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Un tour ensemble
(Nostalgie Belgique, 05 juin 2003)

Un tour ensemble
Nostalgie Belgique, 05 juin 2003
[Journaliste inconnu]
Retranscription de Anne-Laure Sury

Journaliste : Quand on vous voit sur scène et quand on entend l'album, j'ai vraiment l'impression que vous arrivez à vous mettre aussi très en retrait par rapport à vos musiciens. Vous êtes devant parce que c'est vous que le public vient voir, mais malgré tout, c'est une vraie équipe, il y a un vrai esprit, ça se sent sur scène.

Jean-Jacques Goldman : On a tous été élevés un peu comme ça. On a commencé à faire de la musique dans les années 60-70 où c'était l'époque des groupes. Il n'y en a aucun d'entre nous qui n'a pas commencé dans un groupe. Donc, ça, ça s'inscrit en soi, les débuts. Donc on a tous l'impression quand même que la façon naturelle de faire de la musique, c'est en groupe, au départ.

Journaliste : Quand vous abordez une nouvelle tournée comme celle-là, est-ce que vous avez l'impression de vous renouveler complètement, de refaire tout à fait autre chose ? Est-ce que vous vous sentez encore un peu "débutant" par moment ?

Jean-Jacques Goldman : Alors, se renouveler, non ! D'ailleurs je crois que ce n'est pas ce que souhaitent les gens. Les gens qui viennent nous voir, c'est effectivement pour être un peu surpris et pour être séduits, mais aussi pour retrouver la raison pour laquelle ils sont là, c'est-à-dire les choses qu'ils ont pu ressentir en écoutant les disques... Malheureusement, je n'ai pas trop l'impression de me renouveler... mais par contre, ce qu'on essaye, c'est de les surprendre, tout en gardant les raisons pour lesquelles ils sont venus.

[Nos mains, live 2003]

Journaliste : Alors, Jean-Jacques, beaucoup d'émotions dans un concert et particulièrement dans les vôtres. Et, en entendant le CD, on a des frissons, on est un peu retourné par moments aussi... des grands moments très forts. Est-ce que vous, vous avez un moment dont vous vous souvenez, le moment d'émotion du concert ?

Jean-Jacques Goldman : Evidemment, il y a un moment de grosse grosse émotion, c'est quand je commence, parce que je suis tout seul avec ma guitare acoustique, je chante "Je marche seul" et je marche sur une petite passerelle et je vais me retrouver devant les gens, à 50 cm, quoi... Ça, en début de concert c'est toujours un moment où, à mon avis, l'adrénaline est haute. Ensuite, il y a le moment où Carole chante, c'est-à-dire où nous on commence la chanson et où on est presque surpris à chaque fois par sa voix qui arrive des haut- parleurs, ça c'était... en même temps extrêmement émouvant, mais à la fin comme un rendez-vous, on était heureux de ce moment-là. Et ensuite, je citerai la dernière chanson "Puisque tu pars", où là, on la chante ensemble...

Journaliste : Carole, justement, revenons-y deux minutes, on a vraiment l'impression qu'elle est toujours là. En fait, vous avez eu envie de perpétuer ce moment très fort où vous avez vécu avec elle pendant quelques albums avec Michaël Jones, et qu'elle a eu une terrible importance au niveau artistique et au niveau humain aussi...?

Jean-Jacques Goldman : Au niveau artistique, au niveau humain, et je dirai encore plus sur scène. C'est-à-dire, on est orphelin d'elle évidement humainement, on est orphelin d'elle artistiquement parce que sa voix... c'est la fille du groupe, et puis bon, quelle voix... nous manque aussi ; mais surtout sur scène. Sur scène... et pas uniquement sur scène, et dans les coulisses et dans le bus et tout ça... C'était vraiment une présence chaleureuse, gaie, qui prenait beaucoup de place dans tous les sens du terme... Et donc effectivement, sur scène et en concert. Moi, je l'ai rencontrée sur scène en concert, donc c'était vraiment sa place avant tout.

[Juste après, live 2003]

Journaliste : Il y a aussi des moments assez drôles, assez sympas, assez souriants, parce que vous êtes assez friand de ça, vous êtes friand de vous amuser et d'amuser le public. Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous fait sourire aujourd'hui si vous repensez à cette tournée ?

