Julien Déniel : Gamin, je me suis mis à la guitare après avoir écouté "Entre gris clair et gris foncé" tout un été. Entretien exclusif pour "Parler
d'sa vie”, enregistré par téléphone le 13 octobre
2009 Propos recueillis et retranscrits par
Jean-Michel Fontaine Crédits photos (de haut en
bas) : xxx / xxx / xxx |
Julien Déniel, 31 ans, a terminé le vingtième siècle en créant le groupe Arkol avec David Leprince, rencontré sur les bancs de la fac du Mans. Bientôt rejoints par Fabrice Cailleau, Damien Gautier et Guillaume Arbonville, les membres d'Arkol décrochent un contrat chez Warner et sortent deux albums, "Vue imprenable" (2004) et "On aurait dit qu'on était bien" (2007). Entre 2003 et 2007, six singles issus de ces albums permettent à Arkol de passer à la radio et d'enchaîner plus d'une centaine de concerts en France et en Belgique. Parallèlement, Julien Déniel commence à écrire des chansons plus personnelles, réminiscences de son enfance et des visages croisés ça et là. Le talent du producteur, arrangeur et multi-instrumentiste Philippe Uminski apporte aux chansons intimes de Julien Déniel un écrin qui conserve la fraîcheur des intentions et nous donne envie de croquer à pleines dents ces délicieuses madeleines que nous offre aujourd'hui Julien Déniel avec “A monter soi-même”.
Je t’ai découvert grâce au Coup de Cœur de Bertrand Dicale dans “Chorus”. Tu dois être au courant que la nouvelle société éditrice de Chorus a déposé le bilan et qu’il n’y a donc pas eu de “Chorus” cet automne.
[surpris] Non, je n'étais pas au courant. [silence] Ça va manquer.
Ton album s’appelle “A monter soi-même”. Peut-on en déduire que tu laisses à chacun le soin d’interpréter tes chansons comme bon leur semble ?
Pourquoi pas… Même si je pense que mes chansons sont très évocatrices et ne sont pas forcément très ouvertes dans les textes. Après, il peut y avoir des chansons avec plusieurs degrés de lecture, mais généralement, c'est assez concret. Ce titre est plutôt une référence à la façon dont a été construit cet album, tant dans l'écriture que dans l'enregistrement.
Est-ce que ce n’est pas ça, finalement, la vraie universalité ? De donner l’impression aux gens que la chanson a été écrite pour eux, et rien que pour eux, parce qu’une situation que tu décris leur rappelle un souvenir extrêmement personnel et intime ?
Cela peut être une quête pour certains artistes… mais pas forcément la mienne ! Honnêtement, quand j'écris une chanson, je ne pense pas au futur public. Il faut déjà qu'elle me plaise, il faut qu'elle m'évoque des images, des souvenirs, des parfums. Si elle rencontre le public, tant mieux, mais ce n'est pas mon mode d'écriture.
Quelle est la part d’autobiographie dans tes chansons, alors ?
Elle est complète ! Je puise dans mes expériences, dans mes souvenirs d'enfance… De temps en temps, sur quelques chansons, ce sont des émotions, comme sur "La berceuse", suite à un documentaire, mais dans 90% des cas, ce sont mes expériences vécues.
Tous les prénoms que tu cites dans tes chansons, ce sont vraiment des gens que tu as croisés ?
Tous les prénoms sont des personnes que j'ai croisées... Ces prénoms m'évoquent des visages, des histoires, des rencontres quand je les chante.
Et Clémentine, alors, finalement, elle est revenue ? :-)
Clémentine, elle est partie... avec Arkol !!! :-)
Tu as écrit et composé touts les chansons de ton premier album solo, en dehors de “La berceuse du petit voleur”, que tu as co-écrite avec David Leprince, le Clavier d’Arkol. Quelles relations conserves-tu avec les membres d’Arkol ?
