Salut les Enfoirés. Le coup de coeur de Mimie Mathy
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Salut les Enfoirés. Le coup de coeur de Mimie Mathy
Télé 7 Jours, 3 mars 2001
Aurélie Chaigneau
Retranscription de Monique Hudlot
Ils n'ont jamais été aussi nombreux. Aucune star ne manque à l'appel des Restos du coeur. Ils étaient 55 lors de la tournée en province. Pour le grand soir sur TF1, ils sont une trentaine à chanter et à jouer pour les plus démunis. Récit d'un "ange gardien".
"Les Restos du coeur ? C'est un partage d'amour et d'énergie. Il ne s'agit pas seulement de donner à manger. Il y a un véritable suivi, une aide psychologique. Les Restos essayent d'apprendre aux gens à se reconstruire. Ils leur mettent une étoile sur l'avenir, les aident à retrouver une dignité humaine. Ils défendent une grande cause. Je me souviens que, dans mon enfance déjà, mes parents participaient à des associations comme le Secours catholique ou les Petits frères des pauvres. Alors, si je n'étais pas devenue une "Enfoirée", je me serais impliquée de toute façon mais autrement. Lorsque Jean-Jacques (Goldman) m'a demandé de rejoindre la bande, j'ai dit oui tout de suite. J'étais très motivée, et puis ça m'éclatait. C'était en 1994.
Depuis, plus le temps passe, plus je suis ravie de participer à cette aventure. Au départ, les Enfoirés, ça n'était qu'une quinzaine d'artistes sur scène. Au fil des ans, grâce à la générosité de coeur de Véronique Colucci et de Jean-Jacques Goldman, chanteurs et comédiens se sont rajoutés à la troupe. Le noyau de base est toujours là et répond présent lorsque Anne Marcassus appelle. C'est devenu une vraie famille. Chaque année, se retrouver pour la soirée consacrée aux Restos est un grand plaisir. Cela nous permet de mieux nous connaître et puis, on sent une telle chaleur de la part du public ! On ne peut pas se permettre de décevoir ceux qui se sont déplacés. Nous - acteurs, chanteurs ou comiques - avons la chance de pouvoir mobiliser des dizaines de milliers de spectateurs. Alors, il faut le faire. Chacun d'entre nous donne à sa façon et apporte sa petite touche de bonne humeur, d'amour, d'humour, d'énergie… L'odyssée 2001 restera gravée à jamais dans mon esprit. D'abord parce que Muriel (Robin) et moi coprésentons la soirée : douze sketches à écrire, on pourrait faire l'Olympia ! Et surtout cette tournée de vingt jours à travers toute la France a réuni plus de cinquante artistes. C'était formidable. J'ai pris une grande claque d'amour et ça m'a injecté une énorme dose de vitamines et d'optimisme pour toute l'année. La tournée des Enfoirés, c'est la colonie de vacances ! Imaginez deux bus pleins, l'un fumeur et l'autre non-fumeur avec Bruel, Fiori, Garou, Zazie, Goldman, Palmade, Foly, Robin, Clerc… Dans les stations-service, c'était un véritable défilé. En nous voyant tous débarquer un par un, les caissières faisaient une de ces têtes ! Le soir, nous dormions tous dans les mêmes hôtels. Malgré un très gros boulot, tout s'est fait dans la rigolade et en musique. Le premier soir, en rentrant dans notre chambre, chaque personne du "bus non-fumeur" a trouvé un bouquet de roses rouges avec un mot : "Viens me rejoindre dans le bus d'à- côté". Quelques jours plus tard, nous - "les non-fumeurs" - avons demandé au personnel de l'hôtel de faire couler un bain à ceux du bus d'à-côté. Et aussi de poser des bâtonnets d'encens, des bougies et un ensemble sexy - soutien-gorge et string" que nous avions achetés. Cela a duré toute la tournée et on l'a baptisée la Love tour. Pendant les spectacles, c'était magique. Le public nous transportait littéralement et, sur scène, nous étions encore tous ensemble. Il n'y a pas une star. La star, c'est les Enfoirés en général. Chaque artiste donne un mois de sa vie gracieusement. C'est un don d'énergie mais aussi un don de soi génial. On a vécu des moments très intenses, très forts. Ce n'était pas du chiqué, mais vraiment une grande tendresse. A la fin des représentations, on était lessivé. Les bénévoles nous organisaient un repas. Je trouve génial que des gens prennent un peu de leur temps, de leur vie, pour donner et tendre la main à ceux qui en ont besoin. Ils sont formidables. Après le dîner - il était généralement déjà très tard -, on rentrait à l'hôtel et les plus coriaces s'installaient au bar resté ouvert exprès pour nous. Souvent, on se retrouvait tous là, en rond, à chanter des chansons autour de Maxime Le Forestier et de sa guitare. Notre maître d'oeuvre, Jean-Jacques Goldman prenait des notes. Il ne lâche jamais son bloc et sa guitare : pas fou ! Les spectacles ont été préparés avec un grand professionalisme : tout est répété, travaillé. Mais chacun donnait son avis et les changements se sont faits à la bonne franquette. Le premier soir, nous avons eu le trac mais l'ambiance était détendue et, lors de l'enregistrement, tout le monde était rodé, à l'aise. Pour le spectacle final, vingt autres artistes nous ont rejoints. Une troupe de cinquante, c'est énorme. Impossible à réunir en temps normal. Le rêve ! On le fait, non pour la charité mais dans un esprit de fête. Je ne suis pas là à distribuer des repas tous les soirs pour les Restos. Je fais un autre métier, j'ai une autre vie. Mais je m'investis en donnant tout ce temps, toute cette énergie. L'idéal serait que les Restos du coeur n'existent plus, parce qu'ils n'ont plus de raison d'être. Cela voudrait dire que tout le monde pourrait se payer à manger… simplement en ouvrant son porte- monnaie".
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