Jean-Jacques Goldman : interview exclusive
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Jean-Jacques Goldman : interview exclusive
Radio Scoop, 04 décembre 2003
Propos recueillis par Arno
Retranscription d'Amélie Maurizio et Gabriel Erel
Arno : Au nom de toute l'équipe de Radio Scoop, et au nom de tous les auditeurs de Radio Scoop, on voulait vous remercier de nous accorder cette interview. On sait que vous vous faites assez rare, on apprécie d'autant plus ce privilège. Et en général, les interviews, ce n'est pas un exercice qui vous plaît particulièrement, on a l'impression ?
Jean-Jacques Goldman : Alors d'abord, moi, au nom de moi-même, je voudrais vous remercier d'avoir pris le train ce matin et d'être venu me voir ! [rires] Ça c'est quand même, je trouve, une preuve supérieure d'intérêt ! Et puis les interviews, vous avez dit la phrase exacte, c'est-à-dire je n'aime pas ça spécialement, mais je ne déteste pas. Mais c'est vrai que si j'ai le choix par exemple entre aller faire une partie de tennis ou aller au cinéma, ou répondre à une interview, c'est sûr qu'il y a des choses que je préfère faire... Mais c'est quand même pas descendre à la mine !
Arno : On va essayer d'apporter autant de piment à cette interview que les joueurs peuvent en apporter sur le terrain de rugby. Vous vous prêtez donc rarement au jeu des questions-réponses, est-ce que c'est une rareté qui à la fois vous permet de vous valoriser et de vous protéger ?
Jean-Jacques Goldman : C'est une rareté, ça fait con de dire ça mais bon, c'est vrai que je ne fais pas les grosses télés par exemple, ou les gros journaux toutes les semaines ; mais je pense être un des seuls, enfin je me trompe peut-être, mais, en tournée, à voir toute la presse locale, toutes les radios locales en général, donc faire trois quarts d'heure de média tous les jours, 150 fois. Donc ça fait beaucoup de monde, mais peut-être qu'il se voit moins parce que c'est plus local... Je trouve que c'est une politesse quand j'arrive à Clermont-Ferrand, ou quand j'arrive à Lille, de voir les acteurs locaux. Bon mais c'est vrai que je ne fais pas TF1, enfin les grosses émissions, tout le temps... Mais j'en fais quand même !
Arno : Alors votre actualité est marquée par la sortie "événement", on peut le dire, du dvd "Un tour ensemble". Et alors c'est la première fois que l'on retrouve l'intégralité d'un concert de Jean-Jacques Goldman en dvd. Est-ce que c'était un cadeau supplémentaire pour une tournée pas ordinaire ?
Jean-Jacques Goldman : Non, en fait, ce qui se passe, c'est que moi je n'aimais pas voir les concerts de mes collègues à la télé ou sur dvd. Je trouvais que ça minimisait ce que j'avais vu en spectacle. En tant que spectateur, je trouvais ça "réducteur" de voir quelque chose filmé. Donc chaque fois je me débrouillais, même sur les albums, pour faire un début et une fin ; c'est-à-dire juste pour avoir un souvenir d'un arrangement, mais pas pour se mettre dans l'ambiance d'un concert. Bon maintenant, finalement, c'est la technique qui a changé. On arrive maintenant techniquement à avoir, ne serait-ce qu'avec les 5.1 ou des trucs comme ça, une vraie ambiance de concert. Et surtout, avec les dvd, on peut zapper, c'est-à-dire que quand on en a marre d'une chanson, bon ben tac, on passe à autre chose, à une interview. Je me sens plus tranquille avec ça, mais en tant que spectateur.
Arno : Alors, mis à part le fait que cette tournée, comme les autres d'ailleurs, a été un succès fabuleux, 800 000 spectateurs en 125 dates, quel souvenir particulier garderez-vous de cette énième tournée ?
Jean-Jacques Goldman : Je ne suis pas très doué pour les anecdotes... Disons que globalement, le fait qu'au début je n'avais pas très envie de la faire. Et j'avais très peur de la faire parce que je trouvais que la tournée précédente avait été vraiment, le terme banal c'est "magique", mais je n'aime pas ça, mais en tout cas "facile" : tout s'était très très bien passé, il y avait eu une super entente avec l'équipe. Et du fait d'avoir fait des salles plus petites - enfin on avait un petit peu rapproché la scène des gens et tout le début était assis avec des écrans - il s'était créé une intimité que je n'avais jamais connue avant. Donc j'avais peur de toucher à cette tournée, et je me demandais comment j'allais pouvoir ne pas décevoir les gens, finalement. Donc au début, le souvenir que j'aurais, pour répondre à votre question, c'est que ça a été super... je l'ai marqué dessus d'ailleurs, sur l'album, c'est que ça a été super compliqué ! Et finalement, on a réussi à trouver quelque chose de façon à pouvoir recréer quelque chose d'un peu original et puis d'assez convivial. Mais donc je dirais que c'est la difficulté.