On est restés très très bon amis. On ne se voit pas toutes les semaines, mais on se voit régulièrement. On se fait des bouffes. On a quand même partagé plusieurs années de nos vies respectives.
“Mon grand-père”, à mon avis, préfigure ta carrière solo. D’une part parce qu’elle est plus intime, autobiographique, même, j’imagine, et d’autre part, parce qu’elle reflète ta couleur musicale actuelle. Quand tu as eu fini “Mon grand-père”, est-ce que tu t’es dit, “c’est ce genre de chansons que je veux faire quand je serai grand” ?
Pas tout à fait, mais quand j'au eu fini "Mon grand-père", je me suis demandé si je la mettais dans l'album d'Arkol ; est-ce que je la proposais au groupe, ou est-ce que je la mettais dans mon album, que j'avais déjà commencé à écrire. C'était de toute façon une chanson très personnelle et qui ne pouvait pas coller à l'univers d'Arkol. Effectivement, je me suis posé la question. Elle aurait pu être sur cet album-là, et elle ressortira peut-être dans quelques années, on ne sait jamais.
A contrario, je trouve que “Toi t’es cap” est la chanson qui s’approche le plus de l’esprit contestataire d’Arkol…
C'est une construction sur le texte. Sur le premier album d'Arkol, il y avait une chanson, "Y'a des jours", avec un gimmick qui revient, une construction similaire sur le texte. Effectivement, c'est la chanson, entre guillemets, la plus "rock and roll" de l'album. C'est pour cela qu'on l'a mise à la fin de l'album. On s'est un peu lâchés sur la production !
Avec le recul, quel regard portes-tu sur “Vingt ans” et “Remboursez”, d'autres chansons "contestataires" d'Arkol, entre guillemets ?
Ça me paraît tellement loin ! Je ne sais pas… J'en ai forcément un souvenir qui n'est pas objectif. Ce sont des bons souvenirs, parce qu'ils sont liés à des concerts avec les potes. C'était une belle époque. En ce qui concerne l'écriture elle-même, je pense que comme tous les artistes, je ne ferais pas grand-chose pareil. Elles appartiennent à mon histoire et à celle du groupe.
Te souviens-tu avec nostalgie de tes idéaux de jeunesse, ou trouves-tu que ces chansons revendicatrices étaient naïves ?
Elles étaient forcément naïves. Aujourd'hui, j'exprimerais mes opinions différemment. On mûrit. On n'a plus tout à fait vingt ans [rires] ! On a vécu, on voit les choses autrement. Ça ne veut pas dire qu'on avait tort ! Vouloir changer le monde à vingt ans, c'est assez naturel…
C'est même sain…
Aujourd'hui, j'exprime mes sentiments différemment, avec d'autres mots, d'autres musiques.
Quelles chansons d’Arkol reprends-tu en concert ?
Aujourd'hui, aucune. Il est bon de couper le cordon. Mais demain, je ne l'exclus pas.
J’adorerais entendre une version acoustique de “Faits divers”…
[rires] Ça serait drôle.
Est-ce que cela t’est déjà arrivé d’avoir une inspiration fulgurante, soit de composition, soit de texte, puis finalement de réaliser que cela avait déjà été fait par quelqu’un d’autre ?
Des idées de musiques, oui, mais pas de textes. Tout le monde a un jour trouvé un gimmick à la guitare, une grille fantastique. On se dit, "c'est énorme, c'est énorme !". Quand on travaille à plusieurs, on la présente aux autres, et puis il y a toujours quelqu'un qui dit, "mais tu ne la connais pas ? C'est telle chanson, en telle année". Après, tu ne te sens pas très bien. [rires]
Le thème de “Papa reste là” a déjà été abordé par Jean-Jacques Goldman dans “C’est pas grave Papa”, en 1976. Je trouve que “La berceuse du petit voleur” est proche de la chanson “Les charognards” de Renaud. Accusé Déniel, qu’avez-vous à dire pour votre défense ?
