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Rencontre avec Michael Jones
(Radio Kol Hachalom, mai 1998)

Rencontre avec Michael Jones ; Entretien enregistré le 25 avril 1998 à Grenoble
Radio Kol Hachalom, mai 1998
Propos recueillis et retranscrits par Jean-Michel Fontaine

Jean-Michel Fontaine : Michael Jones, bonjour. Bienvenue sur Radio Kol Hachalom.

Michael Jones : Salut !

Jean-Michel Fontaine : Tu es actuellement en tournée avec Jean-Jacques Goldman jusqu'à la fin de l'année. Que dirais-tu de revenir sur ta longue carrière, déjà ?

Michael Jones : Si tu veux ! (rires)

Jean-Michel Fontaine : Tu es né le 28 janvier 1952 à Welshpool, au Pays de Galles.

Michael Jones : C'est pas de ma faute ! C'est pas moi qui ai voulu ! Ça, c'étaient mes parents !

Jean-Michel Fontaine : On peut dire que tu es un enfant de la libération, en quelque sorte, puisque ton père est arrivé pendant le débarquement de Normandie, et a connu ta mère parce qu'il s'est fait accueillir par une famille normande, et donc ta mère est repartie là-bas. Qu'est-ce que ça te fait, finalement, d'être un Européen avant l'heure ?

Michael Jones : Je sais pas si mon père l'a vraiment fait par choix. Il était volontaire dans l'armée, mais c'est pas lui qui a choisi d'aller en Normandie. C'est un accident. Je suis un accident des turbulences européennes des années 40, voilà.

Jean-Michel Fontaine : Le hasard fait bien les choses quand même !

Michael Jones : Ouais !

Jean-Michel Fontaine : Tu as commencé à apprendre la guitare très très jeune, à l'âge de 11 ans je crois ?

Michael Jones : Ouais.

Jean-Michel Fontaine : Ton premier groupe s'appelait Urban District Council Dib Dob Band.

Michael Jones : Urban District Council Dib Dob Band !

Jean-Michel Fontaine : C'est un peu compliqué à dire ! Qu'est-ce que vous faisiez à l'époque comme style de musique ?

Michael Jones : On faisait des reprises. On jouait les chansons populaires de l'époque. Je me rappelle plus exactement. Quand le groupe s'est arrêté, on était en plein dans l'ère des Deep Purple, Led Zep, tout ça. C'était encore de la musique qui était intéressante.

Jean-Michel Fontaine : Pas de choses plus anciennes comme du Chuck Berry par exemple ?

Michael Jones : Ah bah si ! Je l'ai fait, ce sont des standards ! Je le joue encore !

Jean-Michel Fontaine : Tu es arrivé en France en 1971, il me semble. Pourquoi as-tu décidé de venir en France ?

Michael Jones : C'est encore un accident de parcours. J'étais venu en vacances avec mes parents, comme j'avais de la famille en Normandie. Je m'embêtais un petit peu. Je peux dire carrément que je me faisais chier ! Je rencontre un groupe qui faisait du rhythm'n blues, et qui jouait à la fête du village où j'étais. On a sympathisé, finalement j'ai passé mes vacances avec eux. Ils m'ont dit, écoute, si tu veux revenir l'année prochaine, on cherche un guitariste-chanteur, et voilà. Je venais de terminer mes études, je devais aller travailler tout de suite. J'avais l'occasion de m'amuser un petit peu, j'ai pris une année sabbatique. Je suis allé jouer avec cet orchestre, et finalement, je suis jamais reparti.

Jean-Michel Fontaine : Qu'est-ce que tu as fait jusqu'à ton arrivée dans Tai Phong, pendant ces six années là ?

Michael Jones : J'ai fait comme pratiquement tout musicien de mon âge qui travaille encore aujourd'hui : c'était la grande école de musique en France de l'époque, c'était les bals. J'ai fait des bals pendant dix ans.

