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Questions à Jean-Jacques Goldman
(TV5 - 20 et 21 novembre 1999)

Questions à Jean-Jacques Goldman
TV5 - 20 et 21 novembre 1999
Patrick Simonin
Retranscription de Monique Hudlot

Première partie de l'interview (20 novembre 1999)

Patrick Simonin : Madame, Monsieur, bonjour. Depuis tant d'années maintenant, il fait partie de notre famille, il fait partie de votre famille et vous l'avez choisi. C'est votre chanteur préféré. C'est un immense bonheur de le recevoir. Vous avez été plus de 100 000 à travers le monde à voter pour lui. Evidemment, une manière aussi de vous tendre la main.

[Nos mains - en concert]

Patrick Simonin : Jean-Jacques Goldman, merci d'être ici sur ce plateau de TV5. C'est un réel bonheur. Evidemment, ces chansons, elles nous trottent dans la tête. C'est toujours un infini bonheur. Quand vous voyez, qu'au travers du monde, comme cela pour TV5, que tout le monde, malgré les frontières, a voté pour vous, on ressent quoi ?

Jean-Jacques Goldman : Cela fait plus plaisir de savoir qu'on vote pour soi, plutôt qu'on nous oublie. Et moi, cela me touche beaucoup. C'est la raison pour laquelle je suis venu le dire.

[Nos mains]

Patrick Simonin : Le message des chansons de Jean-Jacques Goldman, c'est pousser des frontières, la liberté, l'envie de vivre, d'être indépendant, de refuser le conformisme aussi d'une certaine façon, et puis la fraternité : c'est des valeurs d'aujourd'hui ?

Jean-Jacques Goldman : Je ne sais pas si ce sont des messages décidés. En fait, on écrit une chanson ; enfin je ne sais pas, je ne me sens pas investi d'une mission, ni un messager de quelques idées comme cela fondamentales. En fait, j'écris des chansons et, probablement dans ces chansons, circulent des convictions et des valeurs que je peux avoir. Mais, en tout cas à aucun moment, j'essaie de donner des leçons aux gens et de leur expliquer comment vivre.

Patrick Simonin : Quand on dit : une chanson ne peut peut-être pas changer le monde mais elle peut le fédérer, elle peut rassembler les gens.

Jean-Jacques Goldman : Je crois que vous l'avez bien dit. Cela ne change rien mais cela fédère. C'est-à-dire que cela permet à des personnes, qui pensent la même chose ou qui ont le même état d'esprit ou la même sensibilité, de se rassembler et d'être ensemble. Et cela, c'est une chose qui me surprend chaque fois quand je vais aux concerts. Quand je vais au concert de quelqu'un que j'aime beaucoup, je me retrouve avec autour de moi des gens qui forcément me ressemblent et avec lesquels il y a une connivence immédiate. Les chansons peuvent servir à cela.

[Bonne idée]

Patrick Simonin : Il y a, dans le dernier album, une chanson dans laquelle vous citez les prénoms de vos parents : "Bonne idée". Bonne idée ont-ils eue de se rencontrer ces jours-là. Vous pensez souvent à eux ?

Jean-Jacques Goldman : Comme tout le monde. Peut-être un peu particulièrement parce que, disons, l'histoire et les périodes qu'ils ont traversées, n'étaient pas du tout normales, ne ressemblaient pas à d'autres.

Patrick Simonin : On peut dire que votre père est né dans le ghetto ?

Jean-Jacques Goldman : Il est né en Pologne, ma mère est née en Allemagne. Ils ont fui tous les deux ces pays-là. Ils se sont retrouvés en France et ils ont fait des petits Français.

[Bonne idée]

Patrick Simonin : Une chanson parmi les premières s'appelait "Comme toi" et qui, à la manière de Jean Ferrat qui avait chanté "Nuit et brouillard", est une chanson qui est entrée dans le hit-parade. C'est-à-dire faire entrer et faire comprendre des choses fortes, c'était notamment la Shoah, aux jeunes. C'est une chose que vous avez envie de faire ou de refaire ? Ferrat disait : je twisterais les mots s'il fallait les twister.

