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Et Frédéric Dard aussi...
(Radio France Internationale, 2 avril 1999)

Et Frédéric Dard aussi...
Radio France Internationale, 2 avril 1999
Retranscription de Jean-Michel Fontaine

RFI : On n'a pas très souvent l'occasion de vous voir en général ni de vous entendre en radio. Là, vous êtes venu pour nous parler de votre tournée. Une tournée qui vous tient à coeur puisque vous partez aux Antilles. Vous partez également à Madagascar, on en parlera dans quelques minutes. Là, vous revenez de la Réunion. Et puis on va également se replonger dans l'album "En passant". On s'était rencontré en décembre dernier, juste avant votre départ à Abidjan, pour deux concerts, en Côte d'Ivoire. Comment se sont passés ces deux concerts, Jean-Jacques ?

Jean-Jacques Goldman : Je crois que ce sont les deux concerts où j'ai vu le moins d'Africains, de tous les concerts que j'ai faits, en comptant Lorient (rires), Nantes, Marseille et tout ça !

RFI : Déçu, alors ?

Jean-Jacques Goldman : Je m'en doutais un peu ! Il y a deux aspects : Il y a effectivement l'aspect économique, mais aussi le fait qu'ils n'ont pas besoin de moi pour faire de la musique là-bas ! Il y a ce qu'il faut. C'est comme ça.

RFI : Retour à l'album "En passant", que de toute façon vous présentez évidemment sur scène en ce moment. Vous l'avez présenté aux Antilles. Dans un des titres qui s'appelle "Bonne idée", vous faites référence aux bonne choses de la vie, qui vous permettent d'avancer. Vous parlez des motards, puisque vous êtes toujours motard, vous, Jean-Jacques.

Jean-Jacques Goldman : Là, je suis venu en vélo, parce que j'habite pas loin !

RFI : Johnny Winter, c'est quelqu'un qui vous a véritablement influncé, le guitariste Johnny Winter ?

Jean-Jacques Goldman : Oui. C'est le guitariste électrique qui m'a le plus influencé.

RFI : Vous parliez de Joe Cocker également, dans notre questionnaire.

Jean-Jacques Goldman : J'ai toujours rêvé d'avoir une voix rauque et grave, probablement parce que j'ai une voix plutôt lisse. Lui, c'est le maître dans ce style.

RFI : Frédéric Dard ?

Jean-Jacques Goldman : Oui. Parce que c'est une jubilation… Un des aspects de la jubilation de la lecture !

RFI : Je vous demanderai de mettre le casque, exceptionnellement, Jean-Jacques, sur la tête. Frédéric Dard est avec nous aujourd'hui en ligne. Bonjour Frédéric Dard !

Frédéric Dard : Bonjour à tous ! Bonjour Jean-Jacques Goldman !

RFI : Alors vous avez eu le texte de la chanson de Jean-Jacques Goldman, sous les yeux, "Bonne idée" ? Vous avez été touché, Frédéric Dard, que Jean-Jacques Goldman parle de vous dans une chanson ?

Frédéric Dard : Extrêmement touché, d'autant plus que – c'est pas pour lui mouiller la compresse – je voulais simplement lui dire que je le considère tout bêtement comme un grand krach de cette fin de siècle. C'est vraiment un type magnifique. Et je suis heureux de l'avoir en ligne pour le lui dire. Et pour lui dire que j'espère bien le rencontrer un jour au gré de ses vagabondages et aussi des miens. Il n'y a pas de raison qu'on ne se rencontre pas.

Jean-Jacques Goldman : Je voudrais dire à Frédéric Dard que j'ai la compresse toute mouillée, là ! (rires)

Frédéric Dard : Elle va sécher ! Les compresses finissent toujours par sécher sur les fronts brûlants. Tu dois avoir le front brûlant pour écrire tout ce que tu écris. C'est merveilleux. Tu es un fiévreux. C'est l'ivresse de ceux qui gagnent.

Jean-Jacques Goldman : Si j'ai bien compris, la fièvre, elle ne s'éteint pas avec l'âge !