Jean-Michel Fontaine : Pour nos auditeurs qui ne seraient peut-être pas au courant, en 1975, Jean-Jacques Goldman faisait partie d'un groupe qui s'appelait Tai Phong, et en 1977, lorsque Tai Phong a voulu partir en tournée, Jean-Jacques n'a pas voulu, et ils ont donc cherché un nouveau chanteur. Il y a eu une annonce qui a été passée dans le "Melody Maker", qui était un grand journal musical de l'époque, tu t'es présenté et, qu'est-ce qui s'est passé ?

Michael Jones : J'ai passé une audition. Il y avait, je sais pas, 200 personnes, et c'est moi qu'ils ont gardé. Je suis parti sur la route avec eux sur une petite tournée de 15 jours, à peu près. Et après, il a fallu faire un autre album. On a présenté les maquettes, et c'est là où j'ai rencontré pour la première fois Jean-Jacques.

Jean-Michel Fontaine : En fait, la première fois où l'on peut t'entendre sur un disque, c'est sur la face B d'un 45 T, en 1978, ça s'appelle "Cherry". Est-ce que tu te rappelles de ce titre ?

Michael Jones : Oui. C'est mon premier duo avec Jean-Jacques !

Jean-Michel Fontaine : Exactement ! C'est comme ça que tu as connu Jean-Jacques. Encore un hasard de la vie, encore une fois.

Michael Jones : Ouais. Par contre, là, c'est un hasard qui est difficile à expliquer, c'est-à-dire que ça a fait "tilt" tout de suite. Autant les rapports étaient difficiles avec certains des musiciens de Tai Phong, qu'avec Jean-Jacques, ça a été vraiment des rapports très proches tout de suite.

Jean-Michel Fontaine : Tu as gardé des contacts avec les autres musiciens de Tai Phong ?

Michael Jones : On se voit de temps en temps. Stéphan [Caussarieu], avec qui j'avais beaucoup travaillé à l'époque m'appelle de temps en temps. J'ai vu Khanh [Mai] pendant les répétitions. De temps en temps, on garde un contact.


Jean-Michel Fontaine : Avec le recul, est-ce que tu peux imaginer ce qui se serait passé si tu n'avais jamais rencontré Jean-Jacques Goldman ?

Michael Jones : Non. J'ai aucune idée de ce qui se serait passé. Peut-être que j'aurais arrêté la musique. Je sais pas. Quand Jean-Jacques m'a appelé pour venir en tournée avec lui, j'étais reparti à Caen, un peu dégoûté de ce qui se passait dans le circuit show-bizz français (je reste toujours un peu dégoûté de ce qui se passe dans le circuit show-bizz français, hein, c'est le côté de ce métier que j'aime pas du tout !). Quand Jean-Jacques m'a appelé, je pouvais pas dire non, parce que ça me faisait vraiment plaisir de partir sur la route avec lui. La suite, on la connaît. S'il m'avait pas appelé pour partir sur la route avec lui, il est fort possible que j'aurais arrêté la musique.

Jean-Michel Fontaine : On va en parler, justement. A la séparation de Tai Phong, tu as monté un nouveau groupe qui s'appelait Gulfstream, avec un album produit par William Sheller, qui n'a pas du tout eu de succès. Que s'est-il passé ?

Michael Jones : C'est là où j'ai eu ma vraie rencontre avec le show-bizz français. Dans le groupe Tai Phong, je m'occupais de rien. Nos rapports avec Jean Mareska [le producteur de Tai Phong] étaient des rapports amicaux. Là, je suis tombé sur des producteurs qui voulaient créer un personnage, qui n'était pas moi. Je suis parti en claquant la porte.

Jean-Michel Fontaine : Tu as monté à la suite un nouveau groupe qui s'appelait Week-end millionnaire ?