Jean-Jacques Goldman : Oui mais là c'est ce que je vous disais tout à l'heure. La démarche n'est pas la même. Dans "Nuit et brouillard", cela commence en disant : "ils étaient des millions, ils étaient des milliers, dans des wagons plombés" etc …Enfin, il y a vraiment une vraie envie de parler des camps de concentration, de tout cela. Dans mon cas, c'est parti d'une photo dans un album de famille de ma mère. On peut très bien écouter cette chanson sans penser du tout que cela parle de cela. Donc, c'était juste un visage de petite fille qui m'a touché. Bon, c'est peut-être ma façon à moi de parler de ces choses-là de façon - on va dire - peut-être un peu plus imagée qu'une vraie thèse sur l'extermination.

[Né en 17 à Leidenstadt]

Patrick Simonin : "Né en 17 à Leidenstadt", c'est une autre chanson chantée avec Carole Fredericks et Michael Jones. Et là, il y a l'interrogation : qu'aurais-je fait, et qu'est ce qu'on peut faire, est-ce qu'on peut nous épargner d'avoir à choisir aussi ? Cela veut dire que l'homme en lui-même a quand même des ressources ? Même dans les situations les pires, il y a toujours quelque chose de bon ?

Jean-Jacques Goldman : Moi, ce que je dis à la fin c'est : souhaitons de ne jamais à avoir à faire ces choix. Bon, il y a une phrase de Marx qui explique bien cela, c'est que les données objectives déterminent la conscience, c'est-à-dire que l'on va penser en fonction de la façon dont on a été élevé, en fonction de ce qui se passe sur le plan social, sur le plan historique et on n'est que cela. Alors de temps en temps, il y a des personnes qui s'élèvent contre ces espèces de torrents qui font que, en Afrique du Sud, 99% des Blancs probablement étaient pour l'Apartheid pendant un moment. Ce n'est pas parce qu'ils sont plus mauvais que nous. C'est parce qu'il n'y a pas eu la Révolution Française avant, c'est parce qu'il n'y a pas eu Jules Ferry, parce qu'il n'y a pas eu les mêmes écoles, parce qu'ils ne viennent pas du même endroit. Mais est-ce qu'ils sont plus mauvais que nous et nous surtout meilleurs que les autres ? Cela, j'en doute.

Patrick Simonin : La chanson "Rouge" avec les choeurs de l'ex-Armée Rouge, c'est aussi un rêve de gosse parce que je crois qu'un des premiers spectacles que vous aviez vu, c'est les Choeurs de l'Armée Rouge. C'était aussi une façon de dire : le rêve n'est pas mort. Parce que la réalité a été ce qu'elle a été, mais le rêve est respectable ?

Jean-Jacques Goldman : C'était avant tout une référence musicale parce que, quand vous entendez 40 choristes de l'Armée Rouge chanter, c'est pour n'importe quel musicien, c'est quelque chose d'extrêmement impressionnant. Donc, effectivement, c'est déjà un rêve musical de se dire : un jour, je ferai une chanson et j'aurai 40 choristes, c'est un luxe.

[Rouge]

Jean-Jacques Goldman : Effectivement au-delà de cela, il y avait toutes les convictions qu'avait pu avoir mon père en particulier et qui l'ont fait vivre et, en tout cas, traverser toute cette période. Parce qu'on ne peut pas traverser des périodes comme cela sans avoir des convictions et des explications. Et de voir comme ces idéaux ont été dévoyés. Effectivement, c'est rendre un hommage un petit peu aux idées et en laissant les hommes un peu à part.

[Il changeait la vie]

Patrick Simonin : "La vie par procuration", elle dit cela cette chanson, qu'on peut vivre une vie humble et puis avoir des rêves aussi. Ou "Il changeait la vie" : il changeait la vie à sa manière en forgeron. Tout le monde peut bouger comme cela les choses.

Jean-Jacques Goldman : "Il changeait la vie", c'est une chanson spécifiquement anti-révolutionnaire. C'est-à-dire, changer la vie, cela a été un slogan extrêmement usé et éculé, et, en fait, rien n'a beaucoup changé. Mais par contre, effectivement, votre vie, elle change quand vous allez chez le boulanger, si le pain est bon ou s'il n'est pas bon. Cela quotidiennement. Ou si vous avez mal aux pieds quand vous allez chez le cordonnier ou si le cordonnier fait bien son boulot. Ou alors si votre prof de biologie est fort et il vous donne la passion, ou si le prof de biologie est fou et absent. Cela fait des grosses différences dans la vie des gens sur le plan quotidien. Alors, comme la Révolution avec un grand R maintenant, on a quand même un petit doute. En tout cas, sur l'heure où elle va arriver. Alors en attendant, je pense qu'on peut, chacun à son niveau, être un bon présentateur, essayer d'intéresser les gens, essayer de faire des chansons qui puissent intéresser les gens, faire du pain…

Patrick Simonin : Qu'est-ce qui fait plaisir aujourd'hui à Jean-Jacques Goldman ? C'est d'abord de tourner, de rencontrer le public, de composer et de se dire que tout cela est éphèmère aussi, un peu fou, non ?

