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Restos du cœur : plus enfoiré, tu meurs…
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Restos du cœur : plus enfoiré, tu meurs…
La Provence, 19 janvier 2002
Christel Trinquier
Retranscription de Laurent Pagès
Deux heures de show négociées rondo : hier, sous le Dôme, face à quelque 6 000 enfoirés de cœur, les enfants de Coluche ont revisité la chanson française en diagonale du haut de leur paquebot.
Cirés jaunes et tee-shirts marins, galons de capitaines et casquettes de moussaillons : hier, sous le Dôme, les Enfoirés de la classe 2002 ont pris la mer pour un périple à guichets fermés en quatre escales et mille et une chansons. Des airs d'un jour ("Le jour se lève") et de toujours ("Amsterdam", "Noir c'est noir", "We will rock you"…), apprivoisés de duo en medleys - entendez, pots-pourris - et de marchés de Provence en îles sous le vent, qui devaient réserver leur quota de menues surprises aux quelques 6 000 spectateurs de la Coupole. 6 000 fidèles qui, ayant répondu à l'appel des Restos comme un seul Enfoiré, auront vu de leurs yeux vus, Cabrel "Tomber la chemise" et Solaar rapper "Lolita".
De quoi, en somme oublier fissa la géométrie légèrement variable d'un casting qui, malgré quelques grands absents – Palmade, Michèle Laroque, Mimie Mathy, Patricia Kaas, Lavilliers, Jean Réno…- ne manquait pas d'éminents présents - Bruel, Zazie, Goldman, Maurane, Pagny, Isabelle Boulay, Obispo, Liane Foly, Garou, Elsa, Noah, Lââm, Lavoine, Aubert, Lama, Le Forestier, Fiori, Alizée, Jugnot…-
Quarante enfoirés au total, orchestrés, comme de bien entendu par Muriel Robin, qui devait dérouler leurs deux heures bien trempées de show - façon à la bonne franquette aux entournures - et qui, après un soir de relâche pour cause d'NRJ Music Awards sur la Croisette, rempileront ces dimanche et lundi soir.
Paroles d'Enfoirés.
A l'heure de la générale, dans le tamisé des loges à l'orientale dressées pour l'occasion de part et d'autre de la scène du Dôme, Muriel Robin révise son texte en douce. A deux fauteuils de là, Garou sirote un verre, distrait, tandis que Marc Lavoine et Florent Pagny, éternels élèves buissonniers, matent peinards l'écran géant de la télé interne, histoire de se tenir un brin au courant de ce qui se passe sur scène. "Avec les Enfoirés, chaque fois, c'est la première fois" explique celle qui, depuis le début de l'aventure endosse très régulièrement les habits de Madame Loyal pour porter haut et fort la parole des Restos de Cœur. "Plus qu'hier et moins que demain : cela pourrait être notre devise puisque chaque concert s'avère être toujours meilleur à vivre que le précédent. C'est dingue d'ailleurs ce qu'il se passe lorsque nous sommes tous ensemble sur scène face au public. C'est quelque chose de très très fort. Un peu comme une communion".
Quelque chose de fort. Comparable, sans doute, à l'infinie satisfaction qu'à dû éprouver Muriel Robin en apprenant que son action aux côtés de Marine Jacquemin pour que soit reconstruit un hôpital pour les enfants de Kaboul allait aboutir : "Vous savez, année après année, il y a cette merveilleuse constance qu'est la présence des gens", poursuit Muriel Robin. "La présence des artistes comme celle des spectateurs. Et l'acte d'être là veut dire quelque chose. Il dit la capacité des gens à se mobiliser pour une cause. Leur capacité à s'émouvoir et l'émotion, à mon sens, c'est le moteur de la vie. En tout cas, c'est le moteur de ma vie à moi. Aujourd'hui, j'ai le sentiment que les Enfoirés constituent une vraie famille, que nos liens vont s'amplifiant".
Une vraie famille unie autour d'une "formidable aventure partagée" ainsi que Jean-Jacques Goldman, grand ordonnateur de ces tournées du cœur, aime à les qualifier : "Il y a un engagement admirable et ce, tant de la part des artistes que du public, commente-t-il. Durant les répétitions, d'aucuns peuvent avoir l'impression que c'est un peu la panique mais à chaque fois, immanquablement, au moment de monter sur scène, la magie opère. A chacun des concerts que nous donnons, il y a ce petit miracle qui se produit".
Petit miracle d'être ensemble, soudés : "On vit des moments incroyables" reprend Elsa. "C'est tellement émouvant de sentir ce qu'il se passe sur scène et dans la salle. C'est comme si une sorte d'alchimie opérait". Et Marc Lavoine de poursuivre : "S'il est clair que c'est parce que nous sommes des artistes que l'on fait appel à nous, s'il est clair que c'est parce que notre métier de chanteur, de comédien ou d'humoriste est celui qu'il est que nous montons sur scène, je crois pourtant que notre présence ici est bien plus essentiellement en rapport avec notre condition d'homme ou de femme qu'en rapport avec notre qualité d'artiste. Il s'agit de soutenir des gens qui, dans l'ombre et au long cours, font un travail fondamental".
Engagé aux cotés des Enfoirés comme auprès d'associations qui ont pour but d'aider les autistes et n'hésitant jamais à citer l'opération Pièces Jaunes qu'a initiée David Douillet, Lavoine a lâché le mot : "Fondamental". Nécessaire. Essentiel.
Un mot que Lââm comme MC Solaar ou encore Yannick Noah, qui bat par ailleurs pavillon des Enfants de la Terre, prononceront tous à tour de rôle : "Dans le meilleur des mondes, une association comme les Restos du Cœur ne devrait pas exister, lance Lââm. Mais voilà : nous ne sommes pas dans le meilleur des mondes et il est absolument indispensable de soutenir ceux qui aident les plus démunis. C'est la troisième année que je participe aux Enfoirés et je trouve ça super que l'on m'ait contactée et super de pouvoir le faire".
Même écho du côté du rappeur solitaire MC Solaar : "Si je peux faire quelque chose pour aider une association humanitaire ou caritative, je le fais. En fait, si je peux le faire, je dois le faire". Relayé par Noah : "Je crois que Coluche a touché un point sensible, il a ouvert une porte puis il a passé le relais. Son idée lui a survécu et a grandi grâce à une poignée d'artistes qui en ont rallié d'autres. Tout ce qui se fait sous la bannière des Enfoirés se fait dans la joie et c'est indispensable, la joie".
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