Michael Jones : Gulfstream, c'est après Week-end millionnaire ! Week-end millionnaire, j'ai pas formé le groupe, le groupe existait. C'étaient trois chanteurs de Toulouse, et ils avaient besoin d'un groupe pour faire du live. Jean Mareska, qui était le producteur de Tai Phong et de Week-end millionnaire, m'avait proposé la place pour faire guitare et basse, et chant. C'est dans ce groupe là que j'ai rencontré un Australien fou qui jouait du piano, qui s'appelait Lance Dixon, et un batteur fou qui s'appelait Jean-François Gauthier, qui sont aussi, ensuite, devenus les musiciens de Jean-Jacques.

Jean-Michel Fontaine : En 1983, comme tu le disais tout à l'heure, Jean-Jacques t'a demandé de l'accompagner sur sa première tournée, où vous avez fait quelques dates (...), une vingtaine ?

Michael Jones : Même pas. Je crois qu'il y avait 13 dates, quelque chose comme ça. C'était une petite tournée, dans des théâtres, avec des musiciens très connus à l'époque, parce que c'était pratiquement l'orchestre de Michel Jonasz : Manu Katché, Carlo Mustam (?), Guy Delacroix, à la basse, qui ne faisait pas partie de l'orchestre de Jonasz, mais qui a toujours travaillé avec Jean-Jacques, et Jean-Yves d'Angelo, qui joue aussi sur mon dernier album.

Jean-Michel Fontaine : En 1984, peut-être pour te remercier, Jean-Jacques t'a écrit un titre qui s'appelait "Viens", qui est ton premier 45 T.

Michael Jones : C'était pas Jean-Jacques, c'était Sweet Memories qui m'a écrit la chanson !

Jean-Michel Fontaine : C'est vrai ! (rires) Evidemment, personne n'est au courant de ce pseudonyme là. Est-ce qu'à ton avis, si ce titre n'avait pas été signé sous un pseudo, est-ce que tu crois que ce titre aurait mieux marché ? Parce qu'à mon avis, il méritait de marcher

Michael Jones : Il a marché un petit peu. Je préfère qu'il ait marché comme ça. Il aurait été signé Jean-Jacques Goldman, j'aurais pas été sûrà S'il avait marché avec Jean-Jacques qui l'avait signé, j'aurais jamais su si c'était parce que c'était Jean-Jacques qui l'avait signé ou non. ça, ça m'aurait gêné un peu. Ceci dit, tous ceux qui ont le maxi 45 T "Sweet Memories" savent d'où ça vient.

Jean-Michel Fontaine : Sur la face B, il y avait une composition à toi, qui s'appelle "Pas besoin de permis" et qui existe également en anglais.

Michael Jones : En fait, je l'avais d'abord écrit en anglais, et j'avais quelques chansons, dont "Guitar Man", qui étaient en anglais, et je les avais données à Jean-Jacques pour qu'il me les écrive en français. Il m'a fait une version en français de Guitar Man, qu'on n'a jamais sortie. Il trouvait pas d'idée pour "Pas besoin de permis", donc je l'ai traduite. C'est pas terrible, mais c'est ma première tentative de texte en français.

Jean-Michel Fontaine : C'est pas si mal que ça, finalement. En 84, tu es reparti en tournée avec Jean-Jacques sur Positif Tour. Comment se fait-il que tu n'aies pas fait partie de l'album studio à ce moment là ?

Michael Jones : L'album était fait depuis longtemps, par l'équipe Rusteau (?), Katché, D'Angelo, etc. Ce sont les musiciens qui ont fait la première partie de cette tournée, parce qu'en fait, les deux tournées 83 et 84, c'étaient pratiquement les mêmes. C'était une suite logique. On a commencé dans les théâtres, pour voir. Après, on est partis sur une grosse tournée. Et là, Jean-Jacques a voulu avoir une équipe à lui. On a formé l'équipe, qui est restée pratiquement la même au fil des années, même si de temps en temps il y a quelques changements. Le seul qui reste de la première équipe, en dehors de moi, c'est Claude Le Péron.

Jean-Michel Fontaine : Ta première participation à un album studio, c'est en 1985 avec évidemment "Je te donne" qui t'a fait connaître de tout le grand public. Tu es crédité en tant que co-auteur de cette chanson, est-ce que tu n'as pas fait les co-arrangements guitares ? Ta participation à la musique n'est-elle pas plus importante que ce qu'on peut croire ?

