Jean-Jacques Goldman : chanteur discret au parler vrai
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Jean-Jacques Goldman : chanteur discret au parler vrai
La Dépêche du Midi, le 4 juillet 2002
Elisabeth Calvet
Retranscription de Monique Hudlot
"J'ai trouvé dans les chansons de Goldman quelque chose de facile et profond, unique et universel. Quelque chose de vrai qui manque trop souvent. Un regard porté sur le monde d'une vision claire", confiait Alain Souchon lors d'une interview.
Discret, Jean-Jacques Goldman ? Oui. Sincère ? Oui. Généreux ? Oui. Talentueux ? Oui, mille fois oui. Cet homme-là, c'est de l'or à l'état brut. Rencontre.
Elisabeth Calvet : Votre dernier album, "Chansons pour les pieds", est un hommage à vos débuts ?
Jean-Jacques Goldman : Je me suis souvenu que j'avais été musicien de bal et que j'avais adoré ça. Mais rien n'a été prémédité. C'est venu comme ça.
Elisabeth Calvet : Avec Johnny, vous êtes le chanteur le plus populaire de France. Vous restez pourtant serein face à une telle popularité. Y a-t-il, dans la vie, quelque chose qui vous déstabilise ?
Jean-Jacques Goldman : Je me heurte aux mêmes épreuves que tout le monde. Que vous soyez riche et connu ne vous empêche pas de connaître des problèmes familiaux, la maladie des proches ou le vieillissement des parents. Les vraies épreuves de la vie sont très démocratiques.
Elisabeth Calbet : Vous semblez n'avoir aucun problème d'ego…
Jean-Jacques Goldman : Non, aucun. Quand on me dit que je suis tout, je sais que non. Et quand on me dit que je ne suis rien, je sais aussi que c'est faux.
Elisabeth Calvet : Est-ce votre éducation qui vous a donné cette force ?
Jean-Jacques Goldman : Sûrement. Et puis, chez moi, être chanteur c'était un peu la honte. Il valait mieux devenir médecin ou savant. D'ailleurs, je n'avais pas invité mes parents, ni mes frères et sœur, lors de mon premier Olympia.
Elisabeth Calvet : L'amour profond que vous portent vos fans vous trouble-t-il parfois ?
Jean-Jacques Goldman : Quand c'est cette sorte d'amour-là, je suis très touché. J'ai une immense estime pour mon public. Et la seule façon de le leur montrer, c'est de travailler beaucoup. Quand on propose un spectacle, ce doit être un bon spectacle. Je ne triche pas, quoi que je fasse.
Elisabeth Calvet : Les voix féminines ont la part belle dans tous vos albums. Celle de Carole Fredericks, disparue récemment, ne vous manque-t-elle pas trop ?
Jean-Jacques Goldman : Si. D'autant plus que c'est la première tournée que nous faisons sans elle. Mais grâce à la technique, nous avons trouvé un moyen pour qu'elle soit avec nous chaque soir. On a vraiment l'impression qu'elle est là.
Elisabeth Calvet : Allez-vous refaire des chansons pour Céline Dion ?
Jean-Jacques Goldman : Elle m'a effectivement demandé de m'occuper de son prochain album. Mais là, je ne suis pas assez prolixe pour lui écrire dix chansons. Avec des amis, comme Gérald de Palmas, nous avons décidé de lui écrire deux ou trois titres chacun.
Elisabeth Calvet : Avez-vous encore un rêve inassouvi ?
Jean-Jacques Goldman : J'ai tout. Et puis je n'ai jamais été un grand rêveur, j'ai toujours été heureux avec ce que j'avais.
Un public à l'unisson
Un concert de Jean-Jacques Goldman, c'est forcément inoubliable. Pourtant, samedi soir, une heure à peine avant le début du spectacle, une coupure de courant a bien failli être la cause d'une annulation. Le plus populaire des chanteurs français est resté zen jusqu'au bout. Imperturbable, Jean-Jacques Goldman a en lui cette sérénité des grands qui n'ont rien à prouver. Modeste, accompagné de son éternelle guitare, ce passant tranquille a commencé son concert par les vieux tubes incontournables. L'alchimie avec son public opère immédiatement. Nul besoin d'en faire trop, l'heure est la sincérité. Les quelque 7 000 personnes du public reprennent en choeur les standards. Un spectacle rodé, ponctué de surprises et d'émotions, bref, un spectacle à l'image du chanteur, grandiose. Goldman, une valeur sûre qui a, trois soirs durant(ndlr : vendredi, samedi et dimanche) comblé de bonheur les nombreux inconditionnels venus le voir au Zénith de Pau.
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