Le passant, l'ami, le poète
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Le passant, l'ami, le poète
Le Progrès de Lyon, 7 mai 1998
Fabrice Roussel
Retranscription de Jean-Christophe Counio
Jean-Jacques Goldman donnait hier la première des deux représentations lyonnaises de sa nouvelle tournée "En passant" devant une Halle Tony Garnier comble.
[Commentaire de la photo] Une tournée presque intimiste qui se laisse aller au bonheur d'un contact rapproché avec le public.
Des milliers de papillons frissonnent, ils portent au bout de leurs ailes ce mage au sourire gracile. Une silouhette sobre, presque fragile, drapée d'un faisceau de lumière, trace une ligne imprécise sur une scène démesurée. Mais déjà, l'étincelle court de main en main et s'élève très haut jusqu'à la proue d'un grand vaisseau d'acier : La Halle Tony Garnier recevait, hier, Jean-Jacques Goldman sous une tonnerre d'aplaudissement.
Cet artiste intimidé par sa timidité, cette candeur, cette sincérité, cette vérité simple, posée là, sur le rebord d'une scène. Il faut s'appeler Jean-Jacques Goldman pour faire du ventre caverneux de la Halle Tony Garnier un endroit presque intimiste. Le spectateur surprend quelques musiciens en répétition qui se laissent aller à un joyeux désordre créatif. Jean-Jacques Goldman découpe quelques notes bleutées dans le gras d'un violon irlandais ; il tricote une petite histoire d'amitié avec Michael Jones, à la guitare bien sûr ; il dépose quelques arpèges sur la nacre d'un piano ; il époustoufle un petit harmonica rieur et répond au saxophone ; et puis il chante. Il chante la vie, la ville, au quotidien. On se retrouve chez Goldman, on se retrouve tel que l'on est : jeune homme enthousiaste qui dévore le présent pour se construire un avenir et puis adulte un peu usé qui pense à tous ces "actes manqués". En passant... C'est un peu l'histoire d'un passant un peu plus attentif que les autres qui appose un regard précis et poétique sur le monde.
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