Arno : Alors effectivement, vous l'avez dit, vous l'avez même écrit, et vous l'expliquez très bien dans le dvd, vous ne vouliez pas faire cette tournée. Doit-on comprendre que vous vous êtes laissé convaincre, que vous avez craqué, et que finalement c'est peut-être la dernière fois qu'on vous a vu sur scène ?
Jean-Jacques Goldman : Non, non, c'est sûrement pas la dernière fois !
Arno : Quand on arrive à votre niveau et qu'on se dit "je n'ai plus trop envie de tourner", les spectateurs, les auditeurs, et les gens qui vous aiment peuvent se dire : "aïe, est-ce que ça veut dire que la scène maintenant, ben il en a un petit peu marre ?".
Jean-Jacques Goldman : Non, non parce que ceux qui me connaissent, ils savent que je n'ai jamais eu envie de tourner ! C'est-à-dire même la première tournée, je ne voulais jamais tourner. Donc au début, ce sont même les gens qui m'ont convaincu, presque en me bousculant. Je me rappelle, je recevais des lettres en disant : "vous n'avez pas le droit de faire des albums et puis de ne pas venir nous voir à Limoges". C'est comme un abus de confiance quoi ! Et je m'étais senti un peu con... Et je suis tellement mal à l'aise sur scène, enfin moins maintenant, mais au début, donc j'avais commencé tout de suite à essayer de faire un spectacle, un peu comme les dvd où j'aime bien que les gens zappent, que les gens puissent regarder ailleurs... Enfin qu'ils ne s'ennuient pas, quoi ! Donc moi, je n'avais pas envie de la faire cette tournée, parce que je n'avais pas d'idées, j'étais un peu bloqué par la tournée précédente. Bon maintenant, dès que j'ai une nouvelle idée - une nouvelle idée, ça veut dire une nouvelle envie - voilà, j'aurai envie de repartir.
Arno : Vous le disiez, il faut avoir des idées sans cesse nouvelles pour repartir. Quel est l'endroit qui vous permet de réfléchir et quel est le moment de la journée que vous préférez pour réfléchir ? Jean-Jacques Goldman : L'endroit, c'est... Alors c'est un endroit qui me suit, donc ça peut être n'importe où puisque c'est dans mon lit ! Et franchement, les idées elles me viennent au lit, voilà... [rires]
Arno : Donc plutôt le matin ou le soir ? Jean-Jacques Goldman : Le soir ou le matin, quand je suis allongé tout est clair ! Et quand je suis debout, tout est trouble ! [rires]
Arno : L'idée de la scène mobile vous est donc venue... au lit ?!
Jean-Jacques Goldman : Exactement ! Je me suis levé, j'ai fait un dessin, je me suis dit "c'est ça qu'il faut faire !".
Arno : Du coup ça transforme votre spectacle ! Là pour le coup, on tombe vraiment dans le show avec cette scène mobile. Qu'est-ce que vous n'avez encore pas pu faire pour des raisons techniques, financières, humaines, de sécurité ou de logistique sur scène et que vous aimeriez faire sur une prochaine tournée, ou en tout cas que vous avez en tête ?
Jean-Jacques Goldman : Moi, j'ai l'impression qu'on s'autocensure. Donc peut-être que j'ai déjà pensé à des choses, mais on voit tout de suite que... bon si je veux mettre tout le monde dans une piscine par exemple... Ah, il y avait une fois où l'on voulait faire des odeurs ! On voulait que, par exemple, pendant une chanson, non seulement les gens voient des choses, mais tout à coup ils sentent, je sais pas, par exemple une chanson qui parle d'"un matin tout tranquille", et c'est vrai qu'ils se retrouvent tout à coup dans un petit matin... Voilà, des trucs comme ça. Et puis on a même essayé je crois, mais bon ça posait des problèmes parce que les odeurs elles arrivent, mais elles restent ! Donc après... [rires]
Arno : Et si elles se mélangent avec les autres ! [rires]
Jean-Jacques Goldman : Si ça sent par exemple les Antilles pendant un moment, les épices et tout ça, et qu'on se retrouve "Juste quelques hommes" en haut de l'Himalaya, il va y avoir un contresens ! [rires]
Arno : Alors sur scène, c'est pas un jugement de valeur, bien au contraire... Mais on sent beaucoup de sérénité de votre part, beaucoup de décontraction. On a l'impression que vous avez un niveau de maîtrise tel qu'aujourd'hui l'obligation de résultat n'existe plus. Est-ce que c'est ça qu'on appelle la plénitude artistique ?
Jean-Jacques Goldman : C'est ça qu'on appelle une observation subjective parce que je pense que je suis passé... Vous êtes venus me voir à Lyon, bon qui n'était peut-être pas en début de tournée... [Il continue en riant] Mais je peux dire, vous seriez venus nous voir à Montpellier ou à Toulon, ou à Nice, les premiers coups, ou à la Réunion, il n'y a pas du tout d'impression de dominer le sujet ! Non, c'est juste une question de...
Arno : Parce que sur le dvd, en tous cas, c'est le cas.
