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Jean-Jacques Goldman, l’inconnu célèbre
(France Soir, le 10 décembre 2001)

Jean-Jacques Goldman, l’inconnu célèbre
France Soir, le 10 décembre 2001
Propos recueillis par Ariane Dollfus
Retranscription de Christine Tascher

“L’homme en or” de la chanson française parle très rarement. Pour la sortie de “Chansons pour les pieds”, il a reçu France Soir pour une interview vérité. Exceptionnel !

Rencontrer Jean-Jacques Goldman est une expérience étrange, tant on se trouve face à un total inconnu, pourtant célèbre. C’est à peine si on le reconnaît, dans les couloirs de sa maison de disques. Les épaules rentrées dans un blouson de cuir ni chic, ni trash, l’homme qui vaut des millions de disques vendus à chaque nouvel opus paraît aussi perdu qu’intimidé, demandant si l’on peut commencer l’interview sans attendre les présentations par l’attachée de presse. Assis autour d’une table de réunion, l’air aussi absent qu’attentif, il parle avec parcimonie, mais avec le mot juste. Réponses elliptiques mais jamais innocentes. Goldman, “l’homme en or de la chanson française”, est un gars bien paradoxal. Incroyablement ordinaire, mais totalement hors norme. Incontournable dans le paysage musical francophone, mais invisible. Et c’est toute la force de cet inconnu célèbre, qui réussit une formidable carrière hors de tous les sentiers balisés du succès, ceux du credo “musique marketing-promo- télé-look du moment”. Trop propre sur lui pour séduire les branchés, trop doué pour rester “chanteur de variétoche”, JJG, qui vient d’avoir 50 ans, de se remarier avec une jeune femme de 22 ans et de sortir son huitième album “Chansons pour les pieds”, reste une énigme. Même s’il lève, ici, un petit coin de son voile.

Ariane Dollfus : Cet album mélange sciemment des genres musicaux extrêmement divers. D’où vient cette envie ?

Jean-Jacques Goldman : Mes albums ont toujours été de bric et de broc. J’attends généralement d’avoir six ou sept chansons pour déceler leur point commun. Ici, j’ai constaté que cela se déclinait en danses, j’ai continué.

Ariane Dollfus : Vous dites que c’est un album pour danser. Les jeunes ne dansent plus assez ?

Jean-Jacques Goldman : Vous savez, je m’adresse de moins en moins aux jeunes. Si j’en juge parce qu’écoutent mes enfants (du rhythm’n’blues, du rap, de la techno), je suis très loin de ça !

Ariane Dollfus : Qu’écoutez-vous chez vous ?

Jean-Jacques Goldman : Les vieux trucs, les nouveaux albums de Mark Knopfler, Laurent Voulzy, Cabrel... Les gens de mon âge, quoi !

Ariane Dollfus : Et votre public, il est aussi de votre génération ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, je crois que je vieillis avec les gens qui m’ont suivi, ceux qui avaient 15-20 ans dans les années 80 et qui ont 35- 40 ans aujourd’hui.

Ariane Dollfus : Vous n’avez jamais eu peur que ces ados qui vous ont élu en masse ne deviennent versatiles et vous lâchent ?

Jean-Jacques Goldman : J’ai toujours senti un attachement très profond de leur part, et j’ai pensé qu’ils me resteront fidèles tant que je le serai avec eux. Je sais qui est mon public. Ce ne sont pas de marginaux, ils sont bien intégrés dans la société, sont souvent dans l’enseignement, dans la vie associative (le scoutisme, la religion), donnant ainsi à leur existence une dimension pas seulement matérialiste.

Ariane Dollfus : Parlons argent, justement. On dit que vous touchez 24 % de royalties sur un disque, ce qui serait énorme. Vrai, pas vrai ?

Jean-Jacques Goldman : C’est un calcul très complexe à faire. Ce qui est vrai, c’est que j’ai un très gros contrat avec ma maison de disques. Précisons aussi que les royalties de mes premiers albums sont de 1,5 %. C’est donc juste une évolution !

Ariane Dollfus : Avoir fait une école de commerce vous donne-t-il une certaine notion du monde du business ?

Jean-Jacques Goldman : Oui. Cela me permet d’en comprendre les rouages et la froideur. Sans angoisse ni fascination.

Ariane Dollfus : Les maisons de disques imposent de plus en plus à leurs artistes de faire des produits formatés. Le ressentez-vous personnellement, ou bien celles-ci sont à vos pieds ?

