Fréquenstar
|
Fréquenstar
M6, 24 mai 1998
Retranscription de Cyrille Clarisse, Rémi Derasse, Sandrine Fouchères, Sacha Legoll, Caroline Manuel, Elise Manuel, Laure Rey, Nadine, Lyskyr ;
Journal de 13 heures, TF1 1988 (Jean-Jacques est interviewé en direct mais il est au bord d'une rivière, peut-être la Seine, tandis que Jean-Pierre Pernaud est sur le plateau de télévision)
Jean-Pierre Pernaud : Vous avez dit vous-même, je crois, ce que je fais, c'est de la chansonnette. C'est fait pour faire plaisir aux gens, c'est tout, vraiment tout ?
Jean-Jacques Goldman : Mais qu'est-ce qu'il y a d'autre dans la chanson ?
Jean-Pierre Pernaud : Je sais pas, d'autres chanteurs disent d'autres choses.
Jean-Jacques Goldman : Quoi par exemple?
Jean-Pierre Pernaud : Je sais pas, y'en a qui essaient de passer des messages, c'est pas votre cas?
Jean-Jacques Goldman : Comment ? !
Jean-Pierre Pernaud : Y'en a qui essaient de passer des messages, c'est pas votre cas ?
Jean-Jacques Goldman : Ben, je sais pas.Quel est le message par exemple d'Edith Piaf ?
Jean-Pierre Pernaud : Je sais pas, c'est la chanson, d'abord, comme vous...
Jean-Jacques Goldman : Ah bon... Moi non, elle oui mais moi non.
[Voix off de Laurent Boyer sur fond de "Quand la musique est bonne" et des images qui vont passer au cours de l'émission]
Jean-Jacques Goldman n'aime pas la télévision. Se prêtant peu fréquemment au jeu des médias, ses apparitions sont rares et parfois risquées pour qui l'interroge. Troisième personnage le plus populaire de France après l'Abbé Pierre et Jean-Paul Belmondo, parfois il déroge à ses principes et accepte de se confier librement aux caméras. Dans les Alpes, où il aime se retirer, il évoque sa carrière, qui l'a conduit à composer pour les plus grands... et les autres. Puis, nous entraînant dans les coulisses de son actuelle tournée, il se laisse découvrir tel qu'il est : un anti-héros qui a toujours éprouvé une aversion naturelle envers tous les conformistes.
[Retour journal de 13 heures, suite de l'interview]
Jean-Pierre Pernaud : Vous avez fait à Paris sans aucune publicité, sans promotion du tout, quatre salles différentes entre le début du mois de mai et le milieu du mois de juin et c'était plein, plein, plein à chaque fois. Là vous êtes content quand c'est très très plein ?
Jean-Jacques Goldman : Ah oui, moi je préfère quand c'est plein que plutôt quand c'est vide, mais je crois que je partage ça avec pas mal de mes collègues !
[Changement de décor : retour à aujourd'hui, dans un salon, peut-être celui d'un hôtel]
Laurent Boyer : Jean-Jacques, est-ce que parfois toi tu te considères comme arrivé, où il y a un moment où tu t'es dit : je suis arrivé. Quand à 29 ans tu commences et tu te retrouves à 40 ans au top, enfin... d'une notoriété j'entends qui est prouvée, reconnue... Est-ce qu'à ce moment là, toi tu tu dis, j'y suis ?
Jean-Jacques Goldman : Ben oui... Y'a des choses tu vois... Quand tu te dis "je rêve d'avoir mon permis de conduire", y'a un jour où tu l'as, quoi... Y'a un jour où t'es dans une voiture. Quand tu te dis un jour je voudrais chanter devant 6 000 personnes qui chanteront en même temps que moi, y'a un jour où ça arrive... Un jour, je voudrais vivre de mon métier de chanteur, y'a un jour où tu peux ! Y'a quand même des échéances claires. Moi, je me rends compte que souvent on a des buts très précis, enfin, on a des rêves, et une fois qu'on arrive à ce but, une fois que tu as la chose que tu espérais dans la main, tu te rends compte finalement que le plus palpitant, la chose la plus belle à vivre, c'était d'y aller, quoi.
[Cadence 3, FR3, INA 1983]
Guy Lux : La révélation, on peut dire, de la saison 82-83: Jean-Jacques Goldman ! Jean-Jacques, qui a fait trois bonds dans l'échelle des succès, hein Jean-Jacques ? ? ? Tout d'abord avec le premier titre, qui était...
Jean-Jacques Goldman : C'était, euh... "Quand la musique est bonne", après "Il suffira d'un signe"…
Guy Lux : Puis après, toc (il mime l'ascension d'une échelle avec les mains), on est passé au deuxième titre...
Jean-Jacques Goldman : "Comme toi"
Guy Lux : ... "Comme toi"... Et alors la route sera longue mais on ira jusqu'au bout de nos rêves, grâce à Jean-Jacques Goldman, puisque voilà le troisième titre, qui aussi est un immense succès...
Jean-Jacques Goldman : Euh... "J'irai au bout de mes rêves".
["Au bout de mes rêves", en play back]
[Retour au salon précédent]
Laurent Boyer : Le rêve, il était où, le tien il était où?... L'ambition, tu dis que tu en as jamais eu beaucoup, remarque...
Jean-Jacques Goldman : Mais si, j'avais des ambitions, mais pas des ambitions très conventionnelles. J'avais l'ambition de pouvoir choisir mon temps, de pouvoir dépendre, euh... de ne pas dépendre... de gens qui pourraient avoir... qui pourraient faire des abus de pouvoir, enfin, une certaine indépendance, tout ça... J'avais ces rêves-là. Mais j'avais pas des rêves... très matériels, quoi.
Laurent Boyer : Des rêves de notoriété ?
Jean-Jacques Goldman : Non, pas du tout, j'en ai toujours pas d'ailleurs, non, non et maintenant que j'ai goûté à ça, je me rends compte que effectivement ça n'a aucun intérêt.
Laurent Boyer : Parce que ce qui nourrit l'ego, ce n'est pas fondamental...
Jean-Jacques Goldman : Surtout quand t'as pas cet ego là...quoi.
[Voix off de Laurent Boyer sur fond du clip de "Il suffira d'un signe"]
L'ego de Jean-Jacques était ailleurs. Bien qu'ayant déjà sorti 3 albums avec son premier groupe Taï Phong, il avait poursuivi de brillantes études commerciales et s'était lancé dans la vie en s'occupant de la boutique de sport de ses parents.
Laurent Boyer : T'as quitté la boutique de sport de tes parents très tard. Deux ans après les gros succès. Heu… après avoir vendu deux millions d'albums en fait.
Jean-Jacques Goldman : Non, non.
Laurent Boyer : Un million…
Jean-Jacques Goldman : Heu, même pas un million d'albums, non, moins que ça. Peut-être un million de disques mais pas un million d'albums.
Laurent Boyer : T'y croyais pas ?
Jean-Jacques Goldman : Ben non, ouais… J'avais raison. Enfin, c'etait pas un métier chez nous, tu vois.
Laurent Boyer : C'était pas enraciné dans la culture ?
Jean-Jacques Goldman : Non….Je suis pas d'une famille d'artistes, je suis pas d'une famille de musiciens, je suis pas d'une famille d'héritiers…On avait un loyer à payer, on avait… l'essence à payer, heu…, rien n'a jamais été facile quoi ! Donc… Il fallait vraiment que je pense à ma famille, enfin tu vois, c'était pas un choix comme ça.
Laurent Boyer : Hmm..
Jean-Jacques Goldman : Ça marchait pas, j'avais personne pour m'aider hein. Donc il a fallu que j'attende d'être sûr que … Que c'était viable quoi.