Michael Jones : A part le solo de guitare que j'ai fait, je n'ai rien fait d'autre sur cette chanson. C'est Jean-Jacques qui a joué toutes les autres guitares. J'ai juste fait le texte, chanté ma partie et joué le solo de guitare. La moitié du solo de guitare. J'ai peut-être fait un peu de rythmiques à la fin. Je ne m'en rappelle plus. Mais la chanson existait déjà. Pratiquement tous les arrangements, c'est Jean-Jacques.

Jean-Michel Fontaine : Qu'est ce que ça a changé dans ta vie à ce moment là, d'être sous les feux des projecteurs ?

Michael Jones : Pas grand chose. Peut-être un peu plus sollicité. C'était beaucoup plus facile d'obtenir des trucs à la mairie, par exemple. On commence à me proposer des chambres d'hôtel beaucoup moins chères qu'avant. C'est-à-dire que dès qu'on commence à gagner un peu d'argent, on a beaucoup, beaucoup plus de trucs moins chers. C'est vachement bien.

Eric Saya : Michael, la chanson "Je te donne" reste à l'heure actuelle l'un des plus beaux succès que tu aies connu avec Jean-Jacques. Elle a été reprise par les boys de Worlds Apart. Même les jeunes et les plus jeunes la connaissent. Penses-tu qu'il y avait quelque chose de particulier dans le texte ou la musique pour faire de ce duo une chanson aussi populaire ?

Michael Jones : Je pense que c'est une chanson très réussie, c'est tout. Même si on écoute le version originale aujourd'hui qui maintenant a plus de dix ans, elle a pas vieilli de beaucoup. D'ailleurs, je trouve même que la version de Worlds Apart a du mal à supporter la comparaison. Je dis ça en toute honnêteté, c'est pas une critique. Autant la version de Melgroove de "Pas toi" ressort vraiment comme une version différente avec quelque chose d'original, autant la version de Worlds Apart, ils ont juste mis un book de dance derrière. Ils se sont contentés de la version originale. C'est bien que les chansons soient rééditées comme ça pour que les jeunes les reconnaissent. J'ai le souvenir d'une chanson, "Ride like the wind", il y a une version disco ou dance de cette chanson, et moi je voyais les jeunes qui disaient, "ah ouais, c'est une nouvelle chanson", et ils connaissaient absolument pas la version originale de (...) Christopher Cross qui est dix fois mieux. Personne la connaissait. Ils pensaient que c'était une chanson originale. Alors que là, ils savaient que c'était une chanson de Jean-Jacques et moi.

Jean-Michel Fontaine : Il paraît qu'il existe une version totalement en anglais de cette chanson, que tu as écrite ?

Michael Jones : Non, c'est faux.

Jean-Michel Fontaine : En 1986, tu as présenté au public "Guitar Man" qui a remporté énormément de succès devant le public. Là encore, le 45 T n'a pas marché. A quoi est-ce dû à ton avis ?

Michael Jones : Je sais pas. Au départ, c'est les grosses radios qui passent pas les disques, c'est que ça qui fait qu'un disque marche our ne marche pas. Soit les grosses radios passent un disque et ça marche, ou ça a beaucoup de chances de marcher. S'ils le passent pas, si on rentre pas dans leur fameux "media control" ou dans le bulletin, on n'a aucune chance de faire marcher le disque. C'est comme ça. Je suis encore confronté à ça aujourd'hui. Je sais que quand mon album est sorti il y a six mois, il y a certaines radios qui n'ont même pas écouté le disque parce qu'ils étaient persuadés que ça allait être du Goldman.

Jean-Michel Fontaine : Est-ce que ce n'est pas lié également à la maison de disques ? En 1987, tu as sorti "Michael Jones and the Swinglers". Le disque n'a même pas été édité en CD.

