Jean-Jacques Goldman, en ami
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Jean-Jacques Goldman, en ami
Le Figaro, 06 juin 1998
Bertrand Dicale
La tournée qui suit le succès de l'album “En passant” ne joue pas le grandiose et l'emphase, mais plutôt une sobriété très adulte.
Résumé des épisodes précédents : Quatre ans après la tournée Rouge de Fredericks, Goldman & Jones, Jean-Jacques a choisi d'avoir seul son nom sur l'affiche, même si Michael, son fidèle compagnon guitariste depuis le groupe Taï Phong dans les années 70, est toujours à ses côtés. D'ailleurs, son dernier disque, En passant, qui approche du million d'exemplaires vendus, est signé “Jean-Jacques Goldman”, ce qui confirme un resserrement de son univers sur des chansons plus sobres et plus intimes. Alors qu'il n'était prévu que quatre concerts au Zénith de Paris au mois de mai, il en a été ajouté d'autres en juin et septembre-octobre. Et à Bruxelles, Lille, Lyon, Nancy, Goldman a aussi prévu un deuxième, voire un troisième passage. Jour après jour depuis plus d'un mois, il chante devant des salles combles...
Un concert équilibré
Cet épisode : C'est l'usage, un artiste en tournée chante ses nouvelles chansons. C'est aussi l'usage, un artiste populaire doit à son public la revue des grands succès familiers. Une fois de plus, Goldman équilibre bien son concert entre certitude et innovation, évitant avec un soin égal la surprise et la routine. Il porte à la scène une huitaine de chansons d'En passant, que le public connaît déjà bien, parfois soutenues par l'ingénieux dispositif d'écrans vidéos, comme avec les enfants d'un CM 1 de Narbonne qui donnent une vraie tendresse à Nos mains ou une jeune femme fugitive dans Tout était dit. Quant aux tubes (La Vie par procuration, Elle a fait un bébé toute seule, A mes actes manqués, J'irai au bout de mes rêves, Quand la musique est bonne...), il les pratique avec une sorte de bonhomie paisible et sûre de son fait. Alors, on regrettera peut-être que les deux courts solos de guitare de Je te donne soient en passe de devenir, par le ressassement, aussi canoniques que chez Eagles l'échappée rituelle au pont d'Hotel California. L'alternance classique de l'électricité et de l'acoustique, de la lenteur et de l'up tempo, tout semble ici animé d'évidences, sauf peut-être lorsque, aux rappels, il fait tonner l'orage et souffler le vent seule emphase, seul détour par les effets spéciaux.
Si vous avez manqué le début : Seul à la guitare, Goldman chante On ira, ballade engageante qui enfle peu à peu pour devenir un chant de marche comme il en composa tant dans les années 80. Puis vient Bonne Idée, fantaisie existentielle, elle aussi extraite de son nouveau disque. Puis, il passe au répertoire ancien avec La Vie par procuration...
Un finale entre amis : Goldman confirme sa singularité dans son rapport au public, dont il voit la dévotion sans s'en repaître, dont il connaît l'amour sans s'en effarer. La tournée En passant a la simplicité des soirées entre quadragénaires. Personne ne songe plus à tourner la tête des filles, à brailler l'urgence, à agiter les bras. Surtout, on sait ne pas trop boire, ne pas trop rire, ne pas trop dire. On n'a plus besoin des effusions qui cimentent et qui rassurent : on sait ce que sont les amitiés et on sait qu' elles durent. C'est chaleureux et juste, sans vertige et sans rudesse. Amical, adulte.
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