Goldman joue avec Arzel
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Goldman joue avec Arzel
Le Télégramme, 25 octobre 1997
Jean-Luc Germain
BREST. Jean-Jacques Goldman était hier soir sur scène à Brest (*) aux côtés de son ami finistérien Gildas Arzel et de Dan Ar Braz en invité surprise. La petite salle du Vauban a bien dû refuser au moins mille demandes de billets, mais seuls 400 privilegiés ont pu profiter de cet événement, résultat d'une belle amitié que l'auteur d'En passant, son dernier disque, évoque ici.
Jean-Luc Germain : Comment est née votre amitié avec Gildas Arzel ?
Jean-Jacques Goldman : On s'est rencontrés sur des plateaux télé, lors d'émissions de radio. Il jouait avec le groupe Canada et j'aimais leur musique. On a sympathisé, un rapport artistique et amical est né. Ils ont fait des premières parties de mes concerts, et puis on a enregistré leurs chansons avec Johnny Hallyday.
Jean-Luc Germain : Qu'est-ce qui vous touche tant chez lui ?
Jean-Jacques Goldman : Son authenticité. Personnellement je n'apporte rien à cette musique. Je suis touché par toute la culture qu'elle véhicule et qui n'a rien d'abstrait, elle est au bout de ses doigts dès qu'il s'empare d'une guitare. Il en est tellement imprégné que je pense qu'il jouera toujours cette musique et qu'il n'est certainement pas prêt à faire n'importe quoi. Ce qui m'attire vraiment c'est qu'il n'a pas le choix, il est violent et profond, point.
Jean-Luc Germain : Son absence d'étiquette, son côté inclassable ont dû vous séduire également ?
Jean-Jacques Goldman : Si vous prenez Thiéfaine, Ferret, Noir Désir ou I am, qui sont tout assez radicaux, vous vous apercevez qu'il y a toujours un circuit pour le rock indépendant, la grande chanson, la contestation. Gildas n'est dans aucun de ces circuits, il est trop métissé musicalement. D'une certaine facon il est non homologué, non homologable. Le problème est que dans notre société politiquement correct, il est difficile de demander des efforts de curiosité au public. Je ne leur en veux pas, c'est un fait, mais c'est dommage.
Jean-Luc Germain : C'est pourquoi vous avez voulu l'aider ?
Jean-Jacques Goldman : Quand j'ai commencé, j'aurais aimé être aidé par beaucoup de gens. Un Michel Berger aurait sûrement pu le faire. Ici ça aurait pu être mon devoir de producteur, mais c'est surtout mon plaisir. Le plaisir de rejouer devant des petits comités comme lors de la "Tournée des campagnes" avec Michael Jones et Carole Fredericks. Le plaisir d'être simple guitariste et d'avoir plus de temps pour écouter les autres.
Jean-Luc Germain : En prime vous jouez à Brest avec Dan Ar Braz.
Jean-Jacques Goldman : C'était un choix de Gildas, car ils se connaissent. Moi c'est la première fois que je parle longuement avec Dan. Je me suis aperçu qu'on est presque de la même année, qu'on a vécu la même chose, l'absence totale de racines. Je lui ai demandé d'où venait son attirance pour la culture celte et il m'a dit que sa première musique était le rock, et que notamment tout ce qui le touchait venait un peu du folk, de gens comme Bruce Hornsby. J'aime bien l'idée qu'il se soit réapproprié ses racines par le rock.
Jean-Luc Germain : Votre dernier album solo signifie-t-il un retour sur soi ?
Jean-Jacques Goldman : J'en avais besoin. Ça n'est pas un choix mais un constat. Chaque disque est le reflet de ce qui me touche dans le moment. Là c'est l'album d'un type qui a 46 ans, mais qui reste plutôt optimiste de nature.
* Jean-Jacques Goldman a confirmé hier qu'il donnera un concert sous son nom le 18 avril prochain au parc de Penfeld.
Interview illustrée par une photo :
Jean-Jacques Goldman était hier soir au Vauban : "Ce qui me touche le plus chez Gildas Arzel ?... Son authenticité." (Photo Yvan Breton)
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