Bonjour quand même
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Bonjour quand même
La Première (Belgique), 17 décembre 2001
Emission de Jean-Pierre Hautier
Retranscription de Alexandra Dassy
Jean-Pierre Hautier : Jean-Jacques Goldman, bonjour.
Jean-Jacques Goldman : Bonjour.
Jean-Pierre Hautier : Merci de nous recevoir ici, à Paris. Vous êtes au centre actuellement, d’une petite polémique. Nous, on voit ça de notre côté en Belgique. Il y a une polémique entre vous et certains journaux français. Est-ce que c’est une polémique qui vous irrite ?
Jean-Jacques Goldman : Non, enfin, je suis un peu habitué franchement, depuis pas mal d’années, j’ai un petit souci… c’est comme ça.
Jean-Pierre Hautier : Votre disque sort, et en France certains journaux prennent un plaisir à démonter ce qu’ils appellent le système Goldman. Pourquoi, j’allais dire tant de haine, mais pourquoi ? Parce que le succès en France est toujours suspect ?
Jean-Jacques Goldman : Non, je ne sais pas, pas tant que ça. Parce qu’il y a des tas de gens en France qui ont beaucoup de succès et qu’on laisse à peu près tranquille. Je ne sais pas, je crois qu’ils me reprochent de refuser d’être en première page, d’être en couverture. Ils considèrent que c’est une atteinte à leurs prérogatives. Moi, ça me concerne aussi. J’estime que d’être en première page, ça change ma vie quotidienne. Je comprends, eux, ils ont besoin de vendre… et moi, j’ai besoin d’être tranquille. Donc on est un peu antagonistes.
Jean-Pierre Hautier : Il faut rappeler, Jean-Jacques Goldman, que le succès n’est pas venu tout de suite. Vous avez l’impression de faire partie de la variété française ou d’être quelqu’un que le succès a placé à part ?
Jean-Jacques Goldman : Non, j’ai l’impression vraiment de faire partie de la variété française. Même peut-être plus que les autres, à partir du moment où je participe aussi au travail de mes collègues. Donc, j’ai l’impression d’en faire partie. Et je suis content.
Jean-Pierre Hautier : En vingt ans de carrière, le monde de la variété française a évolué en bien ou en mal ?
Jean-Jacques Goldman : Je ne serais pas capable de donner un jugement de valeur comme ça. Je l’ai vu changer. Après les années 70, il y a eu un retour des chanteurs à voix qui étaient tout à fait bannis, disons du politiquement correct de la variété française, ce qui me paraissait un peu une hérésie. Donc on est revenu à des chansons un peu moins prétentieuses, enfin, prétentieuses sans guillemet, c’est à dire des chansons un peu plus chansonnettes, mais qui cohabitent toujours avec des auteurs comme Maxime Le Forestier, Alain Souchon etc. Donc je la trouve plus variée. La variété française, je la trouve plus variée.
Jean-Pierre Hautier : Et vous avez l’impression d’avoir fait, vous, évoluer la chanson française et son monde dans un sens ou dans l’autre ?
Jean-Jacques Goldman : Mais je crois que toutes les personnes qui ont une audience, impriment, laissent une trace. Peut-être que la mienne a été dans le même sens que des gens comme Berger, comme Balavoine, peut-être comme Voulzy. On a été des auteurs compositeurs qui nous sommes inspirés de la musique rock, enfin qui avons été nourris par cette musique-là.
Jean-Pierre Hautier : Vous n’avez pas aussi l’impression Jean-Jacques Goldman, d’avoir brisé les frontières des hits parades, avec les chansons de Céline Dion par exemple. Maintenant, il n’y a plus de tabou pour un auteur compositeur français de faire un succès mondial comme vous, vous avez fait ?
Jean-Jacques Goldman : Tout à fait relativement, mes chansons ont été des gros succès dans les pays francophones, mais des succès tout à fait anecdotiques dans les pays anglophones. Donc on reste toujours avec une proéminence et une nécessité absolue de la langue anglaise. Exemples des groupes Abba ou Björk ou même… comment est-ce possible de ne pas se rappeler le nom du pape du reggae !
