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Jean-Jacques Goldman a 45 ans
(Mag MCM, 11 octobre 1996)

Jean-Jacques Goldman a 45 ans
Mag MCM, 11 octobre 1996
Retranscription de Martine Weber

Olivier : Jean-Jacques Goldman avec "Quand la musique est bonne", avec les cheveux longs. J'ai pas dit avec les idées courtes. On retrouve donc Jean-Jacques confénétaire, donc c'est à ce titre que tu es invité oui, pour parler de Goldman. Ben on va faire parler un petit peu ton livre paru il y a quelques années donc, "Nos amis les chanteurs". Moi je prends une phrase presque au hasard, en fait non mais bon alors où tu t'adresses à la deuxième personne du singulier à notre ami Jean-Jacques, tu dis "... fais comme Bruel, un petit concert annuel pour un groupe de charité, petit bénef pour l'organisation, grosse pub publicitaire pour ta pomme et oublie tout le reste, de toute façon la charité c'est dégoûtant", c'est un peu dur comme dirait l'autre non ?

Thierry Séchan : La charité c'est dégoûtant, c'est de Rimbeau, et non, c'est pas dur, c'est que je m'étonne souvent du comportement de personnes comme Jean-Jacques Goldman, effectivement qui à la fois sont dans des contradictions permanentes et dénoncent le caritatif tout en profitant aussi quand ça les arrange comme "Les restos du Coeur" par exemple, parce que si l'on fait pas les Restos du Coeur, là on a une moins value évidente et donc désormais les grands artistes comme Jean-Jacques Goldman dont je ne nie pas le talent, on en parlera tout à l'heure, se sentent obligés de faire, d'avoir leur petite oeuvre et ce sont des choses un peu agaçantes surtout qu'on sait jamais où ils en sont idéologiquement et quand on rassemble l'ensemble de leurs textes, on se dit que c'est plutôt une sorte de bouillie neutre idéologiquement plutôt qu'un discours, qu'un message et comme moi je suis du côté des gens courageux, des gens qui assument leurs idées et bien, je m'agace effectivement de cette façon de se cacher, des gens comme Goldman.

Olivier : Pourtant, le concept de la "super star anonyme", c'est lui qui l'a inventé, c'était quand même assez l'idée de je n'existe pas, entre gris clair et gris foncé.

Thierry Séchan : C'est l'anonyme le plus célèbre de France, voire d'Europe, il est anonyme mais il est partout, alors qu'est-ce que cela signifie. Il veut pas venir parler à MCM, mais il veut bien parler à Michel Sardou, à Khaled, à Patricia Kaas, bon, je ne comprends pas, je ne sais pas après quoi court Jean-Jacques Goldman. C'est ce qui me choque le plus, ce qui me... m'interpelle le plus. Moi, j'aimais beaucoup le premier Goldman, qu'on sentait sincère.

Olivier : Celui qu'on a vu avec les manches relevées et la cravate ?

Thierry Séchan : Oui, "Quand la musique est bonne", c'était pas son meilleur texte, de toute façon c'est pas un grand auteur, il faut le dire, c'est un grand mélodiste, mais bon un mélodiste qui a bien pigé ce qu'était la World Music et moi je préfère un mélodiste de France comme Julien Clerc par exemple. Et comme auteur effectivement, c'est un bon faiseur, un bon confectionneur mixte homme femme, Patricia Kaas, Florent Pagny. Mais c'est pas un grand auteur, un grand auteur c'est Roda-Gil par exemple, voilà mais ça l'empêche pas d'être un bon artisan de la chanson, une sorte de Barbelivien. C'est ce que je pense, c'est pas trop méchant.

Olivier (tout en mordant ses doigts !) : La première partie, vous êtes presque un dur et la deuxième...