Frédéric Dard : Elle ne s'éteint pas, et je me demande même si elle s'éteint un jour pour de bon. On est chaud ou on ne l'est pas. A tout jamais. Et toi, tu es chaud, et tu es un mec que je reconnais, et que j'ai reconnu tout de suite, dès que j'ai entendu ta voix, que je t'ai entendu chanter, j'ai baissé ma propre vie. Tu sais, on se met en veilleuse pour t'écouter !

Jean-Jacques Goldman, ému : Qu'est-ce que je fais, avec tous ces mots ?!?

Frédéric Dard : Je sais pas, tu les mets par paquets de douze, et tu les mets dans une armoire ! Avec des fleurs séchées. Je te tutoie, tu m'en veux pas ?

Jean-Jacques Goldman : Ah non, non, il manquerait plus que ça !

Frédéric Dard : Tu es tout jeune. Il y a quelques chanteurs, quelques écrivains, quelques peintres, qui un jour me télescopent, et je me sens – je vais dire une chose qui pourrait paraître prétentieuse – je me sens moins seul. Je me dis, ah ben y a du monde, on est en bonne compagnie !

Jean-Jacques Goldman, encore plus ému : C'est super ! C'est super ! Je comprends très bien cette phrase.

RFI : Il y a toujours un risque, mais on se demandait si Frédéric Dard avait des choses à raconter à Jean-Jacques Goldman, et vice versa, parce qu'on peut parler des uns des autres, mais apparemment, vous avez beaucoup de choses à vous raconter.

Jean-Jacques Goldman : Je sais tout de lui déjà ! Quand on écrit autant qu'il écrit, de la façon dont il écrit, je sais que je n'aurais aucune surprise en le rencontrant. Il dit tout ce qu'il est dans chacune de ses phrases. Il y a aucun doute. Il y a une intimité absolue quand on le lit.

Frédéric Dard : Je peux te dire une dernière chose, c'est que quand tu viens de dire que dans je sais pas quel bled d'Afrique, où ça se bousculait pas, et bien il faut être un très grand pour dire ça, parce que personne ne te le demandait. Pour dire ça, il faut être un vrai mec. Il faut avoir ce que je pense là où je pense. Je te dis bravo, c'est une preuve de plus que tu es "aimable", dans le sens profond.

RFI : Merci beaucoup Frédéric Dard.

Frédéric Dard : Vraiment, à quand tu veux.

Jean-Jacques Goldman : A très bientôt alors, avec plaisir.

[Bonne idée]

RFI : Je vous rassure, il n'y a pas de rugbyman au téléphone, puisque vous parlez de match de rugby. Vous allez souvent voir des matches de rugby ?

Jean-Jacques Goldman : Je les regarde à la télé. Je suis plutôt un sportif de télé, plutôt qu'aller dans les matches eux-mêmes. Maintenant, je trouve qu'on ressent des choses en regardant des matches – quels qu'ils soient, d'ailleurs – je trouve qu'on ressent des choses, grâce aux gros plans et à la réalisation télé, qu'on ressent pas sur place.

RFI : En revanche, vous allez aux concerts. Beaucoup aux concerts. Vous étiez il y a quelques jours au concert, pour la soirée bretonne à Bercy. Vous y êtes allé parce que vous aimez cette musique là ?

Jean-Jacques Goldman : Ah oui oui oui. Depuis très longtemps ! J'avais invité Dan Ar Braz à venir me rejoindre sur scène quand j'ai joué à Rennes. Il n'était pas au courant, il était dans la salle. Il m'a rendu l'invitation. Je suis allé jouer avec Dan Ar Braz.

RFI : Et pour vous, l'importance d'aller voir les autres en concert ?

Jean-Jacques Goldman : On fait ce métier là parce qu'on aime ça ! Je suis toujours allé aux concerts, j'adore aller aux concerts. Malraux disait qu'on apprenait à peindre dans les musées. Je trouve qu'on apprend la musique en allant écouter les autres.

RFI : Mais à une époque vous n'aimiez pas faire des concerts. Ça a été dur, au départ.

Jean-Jacques Goldman : Ma place favorite, c'est toujours dans la salle que sur scène.