Jean-Pierre Hautier : Vous voulez dire Bob Marley ?
Jean-Jacques Goldman : Marley ! Voilà, parce que je pense que la langue jamaïcaine, ce n'est pas l’anglais au départ. Donc il me semble qu’il y ait vraiment une nécessité de l’anglais pour faire vraiment des succès internationaux.
Jean-Pierre Hautier : Ça veut dire qu’il y a aussi un côté anti- francophone dans les pays anglophones ? La chanson peut être formidable, si c’est chanté en français, ah pas de chance ?
Jean-Jacques Goldman : Ah non non, moi je pense qu’il y a un problème non-anglais. C’est la même chose pour le flamand, c’est la même chose pour l’allemand, c’est la même chose pour l’italien même ! Quand on voit Zucchero qui fait un succès mondial dès qu’il chante en anglais pour une chanson qui était déjà sortie en italien : "Senza una donna"! C’est comme ça.
Jean-Pierre Hautier : Jean-Jacques Goldman, vous avez autant de plaisir à écrire une chanson pour un chanteur ou une chanteuse que pour vous ? C’est le même plaisir ? C’est le même travail ? Ou c’est tout à fait autre chose ?
Jean-Jacques Goldman : J’hésite entre autant de plaisir et plus de plaisir. Alors je dirais autant de plaisir parce que je peux dire des choses dans mes chansons, qui me sont plus personnelles et qui vont peut- être être plus écoutées si je les chante moi, enfin qui font partie d’un contexte. Mais par contre, j’ai plus de plaisir parfois avec les autres parce que j’ai affaire à des énormes interprètes. C’est sûr que par exemple, si j’écris une chanson comme "L’envie", et si je la chante moi ou si je l’entends au Stade de France chantée par Johnny Halliday, ce n’est pas la même chose.
Jean-Pierre Hautier : On connaît le succès de vos chansons, mais aussi les chansons chantées par d’autres, vous parliez de Johnny Hallyday et il y a aussi Céline Dion. Est-ce qu’à un moment donné de votre carrière, le succès vous a dépassé ou est-ce que vous avez toujours très bien contrôlé ce succès ?
Jean-Jacques Goldman : Non, c’est à dire que d’abord j’ai fait partie d’un groupe rock entre 75 et 80 qui s’appelait Taï Phong. Et j’ai sorti mon premier album en français en 81 et donc j’avais 30 ans. J’avais 30 ans, j’avais une femme, j’avais deux enfants, ce n’est pas la même chose que quand ça arrive à 18 ans. Tout ce qui est arrivé, je pense que j’étais déjà assez solide et mûr pour pouvoir ne pas exploser.
Jean-Pierre Hautier : Justement, on vous décrit comme un modèle de communication. Vous donnez l’impression, Jean-Jacques Goldman, que tout vient comme ça, alors que tout est, je ne dirais pas calculé parce que vous pourriez le prendre mal, mais disons réfléchi. Je me trompe ?
Jean-Jacques Goldman : Oh non, vous avez raison. Mais je ne pense pas être le seul dans ce cas-là. En général, on fait des interviews avant la sortie d’un album ou avant de faire de la scène. En général, on fait un planning pour savoir quelles émissions de télé on va faire, quelles émissions de radio, quelles presses. Je le fais comme tout le monde, peut-être moins que les autres !
Jean-Pierre Hautier : Je parlais des disques. Quand vous faites un disque, est-ce que c’est réfléchi ou vous savez très bien ce que vous voulez faire, ne parlons pas de marketing, etc. Mais vous vous dites, je vais le faire comme ça parce que c’est dans l’air du temps ?
Jean-Jacques Goldman : Moi, je pense que je n’ai même pas besoin d’y penser consciemment. Je pense qu’inconsciemment, j’écoute la radio… Mais je pense que c’est la même chose pour tous les auteurs compositeurs. Et on n’écrit pas, on ne compose pas la même chose. Je ne fais plus le même album qu’en 1981 parce que depuis, il y a eu les rythmiques punk, parce que depuis, il y a eu les programmations, etc. Je ne pense pas que ce sont des questions que l’on se pose. Et une fois de plus, je ne comprends pas trop pourquoi on me les pose spécialement à moi. Evidemment que moi, quand j’entends des violons sur les disques de The Verve ou quand j’entends la façon de jouer de la basse de Sting ou quand j’entends les guitares de The Edge, je suis impressionné et je suis influencé par ça. Mais je pense qu’il n’y a pas un seul auteur compositeur actuel qui puisse dire le contraire. Maintenant, est-ce que c’est conscient de se dire, ah je vais faire ça parce que ça va marcher. Je crois que ça ne sert à rien, ça.