Thierry Séchan : Non, je sais qu'il ne m'aime pas beaucoup voire pas du tout, du reste, il n'aime pas mon frère non plus, donc, il n'y a pas de règlement de compte entre familles. Il y a encore une fois, mais je sors une forme de constatation, je regarde les textes, les déclarations, le peu qu'il y en a, mais elles sont très intéressantes. Si vous lisez Chorus par exemple, il y a des déclarations de Goldman tout à fait étonnantes où il dit par exemple que les artistes n'ont pas besoin de radios, pas besoin des journaux, pas besoin des télévisions, mais c'est d'une stupidité aberrante, car sans les radios, sans les journaux, sans les TV, il n'existerait pas Jean-Jacques Goldman, c'est un pur produit médiatique Jean-Jacques Goldman. C'est le produit médiatique FM par excellence. Alors bien sûr c'est agréable, il y a un son Goldman. Il a créé un son qui fait qu'on écoute Céline Dion, Florent Pagny, Johnny Hallyday, on a le même titre, on a le même titre et Khaled on a le même, c'est à dire on a Goldman, une sorte de musique universelle sans grande personnalité, mais plutôt agréable à écouter et surtout quand on est en voiture, le matin quand on se rase, c'est déjà bien, non c'est déjà très bien, c'est déjà très supérieur à ce que font la plupart des chanteurs français.

Olivier : On est pas en voiture, je me suis rasé ce matin, mais on regarde quand même avec plaisir Jean-Jacques Goldman, "Pas toi".

["Pas toi" au New Morning]

Olivier : Pas toi, c'est Jean-Jacques Goldman encore et toujours, vous l'avez dit c'est sa journée. On est par contre là avec Thierry Séchan. Alors Thierry, j'aimerais quand même dire puisque ta modestie naturelle t'empêche de le caser au milieu d'une phrase sur Goldman comme le font certains invités. Il s'est casé un disque, c'est un scoop, une avant première, Thierry Séchan se mouille. Il a fait, pour l'instant c'est un single, "Embrasse-là" qui va sortir dans quelques jours et l'album je crois dans trois semaines. Je dis courageux car pour quelqu'un qui a aussi longuement dit des choses drôles et piquantes sur les chanteurs parce qu'il n'y a pas que Jean-Jacques Goldman, dans tes livres il y a eu Johnny Hallyday, Patrick Bruel, Françoise Hardy, tous t'ont beaucoup apprécié pour ça, c'est peut-être pour ça que tu as eu du mal à trouver une multinationale. Quelle a été justement par rapport à tes diatribes sur les auteurs, la première réaction d'un auteur ou d'un artiste pas content, c'était Jean-Jacques Goldman ou c'était un autre ?

Thierry Séchan : Non, la première réaction, je vais être assez rapide, ça a été au départ, je trouvais insupportable que les artistes, les chanteurs à qui on demande essentiellement de chanter, se mettent à parler de tout et de n'importe quoi dans les médias. Goldman a beau dire, il a quand même fait la couverture du Nouvel Obs et des conversations avec Rocard etc. Les autres ont fait 7/7, ils ont expliqué ce qu'il fallait penser de la crise en Israël, de la Bosnie etc, de l'avortement. C'est insupportable, mais bon, c'est un point de vue purement personnel, alors j'ai décortiqué leurs déclarations, j'ai montré à quel point elles étaient parfois stupides. Pour revenir à ce que tu disais de mon disque, c'est pour permettre aussi justement à ces gens avec qui je n'ai pas toujours été très tendre et bien de ne pas être tendre avec moi et puis comme j'avais eu la décence, comme vous le savez Olivier, j'ai écrit beaucoup pour les autres aussi.

Olivier : Oui, Julien Clerc, Elsa...

Thierry Séchan : Philippe Lavil, Dick Rivers, Daniel Lavoie un grand chanteur québécois, j'ai eu la décence de ne plus porter mes textes à ces chanteurs et donc je me suis dit, je vais les enregistrer moi-même. Il paraît que c'est bien, maintenant encore une fois, je laisse le soin à mes amis les chanteurs qui ne sont pas mes collègues car moi je ne suis pas un chanteur qui écrit, je suis un écrivain qui chante, il y a une nuance assez importante. Je ne me sens pas corporatiste, je ne me sens pas du tout lié par la solidarité à Bruel, à Goldman, à Pagny que j'apprécie du reste, pour son intelligence, contrairement à d'autres qui m'ont déçu et que je pensais plus intelligents. On découvre beaucoup de choses en rencontrant ces gens et je suis déçu de ne plus pouvoir en rencontrer certains qui ne veulent plus me rencontrer.

Olivier : Est-ce qu'il y en a que tu as rencontrés par hasard ou préparés, que ce soit Goldman, Bruel ou Hallyday, après avoir écrit ça sur eux ?

