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Haute Tension
(JFM, février 2002 )

Haute Tension
JFM, février 2002
Propos recueillis par B.P. (nom complet supprimé à la demande de l'intéressé)
Retranscription de Myriam B.

B.P. : Cette interview comporte des passages intéressants, notamment sur ses positions vis-à-vis de la sécurité et de l'extrême-droite. Je vous signale dès à présent que ces propos ont été tenus avant les élections, donc avant la victoire du Front National, du moins, son passage au second tour. Il est ainsi intéressant d'étudier ce qu'a dit Jean-Jacques Goldman juste avant ces élections. Comme quoi, il n'avait pas tout à fait tort.

B.P. : Une particularité dans votre nouvel album, c'est la multiplicité des styles musicaux. Cela va du zouk au disco, avec des styles un peu étranges tels la tarentelle. Est-ce que cela veut dire que vous essayez cette fois-ci de dépasser les styles musicaux typiques du JJG que l'on connaît ?

Jean-Jacques Goldman : Disons que c'est la première fois que c'est revendiqué comme ça. Mais si vous regardez mes anciens albums, il y a les envolées tsiganes de "Comme toi", à côté de "Rouge" avec les Choeurs de l'Armée Rouge, mais également le style country-western de "Elle a fait un bébé toute seule" en passant par le zouk de "A nos actes manqués". On peut considérer que j'ai toujours été un petit peu un traître sur le plan du style, ou plutôt, un touche-à-tout. Disons que dans cet album, c'est revendiqué de façon plus claire. [il refléchit] On est tous un peu des pellicules photos : on imprime certaines choses tout en considérant qu'il y a des pellicules avec plus ou moins de sensibilité. Moi, j'ai été très très préservé. Je n'ai pas été malheureux dans ma vie. Dans le cas d'une chanson comme "Pas toi", je ne l'ai pas vécu. Mais le fait de voir autour de soi des gens qui vivent ces malheurs extrêmes, je pense que l'on peut y être personnellement sensible et ainsi en parler.

B.P. : Vous dites que vous n'avez pas été malheureux. Pourtant, si on analyse votre carrière, il y aurait peut-être une chanson qui s'approprie très bien à votre vie, c'est "Je marche seul". Une année, vous avez perdu la chanteuse avec qui vous chantiez en duo "Là-bas", Sirima. Il y a quelques mois, Carole Fredericks nous a quittés. Cette chanson est-elle plus vraie que jamais ou avez-vous encore des gens avec qui partager votre amour de la musique et de la vie ?

Jean-Jacques Goldman : Non non, Dieu merci, il me reste beaucoup d'amis. De plus, il y avait Fredericks-Goldman-Jones. Il y a Jones, encore. [une pause]. Personne dans sa vie ne peut dire qu'il a été préservé sur le plan privé. Effectivement, il y a des malheurs et des bonheurs. Voilà. La chanson "Je marche seul" c'était autre chose, c'est plutôt sur un tempérament. C'est vrai que j'aime bien me promener plutôt tout seul qu'en bande.

B.P. : Mise au point avec Jean-Jacques Goldman. Dans ce qui suit, Jean-Jacques Goldman nous a parlé de son Judaïsme.

Jean-Jacques Goldman : Il y a plusieurs équipes de chercheurs [rires] : les Américains font l'organisation sociale des mammouths à l'époque, les Italiens sur les loisirs - je ne sais pas, je dis des bêtises - les Français font un rapport sur la façon de s'alimenter des mammouths, et les Israéliens font quelque chose sur les mammouths et le probleme juif. [rire général] C'est permanent, mon rapport avec le Judaïsme. Je m'appelle Goldman, je suis juif, j'en parle dans mes chansons. Mon père disait qu'il se déclarera juif tant qu'il y aura des antisémites, donc encore plus maintenant. Mon rapport avec la religion est nul puisque je n'ai pas du tout été élevé dedans et je le regrette. Ce que je trouve, dans la religion, d'extrêmement digne, c'est le fait de perpétuer un passé mais aussi de pouvoir le restituer. Je trouve que c'est ce qu'il y a de très important, dans les rites.

B.P. : En fait c'est beaucoup plus l'importance d'appartenir à un peuple que les pratiques religieuses, c'est ça ?

Jean-Jacques Goldman : Même dans les pratiques religieuses. Même si on les nie, il y a, en particulier dans le prétexte de se retrouver ensemble et dans la transmission des valeurs aux enfants, quelquechose d'irremplaçable.