Jean-Pierre Hautier : Est-ce que vous êtes quelqu’un de professionnellement inquiet ? Le disque sort, est-ce que vous vous dites, “et si ça ne marchait pas” ?
Jean-Jacques Goldman : Alors, c’est bien plus grave que ça. Je suis tellement peureux de nature, que je ne me mets jamais dans une situation d’inquiétude. Lorsque j’ai sorti mon premier album, j’avais un travail. Lorsque j’ai sorti mon deuxième album, j’avais encore un travail. Lorsque j’ai sorti mon troisième album, il n’y avait plus d’enjeu. Je savais que, sur le plan matériel, je n’avais plus à avoir peur un jour de ne plus pouvoir payer mon loyer ou des choses comme ça. Par contre, la peur de décevoir les gens sur le plan artistique, moi j’ai toujours eu assez confiance en moi sur ce plan-là. Lorsque je sors un album, je ne le sors que quand je sais que j’ai été sérieux, que je n’ai pas bidonné. Donc pour moi, il n’y a pas d’enjeu. McCartney a sorti un album il y a deux mois qui ne marche pas des masses. Mike Jagger sort un album là qui ne marche pas des masses. Bob Dylan a sorti un album qu’on dit être son meilleur album et qui n’est pas dans les premières places des hits parades. Et je sais très bien, il n’y a pas toujours de connivence entre le succès et le talent. Donc si je n’ai pas de succès, je ne vais pas me dire pour ça que je suis le dernier des derniers. De la même façon que si j’ai beaucoup de succès, je ne me dis pas que je suis le premier des premiers.
Jean-Pierre Hautier : Ça ne vous angoisse pas ?
Jean-Jacques Goldman : Non, non. Ce qui m’angoisse, c’est quand j’écris des chansons, de savoir si je vais encore avoir des choses à dire, si je vais encore faire des choses, je ne dirais pas intéressantes, c’est prétentieux, mais convenables. A partir du moment où je sors un album, de façon tout à fait immodeste, je suis content de moi. Je suis sûr que je n’ai pas trahi, que j’ai fait du mieux que je pouvais.
[Et l’on n’y peut rien]
Jean-Pierre Hautier : Vous venez d’avoir 50 ans, Jean-Jacques Goldman, est-ce que c’est un cap pour vous ? Est-ce que vous vous sentez différent ?
Jean-Jacques Goldman : Sur le plan personnel, pas trop. Je ne trouve pas que ce soit une date très importante dans la vie d’un homme. Contrairement à d’autres comme 30 ans, comme 60 ans. Ce n’est jamais si précis que ça, mais on se dit qu’on passe à une autre époque. Je trouve qu’il n’y a pas une grande différence entre 40 et 50 ans. Sur le plan professionnel, j’ai l’impression de faire un peu partie des meubles maintenant. Disons que probablement on va m’entendre un petit peu moins en radio et je vais partir avec un public de fidèles, de gens qui me suivent depuis le début, comme d’autres.
Jean-Pierre Hautier : Vous parliez de votre public et des fidèles, nombreux fidèles, est-ce que vous avez une vision claire et précise de votre public ? Ou est-ce que, ils sont tellement je dirais, vous dites, c’est beaucoup de gens ?
Jean-Jacques Goldman : Non, non, j’ai une vision assez claire de leur portrait robot.
Jean-Pierre Hautier : Qui serait par exemple ?
Jean-Jacques Goldman : Alors, ce sont des gens qui ne sont pas des marginaux, ce sont des gens qui sont assez bien intégrés dans la société. Ce sont des gens qui, très souvent, ont un rapport avec le milieu associatif, que ce soient des enseignants, que ce soient des bénévoles, que ce soient des gens qui ont un rapport avec le scoutisme ou avec la religion, etc. Ce sont souvent des gens qui ont une quête au-delà du matérialisme de l’existence.
