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Jean-Jacques Goldman adulé dans un Zénith conquis d'avance
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Jean-Jacques Goldman adulé dans un Zénith conquis d'avance
Le Monde, 5 octobre 1998
Patrick Labesse
Retranscription de Monique Hudlot
L'orage éclate, assourdissant, tétanisant. Des éclairs jaillissent, tandis que souffle un vent violent : avant de quitter la scène, Jean- Jacques Goldman s'accorde un zeste de grandiloquence, un effet spécial, un pic tape-à-l'oeil. C'est le premier et le dernier de la soirée. Comme une parenthèse finale. Les trucs qui en mettent plein la vue, lui aussi, il sait faire, mais il place l'audace scénique ailleurs. Sans décors grandioses, comme lors de la tournée "Rouge" il y a quatre ans, le challenge consiste cette fois à créer un climat d'intimité, dans une salle dont les dimensions font obstacle à toute confidence. Installer une ambiance, "c'est la tragédie des chanteurs de fond", souligne-t-il après les deux premiers titres. Une ovation le rassure.
Comme dit la chanson ("On ira", avec laquelle il ouvre son tour de chant), "tout est joué d'avance". Le Zénith est plein à craquer d'une foule en état d'adoration. L'idole pourrait bien s'étaler par terre, avoir la voix cassée, dire une obscénité ou perdre la mémoire, tout lui serait pardonné. Quand il entre en scène, une guitare à la main, la silhouette prise dans un halo de lumière, tout est dit. Il chante "si tu me crois, belle, un jour on partira" et les filles crient, persuadées que l'invitation est pour chacune d'entre elles. Il entame le premier tube de la soirée ("La Vie par procuration") et toute la salle chante avec lui. Le public est venu écouter, mais sur tout participer (on lui offrira d'ailleurs un moment de karaoké), montre à son héros qu'il connaît toutes ses chansons par coeur. Les anciennes ("Elle a fait un bébé toute seule", "J'irai au bout de mes rêves", "Pas toi", "Quand la musique est bonne"…) et celles du dernier album, "En passant".
Entre Jean-Jacques Goldman et son public, ce n'est qu'échange de bons procédés et interactivité. Sur scène, la sobriété est de mise. Quatre écrans carrés forment le décor. Des images défilent, captent l'attention sans la kidnapper : les visages des gosses d'une classe primaire de Narbonne pour illustrer "Nos mains", de la neige pour "Natacha". Sur ce titre, Goldman se met au violon, l'instrument avec lequel il commença autrefois (outre le piano) son apprentissage musical avant d'en arriver à la guitare.
De la guitare, il y en a beaucoup dans ce spectacle. D'abord acoustique, entre blues, folk et country, puis électrique, de plus en plus forte au fur et à mesure que l'on avance vers l'épilogue. Entouré de cinq musiciens, dont le guitariste et chanteur Michaël Jones, compagnon des premiers succès à l'époque du groupe Taï Phong (1975 à 1980), Goldman joue la sobriété, le naturel décontracté. Un brin démago sans doute, mais après tout, qui ne le serait pas, dès lors que tout est joué d'avance ?
Jean-Jacques Goldman, au Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e . Mo Porte-de-Pantin. Jusqu'au 4 octobre (complet), puis du 12 au 19 novembre et les 12 et 13 janvier 1999, à 20 h 45. Tél. : 01-42-31-31- 31. 195 F. Tournée, prochaines dates : les 6 et 7 octobre à Lille, du 8 au 11 à Bruxelles, le 13 à Grenoble, le 14 à Lyon, le 15 à Strasbourg.
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