Jean-Jacques Goldman : Mais parce qu'on a enregistré à Lille, quatre ou cinq mois après le début, donc il y a vraiment une grosse différence. Mais comme vous, votre première interview, ou la première fois, on se fait dessus quoi ! Et puis la millième fois, effectivement, on commence à posséder un peu les choses.
Arno : Est-ce qu'il vous arrive des fois de penser au pire quand vous êtes allongé dans votre lit, ou quand vous êtes au contraire debout et que tout devient trouble, et vous dire que si ça se trouve, tout peut s'arrêter du jour au lendemain ? Est-ce que ça vous traverse l'esprit de temps en temps ?
Jean-Jacques Goldman : Alors, sur le plan des rêves et du cauchemar, c'est toujours le même : c'est-à-dire que j'arrive sur scène pour une télé, ou les Victoires de la Musique, ou n'importe quoi, et je ne connais pas la chanson ! Je ne sais pas comment c'est possible, mais tout à coup je me rends compte que je ne connais pas le texte, et là je suis en train de bricoler sur scène et me ridiculiser... Et dans la réalité, c'est tellement présent qu'on le répète ! Donc il y a des choses qu'on ne peut pas répéter : une panne de son, c'est une panne de son. Mais par exemple une panne d'instrument ou une panne de mémoire, des choses comme ça, ce sont des choses que je répète : "s'il se passe ça, on fait ça", etc.
Arno : Bizarrement, et c'est rigolo la transition, c'est qu'on a vraiment le sentiment que rien n'est laissé au hasard, ça c'est sûr, mais qu'il ne peut rien vous arriver ! C'est un véritable rouleau compresseur, vous avez une équipe bien huilée, qui est bien rôdée. Et on a même l'impression que vous coachez un peu tout le monde à la manière moderne dans les grandes entreprises et dans les... comme une équipe de foot avant la coupe du monde quoi ! On va se ressourcer quelque part, exemple : ce rituel de commencer toujours à l'île de la Réunion, c'est pas seulement une superstition, ça sert vraiment à quelque chose ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, oui, surtout au début ! Maintenant c'est une longue histoire, ça fait presque vingt ans que la base de l'équipe est là. Pour la Réunion, ça a été extrêmement important, comme effectivement les mises au vert du foot et tout ça, de façon à créer ce noyau et cette espèce d'équipe qui va venir après, et qui sera indestructible. Ça nous a beaucoup soudés.
Arno : Alors avec l'expérience qui est la vôtre et le recul nécessaire, pouvez-vous identifier quelques dates significatives de votre carrière, celles qui ont constitué finalement un véritable virage ?
Jean-Jacques Goldman : Franchement, ça demanderait plus de réflexion... Mais là comme ça sur une interview, en répondant rapidement, je répondrais ce que j'ai déjà répondu : je trouve que la seule difficulté, c'est le premier album. Après, on a ce qu'on mérite ! Après on a le pouvoir de gérer. Mais le premier album, on est absolument pieds et mains liés devant le pouvoir des maisons de disques, des médias et on ne possède pas les choses. A partir du moment où vous êtes même, qui on pourrait citer là, des gens qui viennent d'arriver comme Kyo, je sais pas ou même Manau par exemple, qui arrivent avec même un titre : ils ont le pouvoir. On peut se planter, mais on peut revenir après.
Arno : Le vrai luxe de métier alors c'est le pouvoir ? De dire oui ou non ?
Jean-Jacques Goldman : Le pouvoir c'est la liberté ! Après, par exemple comme Maxime le Forestier qui à un moment, au top de sa carrière, avec un public très baba cool, très guitare sèche, se dit : "moi je suis fasciné par les synthés". Il se plante, mais comme personne ne s'est jamais vautré ! C'est-à-dire tout son public lui tourne le dos ! Et il revient après, mais il a choisi, et après il revient parce qu'il a du talent, parce que c'est lui, et puis parce qu'il est courageux. Mais ça ce sont des choses qu'on assume, nous.
Arno : Alors on vous dit, et on croit vous savoir pour justement ne pas trop vous connaître, assez discret, assez réservé. Votre vie privée est respectable, respectée, quasiment inconnue du grand public. Si Goldman était plus médiatique et plus médiatisé, est-ce que ce serait un Johnny Hallyday bis ?
Jean-Jacques Goldman : Vocalement il n'y a pas de discussion déjà, Johnny Hallyday... Ça voudrait dire, dans votre question, que ce qui fait que Johnny Hallyday est l'icône qu'il est devenu, est l'idole qu'il est devenu, serait dû à la médiatisation ?
Arno : Pas seulement, je ne veux pas occulter le talent bien évidemment...
