Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : JRG
Version originale
Année : 2001
Interprétée par : Jean-Jacques Goldman
Distribuée par : Columbia / Sony Music
Comme un fil entre l'autre et l'un
Invisible, il pose ses liens
Dans les méandres des inconscients
Il se promène impunément
Et tout un peu tremble
Et le reste s'éteint
Juste dans nos ventres
Un noeud, une faim
Il fait roi l'esclave
Et peut damner les saints
L'honnête ou le sage
Et l'on n'y peut rien
Et l'on résiste on bâtit des murs
Des bonheurs, photos bien rangées
Terroriste, il fend les armures,
Un instant tout est balayé
Tu rampes et tu guettes
Et tu mendies des mots
Tu lis ses poètes
Aimes ses tableaux
Et tu cherches à la croiser
T'as quinze ans soudain
Tout change de base
Et l'on n'y peut rien
Il s'invite quand on ne l'attend pas
Quand on y croit, il s'enfuit déjà
Frère qui un jour y goûta
Jamais plus tu ne guériras
Il nous laisse vide
Et plus mort que vivant
C'est lui qui décide
On ne fait que semblant
Lui, choisit ses tours
Et ses va et ses vient
Ainsi fait l'amour
Et l'on n'y peut rien
Bertrand Dicale : Vous employez dans la chanson “Et l’on n’y peut rien” le mot “terroriste” pour parler de l’amour. Avez-vous pensé à le corriger après les événements récents ?
Jean-Jacques Goldman : Non, pas du tout. Le terrorisme n’est pas né le 11 septembre.
Bertrand Dicale : Mais il est plus présent que jamais dans l’actualité.
Jean-Jacques Goldman : Je ne place pas la chanson à ce niveau-là. On m’a demandé si ça ne me gênait pas de sortir un album gai dans un tel contexte. Mais je ne vois pas en quoi mes chansons peuvent peser dans ce contexte.
Goldman : "Une chanson ne change pas la vie"
Le Figaro, le 10 décembre 2001
Jean-Jacques Goldman : La chanson parle du côté incontrôlable de l'amour. J'adore l'idée que quelque chose se joue de nous, de n'importe qui. J'ai vu des couples extraordinaires se fendiller sur une rencontre improbable, une petite ou bien un maître nageur. C'est fascinant. Peut-être qu'à ce couple manquait un petit plus, ce petit côté inhumain, déraisonnable…
J'adore l'idée que l'amour se joue de nous
Télémoustique, le 12 décembre 2001
Joëlle Lehrer : Avez-vous essayé de danser sur vos nouvelles chansons ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, j'ai fait une farandole sur "On n'y peut rien" au cours d'une soirée avec des amis !
Jean-Jacques Goldman mène le bal !
Le Soir Magazine, le 14 décembre 2001
Eric Jean-Jean : Alors j'ai ressorti quelques thèmes : l'amour, "Et l'on n'y peut rien". Une jolie chanson. "Et tu cherches à la croiser, t'as 15 ans soudain, tout change de base et l'on n'y peut rien"… Il y a du vécu ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, mais comme tout le monde : j'ai bouffé avec un copain, un type qui est professeur de philosophie, qui est très sérieux, qui est en costume cravate, tout ça… et puis il me dit : "il m'arrive quelque chose de terrible"… voilà. Et puis il est amoureux et il n'y peut rien ! Je trouve ça super ! Tout à coup, il a douze ans et demi… et j'adore ça, le fait que ça soit un aspect absolument pas raisonnable. Mais il n'est pas raisonnable aussi dans l'autre sens. De temps en temps, il s'en va, tu ne sais pas pourquoi, et puis tout à coup, il se pose sur quelqu'un d'autre, c'est comme une espèce de petit être satanique qui s'amuse et qui passe de l'un à l'autre.