[long silence] "Les charognards", oui. Ce sont des thèmes qui restent universels. J'ai écouté beaucoup de chansons de Renaud étant jeune. Le regard de l'enfant sur son père… Je ne connais pas celle de Jean-Jacques, honnêtement, mais j'écouterai.
[quelques jours plus tard, Julien réagit à “C’est pas grave Papa”, qu'il a écoutée entre temps]
La similitude avec ma chanson est drôle, en effet. Après, musicalement c'est très différent !!! Celle de Jean-Jacques est vraiment blues...
C'est la première chanson qu'il a sortie en français, parallèlement à sa carrière avec Tai Phong. C'est exactement le même thème. Cela m'a vraiment scié quand j'ai entendu “Papa reste là” !
Il y a aussi une chanson de Renaud, qui s'appelle "Son bleu", qui traite également du chômage, à travers le côté vraiment ouvrier. En ce qui me concerne, ce sont des souvenirs plus "light". Les souvenirs que j'évoque dans “Papa reste là” sont plus enfantins, moins sociaux. Ce sont de vrais souvenirs d'enfant, et pas ceux d'un adulte qui se mettrait à la place de l'enfant.
Il y a un concept de Pierre Teilhard de Chardin, que j’aime beaucoup, qui s’appelle la noosphère : la noosphère matérialise toutes les consciences de l'humanité et toute la capacité des êtres humains à penser. Les artistes, les scientifiques, les inventeurs, les écrivains, les compositeurs auraient un accès privilégie à cet inconscient collectif, ce qui expliquerait pourquoi le feu, l’écriture, la domestication, l’agriculture ont été maîtrisés en plusieurs points du globe de façon simultanée. De façon plus prosaïque, cela explique aussi pourquoi “Foule sentimentale” ou “Samedi soir sur la terre” ont rencontré un tel écho auprès du public. Est-ce que tu connais cette théorie ?
Pas du tout.
Est-ce que ça te parle ? Le fait de se dire, “en tant qu'artiste, je suis plus réceptif à un inconscient collectif. Ce n'est pas moi qui maîtrise mon inspiration, c'est l'air du temps, c'est quelque chose qui n'est pas explicable” ?
Dans l'écriture, il y a plein de choses qui ne sont pas explicables. Très humblement, je pense que tu fais le tri des mots et des notes qui te viennent à l'esprit. Après, c'est du travail. Plus on travaille, plus on trie, et plus on a de chances de trouver. C'est un peu comme un chercheur d'or. Plus on tamise, et plus on a de chances de récolter quelques petits grains d'or. Après, d'où ça vient ? J'ai toujours quelque chose qui me trotte dans la tête. Pourquoi ça me vient dans la tête ? C'est plus compliqué. Je n'ai pas encore fait de travail là-dessus.
Dans tous les papiers que j'ai pu lire jusqu'à présent, on te compare beaucoup à Renan Luce. Personnellement, je trouve que ton parcours ressemble plus à celui de Da Silva, avec une démarche artistique proche de celle de Ridan, parfois. Et avec évidemment une influence de Renaud.
Ce sont toutes des personnes dont j'écoute les albums de temps en temps.
Tu es proche, personnellement, de Renan Luce ? J'ai vu que vous étiez amis sur Myspace.
On s'est croisés une fois, il y a très longtemps, avant que son premier album ne sorte. J'avais écouté ses maquettes. Je me reconnais dans son écriture, comme je me reconnais dans Renaud, en fait. Derrière Renan Luce, il y a Renaud. Derrière Renaud, il y a Brassens. Je trouve que Ridan a un parcours très intéressant, avec un compromis entre la revendication et l'honnêteté, l'intégrité... Le choix des mots… Ridan, c'est une plume que j'aime bien. Je connais beaucoup moins bien Da Silva. Ce sont des textes plus métaphoriques. C'est moins mon trip. J'écoute des choses qui parlent du quotidien. C'est moins mon univers.
