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La juste décision d'un jury populaire
Le Monde, 6 mai 1976
Article de Francis Cornu
Retranscription de Linda Delozier

S'agit-il de la "bonne vieille justice" dont se réclamait M. Jacques Basse, substitut général, dans son réquisitoire, ou bien de la justice du vingtième siècle souhaitée par Me Georges Kiejman dans sa plaidoirie ? L'acquittement de Pierre Goldman pour le crime du boulevard Richard-Lenoir fera-t-il croire davantage à la justice, et le verdict d'Amiens en est-il la manifestation éclatante ? Les réponses à ces questions sont affaire d'opinion, de conviction ou de prétention. En réalité, il s'agit tout simplement d'une décision juste.

Bien que le procès de Pierre Goldman ait eu lieu dans un climat passionnée, le choix de ne condamner l'accusé que pour les trois hold-up qu'il a reconnus ne devrait pas être contesté. Il répond à des principes fondamentaux selon lesquels, notamment, tout jugement doit être fondé essentiellement sur la qualité de l'accusation plutôt que sur celle de la défense ; toujours selon ces mêmes principes, le doute doit profiter à l'accusé.

La décision qui vient d'être rendue le 4 mai a d'autant plus de poids que les membres d'une cour d'assises ne sont tenus qu'à leur intime conviction, qu'ils n'ont pas besoin de motiver ou de justifier leur verdict et que, en l'occurrence, ils avaient la possibilité de se prononcer d'une manière illogique, voire absurde. La cour pouvait, comme certains le redoutaient, disculper Pierre Goldman du double meurtre, mais le condamner pour les trois agressions à main armée à une peine nettement plus lourde que celle qui est généralement appliquée en pareil cas. Le jury de la cour d'assises de la Somme n'a pas cédé à la tentation du compromis.

La solution finalement retenue paraissait loin d'être acquise au début de ce procès. Celui-ci a connu un cours difficile et singulièrement long. En dépit de la confusion des débats lors des premiers jours, on aura pu remarquer, à l'occasion des dernières audiences, que les différents acteurs du procès s'étaient exprimés, autant que cela leur était possible. Chacun à sa manière, selon ses moyens, et souvent au prix de concessions importantes, a participé à la manifestation du véritable enjeu de ces débats, tant au niveau de l'accusation que de la défense, de la cour et parfois des témoins. Un tel concours est rare et, à ce propos, il convient de noter que la participation attentive et directe des jurés s'est révélée aussi exceptionnelle qu'efficace.

Une valeur d'exemple

Les mérites de ce procès sont d'autant plus remarquables que l'institution judiciaire dans son ensemble est soumise aux critiques les plus vives, que l'on considère les juges trop cléments ou trop répressifs. La décision rendue à Amiens - qui, si elle avait été différente, aurait encore ajouté au malaise - est particulièrement satisfaisante dans la mesure où elle est le fait d'un jury populaire (1). Celui-ci a, en effet, prouvé que le sentiment de justice pouvait être assez bien partagé. Pour les jurés, Pierre Goldman et ses amis n'étaient pourtant pas des leurs, comme l'avaient souligné le représentant du ministère public : "Vous êtes de petits notables de province", et un avocat de la partie civile, Me Henri-René Garraud : "Il s'agit d'une justice bourgeoise." Le résultat, qui vient d'être obtenu, dément en partie cette distinction et pourrait prendre valeur d'exemple.

(1) En plus des trois magistrats, le président et les deux assesseurs, le jury était composé de quatre agriculteurs, deux représentants de commerce, un directeur d'école, un commerçant et un artisan mécanicien.

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