Michael Jones : ça c'est sûr que c'est de la faute de la maison de disques. Les maisons de disques sont des boîtes très frileuses aujourd'hui. Ils sortent un disque, et après, ils vont voir ce que font les radios. A l'époque où j'ai sorti "les Swinglers", le CD était pas vraiment devenu quelque chose de populaire. C'était encore le vinyl qui se vendait le plus. Ils sortaient d'abord le vinyl avec un single, et après, ils attendaient de voir ce qui se passe. Ils prennent aucun risque. Si ça commence à passer bien en radio, ils disent "bon bah là on va faire de la promo". Sinon, ils mettent pas d'argent. Parce que faire de la promo, il faut un budget. ça englobe des dépenses, et ils sont pas prêts à faire ces dépenses là si le disque n'a pas de chance de passer à la radio. Aujourd'hui, c'est encore pire, parce qu'aujourd'hui, il y a un clip qu'il faut faire en plus.

Jean-Michel Fontaine : Est-ce que toi, à l'époque, tu n'étais pas déèu de voir que tu passais très très bien en tournée auprès du public de Jean-Jacques, et qu'il faisait constamment appel à toi lors de ses albums en studio, puisqu'il a refait appel à toi sur "Entre gris clair et gris foncé" où tu participes à la moitié des titres, alors que ta carrière en solo, finalement, ne rencontrait pas, peut-être, le succès que tu espérais ?/

Michael Jones : J'ai jamais vraiment espéré un énorme succès de ma carrière solo. J'ai la chance de travailler avec quelqu'un qui en plus est un ami, et ça me comble déjà. Ce que je faisais en solo, c'était un petit peu mon passe-temps quand j'avais rien d'autre à faire. Que ça marche - évidemment, ça m'aurait fait plaisir que ça marche - que ça marche pas trop fort, c'est pas grave. J'ai pas à me plaindre non plus. Je trouve que depuis une quinzaine d'années, j'ai eu une belle carrière, faut pas que je me plaigne.

Jean-Michel Fontaine : En fait, est-ce que tu n'es pas un peu comme ce personnage de "Vivre cent vies", une star en restant anonyme ?

Michael Jones : Je trouve que c'est un privilège d'être comme ça. C'est-à-dire que moi, j'ai encore la chance de pouvoir aller faire les courses avec ma gamine ou l'emmener à l'école. Jean-Jacques ne peut pas le faire.

Jean-Michel Fontaine : Finalement, ça t'arrange plutôt ?

Michael Jones : Je trouve que c'est quelque chose de privilégié. Pouvoir rester anonyme dans la vie et être une star sur scène devant des milliers de personnes, c'est génial.

Jean-Michel Fontaine : En 93, tu as sorti un best of de 83-93, qui reprend 8 titres dont 3 inédits. Pourquoi n'as-tu pas mis tous les titres que tu avais faits, y compris "Viens" ?

Michael Jones : C'était un accord que j'avais avec Sony à ce moment là. "Viens" dénotait parce qu'elle était en français. Je trouvais que ça ne faisait pas bien de mettre "Viens" dedans. Il a fallu faire un choix. Il y avait d'autres chansons dont je me laissais un peu, donc j'avais pas envie de les mettre. Par contre, ça a été un fiasco, parce que ce disque était prévu de sortir en "Nice Price". Sony, vu l'accueil que cela avait eu à ce moment là, ne l'a pas mis en "Nice Price". ça n'a pas marché du tout. C'est une connerie de plus.

Jean-Michel Fontaine : Et il est d'ailleurs très très rare. Finalement, c'est peut-être aussi la raison pour laquelle "Michael Jones and the Swinglers" n'est jamais sorti en CD non plus

Michael Jones : Je suis bien content. Je crois que maintenant, il est côté 4 000 balles !

Jean-Michel Fontaine : Moi, j'ai entendu plutôt 1 200...

Michael Jones : Il y a quelqu'un qui s'est fait avoir alors ! (rires)

Jean-Michel Fontaine : Si tu m'en files un exemplaire gratuit, je ne dirai pas non non plus

Michael Jones : J'en ai même pas un. J'en ai même pas.