Arkol a repris “Triviale Poursuite”, de Renaud, mais peux-tu imaginer Renaud chanter une chanson d’Arkol ?
[rires] A l’époque, on lui avait envoyé un truc pour faire un duo. C’est resté sans suite… Donc, oui, je l’imaginais bien chanter une chanson d’Arkol ! [rires]
[avec la voix de Renaud] “Mon grand-père, c’est pas n’importe qui, solitaire, ta-tata-tatata”.
[Long silence. Je crois que ma blague est tombée à plat]
Renaud, “Mon grand-père”… Je crois qu’il est surtout beau-père, maintenant…
Est-ce que tu crois que maintenant, on peut faire une chanson sur le quotidien comme “Le meuble en kit” sans être inévitablement comparé à Bénabar ou Vincent Delerm ?
Non. [rires] Non, c’est pas possible ! Alors moi, on m’a plus mis dans la case Bénabar, que dans la case Delerm. Je pense que c’est par rapport aux instrumentations, aux rythmes, mais non effectivement, ce n’est pas possible. [rires] Ils ont marqué leur temps, comme ça.
Être comparé à d’autres chanteurs – j’en ai déjà cité six – c’est flatteur, frustrant, énervant, ou un passage obligé pour donner une idée de ton univers ?
C’est un passage obligé, mais ça ne me dérange pas. Ce sont des gens que j’aime, donc ça ne me dérange pas. De toute façon, les gens ont besoin de repères, et je ne suis pas à des années lumière de Bénabar, de Delerm, de Renan Luce ou de Ridan. J’aimais bien quand les journaux précisaient, “à classer entre… et entre…”. S’il y a une référence à un artiste que l’on apprécie, cela peut être flatteur.
La plupart des chanteurs francophones ne citent pratiquement jamais d'autres chanteurs francophones comme références. Ils affirment avoir été énormément influencés par d'obscurs groupes anglais que personne ne connaît. Tu n'as pas ce complexe anglo-saxon, apparemment ?
Non, je n'ai pas de complexe, ni dans un sens, ni dans l'autre : j'écoute Renaud avec autant de plaisir que Bob Dylan !
Est-ce que j'ai le droit de dire que je préfère très nettement la version acoustique du “Meuble en kit” à la version album ?
Pas de souci, j’aime bien les deux versions ! [rires] La version acoustique, c’est une version que l’on a faite rapidement pour créer un bonus pour internet. Parfois, des choses que l’on fait rapidement, dans la fraîcheur, peuvent donner des résultats intéressants. C’est plus proche de la maquette que j’avais faite seul à la maison, avant les instrumentations. On est revenus aux sources, finalement.
Julien Déniel en concert, ça donne quoi ?
On a fait “Avignon off” pendant un mois, en juillet. On jouait à deux, avec Valentin Montu. Des guitares, beaucoup de guitares. Des guitares électriques aussi. Je n’aurais pas voulu faire quelque chose de trop acoustique. Valentin joue de la guitare électrique, et de la batterie, en même temps, avec les pieds. On essaie de garder du peps, de la dynamique, avec des boîtes à rythme, des claviers. Comme j’écris et je compose, ce sont effectivement des bases guitare / voix, ou banjo / voix, mais après, nous les arrangeons avec des grosses caisses ou des boîtes à rythme.
Tu ne fais pas comme Anaïs en te samplant en direct ?
Non, on ne se sample pas en direct ! Je pense qu’Anaïs a marqué son temps avec ce genre de process, comme M, comme Jean-Louis Aubert. C’est tellement plus agréable d’être à deux sur scène que tout seul. La vie d’artiste, être en tournée, c’est aussi pour être avec des gens sympathiques. Tout seul, ça pourrait être pesant.
Dans “Promis juré craché”, tu fais référence à Jean-Jacques Goldman et au ping pong, son sport préféré. Hasard ou clin d'œil ?
Je ne savais pas que c’était son sport préféré !
Avec le tennis, oui.