Jean-Pierre Hautier : Il y a quelque chose qui m’a toujours épaté chez vous, Jean-Jacques Goldman, c’est que vous êtes une star caméléon. Parce que quand vous n’êtes pas sur scène… Je me souviens vous avoir croisé un jour il y a quelques années, Gare du Midi à Bruxelles, à la limite, on ne vous reconnaissait pas ! Vous étiez là, il y avait des gens. Est-ce que c’était exceptionnel ou est-ce que ça vous arrive souvent ? Est-ce que vous pouvez tranquillement vous balader sans que tout à coup il y ait une hystérie collective comme certains de vos collègues ?
Jean-Jacques Goldman : Non, mais c’est la raison pour laquelle je ne veux pas être en première page. Je pense que si vous faites les couvertures des magasines, tout change vraiment. C’est la réalité. Il y a trois jours, je racontais à un de vos collègues, j’ai un ami qui est venu me voir, je suis allé le chercher à la gare et on a marché quatre heures dans les rues et c’était super. Et moi, je n’ai aucun problème.
Jean-Pierre Hautier : Ça veut dire que les gens ne vous reconnaissent pas ou que les gens vous reconnaissent mais ne vous embêtent pas ?
Jean-Jacques Goldman : D’abord, je mets une casquette et des lunettes, et puis je ne suis pas très grand, je m’habille normalement. On ne se regarde pas beaucoup maintenant dans les rues des villes. Et ceux qui me reconnaissent, ils me font un sourire, ils me disent bonjour ou quelque chose comme ça. Mais ils me laissent tranquille.
Jean-Pierre Hautier : Vous protégez votre vie privée mais enfin, on en parle quand même. Récemment, on en a reparlé de votre vie privée. Ça vous agasse ou vous vous dites que ça fait partie du métier ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, c’est agaçant. Je ne pense pas du tout que ça fasse partie du métier. Moi, je ne trouve pas que ce soit à l’honneur de la presse et des médias.
Jean-Pierre Hautier : Ce n’est pas typiquement français ça, c’est dans le monde entier. On parle de la vie privée des chanteurs, des stars de cinéma. A partir du moment où l’on est quelqu’un de public, on doit jouer le jeu, non ?
Jean-Jacques Goldman : Non, moi je ne crois pas, je ne crois pas qu’on doive jouer le jeu. Je crois qu’il y a une population qui s’intéresse à ça, mais je crois qu’il y a une grosse, grosse population qui ne s’y intéresse pas.
Jean-Pierre Hautier : Et vous avez l’impression que les gens qui s’intéressent à vos chansons ne s’intéressent pas à votre vie privée ?
Jean-Jacques Goldman : Non seulement ça, mais je pense qu’ils sont choqués quand ils entendent parler de moi.
Jean-Pierre Hautier : Alors, on va parler Jean-Jacques Goldman, de votre nouveau disque "Chanson pour les pieds". Alors, c'est un hommage aux musiciens de bal ? Pourquoi, vous avez été musicien de bal dans votre jeune temps ?
Jean-Jacques Goldman : Bien sûr, bien sûr, c'était l'apprentissage.
Jean-Pierre Hautier : Pourquoi cet hommage ? Vous pensez qu'on les a oubliés, les musiciens ?
Jean-Jacques Goldman : Non, non, on ne les a pas oubliés parce qu'ils sont au boulot tous les jours et ils continuent à remplir leurs tâches. Non, c'est chaque fois que j'ai l'occasion de les revoir, ça peut être quatre percussionnistes dans un bar en Afrique, ça peut être dans un pub en Bretagne, des gens en train de chanter, ça peut être une chorale, ça peut être évidemment un bal de village. Chaque fois, je suis très très ému par la façon dont ils changent fondamentalement le décor. Tout à coup les masques tombent, les gens commencent à se parler, les filles se font belles, les garçons bombent le torse. Enfin, moi je trouve qu'à ce moment-là, nous autres, musiciens, on a vraiment un rôle magnifique à jouer.
