Quand Goldman menace d'appeler la police
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Quand Goldman menace d'appeler la police
Le Journal du dimanche, le 24 mai 1998
Valérie Beck
Retranscription de Maxime Toanen
Il n'est pas de ceux qui aiment s'exposer, une fois leur tour de chant terminé. Peut-être a-t-il perdu quelques plumes à le faire, autrefois ? Peu familier des plateaux de télé, JJG soigne son image avec un enthousiasme d'ermite. Mais pourquoi ferait-il un effort, puisque ses disques se vendent sans avoir besoin de promotion. En 1992, avec 5 millions d'albums, il pointait en tête des meilleurs vendeurs établi par le JDD, loin devant Michel Sardou. Aujourd'hui le nombre a plus que doublé.
Pour le Fréquenstar de Laurent Boyer, Goldman sort un instant de son mutisme, trois ans et demi après sa précédente participation à l'émission. Comme avec Dutronc, autre grand discret du show-biz, le rendez-vous a valeur d'événement, alors que le chanteur a entamé une tournée. C'est la situation des sports d'hiver de Méribel qui sert de cadre à l'entretien. "On a découvert que Jean-Jacques est remarquable sur un surf", confie Laurent Boyer qui évoque l'accueil chaleureux du chanteur invitant toute l'équipe à dîner chez lui, improvisant un plat de pâtes.
La convivialité de JJG a ses limites. L'artiste est économe de ses mots. Mais, en même temps, il est simple de le questionner, explique Boyer. Tout est clair et posé chez lui. Son discours est raisonné, sans langue de bois. Il répond très directement, sans entourloupe. Reste qu'à chaque question que je posais, je me demandais si je n'allais pas trop loin. Et il répondait ! Alors je ne me suis rien refusé". Boyer pense avoir été plus pugnace que d'habitude. "Je voulais tirer parti d'un personnage si rare".
Et Goldman a joué le jeu, avec une sincérité éclatante. Au point de choquer l'animateur. Lorsque Boyer lui demande ce qu'il ferait si une fan amoureuse l'attendait devant chez lui, Goldman répond aussitôt : "J'appellerais la police". Hors antenne, Laurent Boyer s'étonne : "comment as-tu pu répondre ça ?" Qu'importe les fans derrière la télé, JJG ne joue pas le numéro de charme de l'idole à la disposition de ses admiratrices. C'est ce qui plaît chez lui, ce refus du conformisme ambiant.
Plus tard, il s'insurge contre "la vulgarité des gens riches, comme Lady Di", qui de Portofino, prend un avion privé pour aller dîner au Ritz. "C'est la fin du mnde, tu n'as rien d'autre à foutre. C'est l'ennui absolu". Estomaqué, Boyer le rattrape en demandant s'il pensait déjà ça "avant l'accident". Goldman sans se démonter, répond : "non, après". Un grand moment ! De même lorsque qu'il déclare : "Je suis content de payer 60% d'impôts. C'est une dette que je dois à ce pays-là".
Boyer lui demande quelle serait sa réaction si, dans un restaurant, on le confondait avec BHL : "Je ne serais pas surpris, on entend tellement de conneries. Ma réaction : je suis en face d'un journaliste !" La remarque illustre la relation que Goldman entretient avec les médias. En décembre 85, il avait fait paraître dans Libé, après une tournée triomphante, des extraits des nombreuses critiques assassines des journalistes, assorties d'un simple phrase : "Merci d'avoir jugé par vous-mêmes". Mais la bonne foi aurait été de publier en même temps les critiques élogieuses. Il y en eut.
Goldma, serait-il plus royaliste que le roi, plus réactionnaire que les réacs ? "Il y a des gens réactionnaires et des institutions, dénonce-t-il. Ça a toujours existé. Il y a maintenant un politiquement correct et une institution de la chanson réactionnaire. Au moins qu'ils sachent que, moi, je les considère comme des institutionnels réactionnaires, fondamentalement". A croire que nous sommes encore en pleine Terreur ! A travers des questions sur l'amour ou sa carrière, sur lui et les autres, Goldman se donne ainsi à connaître. Conclusion de Boyer : "Chez Jean- Jacques, il n'est rien d'ostentatoire. Son désir et son plaisir sont ailleurs"
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