Jean-Jacques Goldman : Maintenant, je n'ai plus tellement l'impression que ce soit éphèmère, je parle pour moi. Je ne dis pas que mes chansons vont rester mais je sais que, moi, ma vie va être dans la musique maintenant. Il y a un âge où vous savez que, en gros, on fera appel encore à vous une dizaine d'années et après c'est la retraite quoi !Donc moi, je me sens extrêmement privilégié, j'ai beaucoup de chance de faire - en gros je fais professionnellement quelque chose que je ferais par loisir si je n'en faisais pas mon métier. C'est beaucoup de chance !

[Nos mains - fin vidéo]

Deuxième partie de l'interview (21 novembre 1999)

[Envole-moi]

Patrick Simonin : Jean-Jacques, on pense aussi à ces débuts qui n'ont pas été faciles : le violon et puis la guitare, Taï Phong, Montrouge, le magasin de sport et puis les premiers albums et puis les critiques qui ont été très dures au début. Quelles sont les premières émotions que vous vous rappelez ?

Jean-Jacques Goldman : Les premières émotions, on les a à 6 ans, à 8 ans quand on joue du violon dans un petit orchestre de chambre par exemple. Et puis que tout à coup, on se rend compte qu'avec un petit morceau de bois, des cordes en métal tendues dessus et puis du crin - de ce que je ne sais pas quoi - de cheval, on arrive à sortir un son qui est joli. Cela procède du génie humain. Ou alors qu'avec plusieurs voix, on arrive tout à coup à faire quelque chose de joli. C'est cela les premières émotions musicales car on sait que notre vie va se dérouler dans ce coin-là.

[Il suffira d'un signe]

Patrick Simonin : C'est vrai que vous avez hésité ?

Jean-Jacques Goldman : J'ai hésité, oui. J'avais fait un groupe qui s'appelait Taï Phong et lorsque le groupe a voulu partir en tournée,donc il fallait que j'abandonne mon gagne-pain. J'ai laissé tomber le groupe parce que cela ne me paraissait pas assez sûr. Pour moi, je n'ai jamais été vraiment extrêmement aventurier. Donc, j'avais une femme, j'avais des enfants. Il fallait qu'une personne paie mon loyer à ma place. J'ai vraiment attendu avant d'être sûr de pouvoir vivre de cela.

[S'il suffisait d'aimer - Céline Dion en concert]

Patrick Simonin : Il y a Céline Dion maintenant, il y a Patricia Kaas, il y a Johnny pour qui vous avez composé de formidables chansons. C'est aussi par procuration des succès extraordinaires. C'est difficile de se mettre dans la peau d'une femme, par exemple ? De faire chanter à Patricia Kaas "Je voudrais la connaître" ou "Pour qu'il m'aime encore" [sic] à Céline Dion ?

Jean-Jacques Goldman : Il faut faire des stages. Il faut bien connaître les femmes. Donc je m'y emploie vraiment quotidiennement.

[Je voudrais la connaître - Patricia Kaas]

Jean-Jacques Goldman : Et puis peu à peu, on arrive à savoir comment ça fonctionne. Le "ça" est avec des guillemets. Comment elles fonctionnent, quelles sont leur façon d'être, leur façon de penser.

[Je voudrais la connaître - Patricia Kaas]

Patrick Simonin : Et pour Joe Cocker, vous avez composé, je crois, une chanson au moins sur l'album. C'est aussi un rêve de gamin cela quand même ?

Jean-Jacques Goldman : Au début, j'ai renoncé parce que je n'avais pas le temps. Puis, quand même, quand on vous propose une chanson pour Joe Cocker, cela vaut le coup de se lever tôt puis de se mettre à son piano.

Patrick Simonin : Par moment, vous n'avez pas aussi envie d'interpréter aussi les chansons des autres ?