Jean-Jacques Goldman : Moi je vois trois/quatre chanteurs et acteurs qui sont encore plus médiatisés que lui et qui ne deviendront jamais Johnny Hallyday ! Ce qui fait Johnny Hallyday, c'est ses capacités vocales qui sont hors normes, enfin qui n'ont rien à voir avec les miennes. Et pour l'avoir côtoyé un peu, je peux vous dire que ce type là, quand il arrive dans un bar au Mexique, il se passe quelque chose ! Déjà il fait 1m80, il est blond, il a les yeux bleus, il a un regard, enfin il est Johnny Hallyday ! Moi je ne suis pas Johnny Hallyday ! [rires]
Arno : Oui mais vous avez autant de charisme que lui dans un autre registre !
Jean-Jacques Goldman : Je peux médiatiser tout ce que je veux, je ne serai pas ce qu'il est, et il ne sera pas ce que je suis non plus ! Je ne pense pas qu'il va écrire des chansons, des choses comme ça, donc je pense que ça n'a rien à voir...
Arno : Est-ce qu'on a des chances de croiser Jean-Jacques Goldman dans la nouvelle discothèque de Johnny Hallyday, ou dans un endroit branché à Paris, lorsque vous venez de temps en temps ?
Jean-Jacques Goldman : Ah, ça peut arriver pour une raison professionnelle ! Par exemple, je ne sais pas moi, il y a une réunion, un départ à la retraite, ou des choses comme ça, je peux y passer. Mais si c'est pour passer une soirée...
Arno : Voilà, pour votre plaisir personnel ?
Jean-Jacques Goldman : Non, je préfère regarder une chaîne de sport à la télé ou lire le journal... [rires]
Arno : Quel est votre opinion sur la presse people, qui par ailleurs vous respecte assez parce qu'on se rend compte que vous vous êtes très rarement fait épinglé... Quel regard vous portez sur eux ?
Jean-Jacques Goldman : Bah je trouve ça épouvantable, et ça va plus loin que ça... Je pense que si on fait un bouquin avec des images pédophiles ou des trucs comme ça, je pense qu'il y aura pas mal de lecteurs, quoi ! Donc à un moment faut s'arrêter ! On le fait pas parce que c'est interdit ! Ou des appels à la haine raciste, ou des trucs comme ça... Il y a des lois là-dessus. Bon il se trouve que là il y a des lois mais il n'y a pas de lois, c'est-à-dire que ça fait cinq ou six fois que moi je me fais gauler en allant en vacances ou des trucs comme ça. Chaque fois les gens sont condamnés, mais ils sont condamnés de façon anecdotique. Je ne parle pas pour moi spécialement, j'en parle parce que j'en ai l'expérience mais c'est la même chose pour mes collègues. Donc c'est comme s'il y avait une collusion entre la justice et ces gens-là, puisque ces gens-là ils ont une colonne débit et une colonne crédit : donc là ils prennent disons 100 000 francs d'amende, ils ont des ventes qui sont à 200 000, donc ils sont bénéficiaires ! Comme si la justice était complice d'eux... Donc là pour moi il y a un souci... Et là j'ai ré-attaqué, parce que je me suis fait gauler en train de faire du vélo en vacances, et je pense que je vais aller voir le juge, je vais lui dire "Est ce qu'il y une complicité entre vous ? Puisque c'est déjà la sixième fois, qu'est-ce qui se passe ?". C'est comme si un cambrioleur, par exemple, le gars il vole pour 100 000 et à chaque fois on lui donne une amende de 20 000 ou de 50 000, bon ben le gars il va pas s'arrêter ! Alors soit on est naze, soit le juge il est complice ! Ça c'est une vraie question qu'il faut... parce que si on veut arrêter ces choses-là, je pense que la justice a le pouvoir de le faire. C'est une question que je me pose, tout en constatant par exemple soit que nos hommes politiques sont des gens qui n'ont pas de vie privée ou une vie privée exemplaire, soit qu'il y a un arrangement.
Arno : Alors ça veut dire que pour ne pas paraître dans la presse people ou pour y paraître de belle manière, il faut négocier en fond ou alors, comme le disait Yannick Noah, il ne faut surtout pas attaquer parce que sinon ils vous prennent à la gorge et ne vous lâchent plus...
Jean-Jacques Goldman : Mais comment négocier ?
Arno : Et bah des fois on négocie avec eux pour leur dire "je vous donne une somme d'argent et vous me laissez tranquille ou alors si vous parlez de moi vous le dites en bien". Est-ce que vous en avez été témoin ou est-ce que vous saviez que ça existait ?
Jean-Jacques Goldman : Alors non. Non moi je savais qu'il y avait des gens qui étaient complices, c'est-à-dire des artistes qui se font prendre en photos ou des choses comme ça, mais ce qui est tout à fait leur droit, il n'y a pas de problème. Il y a même des journaux d'ailleurs qui ne volent pas ! Des journaux comme Gala, comme Paris Match, où vous pouvez poser avec votre chien, avec votre chat, votre serpent, vos morpions,... enfin tout quoi ! [rires] Ça, il n'y a pas de problèmes. Mais je n'ai jamais entendu parler de ces arrangements, et moi au contraire je pense que ces gens-là sont des commerçants, des gens qui n'ont pas d'état d'âme et donc qu'il faut les frapper là...
