à Martine Dugenoux à Besançon que le numéro un c'est Sardou, si pour elle le numéro un c'est Lavilliers, tu comprends ? L'important, c'est ça. Donc chacun a le sien et il n'y a pas trop de classement dans l'esprit des gens.
Animateur : Hmm. Mais enfin, est-ce que tu as l'impression que le nom de Goldman représente quelque chose de spécial dans la chanson française, un truc, un concept, un son, une façon d'être, un…
Jean-Jacques Goldman : Je pense oui, de la même façon que tous les autres noms que tu as cités représentent quelque chose de particulier parce qu'aucun artiste ne ressemble à l'autre.
Animateur : Demain soir ce sont les victoires de la musique, est-ce que tu y vas, tu y seras ?
Jean-Jacques Goldman : Non, je ne peux pas parce qu'elles passent à la télé et j'adore les regarder à la télé (rires).
Animateur : Tu es nominé ? Si tu gagnes, tu leur passes un petit coup de fil, tu ne vas pas leur faire un petit coucou ?
Jean-Jacques Goldman : Ce n'est vraiment pas par mépris, je pense que c'est quelque chose qui est destiné à nous faire plaisir à nous. Et puis moi, ce qui me fait plaisir, ce n'est pas d'y être, je suis mieux chez moi. Mais ce n'est pas du tout par mépris et puis je trouve ça très bien qu'il y ait des choses comme ça.
Animateur : D'accord. On va se quitter mais auparavant on va écouter un truc. On voulait le faire écouter parce que je ne sais pas si tu le connais. C'est Ten Sharp et ça c'est le délire en ce moment partout en Europe. Ça s'appelle "You" et ça vient de Hollande. Jean-Jacques Goldman encore pour quelques minutes sur M40 exceptionnellement ce soir pendant une heure.
["You"]
Animateur : Jean-Jacques Goldman sur M40 ce soir jusqu'à 21 heures. C'est-à-dire que l'on va bientôt se quitter. Juste avant, on va parler un petit peu, traditionnellement quand on se quitte de tes projets. Qu'est-ce que tu comptes faire, en 92 par exemple ?
Jean-Jacques Goldman : Ah ! là j'ai quelque chose de très précis, c'est rien !
Animateur : Oui ?
Jean-Jacques Goldman : Ça fait deux ans qu'on n'a pas arrêté, ne serait-ce que d'abord d'enregistrer l'album, ensuite à préparer la tournée, faire la tournée. Et là, cette année, je me la garde pour moi, voilà.
Animateur : On va buller ?
Jean-Jacques Goldman : Oui.
Animateur : On va aller faire de la moto ?
Jean-Jacques Goldman : Bullage intense, moto, tennis,… Voilà. Ski la semaine prochaine.
Animateur : La semaine prochaine ? Ah ! bah tiens, on en parlera bientôt sur M40…
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