Jean-Jacques Goldman : Je ne me sens pas du tout interprète. Je me sens vraiment faiseur de chanson et, à ce titre, je sais ce que c'est un vrai interprète. Je sais ce que c'est Johnny quand il chante "L'envie", je sais ce que c'est Céline Dion quand elle chante "S'il suffisait d'aimer". Alors je suis extrêmement humble en tant qu'interprète. Donc, je me sens capable de chanter mes chansons à moi, mais j'avoue, je ne me mesurerais pas à des monuments dans ce genre-là.

[S'il suffisait d'aimer - Céline Dion en concert]

Patrick Simonin : Je pense à la musique d'Astérix. Cela pourrait paraître anecdotique, mais Obélix avec ses différences qui aime Falbala. Et là, vous avez fait une très belle chanson sur la différence, le droit à la différence. La chanson dit que rien ne pourra changer cela, même si l'amour est fort. Il y a ces barrières. Cela veut dire qu'on doit toujours aller au-delà de soi, au-delà des frontières, là-bas ?

Jean-Jacques Goldman : Je ne sais pas. Non, moi, je ne donne pas de conseil. Je constate cela. Je dirais plutôt le contraire. Il faut apprendre à renoncer dans ces cas-là. Quand il s'agit d'injustices qu'on peut changer, là il faut se battre pour cela. Mais quand un type est gros et moche. Qu'est-ce que vous voulez faire ? Elle est belle et elle préfère un joli. C'est des injustices qu'aucun régime politique ne pourra changer, alors il faut faire avec.

[Elle ne me voit pas]

Jean-Jacques Goldman : Probablement que cela donne des choses très difficiles à vivre et probablement aussi qu'on peut y puiser des choses que le bellâtre ne connaîtra jamais.

[Le monde est stone - les Restos du Coeur]

Patrick Simonin : Vous êtes beaucoup impliqué dans ces Restos du Coeur et ils sont là parce qu'il faut aider. Il faut aider les gens qui sont dans la rue, qui ont besoin de manger. C'est très important, cela rapporte beaucoup d'argent. C'est quelque chose qui vous dit que vous êtes fier aussi, de cela ; à plusieurs parce que vous n'êtes pas seul ?

Jean-Jacques Goldman : Une fois de plus, c'est plutôt du plaisir, plutôt qu'une mission. Tout cela s'est fait, non pas tant par conviction que cela, mais plutôt par relation. D'abord avec Coluche,ensuite avec Véronique Colucci. On se met ensemble, on a du plaisir à être ensemble, on a du plaisir à travailler ensemble, et puis le projet marche. C'est plus sur ces notions de plaisir, que vraiment de militantisme. Parce qu'on sait très bien, d'une part qu'on ne va pas changer les choses définitivement avec les Restos du Coeur et d'autre part que si les Restos du Coeur n'existaient pas, il n'y aurait pas la faim en France. Il y aurait d'autres organismes qui l'ont toujours fait d'ailleurs, des organismes soit municipaux, soit politiques, soit religieux qui s'occuperaient de cela. Donc, ce sont des grosses questions, cela.

Patrick Simonin : Il y a un livre qui va sortir avec Alain Etchegoyen. Jean-Jacques Goldman qui pose des questions sur les pères, les relations avec les pères. Cela va s'appeler "Les pères ont des enfants". C'est plutôt Jean-Jacques Goldman papa ou Jean-Jacques Goldman qui se souvient de son père ?

Jean-Jacques Goldman : Alain Etchegoyen, c'est un philosophe, un ami et nous avons le même âge. En fait, chaque fois qu'on se voit, on parle beaucoup de nos enfants et de tout ce qu'on a loupé avec eux, et tout ce qu'on a réussi. Du plaisir qu'on a eu à être pères et qu'on a à être pères. C'est lui qui a eu l'initiative de ce bouquin où, moi, je lui pose des questions - disons comme un père-landa - et où il me répond en tant que penseur et philosophe.

Patrick Simonin : Et qui dit que c'est un échange d'abord et que ces relations changent et qu'aujourd'hui on ne vit pas comme Jean-Jacques Goldman à Montrouge avec son papa. C'est plus du tout pareil.

Jean-Jacques Goldman : C'est-à-dire que les pères de notre génération ont beaucoup de choses à inventer, parce que les pères des générations précédentes, finalement, reproduisaient ce qu'ils avaient vécu avec leur père. Et nous, depuis '68, c'est vrai qu'on n'a pas grand-chose de commun, ni sur les choses à transmettre, ni sur la façon de transmettre. On n'a pas la même musique, on n'a pas les mêmes vêtements, on n'a pas les mêmes pensées, on n'a pas les mêmes libertés, ni les mêmes valeurs. Et donc, on doit un peu tout réinventer.