Arno : Le nerf de la guerre quoi.
Jean-Jacques Goldman : Voilà ! ...là où leurs marges bénéficiaires disparaissent, et ils vont changer de métier.
Arno : Selon un récent sondage, vous êtes la troisième personnalité préférée des Français derrière l'abbé Pierre et David Douillet, et vous arrivez à la première place des chanteurs favoris de nos concitoyens. Quel symbole ou signification revêt à vos yeux ce genre d'études ?
Jean-Jacques Goldman : D'abord, je sais pas trop comment ça se passe, je sais pas si on leur donne des listes, aux gens, comment on leur pose exactement la question "est ce que c'est quelqu'un que vous aimez bien ?" ou...
Arno : Est-ce que c'est assisté ou spontané ?
Jean-Jacques Goldman : Voilà. Bon ceci dit, ça me touche énormément et moi ce que je remarque quand même, et qu'il faut dire, c'est que dans les quatre ou cinq premiers depuis très longtemps il y a Zidane et moi, donc un musulman et un juif avérés. Et je trouve qu'il faut le répéter : je crois que c'est le seul pays au monde, la France, qui est capable de mettre dans les personnalités qu'ils apprécient, des gens qui ne sont pas de confession traditionnelle française. Il faut dire ça des Français, et leur rendre hommage pour ça.
Arno : En tenant compte justement de cette enquête, de votre notoriété, est-ce que vous pourriez vous laissez tenter un jour par la publicité puis finalement... comme vous mettre debout et vous dire : "Et ben finalement moi aussi je vais profiter du système et prêter mon nom pour représenter une marque". Est-ce qu'on vous l'a déjà proposé, et si tel n'est pas le cas pourquoi accepteriez-vous ou refuseriez- vous ?
Jean-Jacques Goldman : Oui évidemment, on me l'a proposé. La seule raison pour laquelle on ferait de la publicité, je crois, c'est pour gagner de l'argent non ? Franchement, j'en ai assez moi... Ça va. Je vois pas ce que je ferais avec plus de sous. Ça sert à rien... [rires]
Arno : On est à une époque de communication et d'images, et vous le disiez tout à l'heure, vous, vous en prenez le contre-pied parfait et ça fonctionne très bien.
Jean-Jacques Goldman : Pas trop quoi !
Arno : Pas trop !? Vous ne trouvez pas ?
Jean-Jacques Goldman : J'ai l'impression que j'ai une attitude médiatique normale. C'est-à-dire je vous reçois vous, je fais de la télévision... Quand il y a eu l'album de Céline Dion : il y a eu des équipes télé, il y a eu des interviews... Alors évidemment, il y a une telle demande médiatique maintenant que peut-être sur 1 000 demandes on en accepte disons 40. Mais ça veut pas dire qu'on n'en fait pas ! Je crois que c'est obligatoire d'avoir une attitude médiatique quand on fait ce métier-là.
Arno : Je voulais arriver sur les clips en fait. C'est plutôt une perte de temps pour vous, c'est pas vraiment votre métier de tourner un clip...
Jean-Jacques Goldman : Je crois que c'est super important et je crois que c'est l'avenir de notre métier. Je n'ai pas du tout cette aptitude-là.
Arno : Pourtant le clip "Tournent les violons" a été primé aux Victoires de la Musique.
Jean-Jacques Goldman [en souriant] : Mais c'est parce que je m'entoure de gens très talentueux qui pallient ce genre d'insuffisance.
Arno : Juste comme ça, les Victoires de la Musique, qu'en pensez- vous ? Est-ce que vous êtes comme Laurent Gerra qui pense qu'on passe au dessus d'un trou d'air et que si c'était pour récompenser les chanteurs, ça s'appellerait les Victoires de la Chanson et non pas les Victoires de la Musique ?
Jean-Jacques Goldman : Disons, sur le principe, moi, je suis pour. Je trouve ça assez positif, une fois par an, de rencontrer les gars de Louise Attaque ou Mireille Matthieu, Enrico Macias ou Manu Chao, et de se dire "on fait le même travail".
Arno : Donc c'est une bonne chose ?
Jean-Jacques Goldman : Moi je trouve ça bien, oui.
Arno : Même si vous n'avez pas été suffisamment récompensé ?
Jean-Jacques Goldman : Ben, j'ai été super récompensé ! Moi, j'en ai eu cinq ou six je crois.
Arno : C'est pas suffisant pour quelqu'un qui a eu une carrière comme la vôtre...
Jean-Jacques Goldman : Attendez, il y en a beaucoup qui en ont eu moins...
Arno [en riant] : C'est vrai, on y reviendra tout à l'heure...
Jean-Jacques Goldman : J'ai été gâté.
Arno : Vous parliez de Céline Dion tout à l'heure. C'est l'une des dernières collaborations en date pour le grand public en tout cas, un album très réussi, un concept original... Vous avez déclaré "ça marche parce que Céline et moi partageons les mêmes valeurs". La question est très simple, quelles sont ces valeurs ?
