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Jean-Jacques Goldman, simplement.
(Ouest France, le 12 avril 1998)

Jean-Jacques Goldman, simplement.
Ouest France, le 12 avril 1998
Yvon Lechevestrier

En exclusivité il parle de sa tournée, de Céline Dion, de mai 69, du FN et un peu de lui.

Ouest France : Pour cette nouvelle tournée, qui débute vendredi prochain à Rennes, vous ne chanterez plus en trio avec Carole Frédéricks et Michaël Jones...

Jean-Jacques Goldman : Michaël sera toujours là...à la guitare. Je n'imagine pas faire de la scène sans lui. C'est une vieille histoire entre nous. On jouait déjà ensemble il y a près de 20 ans. Par contre, Carole vole maintenant de ses propres ailes... Sur scène nous serons six dans un décor très simple. On jouera la plupart des morceaux du dernier album "En Passant" et quelques autres...

Ouest France : Vous allez vous produire dans de grandes salles. A l'écoute de votre dernier album, on pouvait s'attendre à ce que vous choisissiez des lieux plus intimes...

Jean-Jacques Goldman : La question que nous nous posons à chaque fois est : "devons-nous laisser 4 000 personnes dehors ?". Avec des salles de 5 000 personnes comme le Zénith à Caen, voire moins comme au Mans, je pense que nous restons à des dimensions convenables. De plus, lorsque nous souhaitons faire des petites salles, nous le faisons. Que ce soit au New Morning à Paris ou dans des salles comme celle de Mauron dans le Morbihan où nous nous étions produits lors de la tournée des campagnes.

Ouest France : Cette tournée vous conduira à Vitrolles (Var), municipalité tenue par le Front national. Etes-vous d'accord avec Francis Cabrel quand il dit : "se produire à Vitrolles n'est pas la même chose qu'à Bourg-en-Bresse. Il s'agit là d'un acte citoyen réfléchi" ?

Jean-Jacques Goldman : C'est exact. Ce n'est pas neutre de choisir d'y chanter. Ça pose problème. Mais après réflexion, je pense qu'il faut y aller. Parce que venir me voir (moi, fils de juif immigré) à Vitrolles n'est pas non plus un acte innocent pour ceux qui le feront...

Ouest France : Vous n'avez jamais caché votre intérêt pour la politique. Que pensez-vous de la montée de l'extrême droite en France ?

Jean-Jacques Goldman : Je suis persuadé qu'il suffit que les partis politiques traditionnels redeviennent propres pour que le Front national régresse. Pour moi, la montée du FN est une réaction aux années Tapie-Mitterrand. C'est tout. Par ailleurs, il faut rester attaché aux valeurs républicaines françaises. Liberté, égalité, fraternité sont des valeurs qui m'inspirent quand j'écris des chansons, que ce soit pour moi ou pour Khaled.

Ouest France : Vous nourissez vos textes de choses vues, observées, mais aussi de rencontres et de lectures. Le moment de la tournée est-il, sur ce plan, un moment privilégié ?

Jean-Jacques Goldman : Plus ou moins... Enfin, si je veux sortir incognito, je n'ai pas besoin de me déguiser. Je mets une casquette et des lunettes, ça suffit. J'aime respirer les villes que je traverse. Mais ce que j'aime surtout en tournée, c'est le plaisir de jouer, de vivre en collectivité. Tourner, c'est aussi reprendre un rythme régulier, sans penser. Pour moi, après les derniers mois passés à écrire et composer, la tournée sera du repos.

Ouest France : Vous serez en tournée au moment où la France va se souvenir de mai 68. Personnellement, vous qui êtes issu de cette génération, quels souvenirs gardez-vous de cette période ?

Jean-Jacques Goldman : J'étais en première dans un des derniers lycées parisiens qui se soit mis en grève. Il était (déjà) mixte. Alors, en ce printemps 68, nous avions autre chose à faire... Plus sérieusement, ce qui m'a le plus impressionné à l'époque, c'est le renoncement des professeurs à leur autorité. Une immense erreur. Comme une démission. Trente ans après je dirais que mai 68 a été globalement négatif.

Ouest France : Votre demi-frère, Pierre Goldman, fut un des révoltés de 68...

Jean-Jacques Goldman : On avait six ans d'écart et j'étais encore gamin quand il a quitté la maison. Mort à 35 ans, il est devenu une figure révolutionnaire... Moi, je garde de lui une image plus simple, plus entière, celle d'un grand-frère dont on parlait peu chez nous.

Ouest France : Selon un sondage de l'IFOP, vous êtes devenu le français le plus populaire, juste derrière l'abbé Pierre. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

Jean-Jacques Goldman : Il me semble que les gens qui vont à mes concerts ou qui achètent mes albums se rassemblent autour de chansons, bien entendu, mais également autour d'une attitude et de valeurs. Ces valeurs sont "palpables" dans ce que je fais. Tout au moins je l'espère. Et si certains s'y retrouvent, tant mieux. Pour ma part, je suis plus habité par les doutes que par les certitudes. Il y a d'autres messies que moi... Je ne me considérerai jamais comme un leader d'opinion. Je n'ai sans doute pas la générosité, ni l'envergure suffisante, que pouvait avoir Coluche, par exemple. Je n'ai pas le tempérament pour mobiliser les foules comme il le faisait avec les Restos du Coeur, même si c'est une action à laquelle je crois.

Ouest France : A la différence de certains chanteurs, vous semblez avoir évité les pièges du star system...

Jean-Jacques Goldman : Drogue, sexe et rock and roll : pas besoin d'être connu pour vivre ça. Faut aimer. A mon avis, faut pas être très ambitieux. Pour ma part, j'ai toujours su que les vrais plaisirs sont assez bon marché : un livre de poche, un poulet grillé aux herbes de Provence, une promenade avec des copains ou mes enfants... plutôt que posséder de grosses voitures ou des châteaux à la campagne.


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