[Champs-Elysées A2, INA 1984]
Michel Drucker : Comment vous vous voyez dans 4 ou 5 ans, comment vous allez négocier ce virage, car vous êtes maintenant une vedette et je sais que vous êtes très prudent à l'égard de ce qui vous arrive et vous essayez d'être le plus lucide possible ?
Jean-Jacques Goldman : Le piège, c'est de vivre la vie de chanteur qui est quand même une des plus bêtes du monde : on vous appelle le taxi et vous êtes invité au restaurant etc… Et à partir du moment où il se passe plus rien et où on vie pas des choses réelles et authentiques, je crois qu'on est cuit. Alors le danger je crois que c'est ça surtout.
[Voix off de Laurent Boyer, sur fond de "Quand la musique est bonne"]
Instinctivement méfiant à l'égard du show-bizz, Goldman se démarque dès le début par son desir d'authenticité. Bouleversé à 15 ans par la voie d'Aretha Franklin, puis plus tard par les textes de Leo Ferré, il commence à écrire à l'âge de 17 ans et se veut auteur-compositeur avant d'être chanteur. Aujourd'hui, le jugement qu'il porte sur ses premiers textes est sans concession.
Jean-Jacques Goldman : Quand j'ai commencé, moi j'avais fait que des …, j'avais chanté en anglais depuis une vingtaine d'années quoi, toujours, je pensais même pas que les textes français étaient possibles. Donc c'était un peu des essais ! Ça veut pas dire que je renie ces textes, y a des beaux textes… enfin, y a des beaux textes…. Y a des textes… heu…. Que je peux encore chanter sur scène. Mais c'est vrai, j'y passais moins de temps que maintenant. Mais je pense que les gens y passaient moins de temps aussi.
[Extrait de "La vie par procuration"]
Jean-Jacques Goldman : Ils attendaient pas de moi … que je dise des choses… Ils avaient pas le même âge non plus ! C'était un public très jeune… Mes chansons passaient beaucoup dans des bals ou des choses comme ça et… elles avaient… elles étaient faites essentiellement pour danser, enfin c'est ce que je voulais aussi !
Laurent Boyer : Pour danser…
Jean-Jacques Goldman : Ouais.
Laurent Boyer : D'ailleurs, encore maintenant, tu dis "je vais peut-être me faire un album de danse un jour, vous saurez pas qui je suis mais je vais en faire un.
Jean-Jacques Goldman : Ouais… Je trouve ça… Je trouve que c'est trop bien ça…
Laurent Boyer : (rires)
Jean-Jacques Goldman : Je suis allé au Sénégal récemment, qu'est-ce que tu veux… Les chansons ça sert à ça quoi. Je me dis "mais on passe à côté nous, c'est ça qu'il faut faire !". Faut faire du zouk, que du zouk, que du zouk !
[Extrait de "A nos actes manqués"]
Laurent Boyer : Donc ça tu vas le faire un jour ?
Jean-Jacques Goldman : Du zouk, y en a qui le font…
Laurent Boyer : Non, mais tu vas faire un album de dance ?
Jean-Jacques Goldman : Je ne sais mais je trouve que c'est ce qu'il y a de plus noble, voilà.
Laurent Boyer : Tu lui trouves de la noblesse, j'ai lu ça quelque part.
Jean-Jacques Goldman : Je trouve que c'est ce qu'il y a de plus noble, les gens qui font danser les gens, les gens qui font danser les autres, voilà. Je suis à genoux devant ces gens là ! Eux ils font un métier magnifique quoi et quand j'ai pu le faire, je suis vraiment fier de ça.
[suite de "A nos actes manqués"]
Laurent Boyer : On dit toujours "Goldman gère sa carrière". Moi je l'ai entendu beaucoup, "Jean-Jacques gère sa carrière… Ouah,ce mec qu'est-ce qu'il est fin : tu te rends compte, il a fait... Il est arrivé, il a fait le trio parce qu'il était sur le déclin. Il arrête le trio parce que le trio fonctionne plus donc il repart tout seul…" Si tu veux, on pense que tout est extrêmement réfléchi chez Jean-Jacques Goldman…
Jean-Jacques Goldman : (rires) Ah oui ben…
Laurent Boyer : Ah je me fais l'avocat du diable, je te dis ce que j'entends, ce qu'on dit et… J'en profite hein, je bavarde avec toi… Je me dis après tout…
Jean-Jacques Goldman : Qu'est-ce tu veux que je te réponde heu… Je crois que l'album qui a le mieux marché de ma carrière c'était "Entre gris clair et gris foncé" donc c'était juste avant de faire le trio… Ou il y avait des titres qui n'ont pas marché genre "Là-bas" euh… genre "Puisque tu pars", genre "Elle a fait un bébé toute seule" heu…
Laurent Boyer : Des trucs qui marchent pas du tout oui !
Jean-Jacques Goldman : Et puis le dernier album … avec Carole et Michael … Rouge. Je sais pas… Vendu à un peu plus d'un million aussi… Je sais pas combien, entre un million et un million cinq enfin… Ça allait quoi ! Donc, il faut pouvoir tout envisager même, éventuellement qu'on fasse des choses par plaisir quoi !
Laurent Boyer : (rires)
Jean-Jacques Goldman : Je suis resté dix ans avec Carole et Michael, on a fait heu… Deux albums plus deux albums live, ça fait … ça fait … peut-être 20 ou 30 chansons en trio. C'est normal qu'on arrive à la fin d'une expérience comme ça !
[Voix off de Larent Boyer, sur fond de "Un deux trois" '92]
Avec la choriste Carole Fredericks et le chanteur guitariste Michael Jones avec qui il avait joué dans son premier groupe et sur le duo "Je te donne. » Jean-Jacques renoue avec ses premières amours.
[Cipale de Vincennes, 1991]
Jean-Jacques Goldman : Pour moi, le fait de rentrer sur scène avec eux, c'est un bonheur, quoi. D'abord, je suis spectateur en même temps donc, à chaque fois que Michael fait un solo ou que Carole chante, des fois, j'en oublie de chanter après et puis les responsabilité sont diluées, c'est plus facile pour moi.
[Voix off de Laurent Boyer, sur fond du clip de "Rouge"]
Plus enclin à composer pour un groupe, il trouve avec le trio le moyen de se ressourcer tout en se faisant plaisir. L'album et surtout la tournée «Rouge» et sa débauche de moyens les amèneront aux sommets.
[Retour à Méribel sur les pistes de ski avec Laurent Boyer]
Laurent Boyer : Il y a longtemps que tu fais du ski ?
Jean-Jacques Goldman : Ouais.
Laurent Boyer : C'est un truc de môme, quoi, en fait ? T'as commencé très tôt.
Jean-Jacques Goldman : Ouais.
Laurent Boyer : T'aimes bien y venir ça fait partie de tes loisirs ou c'est un moment de décompression pour toi ? Ou est-ce qu'il y a d'autres choses que tu pratiques souvent dans l'année ? Jean-Jacques Goldman : Ouais. C'est les deux. C'est en même temps quelque chose que j'aime bien et en même temps un endroit où je me sens très apaisé, la montagne.
Laurent Boyer : T'as une nouvelle passion, une nouvelle vocation c'est... le surf ! Enfin ce qu'on appelle snowboard.
Jean-Jacques Goldman : Ouais...Enfin une passion euh... J'aime bien le ski encore, quand même. Mais je me mets un peu au surf, ouais.
Laurent Boyer : Ouais et tu te débrouilles pas mal il paraît.
Jean-Jacques Goldman : Mouais, ça va, ouais, allez vas-y.
Laurent Boyer : Allez, on y va. C'est parti ! Va falloir suivre les enfants, je vous le dis !