Jean-Jacques Goldman : J'ai pas dit "ça marche"... J'ai dû dire "ça marche entre nous"....
Arno : Bien sûr, c'est là où je voulais en venir.
Jean-Jacques Goldman : C'est-à-dire on s'entend bien, et c'est quelqu'un qui vient d'un milieu vraiment très populaire - vous connaissez toute la saga, et tout ça - et qui est restée comme ça ! D'ailleurs elle n'est pas assez âgée encore maintenant pour avoir changé, donc en même temps probablement elle a un petit côté Edith Piaf, c'est-à-dire ça ne la dérange pas d'avoir des centaines de paires de chaussures ou d'aller faire les magasins et tout ça, mais elle reste quelqu'un de profondément simple, sans prétention et profondément enthousiaste sur le fait de chanter. C'est pas du tout banal pour elle d'avoir une nouvelle chanson qui arrive, d'être devant des gens. Moi, j'adore cette spontanéité !
Arno : En général, qui propose qui ? Parce que la légende, vous savez ce que c'est, dit que les artistes viennent voir Jean-Jacques Goldman. Est-ce que c'est très souvent le cas, peu souvent le cas, tout le temps ça ou des fois Jean-Jacques Goldman écrit une chanson et dit : "ça serait pour tel artiste" ? Ou alors vous aller chercher des gens en qui vous croyez ?
Jean-Jacques Goldman : Alors c'est très très simple. On m'a toujours demandé, et moi je n'ai demandé qu'une fois : c'est à Céline Dion, à une époque où elle n'était pas très connue d'ailleurs. Et bon peut- être j'ai demandé à Michael et à Carole de faire le groupe, alors qu'eux ne m'avaient rien demandé.
Arno : Mais quels sont les critères qui pourraient faire que vous refusiez de travailler avec un artiste ?
Jean-Jacques Goldman : Ce sont toujours les mêmes, parfois j'ai l'impression de ne rien pouvoir leur amener ou de ne pas savoir quoi leur amener. Ça a été le cas par exemple...
Arno : Humainement ou artistiquement ?
Jean-Jacques Goldman : Artistiquement. Humainement, maintenant je suis un peu exigeant. Je travaille avec des gens qui me sont sympathiques mais à la limite c'est pas obligatoire. J'ai déjà travaillé en studio, par exemple, avec des musiciens avec lesquels j'avais pas forcément des atomes crochus. Mais bon ça dure trois heures, et puis je sais exactement ce que vais leur demander donc c'est pas comme la scène. Par exemple une fois j'ai fait un titre pour Joe Cocker, je ne l'ai même pas rencontré, quoi !
Arno : Quel artiste bénéficiera prochainement de vos talents ?
Jean-Jacques Goldman : Là j'ai fait une chanson pour l'album de Michaël, probablement je retravaillerai avec Patrick... euh Patrick Fiori... avec lequel j'ai déjà travaillé. J'ai fait quelques maquettes là pour Liane Foly, qui nous dépanne tout le temps aux Enfoirés, on peut lui demander n'importe quoi, elle est toujours là ; et il y a l'album de Garou où j'ai fait un ou deux titres, Patricia Kaas où j'ai fait deux titres aussi.
Arno : Avec qui n'avez-vous pas encore travaillé, vraiment ça vous démange, vous aimeriez travailler ?
Jean-Jacques Goldman : Personne. Franchement.
Arno : Il n'y a plus personne qui fait rêver Jean-Jacques Goldman aujourd'hui ?
Jean-Jacques Goldman : Franchement, la seule personne qui me faisait rêver, c'était une grande voix féminine. Parce que c'était à une époque où, je sais pas si vous rappelez, quand on a fait l'album "D'eux", il n'y avait plus de chanteuses à voix en France quasiment, ou alors c'était des dames de l'ancienne génération. Je rêvais de ça, ça aurait pu être quelqu'un d'autre que Céline, mais il se trouve qu'elle se détachait techniquement.
Arno : Vous produisez souvent, notamment pour des artistes féminines : Maurane, Patricia Kaas, Céline Dion on vient d'en parler. En revanche, pour produire et réaliser, vous vous entourez exclusivement d'hommes. Pourquoi ce choix ? Est-ce que ça fait partie de la recette de Jean- Jacques Goldman ? Est-ce que c'est la vie qui a fait que vous vous êtes rapproché de certains musiciens et pas musiciennes ?
Jean-Jacques Goldman : C'est une bonne question, c'est vrai, j'ai rarement croisé des grandes musiciennes, oui... Ce sont des choses qui se font par contact : Erick Benzi avec lequel je travaille, Jacques Veneruso pareil, et Gildas Arzel, ils faisaient une première partie, ils faisaient partie d'un groupe. C'est des gens que j'ai rencontrés. Je n'ai jamais croisé de femmes dans les studios, en dehors de techniciennes de son, ça j'en ai vues et j'ai travaillé avec certaines, mais effectivement, c'est une bonne question. Pourquoi j'ai jamais travaillé... En dehors des choristes, quoi. Je ne sais pas.