Jean-Jacques Goldman : Prenez le hit-parade, c’est-à-dire les ventes les plus commerciales. Vous trouverez des gens comme Manu Chao, Noir Désir, Mylène Farmer, Alain Souchon... Je suis convaincu que les maisons de disques n’imposent rien à ces gens-là. Donc, je conseillerais aux jeunes artistes d’exprimer leur personnalité plutôt que de suivre des directives. Le succès exige de l’originalité.

Ariane Dollfus : “C’est pas vrai”, la chanson la plus engagée de votre album, dénonce tous les lieux communs véhiculés par les médias. D’où vient cet agacement ?

Jean-Jacques Goldman : Je n’aime pas le prêt à penser, le politiquement correct, la pensée unique. Je trouve ça insupportable.

Ariane Dollfus : Qu’est-ce qui à votre sujet “n’est pas vrai” ?

Jean-Jacques Goldman : La seule vérité, c’est que je n’aime pas parler de moi, et que je n’ai pas de plaisir à ce qu’on me regarde. Un journaliste est allé interroger mes anciens profs. Eh bien, aucun ne se souvenait de moi. Vous voyez, ne pas me mettre en avant n’est pas neuf !

Ariane Dollfus : Etes-vous un rebelle ?

Jean-Jacques Goldman : Non. J’ai toujours été un gentil garçon, et un gentil fils. Je ne crois pas être rebelle aux règles du métier. Je pense juste qu’on échappe à un système en le dominant.

Ariane Dollfus : Vous avez une relation très curieuse avec la presse. Vous ne donnez quasiment jamais d’interview et quand vous en accordez une, vous exigez des journaux qu’ils n’y fassent aucune référence à la “une”. D’où vient cette méfiance ? De vos débuts, lorsqu’une certaine presse vous fustigeait ?

Jean-Jacques Goldman : Ce n’était pas “une certaine presse”, comme vous dites, c’était TOUTE la presse ! Mais je ne demande pas tout cela pour me “venger”, mais parce que ça me change la vie. Etre en “une”, cela interpelle tout le monde, dans les kiosques. Alors qu’un article à l’intérieur du journal exige une autre démarche de la part du lecteur. Cela prouve qu’il s’intéresse davantage à la chanson qu’au personnage qui l’a créée. Et moi, je vis mieux, dans ma vie quotidienne, quand je ne me vois pas en “une” d’un journal. Je comprends qu’on trouve agaçant de revendiquer à la fois le succès et la tranquillité. C’est sans doute mon luxe.

Ariane Dollfus : Pourtant, le refus d’image, ça devient aussi une image en soi...

Jean-Jacques Goldman : Ça, c’est pervers ! Je pense quand même qu’on fait moins parler de soi comme ça. Encore une fois, je n’ai pas de rancune envers la presse. Mais je suis en tout cas très lucide sur sa capacité à détecter des chanteurs et à juger des chansons !

Ariane Dollfus : Vous auriez pu faire autre chose que chanter ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, et je l’ai fait pendant longtemps. J’ai travaillé dans un magasin de sport, jusqu’à la parution du deuxième album. Je conseille souvent aux jeunes musiciens de travailler à côté, d’être financièrement libres, pour rester artistiquement intègres. Et de refuser des pubs, par exemple.

Ariane Dollfus : Le monde de la musique est-il cruel ?

Jean-Jacques Goldman : Je trouve que c’est le monde tout court qui est cruel. Chez TF1 comme chez LU. La vie est difficile. Mon ancien magasin de sport a fermé parce qu’une grande surface s’est installée à côté. C’est comme ça. Et je ne parle pas du métier de journaliste... [Rires]

Ariane Dollfus : Vous venez d’épouser une toute jeune femme. Cela vous aide-t-il à comprendre les jeunes, et leurs goûts musicaux par exemple ?

Jean-Jacques Goldman (regard interrogateur) : J’ai des enfants, et ce sont eux qui me connectent à la jeunesse...

Ariane Dollfus : Que faites-vous lorsque vous ne composez pas ?

Jean-Jacques Goldman : Je regarde peu la télé, vais très rarement au cinéma. Je me promène, je fais du sport, je lis le journal, je vois des amis. Ce soir, je vais aller faire du blues avec des copains...

Ariane Dollfus : Une chose que vous ne feriez jamais ?

Jean-Jacques Goldman : Mourir ! [Rires]. Je trouverais ça très bête. Je ne le ferai jamais ! [Rires].


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