B.P. : C'est caractéristique de toutes les religions ?

Jean-Jacques Goldman : C'est exact, dans toutes les religions. Il se trouve que je suis plutôt content d'être juif parce que je comprends beaucoup plus ces pratiques que les autres.

B.P. : Que trouvez-vous alors de plus dans le fait d'être juif ?

[Silence]

B.P. : Vous me dites que vous êtes fier d'être juif plutôt qu'autre chose. Donc vous trouvez cette religion assez intéressante par rapport à d'autres, non du point de vue religieux, mais du point de vue 'peuple'. Qu'y a-t-il dans le Judaïsme qui vous plaise, qui vous attire ?

Jean-Jacques Goldman : Il se trouve que c'est ma religion mais il s'agit également de mon passé, que c'est aussi une façon de transmission. Lorsque j'entends - bien que je connaisse très mal ces choses mais évidemment, je connais encore moins bien les autres religions - qu'un enfant arrive à 13 ans et qu'il fasse sa Bar-Mitsva, qu'il rejoigne les adultes ; que les femmes et les hommes sont séparés à la synagogue ; le fait d'étudier les textes et d'en avoir une certaine réflexion etc.,tout ça nous est spécifique. Le fait qu'on ait toujours été les plus pauvres mais que l'on ait été toujours alphabétisé ; le rapport à la lecture. Bref, toutes ces choses m'amènent à penser que si j'étais un Martien et que j'arrivais ici, je serais plutôt attiré par cette religion que par une autre.

B.P. : Au fait, vous l'avez faite, votre Bar-Mitsva, ou non ?

Jean-Jacques Goldman : Moi, non.

B.P. : Et pour vos enfants ?

Jean-Jacques Goldman : Non plus, non.

[Comme toi]

Jean-Jacques Goldman : Quand j'ai écrit cette chanson, losque j'en ai eu l'idée, c'était en voyant non pas une photo de déporté que l'on a tous vue, de ces êtres décharnés avec des yeux brûlants, mais c'est en voyant dans l'album de ma mère une photo d'une petite fille normale. Je pense que ces enfants doivent apprendre, non pas en se disant que c'étaient des êtres à part comme l'on pourrait penser pour l'Ethiopie par exemple, où l'on ne se sent pas directement impliqué, mais en se disant 'cette petite fille, c'était nous'. Le fait de chanter cette chanson en pensant à côté de quoi on est passé et à côté de quoi on peut encore passer. On le voit justement avec les mises à sac des synagogues, etc. La sauvagerie est là, elle est à un millimètre de vernis au-dessus des gens. Ce millimètre s'est construit au bout de plusieurs siècles grâce à l'éducation. Bref, ce millimètre est juste là. Quand on prend l'exemple de la guerre d'Algérie, avec des Français "parfaits" ou même pendant les deux guerres. Lorsque l'on demande à une personne d'arracher les yeux à quelqu'un, il n'en faut pas beaucoup pour qu'elle prenne une pince et qu'elle le fasse. Il faut le savoir, donc si ces enfants ont pris conscience de ça, de l'actualité mais aussi à quel point ils ressemblaient à cette petite fille qui elle est devenue un squelette, ça, effectivement, c'est sublime. Si l'Allemagne a pu permettre par un concours de circonstances hallucinantes - puisque c'était une démocratie - qu'Hitler arrive au pouvoir, ce n'est pas par hasard. C'est parce qu'il y a eu des données objectives qui ont fait que tout à coup, ces gens-là ont pu supporter d'une façon ou d'une autre, que leur pays brûle six millions de personnes.

B.P. : Cela veut dire d'après vous que dans l'état actuel des choses, du moins la situation de haute tension dans laquelle nous vivons, qu'il pourrait y avoir dans dix ans, qui sait, une prochaine Shoah ou un autre massacre ?

Jean-Jacques Goldman : Tout est possible à partir du moment où ce vernis craque. Nous devons tous prendre conscience de ça et ne pas penser que fondamentalement, l'homme est bon. Il y a certainement des mesures à prendre sur le mode de l'éducation et de la répression. Il faut que l'on sache qu'il y a des choses interdites. Le plus étonnant dans ce qu'il se passe en France, excusez-moi, c'est lorsqu'on leur dit que ce n'est pas bien de faire brûler un clochard. Il y en a beaucoup qui ne sont pas au courant !

