Jean-Jacques Goldman
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Jean-Jacques Goldman
Incorrectement vôtre...
Le Nouvel Observateur, 4-10 septembre 1997 Yves Simon
Rubrique "Les uns les autres"
Vite évacuer quelques lieux communs. Doué ? Oui. Discret ? Certes. Séducteur ? On le serait à moins... Voilà qui est fait. La suite ? Parler de son goût pour la provoc. Jean-Jacques Goldman n'aime rien davantage que le politiquement incorrect : "Tu aurais chanté à Longchamp si le Saint-Siège te l'avait demandé ? - Oui, sans doute. Premièrement parce que cela aurait été mal vu (sourire). Deuxièmement parce qu'il y avait plus de "scouts ridicules" catholiques dans la Résistance que d'intellectuels gauchistes". (pas de sourire).
Voilà quelqu'un qui ne tient pas à ne se faire que des amis ou des admirateurs zélés. S'il "détonne" (sans jeu de mots), c'est parce qu'il est convaincu que l'on crève de faux-semblants, de sourires complices et de mensonges convenus. Alors il tente le parler vrai puisque le parisianisme - cert art d'être méchant avec rien, et de mépriser tout - est précisément ce qu'il déteste. Continuons : "Mitterrand ? - Je m'honore en tant qu'homme de gauche de n'avoir jamais voté pour lui. C'est pour moi l'archétyp du politicien de droite, par son passé, ses méthodes, son cynisme... Quant à de Gaulle, qui est tombé sur la régionalisation et la participation, j'aurais voté oui à son référendum !"
Homme de convictions, il avoue être plus attaché aux principes qu'à la forme. "Je n'ai jamais souhaité rencontrer les gens que j'admirais : Jean-Marie Djibaou, Olaf Palme, Anouar El Sadate... - Même pour le plaisir d'un moment exceptionnel ? - Non, qu'ils sachent seulement à quel point ils furent notre honneur et notre fierté". Mais comme les choses ne peuvent être simples, il place aussitôt Mrs. Thatcher dans son Panthéon et ajoute : "Sans elle, pas de Tony Blair !".
Ce soir, les joueurs de boules de la Place Dauphine (Paris 1er) font nocturne, l'orage couve, c'est une fin de vacances, on est assis à la terrasse du Caveau du Palais. Il m'a apporté son intégrale, sortie en 1991. Elle niche à l'intérieur de son casque de moto à côté du dernier album, "En passant", dont il m'avait fait entendre les maquettes l'hiver dernier. "Natacha", alors sans paroles, entendue le jour même où elle fut composée : une nostalgie slave rappelant que Goldman père a dû un jour quitter sa ville de Lublin (Pologne). "Des mains" [sic] : "nos paumes sont pour aimer". En mémoire encore, la douce amertume de "Quand tu danses" : "Que deviennent les amoureux perdus, quand tu danses, y songes-tu ?" "C'est ta préférée, je me souviens", dit-il.
Retour en arrière. En 1981, il a suffi d'un signe pour qu'un pays succombe au charme discret de la planète Goldman : une voix, une silhouette, une attitude. Etrangeté d'une rencontre de troisième type. Cequi nous semblait la chronique d'une réussite annoncée était pour son auteur un disque de plus (le dernier ?) sans espoir particulier. "Catherine (la Goldman wife) et moi, on ne rêvait pas. Je pensais écrire pour les autres et rester avec Robert (le Goldman brother) dans notre boutique de sport de Montrouge. Nous agrandir, acheter un autre magasin. C'était ça mon monde et j'y étais bien".
La suite est inordinaire. Beaucoup de gens, visités par la célébrité, prennent vite l'habitude de faire semblant de tout : faire mine d'écouter, d'être ému, d'être présent. Apparemment ils semblent vivants mais habités de crépuscule, ils sont là et ailleurs : des distraits. Lui est rarement pris en flagrant délit d'oubli, il se souvient des visages, d'une confidence... Inutile de lui rappeler ce qui fut dit il y a un an, deux ans, il donne les détails, les circonstances et reprécise une couleur, un sentiment. Simone Signoret avait cette grâce : la "souciance".
"Il paraît qu'il faut faxer à ton service de presse pour obtenir une interview. Et le téléphone ? - Une demande écrite, avec le pourquoi et le comment, je peux la lire moi-même, sans intermédiaire et donc décider avec qui je veux ou ne veux pas discuter".
Discrétion maladive vis-à-vis des médias ? Sans doute, mais le contraire d'une hostilité, une méfiance plutôt. Il sait qu'un mot, un silence peuvent être distordus, et pénétrer ainsi les yeux et les oreilles débarrassés de leur contexte, c'est-à-dire la réflexion ou l'humour. J'en reviens à la jeunesse : "Le jour même où 700 000 jeunes se rassemblaient autour du pape, trois autres jeunes tabassaient un chauffeur de bus qui ne voulait pas s'arrêter entre deux stations ! Commentaires ? - Ceux-là sont nulle part, ce sont des consommateurs de flashs. En une seule génération on peut perdre ses repères identitaires si personne n'a été là pour les inculquer. Alors que certains exigent plus de spiritualité, d'autres sont perdus dans le monde, n'importe où, du côté de Neandertal".