Jean-Jacques Goldman : Des fois où je racontais des blagues où il pouvait se passer... enfin, où je racontais une histoire où je partais en vacances avec une fille et... enfin, je lui proposais de partir en vacances avec elle. Et finalement, elle préférait que je lui achète un lecteur DVD, ou des trucs comme ça... C'était pour introduire la chanson "Les choses", et là, il pouvait se passer n'importe quoi, c'est-à-dire que les réactions des gens étaient... fallait être sur le coup quoi ! Il se passait n'importe quoi dans la salle, c'était assez marrant, parfois des trucs assez drôles !

Journaliste : Vous racontez pas mal d'histoires en fait, vous vous racontez un peu vous-même aussi dans ces concerts et j'ai l'impression que plus ça va et plus vous êtes détendu et plus vous vous livrez aussi...

Jean-Jacques Goldman : Et ça, c'est ce dont on parlait tout à l'heure, c'est comme, bon, je donne souvent cet exemple, donc je m'en excuse, mais c'est comme quand vous recevez des gens à dîner pour la dixième fois, c'est pas même chose que la première fois. Alors, on enlève la cravate, on enlève la veste et puis l'ambiance est plus détendue. Donc c'est la même chose en concert : j'aurais pas fait ces choses-là, j'aurais jamais parlé de cette façon-là si familière, il y a une quinzaine d'années, enfin, quand j'ai commencé à tourner.

[Tournent les violons, live 2003]

Journaliste : Il y a une chose qui nous intrigue tous, c'est "qu'est- ce qui peut bien se passer avant un concert" ?

Jean-Jacques Goldman : Pour ce qui nous concerne, il y a des horaires assez systématiques. C'est-à-dire, déjà, on arrive vers 18h, 18h30 à la salle parce que les techniciens ont fini de monter la scène et d'installer le matériel. Et là, on fait ce qu'on appelle "une balance", c'est-à-dire des essais pour le preneur de son, où l'on peut éventuellement rectifier des petites choses qui n'ont pas été sur le concert précédent. Donc on est une heure comme ça sur la scène devant la salle vide. Ensuite, vers 19h, moi je vais manger un peu, il faut que ce soit des horaires assez fixes parce qu'il ne faut pas que ce soit trop tard, sinon on a faim, il ne faut pas que ce soit trop tôt non plus... Donc il faut manger un petit peu léger, ça c'est comme un sportif, je dirai. Ensuite, moi je reçois la presse locale et les radios locales pendant une petite demi-heure, après on va se voir avec les musiciens. En général on chauffe un peu nos voix, on fait des choeurs, comme ça, pendant un quart d'heure, 20 minutes... Et puis voilà, après il est temps d'y aller.

[Poussière, live 2003]

Journaliste : Après le concert, ce qui doit être terrible, c'est de prendre toute cette émotion, toute cette force, toute cette vigueur du public et puis finalement de se retrouver un peu, peut-être pas un peu, seul ? Mais en tous cas, une fois que les lumières s'éteignent, il faut gérer toutes ces émotions, toute cette énergie que vous avez donnée pendant un bon bout de temps sur scène... Comment ça se passe ? Vous revivez ces moments après ?

Jean-Jacques Goldman : Pour ce qui me concerne, moi, je souhaite rester seul, de façon à rester dans cette ambiance... un peu comme si vous allez au cinéma, vous voyez un film qui vous plaît et vous, quand vous en sortez, vous avez envie qu'on ne vous parle pas, de rester un peu dedans. Et moi, je ne peux pas aller dans ma loge et recevoir les gens qui viennent vous voir, les copains, la famille... et tout ça. Donc je sors de scène, je mets un blouson et je monte sur ma moto ou dans une voiture quand je ne suis pas à Paris, et je reste comme ça, seul, j'adore ça... jusqu'à minuit, minuit et demi, et à ce moment-là, une fois que je suis bien détendu, on prend une douche... et je reste dans cette ambiance-là, et là je peux aller voir les musiciens et me détendre, et voilà.

Journaliste : Finalement, jouer sur scène pour vous, c'est le premier métier d'un artiste, d'un interprète, d'un compositeur comme vous ? C'est ce pour quoi vous êtes fait ?

Jean-Jacques Goldman : Non ! Moi, non ! Je pense que les autres, oui. Pour beaucoup des chanteurs de mes amis, avec lesquels je parle, c'est leur finalité, c'est-à-dire qu'ils font des disques, ils font des chansons et tout ça, pour ce moment-là ; le moment où ils sont sur scène qui est vraiment la vérité de leur métier. Ce n'est pas mon cas. Moi, ce que je préfère vraiment, c'est écrire des chansons et à la limite, être sur scène était un peu contre-nature pour moi. Je préfère toujours être dans la salle et aller voir un concert, qu'être sur scène. Mais j'ai appris à ce plaisir-là, et je prends beaucoup de plaisir maintenant. Mais grâce à cette intimité, à cette connivence dont on a déjà parlé.