B.P. : Donc, éducation et répression, ce sont vos deux mots clés ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, enfin non, je ne suis pas...

B.P. : C'est bon pour une campagne électorale, là !

JJG : [Il rit] Je ne me présente pas, ne vous inquiétez pas !

B.P. : Après ces considérations de politique interne, on pourrait se projeter deux minutes vers l'étranger et vers notamment le Proche-Orient et le conflit israélo-palestinien. Quel est le point de vue de Jean-Jacques Goldman sur ce problème qui, bien entendu, dechaîne les passions ?

Jean-Jacques Goldman : Mes positions ont toujours été claires pour Israël. C'était de dire que ce n'est pas moi qui vais dire qui élire et des politiques à faire. Ce sont les gens qui sont là-bas, qui vont au service militaire des dizaines de mois, qui perdent leurs proches tous les jours. Donc ce n'est pas à nous ici de dire 'si l'on faisait ça, cela irait mieux', etc. Et ce que je peux juste dire en tant qu'observateur, c'est qu'Israël a donné toutes ses chances - en tout cas, les citoyens israéliens, à tout et surtout à la paix. C'est-à-dire qu'ils ont voté pour des démocrates, qu'ils ont tout tenté et je pense que s'ils votent actuellement pour des extrêmes, c'est peut-être qu'ils pensent qu'ils n'ont pas le choix. En tout cas, c'est éminemment respectable.

B.P. : Et en France, êtes-vous étonné dans la façon dont les médias parlent de la situation au Proche-Orient ?

Jean-Jacques Goldman : Je crois que les médias sont lâches, globalement. Donc [hésitations] ils vont là où ils sont sûrs de ne pas trouver une bombe dans leur… [rires, il cherche ses mots] C'est sûr que les Israéliens ne vont pas les agresser.

B.P. : Vous y voyez une raison particulière ?

Jean-Jacques Goldman : Ça.

B.P. : Autre que celle-là ?

Jean-Jacques Goldman : [rires] On a fait une affiche je crois, pour un film avec une croix mêlée à une croix gammée. Je pense qu'on n'oserait pas le faire pour le drapeau corse, par exemple. C'est juste une question de manque de courage.

["Ensemble" ]

B.P. : On a parlé de Jean-Jacques Goldman auteur, compositeur et surtout interprète, mais Goldman, c'est quelqu'un qui a énormément produit pour les autres artistes. Il y a Patricia Kaas, Gérald De Palmas, Marc Lavoine. Ma question serait, "s'il y avait des jeunes artistes avec qui vous n'avez pas encore travaillé, voudriez- vous, parmi eux, peut-être en faire sortir la 'substance' ?" Je ne sais pas, quelqu'un de Star Academy ou de Pop Star à qui Jean-Jacques Goldman ferait une chanson, par exemple ?

Jean-Jacques Goldman : Je ne m'y connais pas. Je n'ai pas trop suivi. Pour l'instant, non, je n'ai pas trop d'envies, alors je fais des trucs pour des copains. Ils me demandent un coup de main pour une phrase. Je n'ai pas de projet très précis.

B.P. : Mais il y a des critères pour faire des chansons pour d'autres artistes ? Ce sont juste des copains et pas d'inconnus ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, pour l'instant. Je n'ai pas de maison de production, je n'ai pas cet esprit là. Alors c'est vrai, ce sont plutôt des rencontres et des coups de main que je donne, que la production de choses, entièrement.

B.P. : Pour De Palmas c'était plus qu'un coup de main. Vous l'avez carrément propulsé au sommet de sa gloire !

Jean-Jacques Goldman : Dans les faits, ça s'est passé un peu comme ça après, mais regardez juste la realité : on a joué de la guitare ensemble un jour, c'était à Solidays, je crois, on a fait des reprises. Et à la sortie, il m'a dit [il prend un air nonchalant] "J'suis un peu bloqué sur un texte…" Il ne m'a pas dit "est-ce-que tu peux relancer ma carrière" ! Mais "Est-ce-que tu aurais une idée de texte". Et je lui ai dit de me filer sa chanson et que j'allais essayer d'en faire une. Il m'a filé des maquettes et ensuite j'ai fait un texte avec lui. Je n'ai rien fait d'autre. C'est un peu dans cet esprit-là que je travaille, pour l'instant.


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