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Interview
(RTL2, 20 au 23 novembre 2001)

Interview
RTL2, 20 au 23 novembre 2001
Charlotte Pozzi
Retranscription de Marie-Laure Abonneau, Benjamin Broucke et Xavier

Charlotte Pozzi : Ces derniers temps, Jean-Jacques Goldman a un peu moins travaillé pour les autres et s'est occupé de lui. Résultat : Un album "Chansons pour les pieds".

Jean-Jacques Goldman : Tous les quatre ans à peu près, il y a des chansons qui viennent... Et puis je me dis que l'interprète qui serait pas mal pour ces chansons, ce serait moi, alors je me fais un album. Quand il y en a qui me vont, je les garde, et puis les autres, je les partage. Au départ, je faisais un album tous les ans ; et puis voilà, il doit y avoir un truc qui fait que... ça s'espace. J'attends d'avoir 10-12 idées, et puis quand les 10-12 idées sont là... Je commence à travailler.

Charlotte Pozzi : Retour sur sa fabrication : alors un album comment ça marche ?

Jean-Jacques Goldman : C'est parallèle : c'est-à-dire d'un côté j'ai des tas de bouts de musique sur des magnétophones, enfin des dictaphones, des trucs comme ça, et de l'autre côté j'ai des idées de texte sur des petits carnets. Et puis à un moment, quand je sens que c'est mûr, que j'en ai une dizaine de chaque côté, et bien je fais une réunion. Je convoque l'auteur et le compositeur, c'est-à-dire moi, et puis je fais une liste des styles musicaux que j'ai, une liste des textes, et puis je fais des mariages. J'ai toujours un petit carnet où je prends des notes. Ça peut être un article de journal que j'ai lu, ça peut être une discussion, ça peut être des trucs comme ça... Je ne prends que des petits carnets, parce que j'en ai perdu un, un jour, qui était gros. Depuis je ne prends que des petits. Je m'en suis jamais remis de cette perte ! Et puis... pareil, j'ai un petit dictaphone constamment sur moi, puis quand j'ai une guitare ou un piano, je compile comme ça. Ce n'est pas que je cherche, c'est que ça vient quoi, c'est une façon de voir les choses.

Charlotte Pozzi : Cet album, vous pourrez le trouver dans un beau boîtier. C'est la tradition, le dernier était dans une boîte en fer, celui-là est dans un joli coffret en métal émaillé. L'emballage, c'est important ?

Jean-Jacques Goldman : C'est parce que, avant, on avait les vinyles. Moi, j'ai commencé à acheter des disques et les pochettes étaient très importantes. C'étaient des gros objets, on les affichait, enfin tout ça. Maintenant je trouve, les petits CD, c'est un peu désespérant, quoi, ce petit bout de plastique avec une photo. J'aurais voulu que ce soit un objet qu'on garde, comme nous on gardait nos pochettes de vinyles. Voilà on bosse un peu mais... c'est marrant à faire !

Charlotte Pozzi : Dans "Chansons pour les pieds" vous vous êtes amusé avec les arrangements. Rock, souk, disco, à chaque chanson une couleur naturelle.

Jean-Jacques Goldman : Ah bah, il y a des styles, qui me sont naturels comme par exemple, je ne sais pas, j'aurais pu faire une espèce de valse yiddish par exemple, ou de violons, des trucs comme ça, et puis bon ce n'est pas venu. Et puis j'aurais pu faire aussi un genre de country comme "Elle a fait un bébé toute seule" que j'ai fait aussi pas mal et puis bon, je n'avais pas de chanson qui est venue dans ce style là, mais ça manque un peu... Il aurait pu y avoir ça. Ou une valse. Ou un tango par exemple. Mais bon ça, ça m'est moins familier.

Charlotte Pozzi : Au départ, d'où vous est venue l'idée de coller un thème à chaque chanson ?

Jean-Jacques Goldman : Je n'en ai faites que 5 ou 6, et je me suis rendu compte que toutes avaient un style vraiment très différent. Ce qui n'est pas très exceptionnel, parce que j'ai toujours fait des trucs comme ça sur mes albums, où il y avait "A nos actes manqués" qui était du zouk, où il y avait des chansons russes, où il y avait des rocks, où il y avait des chansons folk, des blues. J'ai toujours fait cohabiter les genres dans mes albums, mes albums de variété en fait. Mais au bout de 5 ou 6 chansons, je me suis rendu compte que c'était un petit peu plus précis, et donc les autres je les ai travaillées dans ce sens là pour les faire rentrer dans l'idée. Bizarrement, le style qui m'est le plus familier, où je me sens le mieux, il n'y est pas, c'est le blues. Parce que c'est la musique avec laquelle j'ai commencé, et celle où je me sens le plus à l'aise.

Charlotte Pozzi : Un disque à écouter avec les pieds, parce que dans une vie de musicien, ce ne sont pas forcément les concerts qui laissent les plus beaux souvenirs...

Jean-Jacques Goldman : C'est le souvenir des années où j'étais musicien de bal. Un concert, on va écouter quelqu'un, bon, on peut avoir des grosses émotions... Mais je trouve que c'est plus banal que ce qui se passe dans un bal. Dans un concert, on reste un peu seul avec l'artiste comme ça. Dans un bal, on ne regarde pas le musicien, on l'oublie. Sauf que lui, il allume son piano, il allume sa guitare, et tout à coup, tout change ! C'est-à-dire, les filles commencent à regarder les garçons, les garçons vont se coiffer, tout à coup on va plaquer son corps contre le corps d'un inconnu ou d'une inconnue. Enfin là, je trouve que le musicien il fait un métier irremplaçable.

