Goldman à la citadelle hier
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Goldman à la citadelle hier
La confidence du baladin et la transe du rocker
Le Mauricien, le 5 avril 1999
Jean-Jacques Goldman et ses complices ont offert au nombreux public présent hier soir à La Citadelle un spectacle des plus rodés qui comptera sans doute comme le happening culturel et musical le plus marquant de l'année. Mais au delà de ce constat général, si huilée que soit la machine Goldman qui a eu tôt fait de conquérir la foule présente, le fil rouge du concert se tissait de fort belle manière dans l'alternance entre la confidence acoustique et le show explosif qui conviait à la transe. Entre les apartés du petit baladin au grand cœur et le bastringue d'enfer de Monsieur Goldman qui foudroyait les groupies de deux générations bien sonnées, la connivence aura été entière. des deux côtés de la Citadelle. Une amourette qui se mue en coup de béguin ravageur. Hystérique aussi par moments. Avec le ciel pour seul chapiteau. Un ciel étoilé de circonstance pour un Pierrot à la guitare électrique qui précise bien cependant que le "bel amour" est libre et se passe de contrat…
Phénomène plutôt rare dans le déroulement des concerts, c'est avec cinq minutes d'avance que JJG s'est présenté sur scène, à 19 h 25 précisément. Aux portes de la Citadelle pleine à craquer, les spectateurs arrivaient encore. Selon Immedia, organisateur du concert tous les billets étaient vendus à 17 h 00. Le premier titre, "On ira" marquait ses retrouvailles avec le public mauricien depuis son dernier concert en 1994 dans ce même décor. Décontracté et vêtu d'un T-shirt gris, il fait un petit tour sur scène. Les fans massés en face de lui, l'acclament, certains hurlent, d'autres pleurent de joie : l'émotion est au rendez-vous.
Après deux titres, JJG fait appel aux souvenirs, car, malgré leur forte mobilisation, il n'y a pas que des adolescents dans l'assistance Deux générations de fans sont en effet massées dans l'antre de la Citadelle, se sentant unis par une même musique. Les concerts de JJG ont cela d'unique. Les premières notes de La vie par procuration fait ainsi chanter et crier un autre public, celui qui avaient quinze ou vingt ans en 1988 et qui était déjà au rendez-vous de JJG au stade de Rose-Hill.
Les anciennes chansons et les nouvelles, de son dernier né, "En Passant", se succèdent naturellement. Le public chantera avec la même ferveur sur Là- Bas et Je te donne, en duo avec le guitariste Michael Jones. Il écoutera également, dans un émouvant recueillement le violon de JJG interprétant Natacha.
"Pour la paix et la sécurité, pour la justice à l'île Maurice. Justice aussi pour les musiciens. Etant entendu qu'il n'y a pas de paix sans justice" : JJG passe ainsi un subtil message dont la signification ne fera aucun mystère pour le public mauricien à qui il dédie "Il suffira d'un signe". La surprise du maître de cérémonie allait intervenir en fin de concert. "Pour terminer, une que vous connaisssez, cela évitera les discours", dit-il avant d'interpréter "Pour que tu m'aimes encore", extrait de l'album "D'eux" qu'il a composé pour Céline Dion. Un public transi quitte la Citadelle presque à regret.
S'il n'est aucun couac à déplorer dans ce concert magique que nous a proposé JJG, il reste toutefois, au nom de cette même justice mauricienne et de ces "grilles" et de ces "rêves étroits" dont parle le petit poète, que le public, prix du concert oblige, aura été des plus sélectifs. "Toujours les mêmes", observait un spectateur…
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