Wit FM
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23 / 24 octobre 1997
Hervé Beaudis
On trouvera ci-après les meilleurs extraits de l'émission…
[Sache que je] Hervé Beaudis : Cette chanson représente toute la difficulté qu'on peut avoir à dire "je t'aime" à quelqu'un. C'est j'imagine ce qui se produit pour toi ?
Jean-Jacques Goldman : C'est une réponse à des questions qu'on me posait. On me disait, "pourquoi y a jamais 'je t'aime' dans tes chansons ?" par exemple. Certains extrapolaient, et me demandaient « est-ce que tu le dis dans la vie ?". C'était une question, et puis même une discussion, parfois, avec des musiciens ou des amis. "Est-ce que toi tu dis 'je t'aime' ?" "Oui, moi je l'ai dit une fois", etc. Je suppose que vous avez le même genre de conversations. J'ai donc essayé de réfléchir, pourquoi j'avais tellement de mal à le dire.
[Bonne idée] Hervé Beaudis : Tu cites tes parents, ils l'ont pris comment ?
Jean-Jacques Goldman : Avec humour, surtout que je les cite de façon humoristique.
Hervé Beaudis : J'imagine qu'ils sont plutôt fiers de la carrière que tu mènes ?
Jean-Jacques Goldman : Ouais, ouais.
Hervé Beaudis : Quelles sont les choses fondamentales qu'ils t'ont apprises ?
Jean-Jacques Goldman : Déjà, de pas juger en fonction de ce que les autres jugent, mais en fonction de nous-mêmes. Si quelqu'un arrive avec une grosse voiture, c'est pas forcément pour ça qu'il est important. De la même façon, quelqu'un qui n'a l'air de rien, faut lui donner sa chance aussi. (…) Et puis, le fait que rien n'est gagné. Le fait de bouffer à sa faim, c'est pas rien du tout. Le fait d'ouvrir le robinet et qu'il y ait de l'eau courante, c'est un grand privilège. Le fait de pouvoir voter, d'être libre, de lire un journal, de pouvoir dire ce qu'on veut, c'est un grand privilège.
[Tout était dit] Hervé Beaudis : Tu as analysé les habitudes d'une femme en particulier pour l'écrire ?
Jean-Jacques Goldman : Il se trouve que ça parle d'une femme, mais ça parle aussi des hommes. Les gens sont très bavards, finalement, sans parler. La façon dont ils sont habillés, dont ils sont coiffés, la façon dont ils se présentent à toi, c'est un vrai langage.
[Le coureur] Hervé Beaudis : Qu'est-ce qui t'a le plus interpellé chez ces athlètes qui sont complètement déracinés ?
Jean-Jacques Goldman : C'est leur sourire, à quel point ils sont mal à l'aise, leur façon extrêmement concentrée et importante de répondre aux questions, des tas de choses auxquelles on n'est pas habitué, tout simplement parce qu'ils ne viennent pas du même monde. Il y a encore un an ou six mois, ils étaient dans un village d'Afrique, avec des coutumes différentes, des habitudes différentes, un rapport au mal et à leur corps différent, une altitude différente, et tout à coup, ils se retrouvent avec trois milliards de personnes qui les regardent, des caméras hypersophistiquées, des micros, des gens qui leur posent des questions, et ce décalage là, je le trouve assez touchant.
Hervé Beaudis : Comment est née "Juste quelques hommes" ?
Jean-Jacques Goldman : Ben… Peut-être en faisant de la plongée, par exemple. T'as toujours des gens qui discutent, des profs de plongée qui racontent qu'ils sont allés à 100 m, 200 m… Puis après, tu vois un reportage sur l'Annapurna, tu te rends compte qu'il n'y a plus rien, plus un arbre, plus un animal, il y a des hommes qui se baladent, sans oxygène. En réfléchissant à ça, tu te dis, finalement, les hommes sont dans toutes les extrêmes possibles, au centre des volcans, dans l'espace… Où on peut aller, il y a des hommes. Et ils sont aussi, malheureusement, dans les extrêmes, et de la sainteté, et de l'horreur.
[On ira] Jean-Jacques Goldman : Les destinations sont pas aussi importantes qu'on le croit. Arriver à quelque chose, c'est pas si important que ça. Le plus important, c'est d'y aller, c'est la route pour y aller.
Hervé Beaudis : Ta chanson préférée, on a dû te le demander mille fois, dans ton répertoire ? Celle que tu trouves la plus aboutie, la mieux réalisée ?
Jean-Jacques Goldman : C'est difficile de dire ça. Je sais que les deux qui me procurent le plus de joie quand je les joue, c'est "Il suffira d'un signe" et "Je te donne". C'est des chansons que j'aime bien.
