En passant
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En passant
Télérama, 28 octobre 1997
Anne-Marie Paquotte
Retranscription de Monique Hudlot
Ce qui frappe d'abord, c'est la clarté du son. L'ingénieur Erick Benzi s'est livré à un travail d'éclairagiste, mettant en relief chaque instrument (percussions de Marc Chantereau, guitares de Gildas Arzel, Patrice Tison, Michael Jones…), à chaque inflexion du chant. La voix de Goldman bénéficie d'autant plus de cette simplicité sophistiquée qu'elle joue moins de son penchant à grimper dans les aigus. Sur le premier titre, "Sache que je", le timbre plus grave joint sa séduction à la sobriété du texte. Au fil des albums, le chanteur-auteur a acquis une prenante maturité d'écriture. Certains albums précédents, comme "Rouge", en témoignaient déjà. Ici, outre "Sache que je", variation sur la force des mots tus et l'énigme des mots dits, on est touché par la petite musique de ceux de "Quand tu danses", la métaphore des "Murailles", l'éclat mat de "Natacha" (embué des pleurs d'un piano, d'une balalaïka et d'un violon), les ombres lucides d'"En passant". On aimerait que, toujours, les musiques soient à l'unisson de ces pensives émotions. Mais blues ou ballades sont, ici et là, banalisés par des arrangements à l'efficacité convenue. On revient alors aux photos de Claude Gassian qui scandent la pochette : scènes décadrées, silhouettes dérobées, lumières fugitives disent, elles aussi, le flou de nos vies amoureuses et citoyennes.
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