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Attaques, critiques, rumeurs... Goldman répond
(Le Nouvel Observateur, le 20 décembre 2001)

Attaques, critiques, rumeurs... Goldman répond
Le Nouvel Observateur, le 20 décembre 2001
Propos recueillis par Sophie Delassein
Retranscription de Christine Tascher

Trop secret ? Trop riche ? Trop commercial ? Alors qu’il vient de sortir un nouvel album, l’homme le plus puissant de la chanson française énerve encore beaucoup de monde. Sophie Delassein l’a rencontré.

La presse était en embuscade. Elle allait bondir sur Jean-Jacques Goldman dès la sortie de "Chansons pour les pieds", son nouveau disque promis au diamant, comme les précédents. Comme d’habitude, quelques-uns des douze titres passeront probablement en boucle sur les ondes. C’est ce qui se passe à chaque fois, qu’il écrive pour son propre compte ou pour Céline Dion, Johnny Hallyday, Khaled, Patricia Kaas, Florent Pagny ou Yannick Noah. Milliardaire bohème, superstar humble et discrète, Jean-Jacques Goldman est l’objet de toutes les rumeurs. Cette humilité, disent les mauvaises langues, serait le fruit d’une stratégie marketing savamment orchestrée, au même titre que son refus de figurer à la une des journaux ou d’envoyer son disque à la presse avant sa sortie publique. Quant à ses chansons, ajoutent les mêmes, elles seraient uniquement pensées et calibrées en fonction des critères radio du moment. Bref, cet ex-étudiant d’une école de commerce lilloise aurait bien appris ses leçons. A toutes ces insinuations sournoises, le wonder boy de la chanson répond. Point par point.

Sophie Delassein : Pourquoi refusez-vous d’envoyer vos disques aux journalistes ?

Jean-Jacques Goldman : La presse n’a pas à être sollicitée par les maisons de disques, c’est au journaliste d’aller chercher l’information, parce que c’est l’essence même de son travail. Ce n’est pas à nous, artistes, de nous vendre ni de solliciter la bienveillance des médias. Lorsqu’un auteur publie un livre, qu’un chanteur sort un disque ou qu’un réalisateur présente un film, le journaliste devrait avoir envie d’en savoir davantage par lui-même. Et si je préfère que mon disque ne circule pas avant sa sortie publique, c’est tout simplement pour éviter qu’il soit téléchargé et qu’il passe en radio avant d’arriver dans les bacs.

Sophie Delassein : On a dit que vous exigiez une "lettre de motivation" de chaque journaliste désireux de vous rencontrer ?

Jean-Jacques Goldman : Pure invention ! Marie-Laurence Gourou [l’attachée de presse de la firme Columbia] doit simplement demander aux journalistes qui souhaitent m’interviewer de m’en faire la demande par écrit. C’est toujours le même principe : moi, je ne sollicite pas, on me sollicite. Ce terme de "lettre de motivation" a été inventé par les journalistes eux-mêmes, je ne pense pas qu’il ait été prononcé une seule fois par les collaborateurs de la maison de disques.

Sophie Delassein : Pourquoi interdisez-vous que votre visage apparaisse sur la couverture ou à la une des journaux auxquels vous accordez des interviews ?

Jean-Jacques Goldman : Mais pourquoi m’en parle-t-on sans cesse aujourd’hui alors que je procède ainsi depuis 1982, du temps où les seuls journaux qui s’intéressaient à moi étaient "Podium", "Salut les copains" et "Girls !" ? Mon attachée de presse de l’époque peut témoigner que le marché était déjà le suivant : j’accorde une interview, j’accepte une séance photos à condition de ne pas retrouver mon portrait en couverture. C’est encore le même principe : je ne dois pas me mettre en position de demandeur, je ne veux pas apostropher les gens, c’est au public de faire la démarche qui consiste à venir à ma rencontre. La une d’un quotidien ou la couverture d’un magazine interpelle les passants, des individus qui ne sont peut-être pas des lecteurs du journal. Quand un article paraît dans la rubrique "chanson", le lecteur est libre de s’y arrêter, de s’y intéresser ou de passer à la page suivante. J’ai toujours agi de cette manière, et j’ai été rarement trahi. Sauf une fois, par "le Nouvel Observateur" d’ailleurs...

Sophie Delassein : N’y aurait-il pas derrière ces exigences une petite idée de revanche ?

Jean-Jacques Goldman : Non, ce serait trop triste. Une revanche sur quoi ? Je n’ai jamais ramé, contrairement à tout ce qui a été écrit. A peine quitté mon groupe Taï Phong en 1978, j’ai fait mon premier album en 1981 et il contenait déjà le tube de l’été. Et je devrais me plaindre ?

Sophie Delassein : Votre discrétion, votre humilité, est-ce une stratégie ?

Jean-Jacques Goldman : Je crois que je ne suis pas si malin que ça. Si c’était vrai, ça signifierait que je fais semblant. Faut-il que je m’habille chez Dior, que je roule en Ferrari ? Mais moi, j’aime bien ma moto, mon blouson, ce jean que je porte et je déteste faire les boutiques. Est-ce vraiment exceptionnel ?

Sophie Delassein : Si on vous dit que vous faites de la variété…

Jean-Jacques Goldman : J’acquiesce…

Sophie Delassein : …Que vos textes sont un peu trop simples…

Jean-Jacques Goldman : …Ça ne me paraît pas si faux, ça…

Sophie Delassein : …Et vos mélodies un tantinet accrocheuses…

Jean-Jacques Goldman : Visiblement oui ! [Rires.] J’aime et j’ai toujours aimé les tubes des Beatles, des Stones, de Michael Jackson ou de Garou. Par exemple, je préfère "Amsterdam" à d’autres chansons de Brel. Chez Brassens, j’écoute "Les copains d’abord". J’ai les mêmes goûts que le grand public, j’adore ça, les mélodies accrocheuses. C’est peut-être critiquable… Mais en tant que musicien j’ai eu l’occasion de jouer des musiques expérimentales avec Taï Phong. La démarche du groupe, ce côté très travaillé, très recherché, m’intéressait d’autant plus que je venais du bal, où j’étais musicien.

