A se comporter comme une adolescente, on entretient des fantasmes d'adolescente, comme celui de pouvoir faire un enfant toute seule sans autre projet que de le garder pour soi, parce que l'on en a envie et que l'on considère "y avoir droit". Le statut de fille-mère n'étant plus répréhensible, nombre de Toujours-jeunes libérées se sont mises en quête du géniteur idéal qu'elles n'informaient bien souvent de leurs intentions qu'une fois l'affaire conclue. "Elle a fait un bébé toute seule / C'était dans ces années un peu folles, où les papas n'étaient plus à la mode", chantait Jean-Jacques Goldman, tandis que Cookie Dingler entonnait ce refrain : "Ne la laisse pas tomber, elle est si fragile / être une femme libérée, tu sais, c'est pas si facile...". Point commun de ces deux chansons emblématiques des années 80 : derrière la femme qui assure comme un homme, il y a la petite fille fragile, celle qui ne veut pas d'un mari, mais qui veut pouvoir disposer d'une sorte de grand frère un peu incestueux quand elle a un coup de blues, d'un copain à son service qui vienne lui tenir chaud quand elle se sent toute seule dans son grand lit. D'un homme SOS dépannage.
Agnès Fourgnaud (Editions JC Lattès, 1999)