Patrick Simonin : Ce siècle se termine, Jean-Jacques. Evidemment, un voile va se tirer sur ceux qui ont vécu ce siècle terrible, parfois de cendres et d'horreurs. Et se dire qu'on peut tout attendre de l'homme ?

Jean-Jacques Goldman : Moi, je suis très optimiste et je trouve qu'il vaut mieux naître dans 10 ans qu'il y a 100 ans. C'est une certitude.

Patrick Simonin : Il y a des menaces, on voit l'extrême-droite, on voit des choses comme cela.

Jean-Jacques Goldman : Ouais, enfin on la voit peu, moi je trouve. On voit quand même essentiellement la démocratie qui avance. Non, moi, je ne suis pas du tout pessimiste. Je ne dis pas que tout va bien, mais quand on se rappelle la vie des gens, je ne parle pas de quelques aristocrates ou quelques privilégiés, mais la vie des gens en général en Chine, il y a 100 ans, ou en France. Globalement, les gens vont à l'école, les gens mangent. Ce sont des luxes par rapport à cette période-là.

[Nos mains - en concert]

Patrick Simonin : Jean-Jacques, quand on voit le public qui chante ses chansons. On l'a vu au Zénith encore. Il y a ce formidable album live qui est sorti. On connaît les chansons par coeur. On se dit que les chansons font partie de la vie et vous accompagnez la vie de beaucoup de gens. Vous avez envie de leur dire merci aussi à un certain moment ?

Jean-Jacques Goldman : Certainement. Je suis extrêmement reconnaissant. Vous savez, au début, on est là sur un piano, une guitare. Tout à coup, on est touché par quelque chose et ensuite …Je connais tellement de musiciens pour lesquels ces musiques vont rester là à eux. Alors le fait de pouvoir les envoyer sur des disques ou sur des clips et puis que les gens ressentent la même chose et soient touchés par cela. Je trouve cela extrêmement touchant, pour moi, et donc effectivement je suis très reconnaissant de cette attention, et puis de cette compréhension - à quel point ils comprennent bien - et de cette bienveillance.

Patrick Simonin : Si vous alliez sur une île déserte, vous emporteriez un disque de qui ?

Jean-Jacques Goldman : Un seul ? Un disque de blues, je prendrais.

Patrick Simonin : Aretha Franklin ?

Jean-Jacques Goldman : C'est déjà plus sophistiqué mais - je ne sais pas - s'il n'en fallait qu'un…oui, Aretha Franklin, mais un dique de gospel. Elle a fait un album de gospel…

Patrick Simonin : Le premier disque de Jean-Jacques Goldman, qu'on n'a jamais trouvé nulle part, c'est du gospel. Et il était vendu à la sortie de la messe ?

Jean-Jacques Goldman : C'est ça.

Patrick Simonin : Comme musicien ?

Jean-Jacques Goldman : Non, je faisais les choeurs aussi et c'était des reprises. Il y avait "Jericho", il y avait des choses comme cela.

Patrick Simonin : Et quel âge vous aviez ?

Jean-Jacques Goldman : Je devais avoir 14 ou 15 ans mais cela faisait déjà longtemps que je faisais de la musique.

Patrick Simonin : C'est l'amour de la musique d'abord ?

Jean-Jacques Goldman : C'est un moyen d'expression. Comme d'autres, cela peut être la peinture, la parole, l'écriture, la photographie. Moi, cela passe avec des notes.

Patrick Simonin : "Peur de rien blues" ?

Jean-Jacques Goldman : Oui ?

Patrick Simonin : C'est une chanson.

Jean-Jacques Goldman : Oui.

Patrick Simonin : Il faut foncer ?

Jean-Jacques Goldman : Moi, je crois qu'on a des chemins comme ça qui sont un peu naturels, et puis qu'on doit suivre. Je ne sais pas s'il faut être si déterminé que cela. Moi, je ne me sens pas si déterminé que cela. Je suis une espèce de chemin qui était tracé depuis toujours et qui a probablement été tracé auparavant par mes parents et par leur histoire.

Patrick Simonin : Merci infiniment, Jean-Jacques, pour être venu sur ce plateau, pour cette sincérité encore une fois.

[Nos mains (fin vidéo)]


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