Rencontre avec Michael Jones
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Rencontre avec Michael Jones ;
Entretien enregistré le
30 avril 1999 à Saint-Paul-Trois-Châteaux
Radio Kol Hachalom, mai 1999
Propos recueillis et retranscrits par Jean-Michel Fontaine
Jean-Michel Fontaine : Michael, nous avons passé un long moment ensemble voici un an, au début de la tournée. Tu as effectué plus de 140 dates sur cette tournée, et une demi-douzaine de nouveaux concerts sont programmés en Guyane et dans les Antilles, en mai et en juin. Quel regard portes-tu sur cette tournée, par rapport à toutes celles que tu as vécu depuis quinze ans ?
Michael Jones : En fait, au niveau de l'ambiance, je ne trouve pas que ça change beaucoup, puisqu'on essaie dans tous les spectacles que l'on fait, de faire participer le public. Un changement par rapport à la tournée "Rouge", c'est le renouvellement du public. On a eu beaucoup de jeunes. Cette fois-ci, on a essayé de faire quelque chose de plus intime, il y a un moment où on était assis plus dans le public, et on jouait plus acoustique. C'était beaucoup moins fort et moins grandiose que sur la tournée "Rouge". En dehors de ça, c'est une juste évolution.
Jean-Michel Fontaine : Quand tu parles de renouvellement, tu penses aussi que l'ancien public est parti, ou est-ce qu'il est resté, et un nouveau public s'est ajouté ?
Michael Jones : Non ! Il y a un nouveau public qui s'est ajouté ! Il y a toujours une partie du public qui s'en va. Parce qu'il y a des gens qui viennent voir un concert ou deux, après ils vont voir autre chose. Ils disent, 'bon, Goldman, je l'ai vu, je ne vais pas y aller cette année". Ce public là, il existe. L'âge moyen, dans la tournée "Rouge", c'était vraiment 21 à 50 ans. Là, on avait des 14, 15 ans, cette fois-ci. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu des gens si jeunes.
Jean-Michel Fontaine : Et tu penses que c'est dû en particulier à l'album "En passant" ? Pourtant, c'est un album qui aurait dû plus toucher les personnes "mûres", c'est un album qui est très très mûr, qui n'est vraiment pas adolescent.
Michael Jones : Je ne sais pas d'où ça vient. Il y a plein de choses qui peuvent expliquer ça. Il y a d'abord le phénomène Céline Dion. Il y a le fait que Worlds Apart ont chanté "Je te donne", et que Melgroove ont fait "Pas toi". Je pense que ça aussi, ça a joué. Je pense que c'est surtout les gens qui nous ont découvert à travers Worlds Apart et Melgroove, aussi.
Jean-Michel Fontaine : Est-ce que tu connais la date de sortie de l'album live ?
Michael Jones : Normalement, le 15 juin.
Jean-Michel Fontaine : Continuons à parler de concerts, si tu le veux bien. Les 10 et 11 juillet aura lieu Solidays, à l'hippodrome de Longchamp. C'est un festival de solidarité contre le SIDA. Est-ce que tu vas participer à cet événement, et sais-tu ce qui est prévu ?
Michael Jones : Je participe. Je ne sais pas ce qui est prévu pour le moment, parce qu'on a une réunion la semaine prochaine. Là, j'en saurai plus. Tout ce que je sais, c'est qu'on me demande de gérer un petit peu toute la réalisation de cette émission, au niveau musical. L'orchestre de base, ce sera l'orchestre de Jean-Jacques.
Jean-Michel Fontaine : On m'a dit qu'il y aurait un concert final avec plus d'une quarantaine de chanteurs, sur scène, le dernier soir…
Michael Jones : Pour le moment, je sais pas… L'idée, c'est de faire un bal. Une espèce de bal où l'on va chanter les chansons des autres. Le principe du bal, c'est ça. Si Jean-Jacques vient chanter, il chantera plutôt un truc de Cabrel. Si Hallyday vient, on lui demandera de chanter quelque chose de quelqu'un d'autre. En principe, c'est ça. Maintenant, est-ce que ça va se faire comme ça, je ne sais pas.
Jean-Michel Fontaine : Si nous sommes ici aujourd'hui, c'est à l'occasion d'un concert que tu donnes, pour une association qui s'appelle Energie Emploi, dont tu es le parrain. Nous avons parlé tout à l'heure avec le président de cette association. Comment as-tu été amené à devenir le parrain d'Energie Emploi ?
Michael Jones : Pour couper court l'histoire, j'avais demandé le gaz de ville chez moi, pour le chauffage. Quand j'ai reçu le devis d'EDF, ils m'ont envoyé un courrier qui présentait le projet d'Energie Emploi, que je trouvais très intéressant. J'ai rencontré d'abord Catherine Thomas [NDJM : Attachée de presse d'Energie Emploi] et les autres gens d'Energie Emploi, au Pont de Chéruy. On a commencé à mettre le projet d'un concert en place.
Jean-Michel Fontaine : Ce soir, tu vas chanter avec Mad'O et Soul Voices. Mad'O, on l'a écouté tout à l'heure, il un style plutôt rock, proche de Bruce Springsteen. Soul Voices, c'est un groupe de Gospel. Quels sont tes goûts musicaux actuellement, et en particulier en ce qui concerne la chanson française, puisque nous sommes sur "Chanter", l'émission consacrée entièrement à la chanson française ?