Thierry Séchan : Oui, j'ai ai parlé à Pagny, il a très bien pris la chose, Lavilliers avec plutôt d'humour même en m'attaquant un petit peu comme le fait Pagny, mais avec de l'humour parce qu'encore une fois, je ne peux pas prétendre attaquer mes contemporains voire mes collègues entre guillemets et puis dire "attendez, ne m'attaquez pas, moi je suis intouchable", non c'est tout à fait normal et il y a une dimension ludique, c'est aussi un peu un jeu, ce sont des pamphlets, ce ne sont pas des thèses, donc il y a une mauvaise foi de ma part, je l'ai toujours dit, alors ça amuse les gens ou ça ne les amuse pas dans l'ensemble... (...) On a plutôt ri, alors Goldman ça ne l'a pas amusé, Bruel ça ne l'a pas amusé non plus, pourtant, je le connais depuis longtemps.

Olivier : Françoise Hardy non plus.

Thierry Séchan : Non, non plus. Bon Johnny ça l'a plutôt amusé.

Olivier : On peut pas toujours avoir raison. En tout cas, on est avec notre ami Thierry Séchan qui nous parle de "Nos amis les chanteurs" et c'est le moment de la News.

Suit une rétrospective sur Jean-Jacques Goldman :

Une journée spéciale Goldman réjouissance, c'est le bon jour pour une bonne rétrospective. Rafraîchissons les mémoires, tout commence en 1981 avec un petit mec en costard sombre et chemise blanche qui pousse des chansonnettes et tout le monde les retient et on se dit, tiens, voilà un tube et "Il suffira d'un signe" est l'élément générateur d'un engouement qui crée l'usine Goldman. Mais le chanteur reste très timide et réservé du côté paillettes, show business mais que l'on n'aime ou pas, je défie quiconque de pas connaître ce titre qui marquera le renouveau de la chanson française d'une nouvelle décennie. On embraye avec "Encore un matin", là aussi la rythmique et la mélodie sont incontournables pour les cerveaux emmusiqués, c'est implacable et ce titre entraîne notre Jean-Jacques Goldman vers des sommets pour lui-même insoupçonnés. Il devient une vedette à la télé et les tournées et galas se succèdent à une vitesse vertigineuse et Goldman épaulé de son frère tient bon la barre et ne laisse pas le raz de marée du succès le submerger et ne s'arrêtera pas là, ah non certainement pas. Quand il n'est pas sur scène ou au piano, Jean-Jacques Goldman vit une vie normale de père de famille tranquille planqué dans une maison sans tarabiscotage, peinard entre ses potes et ses mômes tout en gardant un oeil sur la réalité quotidienne d'une société malade. Il en profite pour nous balancer quelques paraboles tubesques telles que "Changer la vie". Le discours est simple, mais efficace. Le socialisme espion bat son plein et Jean-Jacques s'engouffre dans cette brèche pour essayer de remuer les consciences. Il affiche ses convictions et les partage avec un public conquis. Avec son pote Coluche, Jean-Jacques continue à s'impliquer sur la vie sociale de l'hexagone où déjà sévissent les méandres de l'injustice sociale et de l'exclusion. Il rassemble autour de lui des chanteurs, des gens de TV, des comédiens et compose avec Coluche la chanson des "Restos du Coeur" devenue un hymne pour lutter contre la pauvreté et l'inégalité. Aujourd'hui encore avec Véronique Colucci veuve Coluche, il reste très actif auprès des Restos du coeur devenus une institution incontournable les hivers, et c'est tant mieux, Coluche peut être fier de lui et de ses potes.

Olivier : Thierry, un petit mot pour revenir, parce qu'on a parlé abondamment de Goldman, ce disque là qui va sortir, est-ce que quand on fait un disque après avoir écrit ça, est-ce qu'on se positionne par rapport à ce que vont penser les gens ou est-ce qu'on arrive à oublier qu'on va être jugé comme un peu celui qui a fait du mal et qui maintenant se jette ?

Thierry Séchan : Non, mais je sais que j'aurai affaire à des gens de bonne foi et des gens de mauvaise foi. Je sais, d'autant mieux que j'étais très souvent quelqu'un de mauvaise foi, donc je sais très bien que des gens, des journalistes que je ne citerai pas ici, vont m'assassiner sans même avoir entendu mon disque. Mais je sais aussi comme me le disait encore à midi, Etienne Roda-Gil que si je suis content de ce que j'ai fait et qui n'est pas dans un but naturellement de vendre le disque.

