Vous en parlerez
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Vous en parlerez
Pierre-Marie Christin
RTL, 25 mai 1998
Jean Jacques Goldman, l'anti star qui osait dire hier soir à la télévision, qu'il n'est pas à la disposition de ses fans, repart en tournée cette semaine pour la première fois depuis plus de dix ans :Pour tout vous dire, je suis tombé sur l'émission par hasard. Vous savez ce que c'est, le dimanche s'étirait vers sa fin paresseuse, et je zapais comme on feuillette un magazine chez le coiffeur, lorsque j'entends sur M 6, Laurent Boyer annoncer que son émission "Fréquenstar" allait recevoir Jean Jacques Goldman. Et le présentateur pour nous appâter, ajoute : "N° 3 au classement des personnalités les plus populaires de France, juste à deux pas derrière l'abbé Pierre". Tiens ! Voilà donc quelqu'un qui a vendu plus de 10 millions de disques en se dispensant pendant dix ans, de toute tournée solo, en refusant la Une des magazines, et presque la totalité des interviewes à la télévision, et qui a contre lui la quasi unanimité de la critique. Cela méritait le détour. Ça a commencé pourtant dans le convenu sucré.
"Parlons d'amour" dit Laurent Boyer. Grimace de Jean Jacques Goldman. "Je n'aime pas ça, il y a des gens qui répondent à ces questions, pas moi". Un sourire, passons à autre chose. Bien ! Mais que ferais-tu quand même si tu trouvais une jeune fan amoureuse, en bas de chez toi ?". Là normalement un chanteur répond "je serais flatté, c'est très touchant toutes ces jeunes filles en fleur, etc, etc... Goldman, glacial mais toujours souriant : "J'appellerais la police. Je ne jouerais pas le numéro démagogique de la star à la disposition de ses admiratrices." Bon ! Alors changeons de registre : et l'argent ? "Il rend vulgaire, même Lady Diana, il y avait plus de classe et d'idées chez mes parents, dit Goldman, des petits commerçants, que chez les milliardaires que j'ai rencontrés"... Question : "Tu as dit que tu étais content de payer 60 % d'impôts".. "Hé oui, c'est normal, c'est une dette au pays que je dois". Laurent Boyer à ce moment-là semble carrément atterré. Mais il le sera encore plus encore quand le chanteur lui expliquera, qu'il dépensera ou donnera à l'Etat tout son argent, pour que ses enfants n'héritent pas. "Le plus beau de la vie, dit Jean Jacques Goldman, c'est la route, c'est bâtir, je ne veux pas les en priver."
Vous pouvez le croire ou non, mais peut-être cela vous aidera-t-il à vous faire une opinion, si j'ajoute que le rêve de Jean Jacques Goldman, serait de se projeter 60 ou 90 ans en arrière, pour savoir vraiment comment vivait son grand père, avant qu'il ne quitte, chassé par la misère et la peur, sa petite ville de Pologne. Alors, vous ne croyez pas que ça valait le détour ? On n'entend pas souvent ce genre de choses, dans les émissions de variétés…
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