C’est un clin d’œil à des cd que j’avais dans ma discothèque quand j’étais pré-ado. C’est du “name dropping”, comme on dit, qui collait bien à l’ambiance de la chanson et qui la situait, dans mes souvenirs, à une certaine époque.
Dans la chanson, justement, tu le brûles, le cd de Jean-Jacques Goldman…
Je le brûle, mais c’est pas le mien, c’est celui de la jeune fille ! Je le brûle, désolé. Mais c’est pas grave, j’ai tout dans l’iPod, maintenant !
Jean-Jacques Goldman représente-t-il quelque chose de particulier pour toi, ou c’était un chanteur parmi dans d’autres dans les années 80 ?
Gamin, j’ai beaucoup écouté la cassette de mon père de “Entre gris clair et gris foncé”. Je me souviens très bien. C’était un été au Portugal. Je l’ai écoutée en boucle. J’allais commencer à apprendre la musique. J’hésitais entre le clavier et la guitare. J’ai fait mon choix en écoutant ses chansons ! [rires] Comme Jean-Jacques compose à la fois à la guitare et au piano, j’ai fait mon choix d’instrument par rapport aux chansons que je préférais. Je me suis mis à la guitare en revenant de vacances après avoir écouté ce double album en boucle. [rires] Après et grâce à la guitare, j’ai découvert Brassens, Renaud, Bob Dylan…
Tes chansons préférées sur cet album, c’étaient plutôt les chansons acoustiques comme “Filles faciles”, “Doux”, “Qu’elle soit elle”, ou les chansons beaucoup plus arrangées comme “Entre gris clair et gris foncé”, “Là-bas”… ?
J’aime bien quand c’est arrangé…
La plupart des gens ont toujours une très nette préférence pour toutes ces chansons acoustiques, intimes et dépouillées que Jean-Jacques gardait depuis des années et qu’il a mises sur cet album.
Moi, à l’époque, je préférais quand ça envoyait ! [rires]
Dans "La stagiaire", tu dis : "Jean-Michel ? Mais qui c'est celui-là ?". Bah voilà. C'est moi.
[rires]
Encore un autre “name dropping” ! [rires] A moins que ce ne soit un Jean-Michel particulier que tu connaisses…
Non ! J’en connais plusieurs, mais ce n’est pas un Jean-Michel en particulier. Je voulais un prénom vraiment masculin, et qui ne se termine pas avec un “a” ou un “i” comme tous les prénoms féminins que je cite dans la chanson. C’est du name dropping dans la mesure où tous ces prénoms m’évoquent un visage.
A monter soi-même : mode d’emploi
On est passés par là : Souvenir d’enfance. Caché derrière les buissons. Ça sent le sépia, cette chanson-là !
Et le fait que ce soit le premier single, c’était une évidence ?
Honnêtement, cela fait longtemps que j’ai arrêté de décider moi-même du choix des singles. [rires] Je laisse le soin aux professionnels de la musique de choisir les singles. Moi, j’écris des chansons, je fais des albums. Si les chansons sont sur l’album, c’est parce que je les aime. Après, c’est tellement compliqué que je ne sais pas faire. Mais je suis très content que ce soit cette chanson-là. Elle fait partie des quatre titres les plus “évidents” en radio.
A la campagne : Je l’ai écrite en la pensant en duo dès le début, avec une voix féminine très fragile. J’avais beaucoup aimé l’album de Bless. Je l’ai contactée et cela s’est fait très naturellement.
La stagiaire : De vrais souvenirs d’entreprise ! Des expériences où les stagiaires tournent beaucoup, et un clin d’œil en particulier au monde de la musique où les stagiaires sont légion.
Quelles études as-tu suivies ?
J'ai fait des études d'acoustique puis j'ai travaillé dans une grande entreprise qui fabrique des voitures avec un losange...
Le meuble en kit : Des souvenirs de dimanche qui se finissent mal ! Très mal souvent ! [rires] On écrit, et puis on s’aperçoit que la chanson parle à 90%, si ce n’est plus, de la population française. [rires] On s’est tous retrouvés dans cette situation un jour.
