Premier concert de JJG à Tana
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Premier concert de JJG à Tana
La fête !
Le Journal de l'Île de la Réunion, le 10 avril 1999
Mission accomplie. Dans la joie et l'harmonie Jean-Jacques Goldman a pu renouer sans la moindre fausse note avec le public malgache qui lui a fait un triomphe au palais des sports de Mahanasina, dans les conditions de sécurité espérées. Chassés les mauvais souvenirs. La musique a gagné.
On avait beau savoir que tout avait été mis en oeuvre pour que les retrouvailles entre JJG et Madagascar se passent bien, une certaine tension persistait dans les esprits à quelques heures du premier rendez-vous avec la population de la Grande Ile. Le fantôme du 13 avril 1988 planait alentour de Mahanasina qui offrait cette fois au chanteur français le plus adulé du public malgache, une enceinte adaptée à l'ampleur de l'événement et non plus le petit stade étriqué, théâtre d'un embrasement incontrôlé par le passé. Ouverte dès la fin de l'après-midi pour permettre aux spectateurs d'entrer sans précipitation avant l'heure de la rencontre, la salle des festivités, flambant neuf et dûment contrôlée par les forces conjointes militaires et civiles de la place, offrait quelques symboles de sinistre mémoire, comme cet armada kaki équipée de matraques... Pourtant l'ordre a régné et à mesure des arrivées, le calme s'est installé dans les rangs de l'organisation, sans qu'aucune anicroche ne vienne assombrir l'horizon musical en préparation. Serein, Jean-Jacques Goldman attendait son heure, comme pour chacun des concerts dont il gratifie l'univers. Confiants également, ses fans savouraient le plaisir de l'attente d'un cadeau dont on entrevoit le prix sans être pourtant assuré d'en découvrir la qualité convoitée. Ils étaient environ 5 000, parmi lesquels une véritable ambassade ministérielle venue témoigner par sa présence de l'absence de danger, telle une garantie officielle. Et si nombre d'habitants ont préféré attendre le test du premier concert pour profiter à leur tour de l'aubaine, en fin de semaine, les milliers de fans de la première heure ont savouré la primeur de ce qui fut une fête des curs.
MICHAEL JONES ENCENSÉ
Le reste pourrait être d'une totale banalité pour qui suit depuis des années le chanteur en tournée dans le monde entier. Pourtant JJG n'est jamais tout à fait le même, ni tout à fait un autre... Offrant un répertoire identique à celui de la Réunion et du reste de la France, il y a ajouté les mots qui personnalisent à ses yeux le public de rencontre et lui donne une identité privilégiée : "Bienvenue pour ces retrouvailles, a-t-il entonné en faisant son entrée. Ça faisait longtemps... Il va falloir qu'on reprenne contact tout doucement. Mais je ne crois pas que ça va être difficile... on va bavarder .
MBOLATIANA A "DONNÉ"
Des mots qui, bien sûr, ont déclenché une explosion d'enthousiasme tout au long du parterre où s'expriment toujours le mieux les palpitations du choeur des adeptes pour se prolonger dans les travées plus élevées où, par bandes, les jeunes Malgaches ont manifesté leur plaisir, chanson après chanson. Filles et garçons, à l'unisson, plus encore qu'à la Réunion avec une belle spontanéité. Les regards brillaient tout autant que les briquets et les voix ont fusionné au cur de la nuit, honorant JJG et aussi Michael Jones qui ici jouit d'une popularité inouïe. Son leader lui a d'ailleurs laissé maintes occasions de vérifier l'impact de ses accords de guitare sur une foule ravie qui scandait son nom à l'envi.
Si les dernières chansons du CD "En passant" n'ont pu être reprises mot pour mot par ce public en délire qui n'a pourtant cessé de fredonner et de rire, les vieux tubes du chanteur auraient bien pu se passer de sa voix, l'assemblée se mobilisant à chaque instant pour assurer la partition. L'un des grands moments de ce spectacle bien rodé fut l'apparition de la jeune chanteuse malgache Mbolatiana, et son interprétation de "Je te donne" où elle a pu conforter sa notoriété locale aux côtés de notre pointure nationale. Ravissante et juste dans son registre elle a ajouté en beauté un trait d'union des plus chaleureux à cette "réparation" programmée avec beaucoup d'émotion. Rossy à son tour a fait le "boeuf" sur scène pour le désormais rituel "A nos actes manqués" auquel il s'est payé le luxe d'ajouter un couplet façon Khaled que ses propres fans ont plébiscité. Rossy, qui, on le sait, était chargé lui-même, avec son équipe de l'entreprise "Pro", de la sécurité du concert, avait pourtant d'autres sources en tête. Ce qui ne l'a pas empêché de donner le change et d'apporter sa pierre au spectacle porteur de tous les espoirs pour la filière des concerts internationaux brigués dans le pays. Car pour lui, "JJG est une caution pour l'avenir". Un avenir qui se conjugue encore au présent jusqu'à dimanche soir où l'on attend un final des plus brillants pour consacrer ce passage libérateur d'anciens "actes marqués".
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