Arno : Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent entre guillemets "de travailler en bande" ? J'ai même lu "bande organisée", ce qui n'est pas très gentil...
Jean-Jacques Goldman : Je ne sais pas qui travaille autrement...
Arno : C'est la question qu'on s'est posé nous aussi !
Jean-Jacques Goldman : Faudrait être pervers quoi pour dire "là j'ai fait une séance avec un bassiste formidable, tiens, je ne vais pas le reprendre !". [rires] Ou alors "là il y a un type, il me fait un son d'enfer, j'espère que je ne le reverrai jamais !". [rires]
Arno : Donc tout simplement, vous répondez que c'est pour la qualité et pour le résultat ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, mais enfin c'est comme tout le monde ! Je pense que vous, votre patron il vous garde parce que vous faites de bonnes interviews et puis que vous arrivez à l'heure quoi en gros. Je dirais même d'une certaine manière que, si on regarde le déroulement de ma carrière, j'ai été assez intraitable là-dessus puisque j'ai eu des très bons amis, des gens qui étaient presque comme des frères, dont je me suis séparé parce que, sur le plan du travail, ça n'allait plus. Ce ne sont pas du tout des bandes irréversibles. Pour moi ce qui reste vraiment fondamental, c'est d'arriver au but que je cherche, c'est-à-dire une chanson qui me plaise quoi.
Arno : Quelle sensation ça procure le fait de savoir que des gens, qui vous apprécient ou pas, écoutent et aiment du Goldman sans s'en rendre compte ?
Jean-Jacques Goldman : Sans s'en rendre compte, c'est-à-dire ?
Arno : C'est-à-dire que, on parlait de Patricia Kaas, ils vont écouter l'album de Patricia Kaas sans savoir que vous avez travaillé dessus, ils vont adorer... Mais par contre ils détestent Goldman, ou alors ils adorent Goldman...
Jean-Jacques Goldman : Ah bon...
Arno : Comment vous poser cette question... Qu'est-ce que ça vous fait, qu'est-ce que vous vous dites ?
Jean-Jacques Goldman : Je dois être un mec assez simple, je ne me suis jamais posé cette question ! [rires]
Arno : Ou moi plus compliqué ! [rires]
Jean-Jacques Goldman : Je ne pense pas qu'on puisse aimer les chansons que je fais pour les autres en détestant ce que je fais, parce que c'est pas si différent que ça ; même si Aïcha, c'est un truc un peu soul que je ne ferais pas pour moi ou... Dans ce cas-là, je pense que ce qu'ils peuvent détester, ce que je peux tout à fait comprendre, c'est le son de ma voix par exemple, ou ma personnalité, et puis tout à coup ils sont plus heureux quand ils entendent, je sais pas, De Palmas chanter mes mots ou une fille s'ils n'aiment pas les garçons par exemple. Ça je peux le comprendre. Mais je ne pense pas qu'il y ait une différence essentielle entre mes compositions personnelles et celles que je fais pour les autres.
Arno : Vous dites une phrase très belle, vous dites "les chansons sont parfois plus belles que ceux qui les chantent". C'est sans aucune transition avec la question que je viens de vous poser, en revanche, je voulais savoir si c'était un tantinet dirigé ? J'approfondirai si vous avez besoin...
Jean-Jacques Goldman : Ah, sur d'autres, sur des collègues ?
Arno : Par exemple !
Jean-Jacques Goldman : Non, non, il faudrait lire la fin de la phrase, c'était sur un des premiers albums où je commençais à recevoir vraiment énormément de courrier. Il commençait à y avoir beaucoup de monde qui m'attendait à la sortie des émissions, et tout à coup j'ai commencé à perdre le rapport disons un peu plus personnel que j'avais avec, on va dire, les fans - je n'aime pas trop le terme -, mais des gens qui étaient attachés à moi du début, et donc je me rendais compte que ça les faisait souffrir. Donc je l'assumais, mais je disais "il faut pas confondre les chansons et celui qui les écrit", en l'occurrence je parlais de moi... "Je ne suis pas aussi généreux, et puis il faut m'excuser : ce que vous avez cru entendre dans les chansons, et bien je ne suis peut-être pas l'être aussi parfait que vous avez pu l'imaginer".
Arno : Donc en aucun cas, pour les mauvaises langues, c'est visé pour Obispo ?
Jean-Jacques Goldman : Ah bien là c'est tout à fait simple, vous allez voir cette phrase qui est je crois sur le deuxième ou le troisième album... Je pense qu'Obispo à l'époque, il devait être à l'école communale ! Donc ça ne peut pas... Et en plus, Pascal, je n'ai aucun problème avec Pascal !
Arno : Il vous appelle le patron, ça vous flatte ou ça vous agace ?
Jean-Jacques Goldman : Oh ben je trouve ça flatteur !
Arno : Alors on va terminer par une question un peu moins légère, l'industrie du disque se porte assez mal en ce moment...