14 juillet : Une chanson tendre, écrite très rapidement, sur cette ambiance de fête nationale. Elle parle plus des couleurs et des parfums que le 14 juillet m’évoque, et pas du tout du côté patriotique, nationaliste. Ce sont des amoureux qui se baladent un soir de 14 juillet. La chanson est venue assez vite.
Papa reste là : Souvenirs d’enfance. Encore une fois. Tout est dans la chanson…
Promis, juré, craché : Souvenirs d’un été au camping… [rires] C’est rigolo, léger, décalé, avec l’introduction un peu bringuebalante d’un groupe qui répèterait… C’est très volontairement moins léché… On s’est bien amusés !
La berceuse du petit voleur : Très belle rencontre avec Christian Olivier, le chanteur des Têtes Raides. C’est le texte le plus “social” de l’album. C’est également le premier texte que j’ai écrit sur l’album, très rapidement, il y a très longtemps. C’était en plein Arkol, suite à un reportage d’Envoyé spécial sur la prison des mineurs de Lyon. Elle est restée très longtemps dans mes tiroirs, parce que c’est lourd, très dur à chanter. On l’a chantée sur quelques concerts avec Arkol, mais c’était bien que Christian vienne poser sa voix sur ce titre. Cela lui donne une résonance particulière.
Jean Rochefort : [rires] C’est vraiment une chanson clin d’œil. Jean Rochefort, c’est mon petit Prozac, son rire est un antidépresseur très puissant. Cette chanson fait partie d’un délire, en samplant un film de Patrice Leconte, et ça s’est terminé avec une conversation très agréable que j’ai eue avec Jean Rochefort au téléphone. C’est une belle aventure !
Tu lui as demandé son avis avant ou après l’avoir enregistrée ?
Complètement après ! [rires] Je lui ai envoyé la chanson, on s’est appelés. J’étais très touché qu’il ait écouté, qu’il ait apprécié le rôle social que je lui prête.
Je roule : C’est mon vice ! [rires] La cigarette… C’était un peu un contre-balancier à la chanson de Renaud “Arrêter la clope” sur laquelle je n’avais absolument pas accroché. Tout est parti de ce rythme entraînant et de ce “Je roule” en parlant de la cigarette, avec ce côté musical qui “roulait”.
Est-ce que c’est encore loin ? Chanson naïve et poétique. Une petite lucarne d’espoir peut-être. Il y a un point d’interrogation. J’aime bien la forme interrogative.
On la compare évidemment à “C’est quand le bonheur” de Cali…
On me l’a dit une ou deux fois, mais musicalement, c’est tellement différent… Je l’ai vu dès que je l’ai écrite, honnêtement, mais je me suis dit que c’était tellement différent… C’est ce que je voulais exprimer, alors je me suis dit : qu’est-ce que je fais ? Est-ce que je la mets au fond d’un tiroir parce qu’il y a une phrase qui ressemble… ? Le propos n’est pas le même, l’intention n’est pas la même. Les chansons sont différentes, elles reflètent deux états d’esprits différents. Je l’ai gardée. Elle est jolie, elle me plaît ! [rires]
Toi t’es cap : La chanson la plus rock and roll de l’album ! Elle aurait pu être sur un album d’Arkol.
Ghost track : On n’en a pas mis ! Il y a des chansons qu’on a abandonnées, comme sur tous les albums. Mais non, pas de ghost track. Il y a juste une version acoustique du “Meuble en kit”.
C’était à la mode il y a quelques années, les ghost tracks, mais maintenant ça se fait moins…
Quand je finis un album, j’aime bien qu’il n’y ait plus rien dans les tiroirs. Ça permet de repartir sur des bases complètement vierges pour l’album suivant. Je ne garde pas trop. Je passe à autre chose. J’écris autre chose.
A monter soi-même : sortie le 9 novembre 2009
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