Jean-Jacques Goldman, en repassant... par Ouveillan
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Jean-Jacques Goldman, en repassant... par Ouveillan
Midi Libre, dimanche 08 août 1999
P.B.-R.
Retranscription de Valérie Augey
La pluie n'a pas duré... et la cave a encore vibré ! Sous l'oeil de Coluche, ils sont tous venus, d'Obispo à Bigard en passant par Bruel !
Sans doute que, de là-haut, Coluche a voulu rigoler un bon coup. Posé sur le fronton de la "Coopé" l'oeil goguenard du créateur des "restos" a observé les premières gouttes en se "fendant la gueule..."
Il savait, lui, que la pluie c'était "pour déconner". Une manière d'arroser le retour de l'enfant prodige pour fêter le cinquième anniversaire du concert des Restos du Coeur. Pour s'immerger enfin, dans l'ambiance et le souvenir de celui de 95. Quand tout a commencé. Sous la flotte !
D'ailleurs s'il avait été là, Coluche, malin, aurait demandé à la foule humide : "Et si on vous l'échange, sans la pluie, contre deux concerts du groupe X ? Hein ?" Mais on n'échange pas Goldman. Le public a depuis longtemps donné sa réponse, saisi de folie ordinaire lorsque l'ancien chanteur de "Tai Phong" apparaît...
D'ailleurs, on ne raconte pas un concert de Goldman, on l'écoute. Il faut y être. Le vivre, capter, ressentir, humer. Tenter d'attraper tout ce que J.J. propose lorsqu'il tend la main et ouvre son coeur.
Et du coeur, il en a. La preuve : c'est à Ouveillan qu'il revient. C'est là qu'il se sent bien "au milieu de gens simples et authentiques".
Bien sûr, le spectacle, les fans connaissent. Les "ultras" ont déjà savouré les concerts des Arènes de Béziers ou du Zénith de Montpel'. En passant, ils se sont même offert le "Live" de la tournée...Tout le nécessaire pour apprendre mot après mot chacune des chansons. Histoire de coller à l'événement, de relayer J.J. dans ses vrais faux trous de mémoire, quand il offre ses textes, ou que son public les lui vole pour mieux être avec lui. Presque sur scène, chanson après chanson...
Sur scène, où c'est plutôt sobre... et efficace. Avec ses potes de toujours, il y a la complicité, les phrases à tiroirs, l'humour, la dérision, le recul. Autant de détails qui touchent. Autant de détails qui amènent de la profondeur.
D'accord, il n'aime pas qu'on accorde trop d'importance à ses textes. Tout juste, consent-il à admettre que ses chansons sont pas mal... Mais il le dit lui même : "Je fais dans le populaire, pas dans le génial" !
Alors pourquoi ce délire collectif dès que Goldman "le réservé" entame "On ira" ou "Là-bas" ? Peut-être parce que c'est mieux ailleurs, et que sa manière à lui de le dire correspond au rêve du plus grand nombre. Ça doit être ça !
Bon, on va pas faire dans l'analyse socio comportementale du fan, il aimerait pas ça J.J. Les choses sont ainsi. Point ! C'est définitif, Goldman est désormais un phénomène de société. Un truc qui remplit le vide. Un regard qui parle. Des mots qui vous regardent... On écoute, et on se retrouve bêtement percuté au creux de l'estomac. Là où les tripes mettent parfois le coeur à l'épreuve.
Alors, dans le microclimat émotionnel d'Ouveillan, la saveur est particulière... Celle qui naît dans ces vignes dont il s'est fait l'ami. "Les plus choyées du monde", comme il aime à le dire.
Et pour ce cinquième anniversaire, ils sont tous venus goûter à cette saveur. Obispo, bien sûr, "Jusqu'au bout de ses rêves". Bruel, la big surprise, émergeant de la nuit pour un triple duo avec le maître des lieus... Bigard "l'impertinent", aux manettes de la dérision qui masque l'émotion.
L'émotion d'un "Je te donne" autobiographique, symbole d'un échange exceptionnel entre deux amis, et celle de tous ceux qui partagent avec eux, la solidarité des "Restos". Dommage que ce soit juste "en passant"... On aurait bien aimé voir le temps suspendre un peu son vol.
Plus que jamais, on a senti couler le sang de la terre dans les sillons de la cave et dans les veines d'un concert pas tout à fait comme les autres. A 22 h, le ciel avait cessé de pleurer. "Ce n'est peut-être pas un hasard" remerciait l'artiste.
Sur l'affiche, on a même cru voir Coluche lui faire un clin d'oeil...