[Voix off de Laurent Boyer, sur fond de "Bonne idée" et d'images de la descente de Jean-Jacques Goldman]
Habitué de la montagne, Jean-Jacques y retrouve depuis de nombreuses années calme et inspirations. Loin des mondanités du show bizz il entretient avec les habitants de la station des relations simples et amicales. Dans lesquelles évidement, la musique est toujours présente.
[Jean-Jacques joue de la guitare avec le cuisinier du resto]
Jean-Jacques Goldman : Ben c'est bien !! [Il chante] Le cuistot got the bluuues !
Laurent Boyer : Jean-Jacques, on est installés ici, près du feu de la cheminée, après une partie de ski, avec une guitare. Dingue non ? J'aime bien, moi, quand t'as une guitare en main.
Jean-Jacques Goldman : C'est pas la mienne !
Laurent Boyer : C'est pas la tienne ! !
Jean-Jacques Goldman : C'est la guitare de ... Hervé !
Laurent Boyer : Ça, c'est quelque chose que tu fais assez fréquemment cela dit. Toi, en bavardant avec tes camarades. Je sais que, par exemple quand tu étais en tournée avec Fredericks et Jones.
Jean-Jacques Goldman : Ouais...
Laurent Boyer : Il y avait cette humeur de "on prend la guitare et on joue pour le plaisir", quoi.
Jean-Jacques Goldman : Ouais ne serait-ce que pour s'échauffer avant les concerts ...Et puis aussi par ce qu'on aime ça !
Laurent Boyer : Je crois c'est un peu ça...
[Jean-Jacques joue "Sache que je"]
Laurent Boyer : Il semblerait que cet album en fait, quant t'arrives en studio, tu dis que tu es capable de faire l'album en 30 jours parce que l'album est déjà fait depuis un an en fait. Tes chansons sont déjà très élaborées.
Jean-Jacques Goldman : Oui.
Laurent Boyer : Au moment où tu arrives en studio.
Jean-Jacques Goldman : Oui.
Laurent Boyer : Tu travailles ça où ? Chez toi ?
Jean-Jacques Goldman : Chez moi, oui. J'ai un petit studio chez moi avec du matériel très simple mais où je passe beaucoup beaucoup de temps. Donc il n'y a pas une énorme différence entre cet album et une maquette, quoi.
Laurent Boyer : T'arrives en studio et c'est 2-4. Il y a une trentaine de jours à peu près.
Jean-Jacques Goldman : Ouais. Ouais, ouais, ouais et trente jours, encore, parce qu'on prend... Parce qu'on joue au ping-pong, quoi !
Laurent Boyer : (rires)
[Voix off de Laurent Boyer sur des images de séance studio, août 97]
Le flâneur professionnel comme il se nomme travail dur, pour faire simple. C'est toute la difficulté. Erick Benzi est le témoin privilégié de l'élaboration de chaque album.
Erick Benzi : De travailler avec Jean-Jacques, si vous voulez, c'est quelque chose de facile. C'est clair. C'est facile parce que justement... D'abord on se connaît et puis, il sait ce qu'il veut alors ce qui est... ou en tout cas, au moins, il sait ce qu'il ne veut pas ! Ce qui est à mon avis la chose la plus importante chez un artiste. Alors ça permet de travailler dans des directions qui sont déjà disons... repérées, quoi. Enfin, il y a un début et une fin. On sait où l'on va, quoi.
[Extrait de "Le coureur", répétitions studio]
Laurent Boyer : Jean-Jacques, si l'on égraine cet album : La naissance d'une chanson par exemple. Je sais que tu travailles toujours à partir d'une mélodie c'est-à-dire d'une ambiance musicale...
Jean-Jacques Goldman : Oui.
Laurent Boyer : Et tu y imposes des mots. Donc c'est un sens de travail.
Jean-Jacques Goldman : Oui. Je n'écris jamais un texte seul.
Laurent Boyer : Ouais, c'est ça.
Jean-Jacques Goldman : Pour moi, c'est inconcevable. D'écrire un texte sans, sans avoir la musique derrière. Je sais qu'il y a des gens qui font ça. C'est-à-dire qu'ils écrivent des textes et d'autres gens écrivent la musique dessus. Ou alors... moi j'écris la musique, j'ai le thème de la chanson et je poste les mots sur la musique, forcément.
Laurent Boyer : L'inspiration, elle vient comment ? Au moment où tu as une guitare. Cet aspect mélodique justement, trouver la mélodie. Je te parle pas forcément de l'arrangement, mais...
Jean-Jacques Goldman : Tu joues, tu joues, tu joues, des heures, tu joues. Puis tout à coup tu trouves un truc. Tu dis tiens c'est pas mal ça... (impro sur la guitare) Tu vois ? Où alors tu fais... (impro) et puis tu vois que c'est laid ! (rire) Alors tu passes à autre chose. Enfin je sais pas. Puis à un moment tu dis : "Tiens, c'est pas mal ça...". (intro de "On ira") Puis voilà.
Laurent Boyer : "On ira" ?
Jean-Jacques Goldman : Voilà.
Laurent Boyer : Ben vas-y alors ! !
[Jean-Jacques chante "On ira" avec une guitare, puis, extrait du clip, avec Laurent Boyer en voix off]
Egalement connu pour sa générosité dans le restaurant d'altitude où il a ses habitudes, Jean-Jacques invite face à nos caméras Hervé, cuistot et musicien avec lequel il tape le boeuf.
Laurent Boyer : Salut Hervé, il est cuistot. Alors Hervé, changement de guitare...
Jean-Jacques Goldman : C'est la sienne, ça.
Hervé : C'est la mienne.
Jean-Jacques Goldman : Ça, c'est celle du serveur.
Hervé : Celle du serveur...
Jean-Jacques Goldman : Comment il s'appelle ?
Hervé : Julien.
Jean-Jacques Goldman : (imitant l'accent méridional d'Hervé) Julien !
Laurent Boyer : Bon, qu'est-ce que vous pourriez vous faire les garçons là ? Tu voulais faire un départ de Cabrel ?
Jean-Jacques Goldman : Il a l'accent, ouais !
[Ils commencent à jouer "La Corrida". Jean-Jacques se trompe d'accord alors, il se retourne vers la caméra et dit : "Pardon, pardon !". Hervé chante et ils jouent tous les deux, à la guitare. Jean-Jacques applaudit Hervé]
Laurent Boyer : Bravo, bravo. Monsieur Hervé, bravo ! !
Hervé : Merci.
[rires]
Jean-Jacques Goldman : Ben il me fait du boeuf tous les jours, je lui en fais un maintenant !
Laurent Boyer : Bravo, joli !
Jean-Jacques Goldman : Voilà.
Hervé et Jean-Jacques se serrent la main.
Hervé : Merci Jean-Jacques.
Jean-Jacques Goldman : Merci.
[Laurent Boyer, en voix off] : Dans la simplicité paisible du décors, loin des soucis, la machine tourne et les droits d'auteur tombent. Les chansons de Goldman sont multidifusées sur les ondes françaises. En 96 il bat même le record de royalties touchées pour une seule chanson, avec "Pour que tu m'aime encore" écrite pour Céline Dion. Goldman est donc un homme riche mais ses rapports avec l'argent restent atypiques.
Laurent Boyer : Tu trouves l'argent indécent ou ceux qui le manipulent profondément indécents voire pathétiques. Tu parlais entre autre de Lady Di qui partait de Portofino et qui décidait d'aller dîner un soir au Ritz. Tu as peut-être dit ça avant son accident d'ailleurs... Mais enfin bon ! Ceci n'engageant pas ça.
Jean-Jacques Goldman : Non, non, c'est après.
Laurent Boyer : (silence étonné) C'était après ! Oui, tu l'as dit après en plus, vrai d'accord ! Donc tu dis que tu avais fréquenté les gens qui aimaient l'argent, et que tu trouvais ça pathétique.
Jean-Jacques Goldman : Enfin, je les ai pas fréquentés.