Paroles et musiques
RTL, le 15 décembre 2001
Laurent Boyer : Deuxième titre, "Et l'on n'y peut rien" . C'est l'amour telle une fatalité ? C'est-à-dire on n’y peut rien ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, mais, "fatalité", il y a un côté triste. Alors que là, c'est plutôt humoristique. C'est juste la constatation que pour ce qui est des rapports amoureux, l'amour s'amuse de nous. Il fait des liaisons tout à fait iconoclastes, des choses imprévues, et puis, on n'y peut rien !
Laurent Boyer : Et l'association "thème de la chanson" et "musique" justement sur cette gigue, c'est justement, ça court, ça gambade ?
Jean-Jacques Goldman : Les gigues en général c'est des choses très répétitives !
Laurent Boyer : Tu as envie de danser en même temps.
Jean-Jacques Goldman : Un petit peu dans la tête !
Laurent Boyer : C'est une "Chanson pour les pieds" !
Jean-Jacques Goldman : Voilà !
Fréquenstar
M6, le 16 décembre 2001
Brigitte Mari : C'est extrêmement rare d'avoir une chanson d'amour de Jean-Jacques Goldman, eh bien dans cet album il y en a une !
Jean-Jacques Goldman : Ça, c'est directement lié à mon âge, c'est-à- dire à la distance que j'ai par rapport à tous mes copains et toute leur vie amoureuse depuis qu'on a 15 ans. On se rend compte que c'est n'importe quoi. C'est n'importe quoi dans le sens de la surprise, c'est-à-dire que l'histoire d'amour la plus solide tout à coup se désintègre pour une raison impossible, pour un autre ou une autre impossible. Au contraire, des situations complètement rocambolesques qui ne devaient pas durer font des vies. J'ai des couples qui sont condamnés depuis le premier jour et qui sont encore là, et sont là pour de vrai, qui font de vraies histoires. Pour des choses comme ça qui se passent, on se dit qu'il y a un Cupidon qui se promène et qui se fout de notre gueule, qui s'amuse... Et on voit un prêtre tout à coup se défroquer, on voit un Don Juan mourir d'amour, c'est assez hallucinant ce spectacle !
Il est passé par ici
Option Musique, du 17 au 21 décembre 2001
Alain Pilot : Parmi ses dessins, il y a cette pièce dans laquelle on trouve un papier par terre, je pense que c’est un papier qui est par terre, sur lequel sont inscrits apparemment quelques titres de chansons dont "Quand il est là" qui est rayé. Est-ce que c’est vraiment un titre qui n’a pas été retenu, qui n’a pas eu sa place sur l’album ?
Jean-Jacques Goldman : Non, c’est un titre qui a changé. Ça s’appelait "Quand il est là". Une fois que le texte a été terminé, c’est devenu "Et l’on n’y peut rien". C’est un peu le même thème : quand l’amour se balade, cette espèce d’ange ou de démon, Cupidon qui se promène entre nous et qui joue. Au début, c’était quand il est là, qu’est-ce qui se passe et finalement c’est "On n’y peut rien".
La bande passante
Radio France Internationale, 14 mars 2002
François-Xavier Menou : T'attendais-tu à ce que les gens dansent dans la salle ?
Jean-Jacques Goldman : C'est ce que l'on a initié au début : au milieu de "Et l'on n'y peut rien", les danseurs descendaient dans la salle et commençaient des farandoles. Mais ça a marché uniquement sur les périphéries, parce que l'on s'est rendu compte que les gens qui étaient près et autour de la scène ne voulaient pas quitter leur place. On a fait comme ça sur une quinzaine de concerts, puis on s'est dit que les gens qui voulaient danser pouvaient le faire tout seuls, ce qui est effectivement le cas. Par contre on a rajouté une chorégraphie sur scène.
Jean-Jacques Goldman : Le faiseur de chanson
Côte Basque Magazine, le 10 juillet 2002
Philippe Robin : On a vu pendant le concert qu'il y a des chansons par rapport auxquelles les gens réagissent vraiment beaucoup, ce sont les chansons celtiques, qui ont une petite note celtique : "Je voudrais vous revoir", "Tournent les violons". Ce doit être celles là... Ou d'autres ?