Du vin pour du pain...
Avec un animateur de choc comme Jean-Marie Bigard, il était établi que les enchères du coeur des vignerons ouveillanais, n'allaient pas rester dans l'oubli... Avec sa gouaille, l'humoriste a provoqué des éclats de rire dans l'assemblée, freinant quelque peu la vente de Me Deleau. Auparavant, l'abbé Planel avait reçu en cadeau des viticulteurs d'Ouveillan une bouteille du breuvage local. Celui qui avait béni les cuvées précédentes prend sa retraite, mais a promis de revenir chaque année : "Certes, ce ne sont pas des piliers d'église, mais les vignerons d'ici font ce que tout le monde devrait faire". Place fut laissée, ensuite, à la vente des fûts (Lire notre édition d'hier). Avec 186 500 F, les enchères battent tous les records, chaque fût s'étant vendu à 11 000 F en moyenne. Pour l'anecdote, JJG a "dépensé" 13 000 F pour un cabernet-sauvignon baptisé "Al Bos"; J.M. Bigard, 11 000 F pour un merlot "Les Baraques", Pascal Obispo, 12 000 F pour un cabernet-sauvignon "Mouret" et Patrick Bruel, 10 500 F pour un merlot "La Bastide".
Autour de la cave
Accueil et tombola
Juste à l'entrée de la cave, à quelques mètres du lieu de concert, les bénévoles d'Ouveillan ont pris place, en milieu d'après-midi, pour préparer les boissons et les tickets de la tombola permettant de gagner une guitare de Jean-Jacques Goldman.
Au son de la balance, entonnée par JJG et Patriiiiick, seule la présence de ces maudits nuages gris gâchaient un peu l'ambiance créée par les bénévoles.
Autographes
Les quelques privilégiés qui ont eu l'occasion d'assister à la répétition de l'après-midi, ont pu collecter quelques autographes des vedettes présentes...
Jean-Marie Bigard, Pascal Obispo et Patrick Bruel se sont en effet prêtés gracieusement au jeu des signatures.
Jean-Jacques Goldman est resté quant à lui discret : il faut dire qu'il était assez préoccupé par l'organisation scénique du concert...
Bodega Juste après la prestation des artistes sur scène, les Restos du coeur de Narbonne ont organisé une bodega dans une sorte de petit jardin jouxtant la cave.
Brèves de concert, émotions, souvenirs tout frais... ont orchestré cette fin de soirée, parfumée aux accents espagnols et locaux.
Cuisine Une fois les enchères du coeur terminées, la bande de bénévoles n'a pas ménagé ses efforts pour préparer le repas réunissant les vignerons d'Ouveillan, les techniciens du spectacle et les artistes.
Les convives avaient pris place au beau milieu des cuves de la cave : tout un symbole !
Secours Parmi tous les bénévoles présents sur le site (plus de 80 Ouveillanais et Ouveillanaises), il ne faut surtout pas oublier les pompiers et secouristes veillant au moindre malaise ou assistant les personnes handicapées. 41 personnes se sont ainsi chargées des tâches médicales et du secours d'urgence.
Parmi elles, on comptait notamment 20 pompiers venus de Narbonne, aidés de leurs collègues de Coursan, d'Ouveillan, de la sécurité civile et d'une association de secouristes narbonnais.
Deux véhicules de secours aux asphyxiés et blessés étaient également sur place, de même qu'un camion contre le feu et un poste médical avancé. Heureusement, compte tenu du temps si peu caniculaire, peu d'interventions ont été enregistrées.
La foule, contrairement à 1996, lors du concert de Cabrel, n'a même pas eu besoin d'être "arrosée" pour être rafraîchie...
Bigard survolté Jean-Marie Bigard, invité de dernière minute, a visiblement apprécié cette soirée des Vendanges du coeur. Il a en effet passé toute la soirée sur le côté de la scène pour danser sur des rythmes endiablés... Sera-il de la fête l'an prochain ? A suivre...
Patrick Bruel...en l'an 2000 ! Goldman, Bigard, Obispo, Bruel ! Retrouver ces quatres "pointures" sur la scène de la cave coopérative d'Ouveillan laisse rêveur. L'affiche de la solidarité et de la continuité...
"Je crois qu'il n'en faudra pas beaucoup pour me convaincre d'être le parrain l'année prochaine", a même lâché un Patrick Bruel radieux, et visiblement heureux de vivre, à son tour, l'atmosphère et l'état d'esprit des vignerons. La cause est noble. Coluche peut être fier, ils ne l'abandonneront pas !
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