Télé Magazine n° 2189
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Télé Magazine n° 2189
24 Octobre 1997
Jean-Jacques Goldman sait enfin dire "je t'aime"
Surprise, Jean-Jacques Goldman reçoit dans le club house d'un stade parisien. Le soleil de midi réchauffe de ses rayons automnaux le vert tendre de la pelouse. Son casque de motard posé près de lui, l'artiste confirme son goût pour le sport. D'ailleurs, son professeur de tennis vient bavarder un moment et planifier leurs prochains échanges. Disponible, parfaitement détendu, Jean-Jacques accepte de s'expliquer sur ses chansons, en toute sincérité, mais sans chercher midi à quatorze heures.
Gilbert Jouin: Le premier titre de l'album, "Sache que je", est une chanson d'amour. Pourquoi est-elle si grave ? Jean-Jacques Goldman: On m'a souvent demandé pourquoi je n'écrivais pas ou peu de chansons d'amour et pourquoi je répugnais à dire "je t'aime"... Ce n'est pas facile de dire "je t'aime". Le sentiment est presque trop sacré pour ces trois mots. C'est trop lié aux conséquences que l'on y met, que l'on en attend. Il y a une notion de temps dans "je t'aime" qui sous-entend le mot "toujours". C'est un peu effrayant.
Gilbert Jouin: Dans "Bonne idée", vous vous montrez en revanche très positif. Jean-Jacques Goldman: Il faut toujours avoir en tête que nous sommes tous des vainqueurs puisqu'issus d'un spermatozoïde gagnant. J'évoque dans cette chanson le côté ensoleillé de la vie. J'y cite le rugby, Frédéric Dard et Johnny Winter, parce que ce sont pour moi trois bonnes raisons sur dix mille de vivre. Pour moi, le rugby est plus qu'un sport.
Gilbert Jouin: Vous y parlez également de fraternité, de tendresse, de filles à caresser... Quelle place tient la femme dans votre vie ? Jean-Jacques Goldman: La femme est indispensable à notre équilibre. Mais depuis que j'ai appris que le mot "hystérique" venait d'"utérus", j'ai compris beaucoup de choses.
Gilbert Jouin: Dans "Quand tu danses", vous êtes un contemplatif amoureux mais résigné au pire. Pourquoi ce rôle passif ? Jean-Jacques Goldman: Je me demande tout le temps ce que l'on va devenir après une histoire d'amour. Redevenir "rien après tant", ce n'est pas juste.
Gilbert Jouin: Dans "Nos mains", vous vous livrez à une étude quasi anatomique... Jean-Jacques Goldman: Ma fille cadette s'est fait un plaisir de me fournir les éléments exacts. J'ai toujours été fasciné par les mains. Le revers de la main est agressif, quand on la ferme, elle devient un poing. Mais dès qu'on la retourne et qu'on présente la paume, elle devient douce, caressante, généreuse. Quand je suis allé visiter une réserve indienne dans le Wyoming, j'ai appris que la plus grande humiliation pour un ennemi était de se faire toucher la main.
Gilbert Jouin: Avec "Natacha", vous revenez à ces mélodies slaves que vous affectionnez. C'est un besoin ? Jean-Jacques Goldman: C'est une question de génétique. Mon père est né en Pologne et ma mère en Allemagne. J'aime bien les ambiances de blues de l'Est.
Gilbert Jouin: Le titre de votre album et la dernière chanson s'intitulent "En passant". Pourquoi ? Jean-Jacques Goldman: Je suis un badaud. Pour moi, l'important n'est pas la destination, mais le temps que l'on met pour y arriver, le voyage, je suis quelqu'un de très entouré, mais j'ai besoin de solitude. On n'échappe pas à soi.
Gilbert Jouin: Quels sont vos projets ? Jean-Jacques Goldman: Je vais jouer sur scène aux côtés de Gildas Arzel le 5 novembre prochain au Café de la Danse. J'aime bien redevenir guitariste - choriste comme avant. Ensuite, je vais commencer à travailler sur le prochain album de Céline Dion. Je fais également toujours partie de l'équipe des Restos du Coeur. On a déjà repris nos réunions. Et enfin, je serais en tournée à partir de mars 1998.
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