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Jean-Jacques Goldman : la tête et les pieds
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Jean-Jacques Goldman : la tête et les pieds
Le Soir, 20 novembre 2001
Thierry Coljon
Retranscription de Monique Hudlot
Quatre ans après "En Passant", Goldman sort "Chansons pour les pieds", un album de 12 chansons à apprécier… en tapant du pied.
"Bien plus que dans un stade, bien plus qu'à l'Opéra ou à la télé, c'est dans les bals que les musiciens m'impressionnent, me touchent le plus, là où ils me semblent les plus nobles, irremplaçables, capables de nous faire nous lever, nous regarder, nous parler, nous désirer, nous frôler. C'est l'unique ambition de ces chansons : faire que les gens se lèvent, se regardent, se parlent, se frôlent, chantent et dansent. Juste des chansons pour les pieds".
C'est Jean-Jacques lui-même qui, dans le livret de son nouveau CD contenu dans une boîte métallique, explique titre et chansons dont il définit aussi le style musical : canon chorale, gigue, technoriental, slow, tarentelle, rhythm'n'blues, ballade, disco, rock, zouk lent, fanfare swing et pop.
Réalisé avec son fidèle Erick Benzi, "Chansons pour les pieds", s'il est plus extériorisé, plus rythmé que "En passant", ne dit pas moins des choses très sensées, concernées par un monde qui va mal. "C'est le monde et ses maladies/c'est le monde qui vient par ici/pauvre monde, malade et transi/vois le monde, sa mélancolie ("Une poussière")".
Goldman veut faire la fête, s'enivrer de gigues et tarentelles celtiques, telle la troisième classe du "Titanic", entre violons, flûtes et cornemuse. "Tournent les violons" mène la danse, entre rires et défoulement. Mais "Un goût sur tes lèvres" rappelle que "juste après les baisers vient une amertume à peine devinée car combien d'années pour élever un enfant ? Mais pour l'égorger c'est juste un instant".
Les bars plutôt que les stars
L'envie de se détendre et de s'amuser ne doit donc jamais nous faire oublier à quoi ressemble le monde. Les textes tranchent volontairement avec la joie et la légèreté qui se dégagent de musiques emplies de fanfares, choeurs, cuivres, cordes (dirigées par Yvan Cassar) et Bagad de Kemperle. Les musiques valsent avec une diversité préférée à une seule couleur.
Refusant comme à son habitude son statut de star (ne vient-il pas de se remarier à Marseille dans la plus grande des discrétions ?), Jean- Jacques a certes été touché par ces groupes de bar (Louise Attaque, Matmatah, Mes souliers sont rouges, etc.) qui préfèrent la proximité avec le public aux feux télévisés de la rampe et aux grands-messes du rock.
S'il a tenu, sur ce disque, à varier son langage musical, il n'en livre pas moins douze chansaons qui lui ressemblent, à l'écriture purement goldmanienne… sans surprise !
Pour rester logique avec lui-même, il devra, l'année prochaine, se produire dans de toutes petites salles : avant de finir le concert au bar ?
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