Olivier : D'ailleurs ça reste une multinationale.

Thierry Séchan : Non, c'est sur mediasent un très bon distributeur avec un petit label, des gens excellents, Moby Dick, mais il y croit beaucoup et je suis très flatté. Warner Chapel qui édite y croit beaucoup aussi, donc je suis très flatté. C'est pas facile pour eux compte tenu de ma position, encore une fois, mais moi je me suis fait plaisir et je crois que j'ai fait plaisir à des gens puisque j'ai écrit tous les textes, mais j'ai pris..., je ne prétends pas composer et donc j'ai fait travailler des gens jeunes et doués et je crois d'après ce qu'on dit que c'est un beau disque, maintenant c'est peut-être pas un disque commercial et je ne prétends pas être un grand chanteur, c'est plus du que du Caruso et puis sinon, il y a le climat qui est créé par les textes parce que je suis un amoureux fou de chansons et donc amoureux fou des textes et des mélodies naturellement aussi, mais je fais d'abord passer les textes dans la tradition encore une fois de la chanson française parce que je suis un enfant de Brassens, Ferré, Brel et tant d'autres, même si j'apprécie d'autres démarches comme celle des rappeurs, bon je ne vais pas faire du rap à mon age, Olivier.

Olivier : Tout à fait, ni du Goldman d'ailleurs. Pour revenir sur le Jean-Jacques en question, "Aicha" de Khaled qui est quand même...

Thierry Séchan : C'est une chanson magnifique. C'est très très bien. Mais encore une fois, c'est plus la démarche de Goldman qui m'étonne. Quand on m'annonce qu'il va faire le prochain Sardou, j'ai rien contre Sardou, j'ai même écrit un livre sur lui, mais je me dis, comment peut-on passer de Khaled à Sardou. Je comprends pas la démarche, je trouve qu'il n'y a pas de cohérence idéologique, de cohérence artistique et simplement, on se demande encore une fois, je reviens là dessus, après quoi court-il ? Parce qu'il a tout, il pourrait s'arrêter, il devrait s'arrêter, alors est-ce qu'il fait une OPA sur la chanson française, est-ce qu'il veut empêcher... Non, non, moi je n'ai aucune intention d'écrire et je ne pourrai pas le faire pour Khaled ou pour Sardou, si, je pourrais peut-être le faire pour Sardou mais bon, je me dis quoi, c'est un coup, Sardou vend 600 000. Il se dit avec Goldman, je vais faire un million cinq et je vais tout abandonner. C'est hallucinant, c'est des parts de marchés désormais, qu'est-ce que cela a à voir, c'est du show business part du SB du 21e siècle. Ça n'a rien à voir avec notre artisanat qu'on aimait tant, enfin que j'aimais tant et avec ce que beaucoup de gens, beaucoup de sociétaires de la SACEM regrettent effectivement, qui était le travail d'équipe et de... je sais pas, il y avait des complicités, y'a pas de cynisme financier, il y avait pas ces enjeux d'aujourd'hui, voici ce que je déplore.

Olivier : On va retrouver un morceau avec un gros enjeu et qui a déjà rapporté le jack pot à son auteur et à son interprète, c'est le merveilleux Khaled avec le sympathique morceau écrit par Goldman et c'est "Aicha", regarde-moi.

Olivier : Aicha, c'était Jean-Jacques Goldman, pardon, c'était Khaled mais les paroles et la musique étaient de Jean-Jacques Goldman. Voilà, c'est la fin du Mag, on recevait donc Thierry Séchan dont je rappelle que "Embrasse-la", le single est sorti ou sort ces jours ci et puis l'album pour quand ?

Thierry Séchan : Le 12 novembre mais le single est uniquement destiné à ce qu'on appelle la promotion.

Olivier : D'accord, mais l'album lui sera dans les bacs et je suis sûr que Jean-Jacques va l'acheter si toutefois sa maison de disques...

Thierry Séchan : Ah non, je lui enverrai, j'y tiens.

Olivier : Parfait, Jean-Jacques peut donc attendre l'album. Merci beaucoup, c'était le Mag. A bientôt, merci Thierry.


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