Jean-Jacques Goldman : La star antistar de la chanson
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Jean-Jacques Goldman : La star antistar de la chanson
Télé-Loisirs n° 826, du 29 décembre 2001 au 04 janvier 2002
Veronick Dokan
Retranscription de Christophe Barizien
Discret, Jean-Jacques Goldman transforme en or tout ce qu'il touche. Rencontre exclusive avec le n° 1 de la chanson française.
Un après-midi 1980. Je l'attendais, mais je ne l'ai pas entendu arriver. Pourtant, malgré son uniforme passe-partout, un jeans et un pull sombres, une fois entré dans cette pièce où nous avions rendez- vous, on n'a plus vu que lui et cette sorte de distance amusée qu'il trimballe sans en avoir vraiment conscience. Début 81, Jean-Jacques Goldman démarre enfin sa carrière solo avec un tube, "Il suffira d'un signe", le premier d'une collection ininterrompue. Afin de mieux le connaître, je lui demande de se définir. "Je suis un musicien" répond- il, convaincu. Aujourd'hui, après vingt années passées à repousser, d'un haussement d'épaules, ces qualificatifs d'idole, de star dans laquelle il ne se reconnaît pas, en ce matin ordinaire, dans son appartement parisien, tandis qu'il s'affaire à nous préparer un petit déjeuner, il persiste et signe : "Se raconter dans las pages people ou avoir sa photo à la devanture des kiosques à journaux, ça change la vie et, en ce qui me concerne, je n'y tiens pas".
"M'arrêter, je n'y pense pas"
"Je voudrais faire mon métier en mettant mes chansons en avant plutôt que moi-même", poursuit-il. Expliquant ainsi sa volonté de ne pas paraître en couverture des magazines à qui il accorde une interview. "Utopie", disent les uns. "Habile technique marketing", accusent les autres. "On me reproche de vouloir le beurre et l'argent du beurre et ma réponse est oui ! Je crois sincèrement qu'on peut, comme moi, trouver du plaisir à regarder les émissions d'Ardisson et de Fogiel et ne pas, pour autant, avoir envie d'aller y parler de soi. Je n'aime pas ça, c'est une question de caractère". Pourtant, il a récemment défrayé la chronique en épousant en secondes noces Nathalie, une étudiante eurasienne. Comment a-t-il vécu ce coup de projecteur non désiré ? "Ça a duré une semaine, et puis il y a des guerres, des avions qui se crashent et les gens sont passés à autre chose". Seule subsiste, sur son dernier album malicieusement intitulé "Chansons pour les pieds", une ritournelle murmurée du bout des lèvres, "La vie c'est mieux quand on est amoureux". Tout est dit...
Pour l'heure, plus que sa première place dans les ventes d'albums devant Michael Jackson et Britney Spears, il se réjouit d'apprendre que déjà des chorales d'école ont mis à leur répertoire "Ensemble", ce canon qu'il a écrit en souvenir de ses années chez les scouts. "Quand je suis à moto, arrêté à un carrefour et que deux types dans leur voiture chantent "Aïcha" à fond la caisse, je suis le plus heureux des hommes". A croire que son désir de composer ne s'est pas tari malgré dix albums à son actif et tant de succès interprétés par lui et les autres (Céline Dion, Johnny Hallyday, Patricia Kaas, Joe Cocker). "J'ai toujours du plaisir à faire des chansons et encore certaines petites envies, mais moins qu'avant", confesse celui qui, depuis toujours, cherche à ne pas se plagier. A se surprendre et surtout à surprendre ceux qui l'écoutent. "M'arrêter ? Je n'y pense pas. Je vais devenir un vieux chanteur. Comme les autres !"
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