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L'artiste triomphe enfin de l'athlète
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L'artiste triomphe enfin de l'athlète
La Presse, 1er avril 1995
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Retranscription de Monique Hudlot
Céline Dion a grandi. Sous la férule de Jean-Jacques Goldman, elle s'est carrément surpassée. Cette association créative entre la plus célèbre des vedettes québécoises et la méga-star française ne pouvait être plus appropriée.
Appropriée, car l'accomplissement artistique de Céline Dion en laissait plus d'un perplexe, malgré son ascension spectaculaire vers les plus hautes cimes du showbiz international, malgré son organe vocal exceptionnel, malgré les millions de disques vendus. Avec "D'eux", les fans de Céline (et même une portion de ses détracteurs) risquent fort d'apprécier un disque de grande qualité.
Au programme, figure évidemment une brochette de ballades sentimentales : "Pour que tu m'aimes encore", "Je sais pas", "La mémoire d'Abraham", "J'attendais" et "Vole", dédiée à sa défunte nièce Karine, victime de la fibrose kystique. On y débusque aussi de la pop- rock ("Cherche encore"), un blues un peu maniéré mais tout de même intéressant ("Le Ballet"), de la pop haut de gamme ("Regarde-moi", "Destin", "Les derniers seront les premiers"), un rock'n'roll ("J'irai où tu iras", chanté en duo avec Goldman), une chanson pop mâtinée de R&B et de gospel ("Prière païenne").
Sans renier les antécédents de chanteuse, Jean-Jacques Goldman a su résumer et fédérer le meilleur de Céline Dion, voire tout ce qu'elle a d'authentique. Et Goldman a su oublier le reste - enfin… Le baroque, le flasheux, trop souvent repérables dans l'approche de Céline, en ont pris pour leur rhume. En ce sens, le producteur-auteur-compositeur- interprète a su lui faire éviter les sparages vocaux de mauvais goût, il lui a mis des textes bien écrits dans la bouche, des rimes sculptées à sa mesure.
Sans avoir négocié de virage à gauche (entendons-nous bien, "D'eux" n'a rien de révolutionnaire, procède d'une pop destinée au plus grand dénominateur commun), Céline Dion peut être fière de ce disque interprété en français. Un album où l'artiste s'impose enfin au détriment de l'athlète. Et, Dieu merci, Céline n'y dededededededededanse pas dans sa tête.
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