[Tournent les violons, live 2003] [C'est ta chance, album 1987]

Journaliste : Quand vous n'êtes pas à Paris, que vous êtes en tournée en province pendant plusieurs jours et qu'il faut tenir le choc, j'imagine qu'il faut être bien avec son équipe pour que ça se passe bien. Comment est-ce que ça se passe entre les concerts, ça va très vite ? Vous prenez des petits moments de repos, de détente ? C'est quoi la vie en tournée pour vous ?

Jean-Jacques Goldman : Alors, il y a deux types de tournées: il y a avant et il y a maintenant. Et ça a beaucoup changé, pour une chose très simple qui est en fait le succès, qui fait que dans les premières tournées que je faisais, on changeait de ville tous les soirs, parce que l'on n'avait pas de quoi remplir plusieurs fois Angers, plusieurs fois Tours, plusieurs fois Le Mans, plusieurs fois Bordeaux... Donc, on faisait notre concert et on reprenait la route tout de suite. Il y avait une espèce de routine comme ça, de routes, qui n'a pas lieu maintenant. Quand on arrive au Mans, on reste trois jours, quand on va à Caen, on reste trois jours, quand on va à Bordeaux on reste trois jours... donc il y a beaucoup moins de transports. Donc c'est plus une vie dans les hôtels, dans la ville. Ce n'est plus la même chose.

Journaliste : Ça vous donne une autre vision des villes que vous visitez... Vous avez l'occasion de rencontrer un peu les gens ? De vous rendre compte qu'au delà de Paris, il se passe des choses parfois vachement intéressantes ?

Jean-Jacques Goldman : Oui, il y a ça. Et puis aussi des visions géographiques. C'est-à-dire, on peut se promener dans la ville, on peut y rester, ce qui n'était pas le cas avant. Avant, on arrivait à 18 h, on partait le lendemain à midi, on n'avait rien vu quoi. Maintenant c'est vrai, moi, j'avais mis un vélo dans la soute du bus et dès que j'étais trois ou quatre jours dans la ville je prenais mon vélo et je me promenais. Ça, c'est super agréable, et surtout, c'est beaucoup moins fatigant !

Journaliste : Alors, comment vous tenez physiquement ? Parce que c'est une grosse dépense d'énergie tous les soirs. Est-ce que vous avez un entraînement sportif ? Est-ce qu'il y a un régime particulier ? Il y a toute une mise en place mentale pour les concerts ?

Jean-Jacques Goldman : En fait, ce n'est pas du tout fatigant physiquement. C'est très fatiguant vocalement et nerveusement. Donc, vocalement, il n'y a pas 36 trucs, il faut parler peu, ce qui ne me dérange pas, et il faut bien dormir, voilà. Ça, c'est les deux seules choses. Mais sinon, physiquement, être debout, c'est pas exténuant ! Les tennis que l'on fait avant sont beaucoup plus fatigants que le concert lui-même ! [rires]

[Encore un matin, live 2003]

Journaliste : "Un tour ensemble", votre double album, Jean-Jacques, est-ce qu'il y a quelque chose dans ce double album ou dans cette tournée dont vous êtes particulièrement fier ?

Jean-Jacques Goldman : En particulier, non. Si, la chose dont je suis fier c'est - alors ce n'est pas prétentieux de dire ça - c'est que la tournée précédente qui s'appelait "En passant" me semblait une tournée vraiment très réussie. Je trouvais le spectacle bien équilibré, il y avait des événements qui se passaient, et j'étais un peu inquiet à la fin de cette tournée, je me disais qu'on ne ferait jamais jamais aussi bien. Donc là, déjà, rien que le fait que les gens qui sont revenus n'aient pas été déçus par cette tournée, déjà, c'est une grande fierté.

Journaliste : Musicalement, c'est une tournée un petit peu différente avec des chansons qui se prêtaient bien à la fête, vous l'aviez dit et redit lorsque "Chansons pour les pieds" est sorti, et, en fait, on l'a vu, le parallèle avec la scène comme on l'attendait, c'était une vraie fête, c'était même plus des fêtes que des concerts...

