Goldman, ce week-end à Lille, avant Bruxelles
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Goldman, ce week-end à Lille, avant Bruxelles
Tout pour que tu l'aimes encore
Le Soir (Belgique), le 18 mai 1998 Thierry Coljon
Cette fois, plus que jamais, il est bon venir à l'heure au concert, car, en guise de première partie, Jean-Jacques Goldman a choisi... le public. Pour ne pas gâcher la surprise, nous n'en dirons pas plus, sinon qu'il s'agit d'une histoire d'images plus que de musique - à l'instar d'un album "En passant" au concept très photogénique - et d'interactivité.
Ça ne dure qu'un quart d'heure et Jean-Jacques ne tarde pas à suivre, seul à la guitare acoustique, avec "On ira". Les teintes blues d'"En passant" se retrouveront tout au long d'une entrée en matière qui se veut celle d'un artiste qui doute.
Jean-Jacques, dont la franchise et l'honnêteté n'ont jamais été les moindres des qualités, raconte qu'il a cherché de nouvelles idées pour tenter de faire aussi bien que la précédente tournée. Une sur deux étant bonne, c'est la prochaine qu'il faudra venir voir, pas celle-ci. Un humour et une dérision auxquels on aura droit tout au long d'un concert surprenant à plus d'un égard.
UNE SONORITÉ ACOUSTIQUE
D'abord parce que JJG n'a pas peur de s'installer dans les sonorités acoustiques et qu'il y restera jusqu'à la dernière ligne droite du set. Même "La vie par procuration" ou "Elle a fait un bébé toute seule" connaissent un nouveau traitement plus délicat. Il va également jusqu'à ressusciter "Avoue" extrait de son premier album de 1981.
Pour "Pas toi", Jean-Jacques s'amuse à décliner toutes les versions auxquelles on n'échappera pas (allusion au fait que de plus en plus de gens - y compris un boys band - reprennent ses chansons): en reggae, en rap, en rock, en tango et en swing.
Le groupe est celui des fidèles : Michael Jones à la guitare, Claude Le Peron à la basse, Christophe Deschamps à la batterie, Jacky Mascarel au clavier et Christophe Nègre au sax et flûtes forment la garde rapprochée. Entre mecs.
Si Jean-Jacques a toujours refusé d'aller jouer au karaoké dans les émissions d'Arthur, il ne refuse pas ce plaisir au public qui s'en donnera à coeur joie sur "Là-bas". On rit mais on est aussi touché quand JJ termine "Natacha", seul, au violon électrique. Quatre écrans illustrent les chansons: la soie, les voiles effleurés par le vent, les vagues et les visages ont la cote. Tout cela, toujours en version acoustique, y compris "A nos actes manqués" aux couleurs plus secouées.
C'est après "Nos mains", quinzième chanson de la soirée, que Jean-Jacques se résout à empoigner sa guitare électrique rouge pour un "Je te donne" qui, là aussi, donne dans la dérision. Jean-Jacques et Michael Jones perdent leurs cheveux ? Ils préfèrent s'en moquer, et ceux qui se demandent à quoi ils pourront bien ressembler en 2040 seront étonnés...
"Peur de rien", "Au bout de mes rêves" et, en rappel, "Il suffira d'un signe" et "Quand la musique est bonne" terminent sur une note plus prévisible.
PAS PEUR D'ÊTRE DRÔLE
Avant de laisser partir son groupe et de chanter un superbe "Sache que je", Jean-Jacques lance : Merci d'être toujours là et de cette façon. Le plus étonnant, c'est qu'il semble avoir une fois encore renouvelé son public. Celui-ci, au Zénith de Lille, était majoritairement plus jeune que sur la précédente tournée (même que les cris de certaines dérangent ceux qui aiment écouter les textes). Comme si le succès de Céline Dion lui avait apporté une nouvelle audience.
C'est sans doute pour eux/elles qu'il termine seul avec "Pour que tu m'aimes encore", clôturant ainsi plus de deux heures d'un concert fidèle aux précédents : un grand spectacle avec de belles chansons, une production imposante n'excluant pas l'émotion et l'intimité et puis ces petites idées qui font tout le charme d'un concert qui n'a pas peur d'être drôle. Les soixante mille personnes qui verront JJG en Belgique cette année ne pourront qu'en repartir heureux...
THIERRY COLJON
Jean-Jacques Goldman sera ces vendredi 22, samedi 23 et dimanche 24 mai, à 20 heures, à Forest-National. Ces concerts sont depuis longtemps complets. Tout comme ceux des 8 et 9 octobre. Il reste encore des tickets pour le 10 octobre (au 070-345.678).
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