Jean-Michel Fontaine : T'as même pas un exemplaire à toi ? ! ?

Michael Jones : Je les ai tous donnés !

Jean-Michel Fontaine : C'est terrible ! (rires)

Michael Jones : J'ai même pas l'édition 83-93 !

Jean-Michel Fontaine : Je garde la mienne, si tu veux. Tu me l'as dédicacée, alors je la garde !

Michael Jones : Je suis pas fétichiste.

Jean-Michel Fontaine : En 96, tu as enregistré un album en anglais, qui n'est jamais sorti. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Michael Jones : Je n'étais pas très content de ce que j'avais fait, c'est tout simplement ça. J'ai gardé une chanson pour l'album français, que j'ai traduite, qui est "Dying To Live", qui s'appelle maintenant "Vivre pour mourir". Il y a une autre chanson, "Bring It On Home To Me", qui est sortie sur un album qui s'appelle Guitar Attitude. Le reste, je l'ai mis à la poubelle.

Jean-Michel Fontaine : Il n'y a plus de trace du tout ?

Michael Jones : Non. J'étais pas content du résultat. J'ai trouvé que cela ne méritait pas de sortir. Je ferai mieux la prochaine fois.

Jean-Michel Fontaine : Et donc, en 1997, comme tu le disais, tu as sorti un album solo, accompagné de Jacques Veneruso, Gildas Arzel, de Canada, avec des textes de Frédéric Kocourek, qui est un jeune auteur que tu as rencontré à Astaffort.

Michael Jones : à Qui est de la région. Qui habite à Chambéry. En fait, Jacques Veneruso et Gildas ont fait des compositions. Ils n'ont pas participé à l'enregistrement.

Jean-Michel Fontaine : C'est ce que je voulais dire. Tu t'en entouré de Jacques, de Gildas et de Frédéric pour les compositions, et pour l'enregistrement lui-même, tu étais entouré des musiciens de Jean-Jacques : Claude Le Péron, Guy Delacroix, Philippe Grandvoinet, et Christophe Deschamps, qui a co-réalisé l'album il me semble ?

Michael Jones : Christophe, qui a co-réalisé l'album. Il y avait aussi Denis Benarrosh aux percussions, et Jean-Félix Lalanne qui a composé une chanson.

Jean-Michel Fontaine : ...Qui est un ami à toi, pour qui tu as écrit un duo avec Patsy pour "Un amour de sorcière".

Michael Jones : On l'a co-écrit, oui. C'est lui qui avait fait tout le soundtrack du film, et j'ai collaboré avec lui sur quelques titres. ça nous arrive souvent d'aller faire des petits concerts à deux guitares, on se marre bien.

Jean-Michel Fontaine : Pour toi, est-ce que Jean-Félix Lalanne est le meilleur guitariste français ?

Michael Jones : Dans le style qu'il joue, c'est sûr. Cordes nylon, picking, c'est un virtuose, classique aussi, c'est un virtuose.

Jean-Michel Fontaine : Cet album devait sortir chez Sony, et ça ne s'est pas fait au dernier moment. Il est sorti chez Arcade qui est plutôt spécialisé dans les compilations. Encore un problème avec Sony ?

Michael Jones : On n'était pas d'accord sur une chanson qui pour moi était une chanson très importante sur l'album ?

Jean-Michel Fontaine : Oublié ?

Michael Jones : Voilà. Ils ne voulaient pas mettre "Oublié" sur l'album et moi il était hors de question de sortir l'album sans "Oublié".

Jean-Michel Fontaine : Je crois qu'ils ont dit que "Oublié" ressemblait un peu trop à une chanson de Jean-Jacques. Je ne vois pas trop le rapport...

Michael Jones : Même pas. Ils ont trouvé que ça ressemblait trop à Fredericks-Goldman-Jones. Normal, j'étais dans le groupe ! (rires) Ils sont marrants.