RFI : Mais là quand même, vous dites que vous prenez de plus en plus de plaisir à aller sur scène, que c'est quelque chose qui est complètement antinomique pour vous, mais là, vous y arrivez.

Jean-Jacques Goldman : Oui, parce que maintenant, je connais tout. Je connais la scène, je connais les musiciens, et surtout, je connais le public, depuis 10-15 ans, maintenant. Il n'y a plus beaucoup de surprises. J'arrive dans une pièce où je connais les gens.

RFI : Quand vous abordez ces concerts, qui vont donc se passer à l'Île Maurice, à Tananarive, à Cayenne, et puis également à Pointe-à-Pitre, le répertoire est fait de quelle manière ? Parce que j'ai lu que le spectacle est à peu près le même, quitte à modifier parfois l'ordre des chansons, en fonction des réactions, en fonction des salles. Là, ça va être différent chaque soir, chaque salle, ou tout est pareil ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, oui. Je ne suis pas tellement un improvisateur. S'il y a un problème… Par exemple, il peut arriver qu'on arrive dans des endroits – mais ça va pas être le cas, parce que tous les endroits que tu cites sont en France, donc connaissent bien les chansons – mais il peut arriver, quand on joue à Bali, on joue à Séoul, les gens connaissent pas du tout certaines chansons. Donc on peut mettre un peu plus d'anciennes chansons, et un peu moins de nouvelles. Là, c'est pas le cas. C'est comme des départements… C'est comme le Limousin. Ils connaissent aussi bien les chansons.

RFI : Vous êtes au courant des événements qui ont eu lieu hier sur l'Île Maurice, suite au chanteur qui a été retrouvé mort dans sa cellule. Vous avez un sentiment ?

Jean-Jacques Goldman (long silence) : C'est un pays de mélanges. Il y a pas mal d'immigrations aussi qui sont réunies, et il y a forcément des heurts. Plus que ça, je pense qu'il faut retenir, de cette région là, de l'Île Maurice et de l'Île de la Réunion en particulier, la réussite des cohabitations plutôt que les affrontements qui y ont lieu.

RFI : Vous abordez comment cette tournée ? Par exemple, la tournée à Madagascar, à Tananarive, je crois que c'est quelque chose qui vous tient à coeur, Mada. Parce que vous y êtes allé il y a une dizaine d'années, et je crois qu'il y avait 20 000 personnes qui étaient à l'extérieur, qui ne pouvaient pas rentrer. C'était difficile ?

Jean-Jacques Goldman : Il y a eu un gros problème d'organisation, de sous-estimation, en gros, de la population. Je crois que c'était le premier concert qui avait lieu, à peu près, depuis l'indépendance. Le pays a commencé à se rouvrir un peu. Il y a eu une grosse, grosse demande de la population. C'était plus que des retrouvailles avec la chanson, ou évidemment avec moi, c'était beaucoup plus des retrouvailles avec la France, je dirais. Et évidemment, ça s'est mal passé parce qu'il y a eu des corruptions, il y a beaucoup de gens qui sont restés dehors et qui avaient déjà leurs billets et qui ne pouvaient pas rentrer. Nous, on était dans l'impossibilité d'ajourner, d'attendre, donc on a commencé le concert, avec une heure de retard, mais on l'a commencé. Là, les gens qui étaient à l'extérieur sont devenus fous, à juste titre. Et ça s'est terminé en émeute.

RFI : Donc cette fois-ci, vous allez y être pour plusieurs dates, ça sera du 8 au 11 avril, au Palais des Sports.

Jean-Jacques Goldman : Oui, et c'est beaucoup mieux organisé. Je connais Jean-Pierre Bricman, avec lequel j'ai travaillé à Hanoi. Il est tout à fait au courant de ce qui se passe. Il est tout à fait habitué à ce genre de choses. Je pense que ça va se passer beaucoup mieux.

RFI : On se retrouve demain, Jean-Jacques, pour la suite de cette rencontre.

Jean-Jacques Goldman : Avec grand plaisir.

RFI : A demain.

Jean-Jacques Goldman : A demain.

[On ira]


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