Il porte toujours sur lui un petit cahier Clairefontaine qui abrite les mini-choses pour lesquelles il ne faut pas faillir : un rendez-vous, un anniversaire, une résolution... "Aujourd'hui, tu as écrit quoi sur ton carnet ? - Acheter un vélo en prévision des pics de pollution !"
Le carnet des petites choses de la vie rangé dans la poche arrière de son jean, nous marchons vers sa moto. Il est minuit, demain matin jogging. Où dormira Goldman ? A la première interdiction des moteurs dans un Paris rempli de Co2 [sic], observez bien les cyclistes ! L'un aura un masque noir collé sur la bouche, il portera une casquette bleue marquée "Rouge". Qui pourra le reconnaître, vous dis-je.
Notes de Jean-Michel Fontaine : - L'article est illustré d'une des photos de Claude Gassian : la même pose ou presque que la pochette, mais sans le passant. - Je rappelle qu'Yves Simon, auteur-compositeur-interprète-écrivain, est un ami personnel de JJG. - Je regrette personnellement qu'il profite de cet article pour se mettre autant en avant : ""En passant", dont il m'avait fait entendre les maquettes l'hiver dernier." ""Natacha", alors sans paroles, entendue le jour même où elle fut composée". Je trouve que ça fait "Jean-Jacques c'est mon copain et il me fait tout écouter avant tout le monde !". - Je ne savais ce que c'était la Viatka, alors si je peux aider quelques personnes qui ne connaîtraient pas les noms suivant, tant mieux :-)
************ Jean-Marie Djibaou : Avec la création de trois provinces (loi du 9 novembre 1988) que sont la province du sud, la province nord et la province des îles loyauté, la Nouvelle Calédonie est administrée par une répartition des compétences entre l'Etat, le territoire et les provinces. Cette répartition fait suite aux Accords de Matignon signés le 26 juin 1988.
Les signataires de ces accords étaient:
- pour la Nouvelle Calédonie, Jacques Lafleur du Rassemblement pour la Nouvelle Calédonie dans la République (RPCR) et Jean-Marie Djibaou du Front de libéralisation nationale Kanak socialiste (FLNKS), accompagnés des membres de leurs différentes délégations. - pour le gouvernement, le Premier ministre Michel Rocard.
Jean-Marie Djibaou a été assassiné en 1989. ****************** Olof Palme (ça s'écrit avec un "o" en français, semblerait-il.
Homme politique suédois (1927 - 1986)
Membre du parti social-démocrate suédois, ministre de 1965 à 1969, il devint chef de son parti et Premier ministre en 1969. Sa gestion sociale-démocrate (le socialisme "à la suédoise") est érigée en modèle pour tous les pays riches de l'occident. Il quitte la direction du pays en 1976, à la suite de la victoire d'une coalition de droite aux élections. Remportant les élections de 1982, il est à nouveau Premier ministre. Il meurt assassiné en 1986 n'étant pas protégé par des gardes du corps. ****************** Anouar El Sadate
Homme politique égyptien (1918 - 1981).
Il a été le compagnon d'armes de Nasser. Succédant au Raïs à sa mort (1970), il réarme l'Egypte puis rompt avec l'URSS (1972). Il sut venger l'affront fait en 1967 en attaquant par surprise israël en Octobre 1973. La guerre du Kipour (1973) se terminant sur ordre des grandes puissances, et malgré une situation militaire très défavorable, l'Egypte sort grandie de l'épreuve et Sadate peut accepter l'idée d'une conférence de la paix. Il prend, en novembre 1977, l'initiative d'effectuer une visite à Jérusalem, pour relancer des négociations qui étaient dans l'impasse, provoquant de vives réactions d'hostilité de la part des gouvernements arabes les plus durs (front du refus). Il reçoit le prix Nobel de la paix, avec M. Begin pour avoir signé le traité de paix entre l'Égypte et Israël, signé en mars 1979. Il est assassiné par des officiers liés aux Frères musulmans au cours d'un défilé militaire . ******************* Margaret Thatcher
Femme politique britannique ( 1925)
Leader du parti conservateur en 1975, première femme chef de gouvernement en Grande-Bretagne en 1979, elle mit en ouvre une politique de ultra-libérale en désengageant l'Etat par des privatisation et en limitant les prérogatives des syndicats. La promptitude de sa réponse à l'invasion des îles Falkland (Malouines) par les Argentins et sa victoire firent retrouver aux anglais une fiérté inédite depuis Churchill. Reconduite dans ses fonctions après les élections de 1983, puis de 1987, elle se trouva cependant dans l'obligation de démissionner en novembre 90, ayant perdu toute sa popularité sur l'affaire des poll-tax. *******************
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