Laurent Boyer : Bon, tu les as vus...
Jean-Jacques Goldman : J'ai été en contact. Et la chose qui m'a vraiment le plus frappé, c'est l'extrême vulgarité de ces milieux là. Mais comme il n'y a pas dans les milieux de moyennes bourgeoisies d'où je viens, quoi. Des milieux ouvriers, aussi, que j'ai très bien connus, il n'y a pas cette vulgarité de termes, une vulgarité d'occupation. J'ai été très très étonné par ça. Je me disais, les gens qui ont tellement d'argent, ils peuvent faire des choses vraiment très intéressantes, quoi. Je trouve que quand tu es à Portofino et que tu décides d'aller dîner au Ritz un soir en prenant un avion privé, je trouve que c'est la fin du monde, quoi. Tu vois, ça veut dire que t'as rien d'autre à foutre, quoi. C'est l'ennui absolu, quoi.
Laurent Boyer : Comment on reste simple ? Comment justement on ne pète pas les plombs et on décide pas de... je sais pas, craquer de l'argent... Je sais pas, tu pourrais avoir 10 Porsches, 20 Mercedes, avoir trois palaces, un à Miami, un à New-York, une maison à Los Angeles, je sais pas.
Jean-Jacques Goldman : Ben, en étant prétentieux. En étant exigeant, en étant... voilà quoi. En méprisant ça. C'est tout. En étant plus exigeant que ça quoi.
Laurent Boyer : Ouais, mais c'est une vie que tu pourrais vivre, c'est ça tu vois ?
Jean-Jacques Goldman : Oui mais qui n'a aucun intérêt, me force pas (rire). Me force pas ! J'ai aussi mes vacances! (rire)
[Rire général]
Jean-Jacques Goldman : Mais c'est marrant à voir, une ou deux fois, pis bon, une fois que tu as compris, ça va.
Laurent Boyer : Non parce que les gens ont pensé pendant un moment que c'était une modestie, si tu veux, la Goldman attitude. Tu vois...
Jean-Jacques Goldman : C'est pas du tout une modestie mais c'est complètement immodeste justement de vouloir mieux que ça et de vivre d'autres choses beaucoup plus palpitantes et beaucoup plus intéressantes et beaucoup plus gratifiantes, quoi.
[Voix off de Laurent Boyer, avec un extrait du clip de "Né en 17 à Leidenstadt]
Loin des paradis fiscaux, Jean-Jacques a choisi de rester en France et pourtant...
Laurent Boyer : Tu dis que tu es content de payer 60 % d'impôt. C'est une première d'entendre ça , en France.
Jean-Jacques Goldman : Ouais.
Laurent Boyer : Excuse-moi, mais bon.
Jean-Jacques Goldman : Moi, je suis très content, ouais. C'est une dette que je dois à ce pays là, et je la paierai le plus longtemps possible.
Laurent Boyer : Ça te satisfait ces normes.
Jean-Jacques Goldman : Ah oui, c'est normal, oui. J'ai payé plus que 60 % ! Là , c'est récent. Mais avant, c'était, il y a quelque années, c'était jusqu'à 70 un truc comme ça. Mais c'est bien. C'est normal.
Laurent Boyer : Tu sens que tu fais oeuvre civique de citoyen.
Jean-Jacques Goldman : Ouais, je trouve que c'est normal qu'il y ait une redistribution, pour ceux qui gagnent beaucoup et que ça profite à la collectivité puisque nous profitons aussi de la collectivité.
Laurent Boyer : Tu fais plus que ça, parce que on te voit sur les Restos du Coeur où tu t'investis énormément depuis bon nombre d'années.
Jean-Jacques Goldman : Non, mais c'est pas plaisir !
Laurent Boyer : Oui ! Bien sûr que c'est par plaisir ! Mais en même temps c'est un cadeau. C'est une soirée que marche très bien.
Jean-Jacques Goldman : Mais je paierais pour ça ! ! [rire] Je paierais pour le faire ! ! !
[Voix off de Laurent Boyer, sur un extrait du clip de la chanson des Restos du Coeur]
Réunissant des artistes autour de lui, se donnant sans compter pour ceux à qui la vie n'a pas souri, Jean-Jacques évoque ceux qui on eu la chance de naître à l'abri du besoin.
Laurent Boyer : Tu trouves pas normal que des mômes héritent, enfin, que l'héritage se transmette comme ça et que c'est un petit peu désolant pour l'avenir d'un être humain quoi, d'hériter.
Jean-Jacques Goldman : Ben c'est cohérent avec ce qu'on disait au début de la conversation sur le fait que y a que les routes qui sont belles, quoi. Que finalement c'est accéder à quelque chose qui fait les épices et l'intérêt de l'existence, c'est pas le fait de les avoir. Donc je ne vois pas pourquoi je les priverais de ça. Tu comprends ?
Laurent Boyer : Ouais. Mais de toute façon t'aura pas le choix, tes enfants vont hériter de toi. Quelque part.
Jean-Jacques Goldman : Non, non, non, non tu peux donner ça à l'Etat... tu vois tu peux...
Laurent Boyer : A l'Etat ? !
Jean-Jacques Goldman : Ouais, je crois. Tu peux te débrouiller et puis tu peux tout claquer avant. (Sourire)
Laurent Boyer : [rire] Il faudra que tu mènes une vie de patachon.
Jean-Jacques Goldman : Ah ben, je trouverai. Et puis-je vais vivre très longtemps en plus.
Laurent Boyer : Ah oui ? Ah oui c'est vrai j'avais oublié. Monsieur vit très longtemps.
[Images de Jean-Jacques Goldman en train de surfer avec en fond sonore les premières lignes de "Parler d'ma vie"]
Laurent Boyer : Questionnaire amour. Quelle est la plus belle preuve d'amour que tu aies reçue ?
Jean-Jacques Goldman : Pfff … Je ne sais pas, s'il faut des preuves en amour ? Tu crois qu'il faut des preuves ? C'est un peu… Je trouve que dès qu'il y a des preuves, c'est un peu louche, moi.
Laurent Boyer : Donc, quelle est plus belle preuve que tu as donnée ?
Jean-Jacques Goldman : Du temps.
Laurent Boyer : Quel cadeau aurais-tu aimé recevoir ou as-tu reçu à la Saint-Valentin ?
[Rires de Jean-Jacques Goldman]
Jean-Jacques Goldman : La Saint-Valentin, c'est l'amour à la carte, c'est-à-dire une fois sur 365 jours on est amoureux. Rien, alors.
Laurent Boyer : Voilà une réponse.
Laurent Boyer : Tu penses quoi d'un homme qui pleure ?
Jean-Jacques Goldman : Je ne sais pas, qu'il est triste, qu'il est ému, non ? Ou… qu'il a une poussière dans l'œil.
[A ce moment là, une goutte coule le long du miroir dans lequel on voit Jean-Jacques Goldman lors du questionnaire]
Laurent Boyer : Une femme sexy, c'est quoi pour toi, Jean-Jacques ?
Jean-Jacques Goldman : C'est terrible. Les gens, ils répondent à ça ? [Rires de Jean-Jacques Goldman]. Allez, passe.
Laurent Boyer : Tu préfères quitter ou être quitté ?
Jean-Jacques Goldman : Ni l'un, ni l'autre.
Laurent Boyer : Ça se déclare, ça se déclame ou ça se tait ?
Jean-Jacques Goldman : Ça se fait.
Laurent Boyer : Tu serais capable de vivre sans amour ou de mourir par amour ?
Jean-Jacques Goldman : Vivre sans amour ? Il y a une chanson de Léo Ferré, "Avec le Temps", qui se termine «avec le temps on n'aime plus". Si c'est vrai, ça guette tout le monde. On peut probablement vivre sans amour, je dirais plutôt survivre. "Mourir par amour ?" Je ne sais pas…
Laurent Boyer : Ça appartient à la littérature, aussi ?
