Goldman a fait campagne à Jodoigne
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Goldman a fait campagne à Jodoigne
Le Soir (Belgique), 6 juin 1995
Michael Chalklin
Plus de 1 500 personnes au hall de sports pour l'accueillir dans son "tour des champs". Un concert unique en Belgique. Goldman est passé dans la cité de la Gadale comme un éclair.
Jean-Jacques Goldman termine sa "tournée des campagnes" avec ses compères Carole Fredericks et Michael Jones. La 14e des 16 étapes découvrait le terroir de Jodoigne dimanche soir. Plus de 1 500 privilégiés ont vibré comme un seul fan sous les voûtes du hall de sports.
Goldman est un homme organisé. Pas d'improvisation. Pour la seule halte belge de son périple, il fallait une salle pouvant accueillir 1 500 personnes. Bref, un lieu intime, comme s'il invitait les gens dans son jardin, selon un organisateur. Pas plus de 35 mètres entre la scène et le dernier rang. De quoi communier en paix avec les gens du coin.
On sait ce qu'il advint. Un correspondant de presse vendit la mèche, et la nouvelle se propagea comme une traînée de poudre. Les organisateurs organisèrent ainsi une vente en catimini pour servir les Jodoignois. Les quatre cents "dernières places" partirent comme des petits pains, un samedi matin. Une bonne vingtaine de fans y avaient passé la nuit pour être sûrs d'être servis.
Pleins feux sur ce week-end de folie. Samedi, 15 heures. Une poignée de personnes s'affairent pour disposer les chaises. Comme les gradins, celles-ci viennent de Hollande : le Pape a écumé le marché.
Dimanche, 6 h 30. Quelques fans bien trempés - au propre comme au figuré - campent devant les grilles. Le début du concert est prévu quatorze heures plus tard. Mais les places ne sont pas numérotées... Violette et Viviane, deux beaux brins de femmes venues de Flémalle : On chante, on regarde la pluie...
Violette, 24 ans : Il ne faut pas avoir du courage, il faut aimer Goldman. Viviane, 22 printemps: Et surtout Jones ! De toute façon, on a tout pour subsister. Nous sommes des fans, pas des martyres. Pour avoir leurs places, il y a trois semaines, elles étaient là à 2 heures du matin.
À 17 heures, une bonne centaine de personnes attendent l'ouverture des portes. À quelle heure on rentre ? Un gars de l'organisation : Après la troisième averse.
À 20 h 10, une Mercedes noire diesel immatriculée en France, conducteur seul à bord. C'est lui. Pressé et relax à la fois. Quelques jeunes filles guettaient son arrivée. À une trentaine de mètres, elles lui lancent : Il n'y a pas moyen d'avoir une place ? Goldman, bon prince : Je n'en ai qu'une, et elle est pour moi.
Il y avait bien quelques dizaines de places mises en vente dimanche. Pour casser le marché noir. Trois "jeunes vieux" arrivent de Bruxelles, essoufflés. La dernière place vient d'être vendue. Douche froide. Il y a 1 525 chaises mais plus de 1 550 personnes. On ne peut faire plus.
À 20 h 25, Sophie (19 ans, d'Ottignies) et Anne (20 ans, de Villers-la-Ville) piaffent. On se retrouve entre fans, de concert en concert. On sympathise facilement. En général, ce sont des gens calmes même si, à 15 ou 16 ans, il y a beaucoup d'"hystériques". Nous en étions...
Il est 20 h 30. Une première partie culturelle pour aiguiser son appétit. Un chouette cheminement dans l'histoire des instruments, d'un continent à l'autre. Pause.
Et 21 h 20, enfin. Dans le noir, personne n'a rien vu. Mais il est là. Public discipliné mais bien chauffé. "Un bébé toute seule", et c'est le déchaînement. Au premier rang, les jeunes filles présentes à l'aube ont leur récompense. Transportées, elles chantent comme Goldman. Pas un mot ne leur échappe. "Envole-moi" : le public décolle. La fusion du trio Jones - Goldman - Fredericks fait merveille. "Américain", "Nuit", "Rouge" (avec les choeurs de l'armée de la même couleur), etc. Et "Serre-moi" en guise de point d'orgue.
À l'extérieur, une dizaine de personnes poireautent. Sabine ignorait la venue de Goldman à Jodoigne. Dimanche, à 20 h 45, Jean, un copain d'ici, lui téléphone : Goldman est à Jodoigne ! Ouais, fut la réponse, et Madonna aussi ! À 21 h 30, elle était là. Pas moyen d'entrer. Elle a tout essayé. Avec d'autres, elle a passé sa soirée dehors pour glaner quelques éclats du concert. Pour voir Goldman, aussi.
À 23 h 30, la Mercedes attend, moteur tournant. Le public l'applaudit encore qu'il est déjà parti : il s'engouffre dans la voiture. Cette fois, il est passager. Trois jeunes filles en nage et en tee-shirt blanc accourent. P... de m... Il est déjà parti.
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