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Nulle Part Ailleurs
(Canal +)

Nulle Part Ailleurs
Canal +
24 novembre 1993 Antoine de Caunes

Introduction d'Antoine de Caunes : Bonsoir. C'est un Nulle part Ailleurs particulièrement particulier auquel nous vous convions ce soir. Un Nulle part Ailleurs placé sous le signe du blanc et du rouge. Blanc comme la neige qui tombe actuellement sur Paris, si, et plus particulièrement sur l'avenue Albert premier au Trocadéro. Je vais vous expliquer tout de suite pourquoi. Et rouge comme la couleur de l'espoir qu'on croyait vert, l'espoir ; ce n'est pas moi qui le dit, c'est Jean-Jacques Goldman qui a baptisé ainsi son dernier album et livre également et qui est venu filer un coup de main avec ses amis au groupe de Lol. C'est donc deux invités que je vais vous demander d'applaudir au lieu d'un : l'enneigeur Fred Bauchède et le musicien écarlate Jean-Jacques Goldman.

Hier soir, Michel Drucker, ici présent, nous demandait plus de musique. On l'a pris au mot. Alors, tout d'abord, je vous demande de garder votre calme s'il vous plaît dans le public. C'est bien Jean-Jacques Goldman en chair et en os, surtout en os d'ailleurs que vous apercevez là-haut. Mais ce n'est pas la peine de lui arracher sa chemise, il reste là jusqu'à 20h30, d'abord pour faire les ponctuations musicales avec Lol et ensuite pour venir parler avec nous, après les Guignols, de son nouvel album « Rouge »... Alors, dévorez-le des yeux, mais seulement des yeux et c'est tout...

Antoine de Caunes : Est-ce que la version blindée du disque sera comme ça chez les disquaires ou juste dans le livre ?

Jean-Jacques Goldman : Elle sera bicéphale, disquaire et livre.

Antoine de Caunes : Sur la première chanson du disque « Serre-moi », il y a une évocation discrète à Léo Ferré, au Léo Ferré d'« Avec le temps », un artiste engagé comme on disait avant. Est-ce qu'on peut dire que « Rouge », le nouvel album, c'est une forme d'engagement que vous prolongez après des chansons comme « Né en 17 à Leidenstadt », « Il suffira d'un signe » ou « Comme toi » ?

Jean-Jacques Goldman : Il n'y a pas vraiment une forme d'engagement dans « Né en 17 à Leidenstadt ». Un engagement dans le sens de Ferré, c'est de prôner des solutions. Moi, je ne prône pas de solutions, je pose juste des questions péniblement.

Antoine de Caunes : Il y a quand même un des titres qui s'appelle « On n'a pas changé » où, on a vu le président tout à l'heure, il y a un président pathétique.

Jean-Jacques Goldman : Oui, c'est pas très original ce que je dis là. Il était un peu pathétique aussi, non ?

Antoine de Caunes : Vous y montrez une déception terrible.

Jean-Jacques Goldman : Je ne suis pas le seul, c'est pas une chose très originale. Il y a eu des élections qui l'ont montré quand même.

Antoine de Caunes : De dire qu'il y a des valeurs qu'il ne faut pas enterrer parce qu'on est tous des déçus, c'est quand même un vrai prise de position. C'est pas un album anodin.

Jean-Jacques Goldman : Un album de qui que ce soit, il parle de ce qu'on a vécu sur le plan personnel et sur le plan de ce qu'on a vu autour de soi pendant deux, trois ans. C'est sûr qu'une des choses qui nous a tous marqués, je pense, ces trois dernières années, c'est ça, c'est se poser ce type de questions mais il n'y a pas que ça dans l'album.

Antoine de Caunes : Cette chanson-là, c'est aussi bien la déception ici, chez nous, qu'à propos du communisme, qu'à propos de ce qui s'est passé à l'Est, ce qui s'est passé à Moscou.

Jean-Jacques Goldman : Oui, une des questions qu'on s'est posée ces derniers temps, c'est « à quoi croire » puisque peu à peu toutes les choses auxquelles on a crues ont échoué.