[La tournée] Hervé Beaudis : La tournée, ça va ressembler à quoi ? T'as déjà une idée très précise de ce que ça va être ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, oui.
Hervé Beaudis : Parce que l'album se prête plus à des salles un peu moins grandes qu'un Bercy ou qu'une patinoire à Bordeaux. Plus intimiste ?
Jean-Jacques Goldman : J'aurais bien aimé ça. Pour ça, il aurait fallu que l'album marche moyennement, ce qui n'est pas le cas. Ça pose pas un problème artistique, mais un problème de temps. Si je fais une petite salle à Bordeaux, il faut que j'y reste dix jours, ça fait des tournées qui durent deux ou trois ans. C'est pas possible. On est un peu condamné aux grandes salles.
Hervé Beaudis : Carole et Michael seront avec toi sur scène ?
Jean-Jacques Goldman : Non.
Hervé Beaudis : Ce qui veut dire que tu ne joueras pas de morceaux que vous avez faits dans l'intervalle, entre tes albums vraiment solo ?
Jean-Jacques Goldman : Michael sera là, donc je chanterai une ou deux chansons de la période Fredericks-Goldman-Jones. Ce sera surtout basé sur cet album, et d'autres chansons qui peuvent aller bien avec la couleur de cet album.
Hervé Beaudis : Comment tu sélectionnes, comment tu te dis, "telle chanson on la fait, telle chanson on la fera pas" ?
Jean-Jacques Goldman : Je pars sur déjà 23 - 24 chansons, alors qu'on en garde 18 ou 20. On commence à les travailler, et c'est en fonction d'abord, de la couleur du spectacle, qui est quand même basé basé chaque fois sur le dernier album. C'est pas les mêmes chansons qui accompagnent l'album "Rouge" que celles qui accompagnent cet album là. Ensuite, c'est des chansons qu'on a peut-être pas trop jouées aux tournées précédentes, qu'on a ré-envie de jouer. Un peu tous ces critères là qui fait qu'on les choisit ou pas. Et puis après, on voit celles qui sonnent et celles qui sonnent pas, et puis on en abandonne au fur et à mesure.
Hervé Beaudis : Qui a amené les Choeurs de l'ex-Armée Rouge sur la tournée Rouge, qui était par ailleurs un concert exceptionnel ? C'était j'imagine un grand grand souvenir.
Jean-Jacques Goldman : Super souvenir. C'était d'abord un souvenir musical et scénique, tout le monde le partageait. On a partagé aussi le fait de partir six ou huit mois avec eux, des choses très chaleureuses. Il faut imaginer ce que c'est que 40 Russes à dîner, ils sortent les balalaïka, les accordéons, et tout ça, et ils sont vraiment très très généreux après.
Hervé Beaudis : T'écoutes quoi Jean-Jacques en ce moment quand t'as deux minutes ?
Jean-Jacques Goldman : Malheureusement je dirais, j'écoute beaucoup de choses un peu obligées. Des copains qui me donnent des cassettes, des disques qu'on me donne qu'il faut que j'aille écouter… Il y a des choses intéressantes dedans aussi. C'est un peu en fonction de ça.
Hervé Beaudis : Y a pas un truc sur lequel t'es tombé, peut-être par hasard ?
Jean-Jacques Goldman : Récemment, non. Y a des choses anciennes sur lesquelles je suis tombé par hasard mais c'était déjà il y a cinq six ans, des trucs comme Marc Cohn, ou un groupe qui s'appelait Chamade (?) sur lesquels je tombe par hasard et que j'écoute beaucoup après. Là, y a pas eu de phénomène comme ça récemment… Si, y a eu une fille qui s'appelait Des'ree, mais c'est pareil, y a deux trois ans déjà.
Hervé Beaudis : Y a le phénomène Boys Band en France, et un peu partout dans le monde d'ailleurs. Worlds Apart a repris "Je te donne", Melgroove a repris "Pas toi". T'en penses quoi de ces reprises ?
Jean-Jacques Goldman : Je suis très fier qu'on reprenne mes chansons.
Hervé Beaudis : Ça se passe comment ? Ils te demandent l'autorisation avant, ils te font écouter les maquettes ?
Jean-Jacques Goldman : Légalement, ils n'ont pas besoin de me demander mon autorisation. Si demain, Native veut reprendre "Let it be" des Beatles, elles n'ont pas à demander l'autorisation. Ça, c'est la loi. Il se trouve que les deux on été très corrects, ils m'ont demandé si je m'y opposais pas, et avant d'écouter les maquettes, j'ai donné mon accord. Je trouve qu'une chanson, c'est fait pour être chanté. J'ai tellement chanté les chansons des autres que je ne vois pas pourquoi je m'y opposerais.
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