Je ne suis pas une bête de scène
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Je ne suis pas une bête de scène
La voix du Nord, 19 juin 2002
Propos recueillis par Jean-Marc Rivière
Retranscription de Anne Menet
Jean-Jacques Goldman est au Zénith de Lille pour deux soirs encore. Au total, près de 30 000 personnes auront profité de son escale nordiste. Rencontre avec un homme simple.
Lundi, 19 h 30 au Zénith de Lille, premier d’une série de quatre concerts complets. Comme d’habitude, Jean-Jacques Goldman reçoit les journalistes un par un quelques minutes avant de monter sur scène. Le spectacle est rodé, l’expérience fait son oeuvre, le chanteur est détendu. En bermuda, pas rasé, il répond à nos questions alors que dans la salle, 7 000 personnes s’ébrouent en attendant la star.
Jean-Marc Rivière : Entre 1970 et 1973 vous avez été étudiant à Lille, vous avez gardé quelques attaches ici ?
Jean-Jacques Goldman : Je n’ai plus d’amis de "promo" sur Lille mais je suis encore en contact avec l’un d’entre eux, qui ne vit plus dans la région.
Jean-Marc Rivière : Quels souvenirs conservez-vous de cette époque ?
Jean-Jacques Goldman : Je menais une vie assez studieuse. En dehors de mes études et de la musique, je ne sortais pas beaucoup.
Jean-Marc Rivière : Est-ce que vous aviez perçu chez les gens du Nord la chaleur qu’ils vous réservent à chacune de vos visites ?
Jean-Jacques Goldman : A l’époque, c’est vrai que je ne m’en étais pas rendu compte. Ils ne me paraissaient pas particulièrement froids. Ils étaient normaux. Depuis, je me suis aperçu qu’il s’agit d’un public particulièrement chaud.
Jean-Marc Rivière : Les quatre jours que vous passez à Lille sont donc l’occasion pour vous de redécouvrir des lieux...
Jean-Jacques Goldman : Ici, je vais me promener, oui. Mais je vais surtout faire du sport, jouer au tennis. Maintenant, comme on reste plusieurs soirs dans la même ville, on s’installe. Je vais jouer avec un copain qui vient de Belgique et un autre de Lens. Avec un peu de chance, vu la météo, on pourra peut-être jouer en extérieur…
Jean-Marc Rivière : En quatre soirs, près de 30 000 personnes vont venir vous voir. Comment vivez-vous cet engouement ?
Jean-Jacques Goldman : Très sincèrement, je ne le ressens pas dans le quotidien. Je dois être un des rares dans mon cas à pouvoir me promener, aller chercher mon pain sans être agressé par le public. Plus qu’un engouement, je pense qu’il s’agit d’une affection.
Jean-Marc Rivière : Vous ne donnez jamais votre avis en dehors de vos chansons. Est-ce à cause de l’emprise que vous pouvez avoir sur votre public ?
Jean-Jacques Goldman : Je ne crois pas avoir le moindre pouvoir sur les gens qui viennent me voir. Ils m’estiment pour ce que je suis, c’est tout. Ils n’ont pas besoin de moi comme directeur de conscience, comme guide.
Jean-Marc Rivière : En revanche, en scène, vous êtes un meneur. A vos débuts, vous ne vouliez pas en faire !
Jean-Jacques Goldman : C’est une illustration de la force de nos faiblesses. Comme j’ai toujours eu peur de monter sur scène, comme j’avais conscience de mes faiblesses, j’ai toujours essayé de travailler sur un vrai spectacle pour pallier mes insuffisances. Finalement, ça semble plaire au public. Mais moi, je suis toujours inerte. Je ne suis pas une bête de scène comme Hallyday, Prince ou Higelin...
Jean-Marc Rivière : Malgré "Chansons pour les pieds", vous ne dansez pas ?
Jean-Jacques Goldman : Pas vraiment, non. Mais les spectacles sont arrangés pour qu’il y ait toujours une mise en scène, un événement. Pour moi, maintenant, même si la scène ne me manque jamais, m’y retrouver est devenu un réel plaisir, un rendez-vous avec le public.
Jean-Marc Rivière : Est-ce que parfois vous adaptez votre spectacle en fonction du lieu ?
Jean-Jacques Goldman : Non mais en début de tournée, on se demande toujours où on va enregistrer le "live". Cette fois, nous avons choisi Lille parce que la salle est belle et que le public y est attentif et enthousiaste. On va le faire sur deux soirs.
Jean-Jacques Goldman reviendra à Lille en décembre prochain. Les dates restent à définir.
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