Antoine de Caunes : Justement, on sent votre envie de redonner un sens aux mots. Quand vous employez le mot rouge, vous dites qu'aujourd'hui le rouge n'évoque plus le mot Potemkine, enfin le mot communisme qui est quand même la connotation de rouge. Cela n'évoque plus Potemkine mais la Nomenclatura.

Jean-Jacques Goldman : Une fois de plus, ce n'est pas trop un engagement. C'est plutôt une évocation parce que j'ai vécu dans ce milieu-là. C'était des gens militants et on a oublié à quel point ces gens étaient beaux. Je le dis d'autant plus que moi, j'étais un peu le musicien de l'affaire, celui qui était à côté, qui n'était pas altruiste. Mais je trouve que c'était des gens qui étaient beaux, qui étaient purs et tout ça. Donc quand on voit toute cette perversion autour, c'est simplement une évocation de cette beauté-là, et de ces valeurs.

Antoine de Caunes : Et vous dites aussi que le rouge, c'est la couleur de l'espoir.... C'était le vert jusqu'à maintenant.

Jean-Jacques Goldman : Ouais, je sais.

Antoine de Caunes : Parce que le rouge, on le retrouve partout. Il est là sur le petit ruban pour le sida. C'est une couleur d'époque ?

Jean-Jacques Goldman : C'est d'abord la couleur de la vie, la couleur du sang, la couleur des coeurs...

Antoine de Caunes : Du combat aussi.

Jean-Jacques Goldman : Oui, d'une certaine violence, des colères aussi.

Antoine de Caunes : Et vous, vous allez jusqu'à dire que c'est la couleur de la jeunesse.

Jean-Jacques Goldman : Il me semble, oui. C'est une couleur adolescente le rouge. On voit pas beaucoup de gens au-dessus de 65 ans habillés en rouge...

Antoine de Caunes : Il y a un mot qui m'a frappé c'est que vous dites que vous ne voudriez pas que l'on ricane de ces valeurs.

Jean-Jacques Goldman : Oui, c'est vrai.

Antoine de Caunes : Vous trouvez que dans le grand balayage que l'on est en train de faire ici et là-bas, on fait valser les valeurs et que ce n'est pas bien ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, j'ai l'impression. Maintenant, un type vient dans un amphi et dit : « voilà, je voudrais l'égalité des chances ». J'ai l'impression qu'il y a des gens qui sont prêts à ricaner....

Antoine de Caunes : Vous vous êtes fait un petit plaisir, vous êtes allé à Moscou pour joindre l'utile à l'agréable, voir les « rouges » de près, enfin les ex.

Jean-Jacques Goldman : Oui, chacun ses mythes. Y'en a pour qui c'était d'enregistrer à Memphis, moi, c'était avec les choeurs de l'Armée Rouge.

Antoine de Caunes : C'est pas incompatible...

Jean-Jacques Goldman : Ça, c'est intéressant... Les choeurs de l'Armée Rouge à Memphis !

Antoine de Caunes : Vous n'avez pas eu l'impression de faire revivre les dinosaures de la révolution d'octobre ?

Jean-Jacques Goldman : C'est vrai que lorsqu'on arrive devant, qu'on dit une toute petite phrase comme ça timidement, et tout à coup, on l'entend avec leurs organes. Là, c'est très impressionnant !

Antoine de Caunes : C'est votre deuxième disque Fredericks-Goldman-Jones. Qu'est-ce que vous apporte le travail d'équipe en général ?

Jean-Jacques Goldman : Sur le plan scénique, c'est clair : moi, je suis assez absent sur scène, il faut bien le dire. Carole prend un peu le premier plan sur scène et Michael intervient beaucoup sur les arrangements guitares. Ce qu'il fait est un peu plus dans l'ombre mais il m'apporte beaucoup.

Antoine de Caunes : Mais dans la conception d'un album ?

Jean-Jacques Goldman : C'est vrai que j'écris et je compose. Je me laisse un petit peu ce côté-là.


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