Jean-Michel Fontaine : Ensuite, à la sortie de cet album, tu as fait une tournée où il y avait un petit public. Je pense que tu t'es éclaté en faisant cette tournée.

Michael Jones : On s'est éclaté la santé aussi, parce que c'était vachement dur ! On faisait tout. On ne jouait quand dans des cafés-concerts. D'ailleurs, à Grenoble, on n'a rien trouvé. J'avais une adresse mais ils répondaient jamais au téléphone. Je me rappelle plus le nom d'ailleurs.

Jean-Michel Fontaine : Ça a fait faillite. Tu m'avais dit que tu pouvais faire l'Entrepôt, mais finalement, cela n'a pas pu se faire.

Michael Jones : Voilà, c'était ça ! Il y avait aussi la possibilité de jouer ici [NDJM : l'interview a été enregistrée au Summum, à Grenoble] parce qu'à l'époque, il y avait un café concert ici, mais ils avaient fermé aussi.

Jean-Michel Fontaine : Et finalement, il n'y a pas eu tellement de publicité autour de cette mini-tournée. Est-ce que le public a répondu à tes attentes ? Est-ce que tu préfères jouer devant 100 personnes que devant 5 000 ?

Michael Jones : C'était plutôt devant deux trois cent personnes. C'était plein à chaque fois. On laissait même des gens dehors. C'était voulu, parce qu'il y avait une chanson sur l'album qui s'appelle "Le blues du piano bar" et c'était un petit peu rendre hommage à ces endroits, qui ont besoin d'un petit coup de pouce pour survivre, parce qu'ils rament, ces gens là. Aujourd'hui, il n'y a plus de bals en France, pratiquement plus. Il n'y a que dans le Sud de la France où ça existe encore un peu, sinon, c'est que des discomobiles partout en France. Le seul endroit où aujourd'hui des musiciens peuvent apprendre à jouer, pour acquérir le métier, c'est dans ces endroits là. Si ces endroits là ferment leurs portes aussi, il n'y aura plus de musiciens en France.

Jean-Michel Fontaine : Parlons de tes projets actuels si tu le veux bien. Tu es donc en tournée jusqu'à la fin de l'année. Il paraît que tu es en train de composer des chansons avec Frédéric Kocourek pour... est-ce qu'on peut dire le nom, peut-être ?

Michael Jones : Pour Gérald ?

Jean-Michel Fontaine : De G Squad.

Michael Jones : Gérald m'a demandé s'il pouvait chanter "Oublié". J'ai dit qu'il pouvait faire ce qu'il voulait avec qui il voulait. Il avait parfaitement le droit. Il a même pas besoin de me demander mon avis. Il a eu la gentillesse de me demander, c'est bien. Donc, il va la mettre sur son album. Le seul truc que j'ai pas trouvé approprié, c'est qu'au début, il voulait que je la chante avec lui. J'ai trouvé que c'était pas approprié pour une seule raison, c'est qu'on chante pas du tout dans la même tonalité, et cela aurait été très difficile de le réaliser. Sinon, il m'avait demandé des chansons. J'avais quelques chansons que je lui ai données, mais je suis pas sûr que les chansons que j'ai écrites moi correspondent au style que lui il veut faire. Par contre, je lui ai recommandé Fred comme parolier, parce que lui, c'est un très très bon, et je pense que pour lui, il y a du boulot.

Jean-Michel Fontaine : Je pensais même que quand l'album est sorti, c'était un nouveau pseudonyme de Jean-Jacques. C'est probablement un très grand compliment.

Michael Jones : Ah oui, c'est vrai. Mais même Jean-Jacques a dit qu'il écrivait bien ! (rires)

Jean-Michel Fontaine : C'est pour dire ! Jean-Jacques a dit d'ailleurs, que les boys bands reèoivent les mêmes critiques que lui il y a 15 ans, et que s'il y avait une bonne chanson sur un album de boys band, personne n'oserait le dire, parce que ça ne serait pas politiquement correct. Qu'est-ce que tu en penses, toi ?

