La musique occupe la première place dans les loisirs des jeunes
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La musique occupe la première place dans les loisirs des jeunes
Le Monde, 22 juillet 1998
Véronique Mortaigne
Retranscription de Monique Hudlot
La musique occupe la première place dans les loisirs des jeunes. Un foyer français achète en moyenne 5,5 albums par an, soit presque moitié moins qu'un foyer américain.
Dans un document coédité par le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) et le magazine professionnel Musique info hebdo, un sondage Louis Harris/SNEP réalisé en 1996 sur un échantillon national représentatif de 1 103 personnes révèle que 86 % des jeunes âgés de quatorze à dix-huit ans classent l'écoute de musique en tête de leurs activités de loisir, devant le cinéma et les sorties en boîte de nuit.
Le syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) vient de publier une brochure intitulée "L'économie du disque 1998", en collaboration avec le magazine Musique info hebdo. Illustré de nombreux tableaux et graphiques, ce document de cent dix pages brosse un panorama de l'industrie du disque en France et dans le monde et donne des indications précieuses sur la diffusion et la consommation de la musique : ce secteur aborde une période charnière de son histoire, comme l'a rappelé récemment Paul-René Albertini, président du SNEP (Le Monde du 16 juillet).
Un sondage Louis Harris/SNEP réalisé en 1996 sur un échantillon national représentatif de 1 103 personnes révèle que la musique occupe la première place dans les loisirs des Français. 86 % des jeunes âgés de quatorze à dix-huit ans classent l'écoute de musique en tête de leurs activités de loisir, devant le cinéma et les sorties en boîte de nuit (68 %), le sport (56 %) et la télévision (48 %). Ces jeunes dépensent 400 francs par an pour la musique. 64 % des achats sont le fait des moins de trente-cinq ans. L'écoute d'un titre à la radio, en particulier sur les radios musicales format jeune (Skyrock, NRJ, Fun, Europe 2…), est la motivation principale d'achat. Si l'on achète ses disques dans les magasins spécialisés (FNAC, Virgin), c'est en raison de la variété du choix. Les achats dans les hypermarchés sont motivés par la proximité du domicile.
45 % des ventes d'albums se concentrent sur les quatre derniers mois de l'année (records à Noël), juillet étant la période la plus creuse (5 %). Selon un sondage IFOP effectué dans un pannel de magasins vendant des disques, les ventes s'étalent sur la semaine, mais sont plus importantes le samedi (24 %), le mardi (19 %) et le mercredi (17 %). D'après l'Insee, souligne le SNEP, "le disque a été le plus raisonnable des produits culturels puisque son prix a évolué de façon extrêmement modérée par rapport aux autres biens et services". 80 % des albums publiés en France, poursuit le SNEP, "sont déficitaires, puisque le point mort d'un CD de chanson française se situe à 70 000 exemplaires. Or, dans le marché actuel, une vente de 30 000 exemplaires est déjà une bonne performance". Le prix de revient d'un disque se décompose généralement ainsi : 18 % du prix de gros est versé à l'artiste (davantage pour les vedettes), 9 % aux auteurs, compositeurs, éditeurs, 21 % pour les frais de distribution, 13 % pour la publicité et la promotion, 14 % pour la fabrication, auxquels s'ajoutent les impôts, taxes et frais généraux. On remarquera à cette occasion la moindre rentabilité du CD deux titres, qui supporte des frais fixes importants, pour un prix de vente bien inférieur à celui des albums.
En 1997, 3,669 milliards d'albums, dont 2,2 milliards de CD, ont été vendus dans le monde. L'Europe est le premier marché mondial (31,6 % des ventes, contre 31,3 aux Etats-Unis). Un foyer français achète en moyenne 5,5 albums par an, soit presque moitié moins qu'un foyer américain (9,5). Le marché du disque en France, le cinquième du monde par pays après les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne et la Grande- Bretagne, a enregistré une progression de son chiffre d'affaires de 7 % (7,4 milliards de francs HT, soit environ 12 milliards de francs TTC. Le format court (CD 2 titres) a confirmé sa forte progression (+ 52 % en valeur, + 40 % en volume), tandis que les ventes d'albums stagnent (+ 1 % et 1 %). Les ventes de variétés (+ 7,7 %) sont entraînées par la bonne performance du secteur international (+ 11 %), plus vif que celui des variétés françaises (+ 4,6 %, un tassement surtout sensible pour les albums), qui restent cependant majoritaires (52,3 % pour les variétés francophones, contre 47,7 % pour le répertoire international, sans doute sous l'effet de la loi sur les quotas radiophoniques).
En 1988, la part du classique atteignait 14,6 %. En 1997, elle s'est effondrée à 7,3 %. Le SNEP remarque cependant que cette baisse en valeur, aggravée par la chute du prix moyen, ne recoupe pas la réalité des ventes en volume, relativement stable depuis plusieurs années (13 % en 1993, 11 % depuis trois ans).
Les meilleures ventes de single de 1997 ont été réalisées par Elton John ("Something about… Candle In The wind"), Ricky Martin ("Un, dos, tres"), Wes ("Alane") et Andrea Bocelli ("Con Te Partiro"). Pour les albums, "Romanza" d'Andrea Bocelli arrive devant "En passant", de Jean-Jacques Goldman, "Ameno", d'Era, et "Superflu", de Pascal Obispo. Cinq albums, ne datant pas toujours de l'année en cours, ont dépassé le cap du million d'exemplaires vendus ("The Score" des Fugees, "Fragile", de Francis Cabrel, la "Maxi Compil", de la Française des jeux, "Romanza", d'Andrea Bocelli, "Nevermind", de Nirvana). Le nombre de diffusions radio s'élève à 2,8 millions, réalisés par 38 000 titres différents.
Le titre le plus diffusé en radio a été "Don't Speak"de No Doubt (diffusé, entre autres, 792 fois par la seule radio NRJ), suivi de "I'll Be Missing You" de Puff Daddy et "Les temps changent" de MC Solaar. Le record de diffusion sur une seule radio appartient à "Nés sous la même étoile" de IAM (1 130 fois sur Skyrock). Toutes radios confondues, Jean-Jacques Goldman a été diffusé 28 236 fois en 1997 (77 fois en moyenne par jour), suivi d'Eddy Mitchell et d'Etienne Daho (21 234), le répertoire le plus diffusé étant celui de Johnny Hallyday (163 titres).
Enfin, l'industrie discographique a dépensé 2,3 milliards de francs en publicité. 1,7 milliard va à la télévision, contre 512 millions à la radio (186 millions de francs à NRJ). 62 millions de francs ont été investis dans la publicité par voie de presse, dont 10 millions de francs aux Inrockuptibles, le reste se répartissant essentiellement sur Télérama, Libération, et Diapason (environ 5 millions de francs chacun). Les investissements pour la production et la promotion d'artistes francophones ont été multipliés par 4,3 en trois ans (96 millions de francs en 1994; 412,3, dont 165 sur les nouveaux talents en 1997).
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