Jean-Jacques Goldman : Non, pas uniquement. Il y a des cas quand même. Je ne sais pas… Personne n'est à l'abri de ça…
Laurent Boyer : Quand on aime très fort, on peut rester amis après ?
Jean-Jacques Goldman : Bonne question, j'en ferais bien une chanson !
Laurent Boyer : La phrase qui tue l'amour, selon toi ?
Jean-Jacques Goldman : C'est la phrase où tout à coup, tu te rends compte que t'as pas vécu la même histoire, tu vois, le malentendu.
Laurent Boyer : Quelle est la chose qu'il ne faut absolument pas faire pour te plaire ?
Jean-Jacques Goldman : Je ne sais pas… Me gifler, me cracher dessus…
Laurent Boyer : As-tu conscience que certaines de tes fans sont réellement amoureuses de toi, que peux-tu leur conseiller ?
Jean-Jacques Goldman : Je pense que si des fans sont amoureuses d'un chanteur, elles sont amoureuses d'une image parce qu'elles ne le connaissent pas. C'est fastoche, quoi, c'est normal. Il y a un âge où il est plus facile, où c'est moins dangereux d'être amoureux d'un poster que d'un être.
Laurent Boyer : Ce questionnaire t'a emmerdé ?
Jean-Jacques Goldman : Non, on est plutôt bien, tu vois.
Laurent Boyer : Parler d'amour, ça te gêne ?
Jean-Jacques Goldman : Ouais !
Laurent Boyer : Merci Jean-Jacques.
Jean-Jacques Goldman : Merci.
[Voix off de Laurent Boyer, avec "Délires schizo-maniaco-psychotiques", sur fond de surf]
Retour dans le Fréquenstar de Jean-Jacques Goldman pour une mise au point sur les rapports plutôt particuliers qu'il entretient avec les médias. Se prêtant rarement au jeu des confidences et jouant encore moins celui des opérations promotionnelles, il est l'un des seuls artistes à imposer à la presse ses propres choix.
[Retour à Méribel, à la terrasse du restaurant]
Laurent Boyer : Quand on fait un papier de Jean-Jacques Goldman, on peut pas mettre en couverture... C'est ce qu'on appelle une "Une" en presse quotidienne... On peut pas mettre la photo par exemple de Jean-Jacques Goldman avec "Interview exclusive de Jean-Jacques Goldman". Ça, tu t'y opposes.
Jean-Jacques Goldman : Ben, je devrais pas le dire. Je trouve que c'est la moindre des choses de pas mettre en première page un chanteur qui vient de sortir un album, alors que l'ONU est en train de faire des tractations avec l'Irak ou il y a eu 250 morts en Algérie, tu vois... Mais, bon ! Nous sommes dans un pays, dans une situation où il faut dire : "Vous savez, si c'est possible, il y a des choses qui passent avant ça, voilà." C'est un peu ridicule, mais...
Laurent Boyer : Tu as refusé des Unes, ce qui a fait qu'on t'a refusé des papiers après. Jean-Jacques Goldman : Oui, certains journaux qui ne pouvaient pas s'engager là dessus… Moi j'ai dit, bon ben, c'est pas grave ! On se passera de... Je comprends très bien leur attitude, ils faut qu'ils comprennent la mienne aussi. Bon, on peut pas s'entendre, on s'entendra une autre fois.
[Voix off de Laurent Boyer, sur un extrait du clip de "Rouge"]
C'est à partir de 1985 que Jean-Jacques prend ses distances avec la presse. Presque unanimement, elle le descendait par critique interposée, alors qu'il remplissait les salles. Quasi systématiquement, il jugeait ses propros déformés par les journalistes]
Jean-Jacques Goldman : Je ne modifie jamais ce que je dis, mais par contre, je refuse qu'ils modifient, eux. Parce que des fois tu dis, "ça ça me gonfle..." Si tu dis "ça me gonfle", c'est parce que t'as envie de dire "ça me gonfle". Alors eux ils réécrivent : "Oui, cela m'ennuie" parce qu'ils trouvent que "ça m'gonfle", c'est pas bien, tu vois. Mais dans ce cas là, s'il veut, qu'il s'interviewe lui, tu comprends ?
Laurent Boyer : Est-ce que tu te souviens de la page que t'avais publié dans Libération au moment de ta tournée au Zénith, où tu remerciais la presse de son aide. Tu avais repris des titres des articles qui t'étaient consacrés....Hein, sur une page tu parlais des accroches…
Jean-Jacques Goldman : Je parlais pas de la presse. Je remerciais les gens... Je disais, merci d'être venus quand même.
[Extrait de "Je commence demain", avec des gros plans sur les titres de l'époque, comme par exemple : "Le navrant Jean-Jacques Goldman maintient ses dates de décembre (au Zénith). Préparez vos chaloupes !" (Patrice Delbourg, l'Événement du Jeudi)]
Jean-Jacques Goldman : On fait pas des chansons pour les médias, on fait des chansons pour les gens.
Laurent Boyer : C'est toujours blessant d'avoir une critique acerbe ou vitriolée ?
Jean-Jacques Goldman : Non ! Non non... Il y a des gens, moi je suis assez fier de ne pas leur plaire... Ça me... Je serais très perturbé si je plaisais à...
Laurent Boyer : A certaines personnes ?
Jean-Jacques Goldman : A certains... Oui, à certaines visions de la chanson qui sont fondamentalement différentes de la mienne. Et je me rappelle quand j'avais 10 ou 15 ans et quand les Beatles sont arrivés, comme ils étaient injuriés et comme on parlait que de leurs coupes de cheveux et tout ça. Je parle pas d'Elvis Presley ! Enfin, tout ça. Et là je vois, ce qui se passe sur les boys bands, c'est absolument honteux. Quoi, cette espèse de... Cette espèce de politiquement correct, de dénigrer les boys bands sans écouter... Il y a peut-être une bonne chanson dedans, quoi. Soyez un tout petit peu... un tout petit peuobjectif. Il y a certainement beaucoup de choses qui ne sont pas bonnes, mais il y a certainement des choses qui sont bien aussi. Et les Jacksons Five c'était un boys band, hein.
Laurent Boyer : Est-ce que tu penses que dans ce cas là, qu'il y a une dictature du bien, et qu'elle pèse lourd ?
Jean-Jacques Goldman : Il y a des gens réactionnaires et des gens... et des institutions. Ça a toujours existé. Il y a maintenant un politiquement correct et une institution de la chanson réactionnaire. C'est tout ! Mais au moins qu'ils sachent que moi je les considère comme des institutionnaires réactionnaires, fondamentalement.
[Voix off de Laurent Boyer, sur un extrait de "Je te donne" par les Worlds Apart]
En 96, les Worlds Apart reprennent "Je te donne" et deviennent avec ce titre le premier boys band en France.
Laurent Boyer : Bon quand t'entends à la radio, tac, tu tombes sur Worlds Apart qui chantent "Je te donne" ?
Jean-Jacques Goldman : Pour moi c'est très simple, c'est une consécration. Voilà : je trouve qu'à partir du moment où ta chanson existe sans toi pour l'interpréter, je trouve, c'est... pour moi c'est gagné. C'est-à-dire que t'as fait quelque chose que... c'est comme un enfant qui s'éloigne de toi, quoi. T'as réussi ça. Tant que ta chanson n'existe que par ton interprétation c'est parce qu'il y a un attachement à toi, plus qu'à la chanson. Bon, à partir du moment où quelqu'un est capable de reprendre une chanson, comme Céline qui reprend "Puisque tu pars" ou des choses comme ça, pour moi c'est... voilà, c'est la réussite. Pour moi j'ai réussi quelque chose.