Jean-Jacques Goldman : "Et l'on n'y peut rien".
Philippe Robin : "Et l'on n'y peut rien". Voilà. Et là, il y a une réaction très très forte du public. Pourquoi ? C'est le côté musique folklorique qu'on a tous en nous ?
Jean-Jacques Goldman : Dans le cas de "On n'y peut rien", c'est simplement parce qu'elle est faite pour ça. C'est une gigue. C'est fait pour avoir envie de danser, pour donner cette envie. C'est comme si on commençait avec un rock. Tout de suite, c'est efficace, parce que c'est une musique qui est faite pour ça. Dans le cas de "Je voudrais vous revoir", je ne pense pas que ce soit le côté celtique – d'ailleurs, qui n'est pas évident au début ; c'est juste à la fin avec les cornemuses. Je crois plutôt qu'ils sont attachés au texte.
Au fil des mots
Léman Bleu (Suisse), 10 octobre 2002
Pierre Chatard : Dans la chanson "On n'y peut rien", quand tu écris "Et on résiste , on bâtit des murs, des bonheurs, photos bien rangées", cela veut dire qu’on ne peut rien face à l’amour ?
Jean-Jacques Goldman : C’est juste qu’à un moment on se dit "Bon allez, là, il faut que je sois sérieux… Ha ! Quand même ! Je ne vais pas tout quitter, j’ai des enfants, une maison…" et tout à coup, voilà, le truc arrive… Ou alors dans l’autre sens, tout à coup l’amour s’en va, on ne sait pas trop pourquoi, et on n’y peut rien.
Pierre Chatard : Les conventions, les manières en amour, ça t’énerve ?
Jean-Jacques Goldman : Je trouve ça dommage ! Si on peut mettre des conventions partout, pas en Amour ! Je trouve que c’est super dommage de vivre des choses conventionnelles, forcées et raisonnables dans les relations amoureuses, ça veut dire qu’on ne les vit pas, en fait.
Pierre Chatard : Statistiquement, deux tiers des mariages se terminent par un divorce dans les grandes villes. Pourquoi tant de désillusions ?
Jean-Jacques Goldman : C’est surtout parce que maintenant, on parle d’amour ! C’est clair que du temps de nos grands-parents, l’idée d’amour dans le mariage n’existait pas, c’est-à-dire qu’on voyait des petites annonces dans un journal qui s’appelait "Le chasseur Français" où la femme mettait "cherche homme ne buvant pas" ! Là, la création de la famille était utilitaire, il y a avait un homme qui avait besoin d’une femme chez lui, pour faire la cuisine et des enfants, il y avait une femme qui avait besoin d’un homme qui travaille, l’amour était tout à fait subsidiaire. Il y avait les petites danseuses, il y avait des femmes pour ça. Maintenant, on est devenu beaucoup plus exigeant et par contre on ne vit que des histoires d’amour, même si c’est le prix des divorces. Et d’ailleurs, ça ne dure pas beaucoup moins longtemps, parce qu’avant, les gens mouraient jeunes, vers 40 ans. Ils faisaient 20 ans de couples. Maintenant, on fait souvent 7, 10 ou 15 ans et c’est déjà pas mal, quoi… Mais on peut le faire plusieurs fois [rires].
Pierre Chatard : Selon toi, la fidélité doit être le ciment du couple ?
Jean-Jacques Goldman : Chacun son truc. Je pense que ça peut l’être. Ça dépend vraiment des contrats passés. Moi, je pense que quand on se marie à 20 ans, qu’on a une espérance de vie de 84, 85 ans, et bien je trouve ça un peu dommage, quoi ! [rires]. Mais, bon, on peut vraiment s’éclater dans le cadre du couple. Tant mieux pour ceux qui y arrivent !
Interview de Jean-Jacques Goldman
MusiConnexion, mai 2002