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Télé 7 Jours, le 16 novembre 1998
Michel Drucker les réunit ce soir sur France 2. Télé 7 Jours revient sur la naissance de cette amitié créatrice, racontée par Georges-Hébert Germain, le biographe de Céline. Marie-Claude Chane-Thune a plongé dans ce livre monument.
Rien, a priori, ne prédisposait Céline Dion et Jean-Jacques Goldman à se rencontrer. Rien ne pouvait laisser prévoir que, de l'union de personnalités et d'univers aussi différents, naîtrait un prodige au printemps 1995. D'eux, l'album composé par l'un et interprété par l'autre, allait battre, avec 5 millions d'exemplaires vendus dans le monde, tous les records de la variété française. La rencontre - que Sony leur maison de disques, ne pouvait qu'encourager - a été initiée par JJG. Il suit avec attention la carrière de Céline Dion depuis le début des années 80 mais ce n'est qu'au printemps 1994 qu'il propose de lui écrire un album d'une douzaine de chansons - paroles et musique. Georges-Hébert Germain raconte la naissance de cette collaboration.
René Angelil (l'agent et bientôt mari de la chanteuse) apprit plus tard que Goldman s'était procuré chez Sony une abondante documentation sur Céline Dion, des liasses de coupures de presse. Il connaissait tous ses disques, son histoire (...) Il s'était forgé une très juste idée de la femme qu'elle était devenue, déterminee, ambitieuse, généreuse, "pas victime, pas colombe", une femme forte. Il connaissait son engagement, rappelé sur chaque pochette d'album, dans l'Association québécoise contre la fibrose kystique (...) JJG a travaillé vite, écrivant, paroles et musique, douze chansons en trois mois. "Elles ne resemblaient pas du tout à ce que j'avais d'abord imaginé, dira-t-il. Au départ je voulais faire un album très classique, quelque part entre Edith Piaf et Barbra Streisand. Mais en écoutant Céline, je me suis laissé inspiré par sa voix, je suis allé plus vers le blues et la soul".
Ils se sont retrouvés dans un restaurant marocain, quelques jours avant la première à l'Olympia, Goldman leur a dit (...) qu'il était maintenant pris de doutes affreux. Il s'était peut-être trompé, il avait peut-être mal compris. Ce n'est qu'au milieu du repas, apres avoir parlé de choses et d'autres, qu'il a sorti de sa poche quelques feuilles de papier lignée, pliées, froissées sur lesquelles il avait écrit à la main les paroles de ses chansons. Il les a tendues à Céline, puis s'est ravisé, il les a reprises et leur a proposé de venir le lendemain dans son studio, où il leur présenterait ses chansons. Chez lui, il était beaucoup plus confiant et détendu. Il s'est assis devant un clavier, une guitare sur les genoux (...) Puis il s'est mis à chanter : "J'ai compris tous les mots, j'ai bien compris, merci / Raisonnables et nouveaux, c'ainsi par ici / Que les choses ont changé, que les fleurs ont fané..." Aux trois quarts de la chanson, Angelil et Céline pleuraient tous les deux. Puis Goldman a chanté "J'attendais" (...) Ce soir là, il leur a fait entendre 8 chansons. Le lendemain, ils ont travaillé en studio à determiner les tonalités dans lesquelles Céline Dion chanterait chacune des chansons (...) Le 3 novembre on començait à enregistrer au studio Méga à Paris. JJG et Céline Dion s'étaient beaucoup parlé.
Il lui avait donné quelques conseils. Celui de "déchanter", de mettre moins de fioritures et d'ornements. Et de moins rouler les r, de moins mouiller les m. "Elle a compris en 2 temps, 3 mouvements, dit-il (...) Céline a les qualités de ses défauts. Elle était portée aux fioritures vocales parce qu'elle est créatrice. Trop. Mais elle a gardé une capacité de proposition qui m'a vraiment étonné. Elle est capable de proposer des changements ou des ajouts à une mélodie, de l'animer, de jouer avec un motif, une phrase musicale (...) C'est une vraie musicienne, une grande artiste".
Céline ferait deux chansons par soirée d'enregistrement (...). JJG n'en revenait pas. Il était perturbé, il se demandait si tout cela ne se passait pas trop vite. Mais Céline ne voulait pas trop répéter, pour garder la fraîcheur et le feeling (...) L'enregistrement d'une chanson est un rituel, le passage de l'imaginaire à la réalité (...). Et c'est toujours, comme dit JJG, "un peu éprouvant pour celui qui a conçu la chanson ... sauf en de très rares exceptions. Il y a quelques très rares voix qui ont cette grâce et ce pouvoir d'ajouter au rêve. Céline Dion est une de ces voix. Elle a su déchiffrer mes chansons.
Elle leur a donné du souffle, de l'âme, une cohérence (...) C'est ça exactement. Céline a cette faculté de réveiller. Sa voix nous dit simplement "Réveillez-vous".
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