[Voix off de Laurent Boyer, sur un extrait de "Pas toi" de Mel Groove]
Réussite également pour le groupe Mel Groove, qui parvient à se faire connaître avec une reprise de Jean-Jacques Goldman, "Pas toi". Mais parallèlement à cette consécration Jean-Jacques n'en continue pas moins d'avoir des problèmes avec la presse, y compris la plus institutionnelle.
Jean-Jacques Goldman : Il y a eu quelques articles dans Le Monde, de je ne sais qui, et je suis désolé qu'un journal sérieux comme ça,... qu'il y ait aussi peu de contrôle sur la page de chant. Donc si quelqu'un connait Monsieur Colombani et écoute cette émission, qu'il lui dise, qu'il y a des gens qui officient dans sa page "Spectacles", et qui disent - alors qu'ils soient contre ou qu'ils soient pour ils ont tout à fait le droit - mais ils disent des choses fausses. C'est-à-dire que pour étayer...
Laurent Boyer : Par exemple, une chose fausse ?
Jean-Jacques Goldman : Ben par exemple, "j'ai écrit un album pour Céline Dion alors qu'elle avait vendu 18 millions de disques".
[Extrait d'article : Le Monde du 7 février 1998 - "Jean-Jacques Goldman et Pascal OBISPO, les pompiers du succès" : (...) Le chef-d'oeuvre du genre demeure "D'eux", l'album écrit par Jean-Jacques Goldman, alors champion des ventes françaises avec Francis Cabrel, pour Céline Dion, star mondiale ayant écoulé 18 millions d'exemplaires de "Falling into You". Jean-Jacques Goldman, dit-on, avait toujours rêvé d'écrire pour Céline. Certes, mais, en 1990, Olivier Montfort, le très dynamique (...)]
Jean-Jacques Goldman : Donc la date est fausse, puisque moi j'ai écrit l'album de Céline Dion avant. Donc, c'est-à-dire qu'elle était absolument inconnue quand je l'ai fait, et, ensuite elle a sorti des albums anglais qui ont marché mais ça n'a aucun rapport. Tout ça pour étayer le fait, par exemple, que je n'écris que pour des gens qui ont du succès. Et je trouve ça injuste de ne citer que les choses que je fais et qui marchent : j'ai écrit une chanson pour Philippe Lavil, j'ai écrit une chanson récemment pour Charlebois [Laurent Boyer : sur son dernier album], j'avais écrit des musiques pour Marc [Laurent Boyer : Lavoine]... J'ai fait beaucoup de choses, j'ai écrit deux chansons, l'année dernière, pour Carole Fredericks, j'ai participé à l'album de Michael Jones... Il y a des trucs qui marchent, il y en a d'autres qui marchent moins, en tout cas il faut pouvoir admettre éventuellement qu'on fait de la musique par plaisir, quoi. Et quand j'écris pour Hallyday c'est aussi éventuellement parce que c'est un immense chanteur, et quand j'écris pour Patricia Kaas, c'est éventuellement parce que c'est une grande chanteuse et qu'il n'y a pas beaucoup d'équivalents. Je vois pas pourquoi je me priverais de le faire sous prétexte que ce sont des gens célèbres, mais on fait pas que ça.
[Voix off de Laurent Boyer, sur une séance d'enregistrement de "Lady Lucille" par Johnny Hallyday en 1995]
Fin 86 Jean-Jacques écrit, compose et réalise l'album "Gang" pour Johnny Hallydayqui avec lui, comme avec Berger, retrouve un nouveau souffle.
Jean-Jacques Goldman : Dans les années 75 à 80 j'ai beaucoup écrit pour les autres, sollicité les autres et j'adore faire ça. J'adore écrire des chansons pour des bons chanteurs.
[Extrait : "L'Envie" - Johnny Hallyday (Bercy 87)]
Laurent Boyer : Tu leur écris sur-mesure ?
Jean-Jacques Goldman : Oui.
Laurent Boyer : Tu refuses beaucoup ?
Jean-Jacques Goldman : Oui. Enfin je refuse pas, j'ai matériellement pas le temps de tout faire.
[Laurent Boyer en voix off] : Goldman, se considérant avant tout comme auteur-compositeur, a toujours pris du plaisir à écrire pour les autres. Mais sur "Il me dit que je suis belle", écrit en 95 pour Patricia Kaas, il choisira de prendre un pseudonyme.
Jean-Jacques Goldman : Je le faisais parce que je savais que les médias étaient paresseux donc, Patricia faisait le premier album après Didier Barbelivien où il y avait plusieurs auteurs compositeurs dedans, moi j'avais une chanson dedans, et je savais que si je mettais mon nom, les médias n'allaient parler que de ça parce que c'était plus facile de parler de ça que du contenu de cet album, de ce qu'il y avait ...Donc ce pseudonyme m'a permis de gagner les premiers six mois où ils ont parlé de Patricia Kaas, du travail qu'elle avait fait, des autres chansons, du fond de l'album et pas uniquement du côté anecdotique, c'est à dire qu'il y avait un chanteur à succès qui lui avait fait une chanson.
[Extrait : clip de "Il me dit que je suis belle"]
Laurent Boyer : C'est donc sous le nom de Sam Brewski que Goldman écrit ses premières chansons pour Patricia Kaas et Florent Pagny. Autre collaboration, autre nom pour Marc Lavoine : O. Menor.
Marc Lavoine : O. Menor. (qu'il prononce "homme en or")
Laurent Boyer : O. Menor. (qu'il prononce "oménor" !)
Marc Lavoine : Gold-man, tu vois.
Laurent Boyer : Il y avait Brewski mais...
Marc Lavoine : C'est un tout nouveau celui-là.
Laurent Boyer : C'est un nouveau pseudo ouais.
Marc Lavoine : Que pour moi !
Laurent Boyer : Que pour toi, exclu Lulu !
[Voix off de Laurent Boyer] Renouvelant l'astuce du pseudonyme, l'intérêt suscité par la sortie du disque de Lavoine auprès des médias ne devra rien à la participation de Goldman. Mais écrire tant de titres pour tant d'artistes différents comporte aussi un risque difficile à calculer, celui d'écrire les mêmes musiques pour deux artistes différents.
Laurent Boyer : A propos de plagiat, Jean-Jacques, ça t'arrive parfois, ça t'est arrivé récemment avec "Aïcha" et un titre de Céline Dion, "Les derniers seront les premiers".
Jean-Jacques Goldman : Y a 5 notes quoi.
Laurent Boyer : Ça a fait l'objet, d'ailleurs, d'un article où, le titre de l'article, c'était "Je tourne en rond", c'est ça ?
Jean-Jacques Goldman : Ouais...enfin ouais.
Laurent Boyer : Pas vraiment ?
Jean-Jacques Goldman : Non mais, comme tout le monde quoi, je veux dire, quand j'entends une chanson de..., je vois pas pourquoi ils..., quand t'entends une chanson de Gainsbourg tu sais que c'est Gainsbourg quoi globalement, non ?
Laurent Boyer : Euh, oui c'est vrai. Enfin c'est surtout la voix que je reconnais aux textes mais...
Jean-Jacques Goldman : Quand t'entends une chanson de Berger, tu sais que c'est une chanson de Berger, quand t'entends une chanson de Balavoine..., je cite que les morts là pour pas balancer mais... globalement si on n'a trouvé que deux analogies sur toutes les chansons que j'ai fait, ça va, je m'en sors bien.
Laurent Boyer : C'est parce qu'on ne s'y est pas beaucoup penché mais je suis sûr que j'en trouverais d'autres... le type qui gratte !...
Jean-Jacques Goldman : Oui, sûrement.
Laurent Boyer : Tu veux dire qu'il y a un style quoi, c'est plus un effet de style qu'autre chose, une couleur Goldman.