Michael Jones : Il y a eu plein de groupes comme ça depuis les débuts. Le premier boys band qui a existé s'appelait les Monkees. C'était un groupe fabriqué sur audition et sur casting, comme se sont faits la plupart des boys bands. ça ne les a pas empêchés d'avoir du succès pendant des années et d'avoir des chansons monstrueuses ! C'est les chansons qui font le succès, c'est pas ceux qui les interprètent. Au départ en tout cas. Maintenant, reste à savoir s'ils peuvent être crédibles, parce qu'il va falloir un jour ou l'autre qu'ils montent sur scène, et qu'ils prouvent qu'ils sont capables de le faire. Pour le moment, les Dance Machine etc., c'est tout en playback. Ceci dit, G Squad, je les ai vus sur scène, et Chris, le chanteur, il chante vraiment. Et il chante vraiment bien. Un groupe comme Boyzone, je les ai vus, c'est un bon groupe. Ils méritent pas les critiques qu'on leur donne. J'aime pas tout. Mais je vais pas les casser non plus. On verra bien. Donnez leur le temps. J'ai entendu un groupe français qui s'appelle LaVoix. Fantastique ce groupe ! Mais c'est un vrai groupe !

Jean-Michel Fontaine : Tu as dit que Boys Band, c'était un euphémisme.

Michael Jones : Non, c'est un pléonasme !

Jean-Michel Fontaine : D'ailleurs, à ce sujet, ça m'a fait penser à une blague que j'ai entendue : est-ce que tu sais pourquoi les Spice gueulent ?

Michael Jones : Non, vas-y.

Jean-Michel Fontaine : Parce que les boys bandent.

Michael Jones : Ouais, ouais. Elle est bien.

Jean-Michel Fontaine : On finit sur tes projets. Il paraît que tu es en train d'écrire des chansons pour le nouvel album de Carole Fredericks ?

Michael Jones : J'essaye ! J'ai une chanson pour Carole. C'est pas facile, parce que là, j'ai pas le droit à l'erreur. Si vraiment j'ai pas un truc béton, je préfère ne pas lui donner. Mais bon, j'en ai une, une belle chanson pour Carole.

Jean-Michel Fontaine : Est-ce que tu prévois des collaborations avec Gildas Arzel, avec qui tu avais fait une adaptation d'une de ses chansons, qui s'appelait "Un grand frère", que tu avais transformée en "The Voice", que tu as chantée en tournée avec lui l'automne dernier ?

Michael Jones : Avec Gildas, c'est une vieille histoire de famille ! Avec Jacques et Gildas, c'est deux potes avec qui j'adore travailler. C'est sûr.

Jean-Michel Fontaine : Tu as d'autres projets pour 1999 ?

Michael Jones : J'ai déjà assez de boulot comme ça ! La tournée sera pas terminée avec Jean-Jacques, parce qu'on aura tous les endroits pénibles style, les Antilles, la Réunion, tout ça, à faire. J'ai un album à préparer, et il faut absolument que je le sorte avant la rentrée, et après, promo, donc l'année 1999 va être bien remplie.

Jean-Michel Fontaine : Tu sors donc un nouvel album ?

Michael Jones : Normalement, oui.

Jean-Michel Fontaine : Pour quelle date ?

Michael Jones : Je ne sais pas encore. Pour la rentrée, quoi, septembre.

Jean-Michel Fontaine : Avec toujours les mêmes collaborations, Gildas, Frédéric ?

Michael Jones : Oh oui, sûrement. Fred, c'est sûr. Gildas et Jacques, s'ils ont des chansons, oui.

Jean-Michel Fontaine : Merci de nous avoir accordé autant de temps pour Radio Kol Hachalom. Bonne tournée. A bientôt peut-être. Reviens à Grenoble quand tu veux et j'espère qu'on pourra te voir enfin en concert puisque cela n'a pas pu se faire l'année dernière.

Michael Jones : Ouais. Sans problème !


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