Jean-Pierre Hautier : Alors, ce disque a pour but, vous l'avez écrit dans le petit livret, de faire surtout danser les gens. Ça veut dire que les paroles dans ce disque-ci ont moins d'importance ?
Jean-Jacques Goldman : Ce n'est pas incompatible. La seule chanson où c'est incompatible, c'est dans "Ensemble", parce que c'est un canon et donc, forcément, il faut qu'il n'y ait pas trop de textes et il faut des textes assez flous puisqu'ils se mélangent. Mais non, non, je ne crois pas. C'est toujours le même exemple que je donne, je m'excuse de me répéter, à mon âge, j'ai le droit. Quand j'écoutais les chansons des Beatles et des Stones ou Bob Dylan, je ne savais pas de quoi ça parlait. Ça me plaisait et disons que c'est un délice de plus quand on les traduit et qu'on découvre que ce n'était pas n'importe quoi.
Jean-Pierre Hautier : Par rapport à "Rouge", qui a été si l'on peut dire, un disque politiquement engagé, ce nouveau disque, c'est quand-même très différent ?
Jean-Jacques Goldman : Alors il faudrait que je repense à l'album "Rouge" et que je vois texte à texte. Oui, probablement. N'importe comment, moi j'ai toujours considéré que c'était la musique le plus important. Une chanson, c'est d'abord de la musique. Ce ne sont pas des textes mis en musique.
Jean-Pierre Hautier : On retrouve, Jean-Jacques Goldman, aussi dans ce disque Gérald de Palmas, Maxime Le Forestier, des amis fidèles. Alors on va terminer sur la fidélité puisque vous avez aussi un public très fidèle. Est-ce qu'au fond, la fidélité n'est pas un moteur, sinon de votre vie, mais de votre carrière ?
Jean-Jacques Goldman : Moi, je ne suis pas tout à fait d'accord avec cette fidélité. Je trouve que c'est une fidélité relative, mais qui n'en est que plus belle. Je pense que les gens sont fidèles à un artiste parce qu'ils en sont contents. On les a vus être très infidèles et quitter des artistes qui tout à coup ne les contentaient pas, que ce soit sur scène, c'est à dire qu'ils venaient en bâclant ou que ce soit sur disque, c'est- à-dire qu'ils sortaient des disques moins travaillés. Donc moi, je suis super touché par cette fidélité. Mais je sais qu'il faut que je fasse des albums qui leurs plaisent. Là, je commence les répétitions la semaine prochaine pour les concerts qui ont lieu cet été, je sais qu'il faut que je travaille vraiment, que je leurs en donne pour ce qu'ils attendent. Sinon, cette fidélité, elle peut être déçue.
Jean-Pierre Hautier : Quand vous vous retournez sur votre carrière, est- ce que vous avez des regrets ?
Jean-Jacques Goldman : Je n'ai jamais espéré tout ce qui est arrivé, donc je ne peux pas regretter, c'est allé bien au-delà de mes espérances. Je rêvais de pouvoir en vivre déjà. Alors ensuite, tout ce qui est arrivé, même des choses contre nature comme l'aventure sur scène, je ne pouvais pas l'imaginer. J'ai un petit regret, je dirais, mais que je donne comme conseil à ceux qui commencent, c'est d'avoir trop écouté les autres, d'avoir été trop influençable sur le premier et le deuxième album. Je pense qu'il faut vite avoir confiance en soi et se dire que les musiciens avec lesquels on travaille, s'ils étaient capables de faire ce qu'on fait, ils le feraient. Et donc, il faut être plus directif et ne pas se laisser pourrir la vie par des professionnels, que ce soit dans les maisons de disques ou dans les studios. On a une démarche, on n'est peut- être pas les meilleurs. Renaud, ce n'est peut-être pas le meilleur guitariste, mais c'est le seul qui sait ce qu'il doit faire comme musique. Et c'est sa musique qui est la bonne. Voilà, c'est un tout petit regret.
Jean-Pierre Hautier : Merci Jean-Jacques Goldman.
Jean-Jacques Goldman : Merci à vous.
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