Jean-Jacques Goldman : C'est qu'il y a, quoi [il compte sur ses doigts], 7 notes, bon, voilà. On a tous des suites harmoniques, des choses comme ça, t'es obligé quoi !
[Extraits : "Aïcha", "Les derniers seront les premiers", les mélodies sont en effet identiques]
Céline Dion : Il m'a présenté ses chansons et puis il a su finalement, ressentir ce que moi j'avais envie de chanter, ce que j'avais envie de dire, mais moi je suis pas auteur compositeur, je suis chanteuse et lui, bon, il m'a écrit des chansons que je ressens beaucoup et puis que j'adore.
[Laurent Boyer en voix off]: C'est en composant pour de tels artistes que Jean-Jacques s'est véritablement révélé. Mais qu'en pense Goldman, l'interprète ?
Jean-Jacques Goldman : Je ne suis pas du tout un interprète moi. Enfin, je suis pas du tout... je sais pas moi..., par exemple, là, je pars en tournée, il me faut un mois pour rechanter parce que ça fait quatre ans que j'ai pas chanté.
Laurent Boyer : C'est comme ça pour beaucoup d'artistes.
Jean-Jacques Goldman : Non, non...je peux te dire, Céline Dion, Carole Fredericks, Patricia Kaas, les vrais chanteurs, ils chantent tous les jours. C'est un métier quoi, c'est pour ça qu'ils chantent juste, c'est pour ça que la voix est toujours propre, ils travaillent et ils chantent tout le temps.
Laurent Boyer : Toi tu te sens plus l'âme, donc, de l'auteur compositeur ?
Jean-Jacques Goldman : Ouais, vraiment. Enfin il y a un terme anglais que je trouve magnifique, c'est songmaker, qui n'existe pas chez nous, faiseur de chansons. Mais c'est tout à fait ça, je me sens tout à fait un songmaker.
[extrait : "Think" par Carole Fredericks, sur fond de surf]
[Questionnaire vérité]
Laurent Boyer : Jean-Jacques, si c'était vrai. Tu peux changer quelque chose de ta personnalité, tu changerais quoi ?
Jean-Jacques Goldman : J'aimerais bien tenir l'alcool. J'aimerais bien être ivre avant d'être malade ! Que malade avant d'être ivre, c'est le problème !
Laurent Boyer : Alors même chose, tu peux changer quelque chose de ton physique, tu changerais quoi ?
Jean-Jacques Goldman : Pfff ! Je me suis habitué, finalement ! (rires)
Laurent Boyer : On te propose de rencontrer Dieu pendant quelques minutes. Tu lui parlerais de quoi, et que lui demanderais-tu ?
Jean-Jacques Goldman : S'il va bien… Si sa santé est bonne… S'il a pensé à faire une analyse, un truc comme ça…
Laurent Boyer : Un savant très puissant te propose de voyager dans le temps. Dans quelle époque et dans quelle ville vas-tu te balader ?
Jean-Jacques Goldman : J'aimerais bien Lublin, en 1909, pour savoir dans quel contexte est né mon père.
Laurent Boyer : Au cours d'une interview, tu t'aperçois que le journaliste te confond avec Bernard-Henri Lévy. Tes réactions ?
Jean-Jacques Goldman : Pas surpris. On entend tellement de conneries ! (rires) Ma réaction : je suis vraiment en face d'un journaliste ! (rires)
Laurent Boyer : La femme que tu aimes te demande de prendre une année sabatique pour te consacrer à elle. Comment réagis-tu ?
Jean-Jacques Goldman : Je me dis qu'elle ne m'aime pas elle.
Laurent Boyer : Tu es tout jeune musicien débutant. Tu as l'opportunité de rencontrer Jean-Jacques Goldman. Que lui demandes-tu ?
Jean-Jacques Goldman : Ça m'est arrivé une fois, quand j'ai enregistré mon premier album, il y avait Elton John qui était en train de regarder la télé à côté de moi, je lui ai rien demandé. Et je connaissais les deux premiers albums absolument par coeur !
Laurent Boyer : Lors d'un concert, la salle te hue dès ton entrée sur scène, sans que tu saches pourquoi. Ta réaction ?
Jean-Jacques Goldman : Je regarde ce qu'il y a dans mon dos… Je regarde s'il y a pas un genre de banderole "Allez l'O.M. !" à Paris, ou "Allez PSG !" à Marseille, si j'ai pas fait une faute fondamentale quoi ! [rires]
Laurent Boyer : Une fan amoureuse découvre ton adresse et t'attend tous les jours chez toi. Comment réagis-tu ?
Jean-Jacques Goldman : J'appelle la police.
Laurent Boyer : Tu peux te transporter tout de suite ailleurs. Avec qui et pourquoi ?
Jean-Jacques Goldman : Par exemple, tout seul, pas allongé sur de la neige très froide. Pour des raisons qui me concernent ! [rires]
[Arrivée du bus de la tournée au Zénith de Caen, le 21 avril 1998, sur fond de "Bonne idée" ; voix off de Laurent Boyer]
Jean-Jacques nous emmène à présent sur une des premières dates de sa tournée, dans les coulisses de son nouveau spectacle.
Laurent Boyer : Tu vas reprendre une vie de tournée, il y a un moment que tu avais cessé, enfin tu... Pour des multiples obligations de boulot, de, bon, ce qu'on a vu, d'ailleurs, entre Céline Dion, Khaled, et autres, d'ailleurs t'es passé aussi par Céline Dion là, c'est à dire que pendant que tu prépares ton spectacle, tu assistes Céline Dion sur l'enregistrement de l'album que tu as fait pour elle...
Jean-Jacques Goldman : Ouais, ça a été n'importe quoi, là, le planning, ça a été n'importe quoi. C'est à dire...
Laurent Boyer : Tu bosses quoi, 15, 16 h par jour ?
Jean-Jacques Goldman : Ouais, mais c'est de la bêtise, parce que je me suis mal organisé, mais, si ta question c'est "Est-ce que tu es content de partir en tournée ?", la réponse est "Oui".
Boyer: [Rires] C'est un peu ça, oui !
[Extrait de répétition sur "Bonne idée" dans la loge, avec tous les musiciens]
[Dans les coulisses] Laurent Boyer : On est installés derrière cette scène, que l'on ne découvrira pas dans ce portrait, pour des raisons que tu vas nous expliquer...
Jean-Jacques Goldman : Bah, des raisons logiques, c'est que les gens n'ont pas vu le spectacle encore, donc on va leur laisser la primeur à eux.
Laurent Boyer : Tiens, fais-moi la génèse de ce spectacle.
Jean-Jacques Goldman : D'abord le spectacle il est très, comme toujours, et comme pour tout le monde, je crois, il est centré autour des chansons du dernier album. Bon là comme c'est des chansons assez acoustiques, assez tranquilles, donc on se dit que ça va être un concert assez acoustique, assez tranquille.
[Séance de travail chez Jean-Jacques Goldman, 1997]
Michael Jones : Intro, couplet, refrain... [Il parle de "Le rapt"]
Jean-Jacques Goldman : Une fois on fait l'intro après le premier refrain.
Michael Jones : Voilà, merdier en Mi
Jean-Jacques Goldman : Voilà, à la fin du refrain, merdier en Mi
Michael Jones : Djey-Djey seul.
Jean-Jacques Goldman : Djey-Djey seul.
Michael Jones : Refrain...
[Jean-Jacques Goldman en voix off : Moi, j'arrive avec des directions, et après on joue, on joue des heures et des heures et des heures et des heures. Donc à un moment y en a un qui fait une faute, et tout ça on dit « tiens, c'est intéressant"...]
Jean-Jacques Goldman : A la limite tu peux le garder tout le temps, ça, ça c'est très bien.
