Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : Editions J.R.G.
Version originale
Année : 1993
Interprétée par : Fredericks - Goldman - Jones
Distribuée par : Columbia / Sony Music
ça fera un avocat, peut-être un notaire
Tradition de famille, du côté du père
S'il a des problèmes pour aller jusqu'en fac
Il ira quand même, y'a des boîtes à bac
Période rebelle entre quinze et dix-huit
Il dira des gros mots, il fumera du shit
Passage à l'acte : une amie de sa mère
Il aimera les docksides et Mark Knopfler
La soeur d'un voisin, flash, on s'aime, on se noce
Auto, un enfant trois quarts, roulez carrosse
Maîtresses, plusieurs, pas de plaisir sans gêne
Divorce, quarantaine, pour la même en plus jeune
Des vies, que des vies, pas les mieux, pas les pires
Des bas, des hauts, des cris, des sanglots, des feux, des désirs
Du temps qu'on aura cru saisir
Mais que restait-il à écrire ?
Des vies où l'on aura eu peu, si peu à choisir
Il s'ra chanteur de rap, joueur de basket
Boxeur, sprinter, G.I. peut-être
S'il a l'étincelle, mort ou dealer
Rien d'autre au menu de son quartier, sa soeur
Probablement mère à quinze ans, classique
T'échappes à la police, pas aux statistiques
Autre enfant d'la rue, né de père inconnu
Qui de bien entendu, compris ? On continue
De vrais oublis, de faux souvenirs
Des coups de sang, de coeur et souffrir et rire et plaisir
Des parties qu'on aura cru jouer
Lesquelles n'étaient pas programmées ?
Des vies où l'on aura eu peu, si peu à écrire
"Je me souviens, lorsque j'étais étudiant, d'une étude sociologique sur le mariage. Ils avaient pris un village donné et tenté de marier les gens avec vingt ans d'avance sur l'événement probable, en fonction des origines, de la situation familiale, de la situation sociale, du nombre de frères et soeurs, du physique, de l'éducation, etc.
Quasiment, ce fut un sans faute. La petite Adeline, fille du notaire, se mariera probablement avec Jean-Claude, le fils du pharmacien. Même quartier, même école, tous les deux aînés de la famille, finiront par se rencontrer dans une soirée, persuadés de vivre une histoire exceptionnelle. La marge d'erreur est si faible. Et pourtant. Nous avons tous l'impression de vivre une vie d'exception. De choisir. On se pose des questions. On n'en dort pas des nuits entières. On part de chez nous. On s'exile au Guatemala. Tout ça, pour revenir, irrémédiablement attiré par une espèce de modèle dicté. Vie où l'a si peu à choisir. Bien sûr et heureusement, il y a des fils d'ouvriers qui deviennent ministres. Bon. Moi, je me suis marié avec la voisine."
Jean-Jacques Goldman
Commentaire du livre "Rouge"
BOBIGNY. Le viol d'une lycéenne comme "épreuve obligatoire".
Une lycéenne de 15 ans a été violée à plusieurs reprises par cinq personnes, dont trois lycéens, à la demande de son petit ami qui lui imposait ce viol pour entrer dans son organisation nommée "le Siège". Les cinq hommes, trois lycéens, mineurs, et deux adultes ages de 20 et 27 ans ont été arrêtés lundi par la brigade des mineurs. - Libération
GIRONDE. Un adolescent de 12 ans, qui devait redoubler sa 5è, se suicide.
Le jeune garçon venait de l'apprendre par ses professeurs. Très craintif, il aurait eu peur de l'annoncer lundi soir à ses parents. En l'absence de sa famille, il s'est saisi du fusil de chasse de son père, et s'est tiré un coup de fusil dans la tête. - Libération
CHALONS-SUR-MARNE. La mère de la petite Amandine retrouvée morte en prison. La jeune femme avait avoué le 18 mai le meurtre de sa fillette de 4 ans et demi à Epernay. Elle a été retrouvée sans vie, hier, dans sa cellule de la maison d'arrêt pour femme. - Libération
Extraits du livre "Rouge"
Londres. 6 h du mat. Exténués, fin du clip. Ce soir, concert à Bruxelles…
Jean-Jacques Goldman
Livret de Pluriel
Thierry Baumann : J'aimerais savoir, à propos de ce titre qui m'a paru un petit peu sarcastique, Jean-Jacques, "des vies programmées", c'est un constat d'échec, c'est un petit peu un signal d'alarme ?
Jean-Jacques Goldman : C'est un constat oui. Il n'y a qu'une chose qui peut redistribuer ça, enfin, qui était censée redistribuer ça, c'était l'école, laïque et obligatoire mais on se rend compte maintenant que c'est une institution qui ne fonctionne plus et, à mon avis, il vaut mieux aller au Lycée Charlemagne ou au Lycée Louis-le-Grand à Paris qu'au truc Maurice Torez à Saint-Denis, si on veut avoir des chances de s'en sortir.
Thierry Baumann : Enfin, c'est vrai que le texte est quand même assez ironique, c'est peut-être le plus ironique peut-être, non, le plus, enfin, le côté amusant des choses ?
Jean-Jacques Goldman : L'ironie, ce n'est pas mon fort, donc effectivement, ce n'est pas difficile de trouver où est l'ironie.
Journée spéciale Fredericks Goldman Jones
O'FM, 29 décembre 1993