Jean-Jacques Goldman : C'est-à-dire, effectivement ce sont des chansons qui étaient faites pour ça, puisque j'avais dit quand j'avais sorti l'album, j'avais expliqué que j'étais un peu fasciné par les groupes de bal, et par cette espèce d'essence de notre métier qui est celle d'arriver, de faire de la musique, et de faire que les gens tout à coup se parlent et dansent, et soient heureux... Et là, on avait tout à fait l'impression d'être un groupe de bal devant une audience, c'est vrai il y avait beaucoup de clients, enfin... [rires] danseurs, mais c'était tout à fait cet esprit-là.

Journaliste : Au même titre que les Rolling Stones, par exemple, est- ce que vous avez envie, vous, d'imaginer de faire un jour une tournée dans un stade, et puis dans une salle, et puis dans un petit club ? Est-ce que ça, c'est quelque chose qui vous amuserait ?

Jean-Jacques Goldman : Des petites salles ou des clubs, on a été toujours friands, on l'a fait. J'avais fait la tournée des campagnes pendant un instant, où l'on jouait dans des villes de 1 000, 1 500 habitants, et dans des gymnases, des salles des fêtes, et puis on adore ça... Et des clubs aussi, puisqu'on avait fait quelques jours au New Morning. Ça, avec des gens comme Michaël, comme Claude, ce sont vraiment des gens qui ont écumé les bars et les petits clubs comme ça. Donc on est assez friands de ça. Les stades, j'avoue, j'ai fait pas mal le stade de France en tant qu'invité avec Johnny ou encore avec Céline Dion, mais j'avoue que je ne peux pas dire que j'adore ça. Donc, je ne sais pas, mais ça ne m'attire pas trop pour l'instant.

[Les choses, live 2003]

Journaliste : Est-ce qu'il est possible, Jean-Jacques, un jour d'imaginer que n'êtes plus devant la scène, mais plutôt derrière, enfin plutôt en recul, et n'être que musicien, par exemple, d'un artiste ? On pense à Johnny, mais on peut penser à d'autres. Est-ce que ça, ça vous amuserait ?

Jean-Jacques Goldman : Alors, non seulement ça m'amuserait, mais ça m'amuse ! Il y a quelques années... enfin il n'y a pas très longtemps, deux ou trois ans, j'ai fait un album avec Gildas Arzel, qui est un artiste dont j'ai beaucoup d'estime, et je suis parti en tournée avec lui pendant 10, 12 dates. On a fait un peu toute la France en temps qu'instrumentistes. Je jouais la guitare, ou la basse, ou du violon, enfin un peu de tout, et j'ai adoré ça ! Et là, je recommence avec Céline Dion, c'est-à-dire, on est quatre, derrière, à faire les choeurs, à faire les instruments, et avec une chanteuse qui vaut le coup... et on se régale !

[Encore un matin, live 2003]

Journaliste : Le bonheur pour vous est très important par rapport à la musique. Vous ne cherchez pas particulièrement à soigner votre ego, mais plutôt votre plaisir de la musique.

Jean-Jacques Goldman : Il se trouve que mon ego, il est bien servi pour l'instant ! Je n'ai pas à me plaindre ! Les gens me suivent et je suis très reconnaissant de ça, et super touché par ça, par cette fidélité, et puis, moi, je fais de la musique parce que ça me plait. Je ne fais pas de la musique pour être célèbre, je faisais de la musique avant d'être célèbre et si je n'avais pas été célèbre, j'aurais continué à faire de la musique comme il y en a qui font de la moto, il y en a qui jouent au scrabble, il y en a qui vont à la pêche. J'adore ça. Pendant mes vacances, je fais de la musique... enfin, c'est beaucoup plus qu'une profession ! Donc cette notion de plaisir, elle est évidement le luxe absolu, quoi !

Journaliste : Alors, "Un tour ensemble", c'est votre actualité, qu'est-ce qui va se passer après ? Vous avez envie de nous surprendre une fois de plus ?

Jean-Jacques Goldman : Pour l'instant, je pense que jusqu'à la fin de l'année je suis pris sur des projets que j'ai à terminer. Là, j'ai quelques chansons pour Patricia Kaas, comme d'habitude quoi... Là je travaille un petit peu avec Lââm, et puis, dès demain je commence le mix de l'album de Céline, donc il y a pas mal choses à finir ! Comme sur cet album live, j'étais encore en mix hier d'un titre, du prochain titre... donc, là, j'ai pas mal de travail et j'avoue que je ne pense pas trop à l'avenir. Ça, ça viendra à partir de janvier prochain !

[Puisque tu pars, live 2003]


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