[Jean-Jacques Goldman en voix off : Donc ce qu'il faut c'est arriver un peu comme dans le système de la scène, où t'arrives avec des idées, après faut être très ouvert à tout ce que propose tout le monde, là c'est pareil]
(Voix off de Laurent Boyer, sur l'intro de "Elle a fait un bébé toute seule" version '98]
Co-producteur de son spectacle, en dehors des répétitions, Goldman coordonne également toutes les réunions de préparation.
Jean-Jacques Goldman, à un technicien : Non, mais c'est énorme, parce que si c'est 2 m 40, ça veut dire que ici ça fait... je suis à 5 mètres devant le...
Technicien : Devant quoi ?
Jean-Jacques Goldman : Devant le début de la scène.
Jean-Jacques Goldman : On se revoit, au début tous les mois, après, tous les 15 jours, et après... sans arrêt ! Alors voilà,et puis on discute alors une fois, c'est... je suis le décorateur, on me voit sur ordinateur, les simulations de la scène, tout ça... On dit ça, ça va, ça, ça va pas...
Laurent Boyer : Tu as une voix prépondérante ou pas ?
Jean-Jacques Goldman : Oh oui ! Oui, puisque c'est moi qui suis sur scène, c'est moi qui prend les tomates...
Jean-Jacques Goldman : En tous cas je crois que l'idée de départ c'est de voir un truc plat, avec un peu de... Tu vois on peut mettre un peu de fumée, un truc comme ça, et puis tout à coup on voit les mecs qui arrivent comme ça et on sait pas où ils vont aller, quoi...
Laurent Boyer : Tu es limité par les moyens, parfois, ou tu te limites par les moyens... [Jean-Jacques Goldman fait non de la tête] non c'est la technique qui peut limiter, c'est à dire quelque chose, la faisabilité du...
Jean-Jacques Goldman : Ouais, c'est ça, le fait qu'on change tous les jours...voila, on démonte la scène tous les jours, et les techniciens la remontent tous les jours, c'est invraisemblable, quoi ! ! Donc, c'est ça qui pose des problèmes.
Laurent Boyer : Tu veux dire que quand toi tu descends de scène, eux démontent...
Jean-Jacques Goldman : Oui...
Laurent Boyer : Ils mettent tout dans les semis...
Jean-Jacques Goldman : Voilà...
Laurent Boyer : …Font la route dans la nuit...
Jean-Jacques Goldman : Ils dorment dans le bus...
Laurent Boyer : Ils dorment dedans ?
Jean-Jacques Goldman : Enfin, ils dorment comme ils peuvent... dans le bus, ouais... Ils arrivent sur le prochain lieu, donc vers 8 h du matin, et ils recommencent à monter. Et nous on arrive à 18 h quand c'est monté, on fait la balance, on fait le concert et ils redémontent après, souvent il y en a qui dorment pendant le concert.
[Extrait de "Encore un matin"]
Pascal Meley, Directeur Technique : Il sait ce que fait l'équipe technique, le travail que ça représente derrière, Bon, c'est vrai qu'en particulier le démarrage de tournée c'est dur, et il fait... il porte énormément attention à ça, et pour moi c'est une grosse qualité.
Michael Jones : Il est capable de comprendre des choses très rapidement que personne ne voit. Sauf lui, ça c'est étonnant.
Jacques Peveri, Responsible des Lumières : Avec Jean-Jacques, on a une liberté totale. Enfin on est quand même restreints, bien entendu, parce qu'il faut que ça rentre dans un certain budget, dans un certain volume, mais il est vrai qu l'on a entière liberté et sur le choix du matériel que j'ai envie d'utiliser.
Laurentr Boyer : C'est des gens qui sont là depuis longtemps, qui t'accompagnent, qui te suivent, pour la plupart, comme les musiciens, d'ailleurs, enfin,...
Jean-Jacques Goldman : Ouais...
Laurent Boyer: Hormis 2, 3 exceptions près, là, de l'ancienne formation qu'on trouve pas forcément, c'est des, t'es assez fidèle…
Jean-Jacques Goldman : Quand ça va plus, quand la personne correspond pas à ce que je souhaite ou quand moi je ne corresponds pas à ce qu'il souhaite, ça ne me dérange pas qu'on se sépare, quoi. Mais bon, quand ça va, autant continuer, quoi. Mais j'ai déjà eu des grosses séparations.
Laurent Boyer : Il y a longtemps que tu fais les tournées de Jean-Jacques comme directeur technique ?
Pascal Meley : Comme directeur technique, depuis 86, mais j'ai travaillé avec lui depuis 83. En fait j'ai commencé à la première tournée de Jean-Jacques en 83.
Andy Scott : Ça doit faire environ 13 ans maintenant qu'on travaille ensemble. On se connait depuis 80... depuis 75, même, depuis Taï Phong.
Dédé Mallet : Pour le moment je dois dire qu'il est fidèle, peut-être que moi j'ai toujours bien fait mon boulot vis à vis de lui qu'il m'a gardé mais sans ça, si quelqu'un ne va pas, si ça ne marche pas comme il veut, c'est la porte tout de suite...
[Répétition dans la loge : "Tout était dit"]
Laurent Boyer : Et les musiciens marchent, eux. Fidélité à Christophe Deschamps, Claude Le Péron, Jacky Mascarel, et évidemment Michael Jones.
Jean-Jacques Goldman : Bon, bah voilà. Nous sommes fin prêts.
[Sur scène : "On ira"]
Spectateur : On connaît Goldman, c'est pour ça qu'on vient. Et c'est là (en montrant son coeur).
Spectatrice : C'est pas un concert, c'est un spectacle. Y a pas que la chanson, y a les images, y a la coordination avec le public, il fait participer le public, donc c'est super.
Spectatrices : Génial, simple, très intime, familial, un grand moment de bonheur, vraiment, excellent.
Dédé Mallet : C'est plus de la sécu, là, pour les tournées Goldman, c'est de l'accueil. Le public il est gentil, on le reçoit gentiment, et quand il commence à prendre des évanouissements, on le sort de la scène, on est là pour les accueillir, et les mettre en confiance. Mais on ne fait pas de la sécurité.
Spectatrice : C'était moins sophistiqué, son concert, beaucoup plus naturel, avant, il y avait beaucoup de, enfin, de compositions, de... Là, plus naturel.
Spectateur : C'est Jean-Jacques Goldman. Tout simplement. Miraculeux.
Spectatrices : Moi je crois qu'il vieillira bien, puis on sera là, de toutes façon. Toujours. Jusqu'au bout.
Laurent Boyer : Ta relation avec les fans ?
Jean-Jacques Goldman : Bah, je les vois pas. En tournée, non.
Laurent Boyer : Ils viennent te voir en concert, c'est là la relation que tu as avec eux, c'est qu'ils te voient au concert...
Jean-Jacques Goldman : Je les vois...
Laurent Boyer : Tu leur donnes la musique pendant le spectacle.
Jean-Jacques Goldman : Oui...
Laurent Boyer : Et y a pas de relations hors la scène...
Jean-Jacques Goldman : Non, bah non, non non, après, euh, non.
Laurent Boyer : Non, mais tu sais, y a des artistes qui dédicacent à la fin du spectacle, je pose une question...
Jean-Jacques Goldman : Non, je suis incapable , moi, non, je... Après un concert, d'ailleurs je suis même pas avec les musiciens, ni avec les techniciens. Je suis tout seul, je prends ma bagnole et je me casse, je rentre à l'hôtel, quoi. Il me faut un moment de décompression. Je peut pas passer à autre chose tout de suite. C'est des moments très forts, quand même. Mais c'est de leur faute à eux, aussi [On voit le public].
[Sortie de scène sur fond de "On ira" ; Jean-Jacques monte dans une voiture et s'en va].
Générique de fin.
Retour au sommaire - Retour à l'année 1998