Charlotte Pozzi : "Les choses", une chanson pop.

Jean-Jacques Goldman : "Les choses", c'est un portrait. Tous ces gamins qui pensent que s'ils n'ont pas un survêtement de telle marque, s'ils n'ont pas une montre de telle marque, une casquette de telle marque, ils n'existent pas. S'ils ne sont pas habillés comme ça, ils ne vont pas plaire aux filles, s'ils ne sont pas dans une grosse voiture, ils ne valent rien. Je trouve ça super triste. C'est comme s'ils étaient des porte-manteaux. Comme si on ne les jugeait que par rapport aux choses et plus par rapport à ce qu'ils valent.

Charlotte Pozzi : Il y a aussi dans cet album du Rhythm & Blues avec "Un goût sur tes lèvres".

Jean-Jacques Goldman : On se pose la question : qui on est, et qui on prétend être si on nous bousculait un petit peu, qu'est-ce qu'on deviendrait, quoi. Est-ce qu'on serait aussi courageux, aussi désintéressé, aussi beau qu'on croit.

Charlotte Pozzi : "La pluie", ça parle de quoi ?

Jean-Jacques Goldman : "La pluie", ça dit qu'on essaie de passer entre les gouttes, d'éviter les émotions, on se "prozaque" l'existence. Et puis finalement, quand on marche et qu'il y a la pluie qui nous arrose le visage, ce n'est pas si désagréable que ça. Puis il faut accepter les moments où l'on ne va pas bien et aller s'y vautrer. Et puis après, un jour il y a un petit moment de soleil et celui-là, il est plus beau.

Charlotte Pozzi : Et vous, dans le creux de la vague, vous vous en sortez comment ?

Jean-Jacques Goldman : Je n'ai jamais eu peur des moments dépressifs, des moments durs, des peines. Je trouve qu'elles font partie de notre condition. Mais bon... Parce que je suis musicien, le blues a été inventé pour ça. Alors quand on va mal, on sait comment ça se passe, on prend une guitare et puis on n'a peur de rien, comme dit l'autre. Charlotte Pozzi : C'est quoi la clé du mystère Goldman ? Tous ceux qui vous approchent connaissent le succès, Céline Dion ou encore plus récemment de Palmas.

Jean-Jacques Goldman : Si ça ne m'avait pas plu, ce qu'il faisait, je ne l'aurais pas fait. C'est peut-être ça, la clé. C'est parce que je sens qu'il y a quelque chose qui m'intéresse, qui me plait, puis moi j'ai un goût très banal, donc si ça me plait, très souvent, ça plait aux autres. Moi, j'aime bien ce qui passe à la radio, j'aime bien les tubes. Je n'ai pas un goût spécial, je ne vais pas vous dire, "ah tiens, il y a la quatrième chanson d'un groupe inconnu qui est extraordinaire" ou des trucs comme ça. Moi, j'ai bien aimé les Beatles, j'ai aimé les Rolling Stones, j'ai aimé Jimi Hendrix, tous les gens qui étaient très populaires, quoi. J'aime bien Francis Cabrel, j'aime bien Souchon, j'aime bien Voulzy.

Charlotte Pozzi : L'ambiance "bal" de l'album, on la retrouvera sûrement pendant les concerts de la tournée qui commencera au printemps prochain.

Jean-Jacques Goldman : On y travaille, on y travaille. Mais bon, déjà, les concerts que je faisais, c'était assez festif. Enfin, je demandais beaucoup de participation aux gens. D'ailleurs, même sans leur demander ils participaient beaucoup. Tout à coup, ça faisait une chorale collective de 6'000 personnes. Donc ça ne changera pas grand chose mais. On essaye, effectivement, de faire que ces scènes là ressemblent à l'album.

Charlotte Pozzi : Et justement, votre tournée précédente vous a sûrement influencé pour cet album folklorique…

Jean-Jacques Goldman : Oui. J'ai fait pas mal de tournées aux Antilles. Je pense qu'on est obligé. C'est l'un des rares endroits, quand on parle de mondialisme et tout ça, qui est absolument réfractaire. C'est-à-dire, quand vous écoutez la radio là-bas, c'est du zouk partout et tout le temps. C'est vraiment fort, c'est ancré dans la culture locale. Et puis à force, quand on est banlieusard comme je le suis et empoté comme je le suis, et bien on finit par s'y mettre.

Charlotte Pozzi : Eh bien c'est fait. Jean-Jacques Goldman s'est mis au zouk avec ce titre "Je voudrais vous revoir". Ça parle de quoi ?

Jean-Jacques Goldman : "Je voudrais vous revoir", ça parle d'un type d'un certain âge qui se rappelle de toutes ses histoires, et puis il se rappelle d'une histoire d'adolescence, comme ça, qu'il a presque oubliée. Et puis il se dit, "j'aimerais bien revoir cette jeune fille qui est maintenant une femme, juste pour savoir si c'était aussi important pour elle que pour moi, et si on a vécu la même histoire à ce moment-là". Mais je suis sûr que ça vous arrive même vous ("tiens, j'aimerais bien le revoir"), enfin même vous, jeune, je veux dire… Vers quinze, seize ans, on a l'impression que tout ce qu'on vit, ce n'est pas important, et on se dit, "tiens, j'aimerais bien savoir ce qu'il est devenu et tout ça" et puis quand on le recroise, si on arrive à avoir le téléphone, on a le cœur qui bat comme si on avait quinze ans.

Charlotte Pozzi : Oui, mais attention, on peut être déçu, aussi.

Jean-Jacques Goldman : Pas toujours. Il ne faut pas être pessimiste. Il n'a pas forcément pris du ventre [rire].


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