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Jean-Jacques Goldman mène le bal
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Jean-Jacques Goldman mène le bal
La Dépêche du Midi, dimanche 23 septembre 2002
Pierre Mathieu
Retranscription de Sandrine Descargues
Dans l'élan de son nouvel album, il chantera de mercredi à dimanche sous un grand chapiteau dressé sur le parking du Zénith de Toulouse. Six concerts archi-complets.
"Sur cette tournée, il n'était pas question de ne pas venir à Toulouse, Jean-Jacques était même prêt à chanter dans un stade, et Dieu sait qu'il déteste les stades…". Dans son bureau du Zénith de Toulouse, le producteur Yannick Wild orchestre l'installation du chapiteau. Goldman sous chapiteau, pourquoi ce cirque ? Parce que la grande salle toulousaine, lourdement ébranlée par l'explosion d'AZF ne sera pas rendue au public avant l'an prochain. Et parce que Jean- Jacques Goldman voulait venir dans la ville où son public le suit et se renouvelle depuis vingt ans.
Venir à tout prix, charge au producteur de trouver la solution pour le spectacle se fasse. La solution était ce chapiteau haut comme un immeuble de quatre étages, décroché sur la pelouse de Reuilly, à Vincennes.
Sur la scène prolongée d'un praticable qui va jusqu'au milieu du public, Jean-Jacques Goldman va mener le bal pendant six jours, de mercredi à dimanche, chaque soir devant plus de cinq mille personnes.
Il est bien question de bal puisque son dernier album, "Chansons pour les pieds", est dansant. A l'écoute, on entendrait presque trembler le plancher du rancho à la fête du village, avec la rangée de Renault 12 et de Matras Baghera garée devant. Démodé ? Tout sauf ça.
En alternant balades à valser, rocks, tendres slows et pourquoi pas un bon jerk aux couleurs de Status Quo ? JJG rapproche les gens et suscite des étreintes. Il n'a rien fait d'autre de toute sa carrière. En vingt disques et autant de tournées, il a emporté la foule. Son registre, le sentiment, et toujours cette drôle d'inflexion dans la voix qui provoque le frisson quant il chante "Comme toi, comme toi".
JJ ne danse jamais
Pas de bal sans baston. "Des coups", ce n'est pas une chanson de lui. Mais dans la bande, le plus grande gueule n'est pas toujours le plus déterminé. JJG, c'est le chef, celui qui ne danse jamais. Il a écrit sa success-story comme il l'a voulu. Sa maison de disques ne lui dira pas souvent non, ne bloquant que sur les titres des premiers albums, il voulait les intituler "Démodé", justement, puis "Minoritaire". Ils sortiront sans titre, en 1981 et 82, contenant des tubes comme "Il suffira d'un signe", "Quand la musique est bonne", "Au bout de mes rêves". Ils seront suivis par sa première grande tournée passant par l'Olympia (où il n'avait pas invité sa famille : être chanteur, c'était la honte !").
Avait-il des doutes, à ses débuts, quant à sa présence sur scène ? En fait, s'il ne voulait pas y monter avec le groupe "Taï Phong", c'est qu'il préférait attendre d'avoir assez de chansons. Et malgré une discrétion revendiquée, Jean-Jacques Goldman deviendra une bête de scène qui instaure un dialogue permanent avec un public éclairé au briquet, à coups de petites phrases entre les chansons sur ce qui se passe dans la salle ou dans le monde.
Et il ne fera rien comme les autres, limitant ses apparitions hors scène au minimum.
La mode n'est pas encore au cocooning, et pourtant, chaque fois qu'on parle de lui, on mentionne son "pavillon de Montrouge" où grandissent ses trois enfants (1). Il aurait s'y dessiner une autre vie, "écrire pour les autres et rester avec mon frère Robert dans notre boutique de sport", où son diplôme d'école de commerce lui aurait peut-être été utile. Autant qu'une table de ping-pong pour se délasser entre deux clients.
Tous dans sa bande
"Les autres", c'est une bande d'artistes, dont il aime la voix et avec qui le courant passe. Chaque membre répond au premier coup de klaxon… "Johnny, je t'ai écrit tout un disque !" ("Gang"), Patricia Kaas ("Je te dis vous"), Marc Lavoine, Florent Pagny ("Loin"), Khaled (et un frisson avec "Aïcha" !), Joe Cocker. Il y a Céline Dion bien sûr (pour elle, toute la rampe des spots s'allume, elle chante même Goldman en français en Amérique), et bientôt Patrick Fiori et Maurane dont le talent et la présence chaleureuse méritent bien ça.
Avec une autre bande, plus réduite mais très soudée, Jean-Jacques a aussi partagé la scène. C'était après trois albums solo ("Positif", 1984, "Non homologué", 85 et "Entre gris clair et gris foncé", 87), il forme le trio Goldman-Fredericks-Jones. Le groupe qui se connaît depuis longtemps sort deux albums dans les années 90 et part autour du monde. Carole est morte, sa voix est toujours sur bande et revient parfois en scène. Les soirs de grands bals, Goldman peut aussi réunir la plus grande bande de la chanson française : on les appelle les Enfoirés et ils remplissent en une tournée des popotes les frigos des restos du Cœur. Passant par Toulouse en janvier 2000, la bande fera le plein du Zénith. C'est à ce jour la seule fois que Jean- Jacques Goldman y a chanté. Parallèlement à toutes ses expériences de groupe, il poursuit sa carrière solo avec l'album "En passant" (97), qui se vend progressivement à 1,2 million d'exemplaires.
De toutes façons, tout ce que touche Goldman se change en or. D'après "Le Parisien", la maison Goldman touche plus de 6 million d'euros par an (40 million de francs). Il voulait chanter à Toulouse quel qu'en soit le prix. Mais la production ne boira pas le bouillon : l'investissement du chapiteau, de l'ordre de 120 000 € (800 000 F) sera largement amorti par près de 30 000 entrées payantes à la série de concerts. Oui, c'est archi-complet. Qui disait démodé ?
1.Il a aussi acheté, il y a un an, un hôtel particulier au cœur de Paris.
Quel cirque !
En plus de vingt camions de la tournée de Jean-Jacques Goldman, il a fallu dix camions pour transporter le chapiteau gris et bleu qui a été monté dès mercredi sur le parking du Zénith. Ce chapiteau a des particularités de salle de spectacle : hauteur maximale de 15 mètres, pas de poteau ni mât, toile de teinte en noir à l'intérieur. 5 200 personnes (plus les invités), dont 2 000 sur des gradins, y entreront chaque soir. La distance entre le dernier gradin et la scène est de 50 mètres, réduite à 22 mètres quand Jean-Jacques Goldman empruntera le praticable qui la prolonge.
Hit-parade
On a tous dans le cœur…une chanson de Goldman. Sondage express à la Dépêche. Sophie, 29 ans : Elle met du vieux pain sur son balcon [sic] ; Bernard, 54 ans : Il suffira d'un signe ; Jean-Luc, 35 ans :Comme toi ; Philippe, 53 ans ; Là-bas, en duo avec Sirima ; Sébastien, 31 ans : aucune ; Corinne, 37 ans : toutes ; Agnès, 29 ans : Je marche seul.
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