Khaled (Sarah)
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Khaled (Sarah)
Le Monde, 18 novembre 1996
V. Mo.
Retranscription de Flavien L.
Dédié à sa fille (Sarah), le nouvel album de Khaled est le retour en boucle sur lui-même d'un artiste ayant poussé le rai oranais dans ses retranchements les plus vifs ("Didi"), ayant flirté avec la musique orientale et cayrotte ("N'ssi N'ssi") et plongé avec une passivité lascive dans la variété occidentale. Premier des quinze titres, Sarah mélange tous ces concepts et repères avec une déconcertante apathie de style. Khaled est allé enregistrer en Jamaïque, de manière à retrouver les racines d'un autre genre de révolte locale à valeur mondialiste, le reggae. En outre, il ne change pas d'un millimètre sa manière de chanter. Ce qui produit un résultat un peu débridé, décousu ("Lillah", ou encore "Ouelli El Darek", avec les Threes et Rita Marley aux choeurs), non dépourvus de charmes grâce aux fortes interventions des cuivres ("Sratli").
Rai et reggae sont ainsi à la colle, non sans verdeur, mais souvent côte à côte, comme un couple bagarreur dont on sent la séparation proche. Produit par Philippe Eidel et Don Was, "Sarah" bénéficie des lumineuses interventions de Jean-Jacques Goldman, décidément imbattable auteur de tubes (ici, "Aicha", limpide, évident, et "Le jour viendra", un peu trop "goldmanien", façon "Rouge", mais surprenant, chanté en français) et de I AM, rageur ("Oran Marseille", tout en atmosphère).
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