Michael Jones : J'ai pas de style préféré. En ce moment, j'écoute de la musique américaine. J'ai découvert un groupe qui s'appelle Hootie and the Blowfish, je trouve ça génial. Le disque n'existe pas en France, j'ai été obligé de l'acheter en import, mais bon, c'est pas grave… Sinon, mes goûts musicaux sont très très larges. Tu n'as qu'à écouter la chanson que j'ai faite sur l'album de Carole, c'est un mélange de funk et de groove. Ça n'a rien à voir avec ce que je fais personnellement. Même si c'est Bataglia qui a fait l'arrangement de la chanson, il a respecté pratiquement la maquette que je lui ai donnée. Il a juste enlevé un peu de guitare. Donc, mes goûts musicaux sont très larges. Je n'ai pas pu aller voire Springsteen à Lyon avant-hier – j'y serais bien allé, mais je n'avais pas le temps. J'aime tout.
Jean-Michel Fontaine : Récemment, tu as découvert des choses intéressantes, dans la scène des nouveaux chanteurs français, depuis le début des années 90, on va dire ?
Michael Jones : J'adore les gens comme Sinclair ou comme de Palmas, c'est vraiment bien. Il y en a plein d'autres qui ne marchent pas très fort, comme Victor et eux, les Infidèles… Ça c'est des groupes que j'adorais. On n'entend plus beaucoup parler d'eux… Les Innocents aussi, j'aime beaucoup. Il y en a sûrement plein d'autres dont je ne retiens pas le nom… Oui ! Le fils de…
Jean-Michel Fontaine : M ?
Michael Jones : Oui, M !
Jean-Michel Fontaine : Le fils de Chédid.
Michael Jones : Le fils de Chédid, qui était le guitariste de Sinclair, je crois.
Jean-Michel Fontaine : Et qui va réaliser le nouvel album de Vanessa Paradis, ce qui est plutôt étonnant.
Michael Jones : Oui, mais j'aime beaucoup ce qu'il fait, je trouve ça très intéressant.
Jean-Michel Fontaine : On a entendu plusieurs fois Francis Cabrel et Jean-Jacques Goldman dire que leurs enfants écoutent surtout de la techno. Tu as trois filles. Qu'est-ce qu'elles écoutent comme musique ?
Michael Jones : Franchement, je ne sais pas ce qu'elles écoutent comme musique. Ma deuxième fille, Joanna, elle adore Faudel, tout ce qui est raï, danse, tout ça. La grande, je sais même pas ce qu'elle écoute. La petite, elle écoute de tout, elle aime tout, elle est comme moi, c'est grand public, très large.
Jean-Michel Fontaine : Aujourd'hui, nous sommes le 30 avril. Il y a deux jours, comme tu le disais tout à l'heure, il y a le nouvel album de Carole Fredericks qui est sorti, sur lequel tu as fait une chanson. La semaine prochaine, il y a le nouvel album de Roch Voisine, qui sort, en français. Ils sont tous les deux réalisés par les ex-Canada, Benzi, Arzel, Veneruso, que tu connais bien. Est-ce que tu as l'intention de renouveler l'expérience de compositeur, et est-ce que tu as l'intention d'offrir des chansons à des interprètes connus, ou inconnus, dans l'avenir ?
Michael Jones : Là, on m'a demandé une musique de film, qui normalement, est en train de se préparer. Je ne sais pas si ça se fera. Si ça se fait, je le ferai. Il y a aussi une chanteuse pour qui je suis en train de préparer des chansons, mais je ne travaille pas seul. Je travaille toujours avec les mêmes. Là, c'est surtout avec Frédéric Kocourek. L'album de Carole, Erick a pas beaucoup travaillé dessus. C'est surtout Christophe Bataglia.
Jean-Michel Fontaine : Et Jacques Veneruso.
Michael Jones : Et Jacques Veneruso. Christophe, qui a aussi fait le remix de…
Jean-Michel Fontaine : De Bélénos, que je trouve très intéressant.
Michael Jones : Voilà. Sinon, j'aimerais bien faire des chansons pour moi, si j'ai le temps !
Jean-Michel Fontaine : Et tu as des chansons en réserve, justement, actuellement ?
Michael Jones : Tu en as entendu une ce soir, qui s'appelle…
Jean-Michel Fontaine : Boogie Woogie Man !
Michael Jones : Elle sera sur le prochain album. Il y en a quelques unes d'autres. C'est la seule nouvelle que je fais pendant le spectacle.
Jean-Michel Fontaine : Alors justement, est-ce que tu peux dire à tous ceux qui attendent la sortie de ton prochain album quand est-ce que ça va se faire ?
Michael Jones : J'en ai aucune idée !
Jean-Michel Fontaine : On verra, alors… Si tu le veux bien, on va se quitter avec un extrait de "A consommer sans modération". Lequel choisis-tu, et pour quelle raison ?
Michael Jones : "Sans rancune".
Jean-Michel Fontaine : Mais je ne t'en veux pas non plus !
Michael Jones : C'est pour ma maison de disques [rires] !
Jean-Michel Fontaine : Très bien, à bientôt Michael !
Michael Jones : Ciao !
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