Les confidences de Jean-Jacques Goldman
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Les confidences de Jean-Jacques Goldman
Le Figaro, le
7 mars 2008
Propos recueillis par Pierre de Boishue et Jean-Michel Maire
Grand ordonnateur musical du show des Enfoirés et auteur du cultissime hymne des Restos du coeur, Jean-Jacques Goldman ne délivre ses confidences qu'au compte-gouttes depuis le début de sa carrière. L'occasion, cette fois, de tordre le cou à la rumeur qui voudrait qu'il prépare un nouvel album…
Le Figaro : Après plus de vingt ans de mobilisation, vous sentez-vous
toujours aussi concerné ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, à tel point que ma préoccupation
principale est l'avenir de cette émission. L'âge fait qu'on ne
sent plus aussi bien les désirs des téléspectateurs. Il
faut du sang neuf.
N'avez-vous jamais envie de passer le flambeau à la jeune génération
?
Si bien sûr. Je suis d'ailleurs le plus vieux dans l'équipe !
Les jeunes qui veulent proposer, s'impliquer, sont toujours bienvenus. Ça
vient.
Quelles sont, d'après vous, les raisons d'un tel succès télévisuel
?
À
priori, on peut penser qu'avec quarante personnes appréciées
du public il est facile de faire de l'audience… Mais comment faire vivre
ensemble quarante vedettes ? ! Des collègues américains, canadiens,
anglais sont ahuris de nous voir cohabiter ainsi, sans entourage, comme «en
colo», et me disent que c'est inenvisageable chez eux. Je crois que la
vraie singularité se situe là. À mon avis la «2e
génération» Cabrel, Le Forestier, Voulzy, Souchon et moi
a été déterminante. Par hasard, par miracle, nous étions
tous sans ego, responsables et respectueux les uns des autres. Et le pli a été pris.
Combien de temps vous prend la préparation de cet événement
?
La première réunion a lieu au printemps. En fait, on tire les
leçons de l'émission qui vient de se dérouler, puis on
décide des grandes lignes (lieu, thème) de la suivante avant
l'été. Et dès septembre, c'est une occupation quasi quotidienne.
Cela vous touche-t-il qu'on reprenne vos chansons lors de ce show ?
Pas vraiment. Ce qui me touche vraiment, c'est quand
un numéro est réussi
: bonne chanson, bon casting, bon arrangement, bon scénario, bon visuel. Ça
j'adore !
Le concert des Restos constitue un formidable outil
de promotion pour les artistes. Cela ne dénature-t-il pas le caractère
caritatif de leur engagement ?
À
partir du moment où notre critère de sélection est la
notoriété, ce sont généralement des artistes qui
n'ont pas besoin de ça. Ils apportent leur notoriété à l'émission
et pas le contraire. Mais j'admets que dans certains cas ce n'est plus tout à fait
vrai. Et peu importe. Notre priorité, c'est les gens dans la rue, donc
on prend l'équipe qui, à notre sens, fera de l'audience. Point.
Mais franchement, je n'en connais pas de cyniques.
À combien limitez-vous le nombre d'Enfoirés
?
À
quarante pour l'instant, mais on va probablement réduire à l'avenir,
car c'est trop pour un spectacle de deux heures…
Avez-vous l'ambition d'y incorporer des stars internationales ?
Le problème ne s'est pas trop posé, mais la question est : sommes-nous
persuadés que Madonna, Springsteen, Beyoncé ou Mika feraient
sensiblement grimper l'audience ? Ce n'est pas certain. En revanche je ne les
imagine pas manger une semaine à la cantine avec les techniciens, se
changer dans des loges collectives et se déplacer en car… ! Et
c'est ce qui fait que cette émission est différente.
Pourquoi cette éternelle discrétion avec les médias
?
Mais je ne déteste pas ! C'est juste que j'ai plein d'autres trucs qui
me passionnent à faire. Le temps me manque cruellement.
N'avez-vous jamais envie de réagir à tel ou tel fait d'actualité ?
Médiatiquement ? Pas vraiment. C'est un peu de la modestie, beaucoup
de la paresse, voire de la lâcheté. En tout cas un manque de goût
pour ça. Si ça me semblait utile, je crois que je le ferais.
Ce n'est pas le cas.
Des bruits récents disent que vous prépareriez un album… Rumeur
ou info ?
Non, c'est faux. Je ne fais pas du tout de musique ces temps-ci.
Et quand vos fans vous retrouveront-ils sur scène
?
Franchement, je ne sais pas. Mais en tout cas pas dans
les années à venir.
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