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Patricia Kaas : Le Mot de passe
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Patricia Kaas : Le Mot de passe
Libération, le 22 mai 1999
Retranscription de Christophe Barizien
L'album qui s'est le mieux vendu de Barbara Streisand est son Broadway Album consacré en majeure partie à Stephen Sondheim, un auteur difficile. Streisand se l'était offert comme un plaisir, sa maison de disque n'y croyait pas. Au générique du nouvel album de Patricia Kaas on lit Jean-Jacques Goldman, Pascal Obispo, Zazie (et Lionel Florence et Didier Golemanas dans le rôle des moins connus)... On cherche l'originalité, le risque, on trouve la recette qui fait recette. La naïveté se conjugue bien avec la chanson, elle ne peut être dénoncée ici. Mais on peut se plaindre d'une certaine rugosité : "La terre n'en sera pas plus loin/Ni plus à portée de la main" n'est guère mélodieux, "Sur les vestiges d'un amour fou/Je serai là comme je suis là" ne veut pas dire grand-chose, et du naïf au niaiseux, le pas est vite franchi : "Je n'aurai pas d'autre langage/Que celui de tous les partages/Jusqu'à trouver sous une pierre/ Une petite chance pour l'univers" Quant aux arrangements... Il faut croire en l'amour pour ne pas les laisser éventer à coup de bulles électro-post-Pop-Corn une jolie formule comme "Ma liberté contre la tienne/La volonté d'où elle me vienne/Partir découvrir avec toi/L'utilité de nos combats".
Tout onéreux que soit l'emballage, il laisse un goût de resucée partout. Le 'miracle, comme d'habitude, c'est la voix de Patricia Kaas. Elle chante vraiment bien, de beaux graves modulés, des aigus aériens, débarrassée de ses tics gueulards, et Si elle mâchonne un peu ses mots par-ci par-là, c'est comme on mâchonne une fleur. Patricia apporte un formidable souffle de sincérité à cette pacotille vénale, et on se prend à rêver que la galette laser n'est en fait qu'une lettre que la Fille de l'Est vous envoie, comme d'une prisonnière aux barreaux d'or.
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