Sophie Delassein : On vous reproche de n’être qu’une "usine à tubes"…

Jean-Jacques Goldman : C’est un fait. Mes disques marchent depuis vingt ans. Je n’ai aucun problème avec le succès.

Sophie Delassein : Vous gagnez beaucoup. Quel est votre rapport à l’argent ?

Jean-Jacques Goldman : J’ai beaucoup d’argent, mais au-delà d’un certain seuil il ne me sert à rien. Attention, je ne m’en fiche pas : j’ai toujours été angoissé à l’idée de ne pas pouvoir payer mon loyer. Mais tant que je peux m’habiller, acheter deux motos et une maison où je veux, et que je peux partir en voyage quand je veux, ça me va. Je ne mène pas une existence très différente d’un cadre supérieur. Mon luxe, c’est de pouvoir travailler avec les gens qui me plaisent. C’est tellement important. Je pourrais me rendre dans le Sud en avion privé, mais je trouve ça moins marrant que de prendre Air France. Rien n’a changé depuis mon enfance. Mes parents n’étaient pas riches, mais j’ai toujours eu les moyens de m’acheter un bouquin, de prendre un billet de train et j’ai eu chaud en hiver. Et puis, la mer, le soleil et les filles sont gratuites - du moins celles qui me plaisent. [Rires] Bref, les choses essentielles sont gratuites ! Sophie Delassein : Vous donnez l’impression d’être un drogué du travail…

Jean-Jacques Goldman : C’est faux. Cette année, j’ai composé mon album, j’ai écrit une chanson pour Gérald de Palmas et une autre pour Yannick Noah. C’est tout. Je crée moins d’une chanson par mois. En revanche, je prends tout le temps des notes : sur une rencontre, sur une expérience, un bouquin. Je ne commence pas à écrire un texte si je n’ai pas deux ou trois pages sur le thème que je vais aborder. Je ne suis pas un poète mais un song maker, un faiseur de chansons. Je n’écris pas une ligne sans avoir au préalable composé la mélodie.

Sophie Delassein : Ecrivez-vous différemment quand vous travaillez pour quelqu’un d’autre ?

Jean-Jacques Goldman : Lorsque j’écris pour un interprète, je ne pense qu’à lui, je n’ai jamais une chanson d’avance à "caser". Ce qui m’intéresse, c’est de le connaître, de le comprendre, d’analyser les aspirations de son public et de jouer le rôle d’intermédiaire. J’écris en ne perdant jamais de vu l’idée que ces mots-là pourraient être les siens. Pour une fois, je ne vais pas faire preuve d’humilité : c’est quelque chose que je sais faire et bien faire. Quand j’ai travaillé avec Khaled, par exemple, je me suis demandé ce qu’il pourrait bien raconter aux petites beurettes. Et je lui ai proposé "Aïcha", cette fille qu’il essaie d’acheter et qui refuse. Elle dit : "Non, je vaux bien plus que tout ce que tu peux me donner." J’adore ça.

Sophie Delassein : Pourquoi votre album s’intitule-t-il "Chansons pour les pieds" ?

Jean-Jacques Goldman : Je viens du bal, du rock, et j’ai toujours été interloqué par cette chanson française (Barbara, Brassens…) qui s’écoute assis. C’est très étrange. Dès que je voyage en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud, ça m’apparaît vraiment comme une spécialité française. Lors de mes concerts, les gens sont debout et dansent. Disons qu’avec cet album j’assume cette envie de faire danser.

Sophie Delassein : Récemment, lors d’une émission de télévision, vous avez choqué beaucoup de monde en déclarant que "Mourir pour des idées", la chanson de Brassens, était "obscène"…

Jean-Jacques Goldman : En plein milieu de cet hommage à l’anarchiste Brassens, j’apprends qu’il a fait le STO, le Service du Travail obligatoire, où il a fabriqué des moteurs d’avion. Là, je ne lui reproche rien, personne n’est tenu d’être un héros ! Mais quand après la guerre, alors que des résistants se sont battus, se sont fait torturer ou fusiller, pour que monsieur Brassens puisse reprendre sa guitare, chanter que toutes les idées se valent, alors oui, je trouve ça obscène.

Sophie Delassein : Puisqu’on parle de politique, avez-vous toujours le cœur à gauche ?

Jean-Jacques Goldman : La phrase de Lénine, "La vérité est toujours révolutionnaire", reste d’actualité.

Sophie Delassein : Une déclaration sur la future élection présidentielle ?

Jean-Jacques Goldman : J’aime bien Lionel Jospin. Voilà un homme qui sert la politique et non pas quelqu’un qui se sert de la politique.

Sophie Delassein : Vous protégez très bien votre vie privée…

Jean-Jacques Goldman : Je me suis remarié récemment. Les paparazzi étaient là et quelques articles ont paru. Comme je ne me marie pas tous les jours, c’est supportable. Evidemment, si j’avais épousé Loana, ça aurait été plus difficile à gérer. Mais elle n’a pas voulu de moi ! [Rires] Je ne devrais pas dire ça, je risque de retrouver ma photo dans votre canard sous le titre : "Loana n’a pas voulu de Goldman !"


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