Jean-Jacques Goldman : Non, non, je crois qu'il y a un réel problème effectivement, qui touche... et dans toute activité c'est la même chose, ce sont les fragiles, les gens fragiles, donc ceux qui débutent, ceux qui sont jeunes et tout ça, qui sont touchés les premiers. Mais je crois que l'on vit vraiment une révolution de notre métier là. On a vécu quelques révolutions déjà qui ont été le passage du vinyle à la cassette, ensuite le passage de la cassette au cd, mais chaque fois il y avait la possibilité d'adapter la législation à ces changements technologiques. Là, il se trouve que la technologie va plus vite que le droit ; et donc on arrive vraiment, je dirais, à une situation à l'africaine, qui n'est pas encore tragique mais qui va le devenir, ça c'est une certitude, où des artistes donc fragiles, débutants, vont commencer à travailler et leur travail va être copié. On a vu les résultats : les artistes africains doivent faire des concerts pour survivre, ou alors partir aux Etats-Unis ou en Europe. Il y a une vraie émigration quoi, un vrai arrêt de la création. Il faut que le législateur, mais je crois que c'est le cas, se penche sur ce problème, parce que là les copies internet, c'est une catastrophe.
Arno : Vous en êtes victime vous-même ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, mais victime ça fait un peu con de dire ça... C'est-à-dire au lieu de vendre peut-être un million, on va vendre 500 000 ou des choses comme ça, ce qui est encore énorme. Mais par contre, il est vrai qu'un artiste qui commence, en particulier dans les artistes rap par exemple ou rock, où ça copie beaucoup, des gens qui les écoutent qui ont entre 15 et 25 ans, donc qui savent très bien comment marchent un ordinateur et l'adsl, je ne sais pas, pour des gens comme Raphaël et tout ça, je suppose ça doit être un vrai vrai problème. Eux, le problème c'est, disons, à 40 000 albums ils peuvent vivre, à 10 000 ils ne peuvent pas ; et la maison de disques ne peut pas les suivre. Et c'est ce qui se passe, c'est-à-dire qu'au lieu d'en vendre 50 000 avant, ils vont en vendre 15 ou 20 000, et là c'est fini quoi.
Arno : Alors vous parliez de révolution, ça veut dire que ce n'est pas seulement, pour rentrer dans la théologie économique même, ce n'est pas un cycle, c'est-à-dire ce n'est pas une période de trouble qui va être suivie par, de nouveau, un refleurissement du marché du disque. C'est pour vous, vraiment , une révolution, et un système irréversible ?
Jean-Jacques Goldman : Pour moi, le système est irréversible, c'est-à- dire le support va disparaître. Maintenant c'est le mp3, les gens ils vont charger leurs chansons. Bon maintenant, si c'est rémunéré tout le monde y gagnera, parce que eux ils n'auront pas de cd à acheter, ce sera moins cher et les maisons de disques vont continuer à vivre, et les artistes aussi. Mais actuellement le fait est que je ne vois pas comment on peut contourner le fait de ne pas rémunérer un site qui est à Panama ou qui est à Hong-Kong quoi.
Arno : Et vous justement qui apportez beaucoup d'intérêt au détail, tous vos albums sont des objets, il y a toujours un concept. Si l'objet disparaît, c'est un petit peu votre nature qui s'évapore, ça aussi c'est important ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, mais je pense que ça ne disparaîtra pas forcément, il y aura deux marchés : il y aura un marché de gens qui ne veulent que la chanson, et il va y avoir le marché des gens qui veulent la chanson et l'image, on en a parlé tout à l'heure, c'est-à- dire...
Arno : Avec le dvd.
Jean-Jacques Goldman : Voilà. Et puis il y aura des gens qui veulent aussi l'objet, ça va être une personne sur dix quoi. On va être plus du domaine du collectionneur, je crois, ou de quelqu'un qui est... Il y a quand même neuf personnes sur dix qui veulent écouter une chanson, et pour cela ça va être direct de leur ordinateur à leur lecteur mp3.
Arno : On va terminer par quelque chose de beaucoup plus léger. Nous qui avons la chance de vous rencontrer aujourd'hui, on s'aperçoit que vous n'êtes pas le personnage froid que l'on dépeint de temps en temps, et Bigard qui vous charrie dans les Enfoirés, il se trompe complètement finalement !? Vous maniez l'autodérision avec beaucoup d'à propos, non ?
Jean-Jacques Goldman : Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de doutes, je crois que les gens qui me suivent ne m'ont jamais pris spécialement pour, ah oui, pour le "pisse-froid", comme dirait Bigard ! [rires]
Arno : Voilà !
Jean-Jacques Goldman : Non, mais je peux vous faire une confidence, Bigard n'en croit pas un mot non plus ! [rires]
Arno : Merci beaucoup en tout cas de nous avoir reçus aujourd'hui.
Jean-Jacques Goldman : Et bien, je vous en prie.
Arno : C'était un véritable honneur, un vrai plaisir de passer ces moments en votre compagnie !
Jean-Jacques Goldman : Merci en tout cas.
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