Auteur : Jean-Jacques Goldman
Compositeur : Jean-Jacques Goldman
Editée par : Editions J.R.G.
Version originale
Année : 1997
Interprétée par : Jean-Jacques Goldman
Distribuée par : Columbia / Sony Music
Année | Interprète | Support | Référence | Pochette |
2000 | Les Fous Chantants | CD "1 000 choristes rendent hommage à Jean-Jacques Goldman" | 05082000 | |
2005 | Les Enfoirés | 2 CD "Le train des Enfoirés" | BMG 82876674512 |
Sur une arme les doigts noués
Pour agresser, serrer les poings
Mais nos paumes sont pour aimer
Y'a pas de caresse en fermant les mains
Longues, jointes en une prière
Bien ouverte pour acclamer
Dans un poing les choses à soustraire
On ne peut rien tendre les doigts pliés
Quand on ouvre nos mains
Suffit de rien dix fois rien
Suffit d'une ou deux secondes
A peine un geste, un autre monde
Quand on ouvre nos mains
Mécannique simple et facile
Des veines et dix métacarpiens
Des phalanges aux tendons dociles
Et tu relâches ou bien tu retiens
Et des ongles faits pour griffer
Poussent au bout du mauvais côté
Celui qui menace ou désigne
De l'autre on livre nos vies dans des lignes
Quand on ouvre nos mains
Suffit de rien dix fois rien
Suffit d'une ou deux secondes
A peine un geste, un autre monde
Quand on ouvre nos mains
Un simple geste d'humain
Quand se desserrent ainsi nos poings
Quand s'écartent nos phalanges
Sans méfiance, une arme d'échange
Des champs de bataille en jardin
Le courage du signe indien
Un cadeau d'hier à demain
Rien qu'un instant d'innocence
Un geste de reconnaissance
Quand on ouvre comme un écrin
Quand on ouvre nos mains
Artist News : Cette chanson nous a renvoyés immédiatement aux Restos du Coeur : "Quand on ouvre nos mains". Les bénévoles ont-ils déja commencé à préparer le prochain hiver? Y a-t-il un message que l'on puisse faire passer dès aujourd'hui ?
Jean-Jacques Goldman : Je crois que l'ardeur des Restos du Coeur ne faiblit pas. Et le message de Coluche reste le même : "On compte sur vous !"
Jean-Paul Germonville : On glisse de séquences intimistes à des considerations plus vastes sur le monde.
Jean-Jacques Goldman : Des thèmes viennent durant les trois ou quatres années écoulées entre chaque album. Certains s'imposent peu à peu. Je ne vois pas, effectivement, le rapport entre le côté abstrait de "Nos mains" et celui, au contraire très concret de "Tout était dit". Mais dans un certains sens, on y retrouve le pouvoir des apparences. Dans la seconde, il est dit que contrairement au proverbe, il faut se fier aux apparences. "Nos mains" finalement parlent de la même chose. En fonction de ce qu'on montre d'elles, le dos ou la paume, le geste est plein de signification.
Quelques mots en passant
L'Est Républicain, septembre 1997
Christophe Nicolas : Il y a une chanson qui évoque un peu, même complètement, la générosité sur l'album. Elle s'appelle "Nos mains". On la sent bien sur scène. Vous y avez pensé, déjà, un petit peu ?
Jean-Jacques Goldman : Ouais.
Christophe Nicolas : Hein ?! J'imagine. Même si il y a beaucoup de côtés un peu plus intimistes. On l'a évoqué, durant ce week-end sur l'album "En passant", celle-là on la sent bien avec une foule en délire à son écoute et à votre vue, Jean-Jacques.
Jean-Jacques Goldman : Souhaitons-le, Christophe. Souhaitons-le.
Week-end Jean-Jacques Goldman
Nostalgie, 26-27 septembre 1997
Gilbert Jouin : Dans "Nos mains", vous vous livrez à une étude quasi anatomique...
Jean-Jacques Goldman : Ma fille cadette s'est fait un plaisir de me fournir les éléments exacts. J'ai toujours été fasciné par les mains. Le revers de la main est agressif, quand on la ferme, elle devient un poing. Mais dès qu'on la retourne et qu'on présente la paume, elle devient douce, caressante, généreuse. Quand je suis allé visiter une réserve indienne dans le Wyoming, j'ai appris que la plus grande humiliation pour un ennemi était de se faire toucher la main.
Jean-Jacques Goldman sait enfin dire "je t'aime"
Télé Magazine n° 2189, 24 octobre 1997
TV Hebdo : A écouter "Nos mains", on a l'impression qu'elles sont à vos yeux chargées de bien des symboles.
Jean-Jacques Goldman : Toucher et étreindre sont des actes très intimes. Lourds de sens. regardez la poignée de main Arafat – Rabin.
"Sur une arme les doigts noués / Pour agresser, serrer les poings / Mais nos paumes sont pour aimer".
Jean-Jacques Goldman : Mais un jour si tu n'as rien à foutre, si à la télé le feuilleton ne te plaît pas, regarde tes mains. Sur le dessus, tout est dur. La peau est tannée. Tu as des ongles durs qui peuvent griffer, des articulations pour faire des poings, pour frapper. Si tu retournes ta main, l'intérieur est extrêmement doux, il y a les lignes de la vie, presque des confidences, des choses intimes. Et après, tu te rends compte que quelqu'un qui se présente paume tendue ou poing fermé, ça fait une énorme différence. C'est une image jolie pour une chanson mais ça ne veut pas dire plus que cela. Je n'ai pas besoin de toucher pour croire. Par contre, je préfère un geste à une parole. On a appris à se méfier des paroles.
Erick Benzi : Nous parlions précédemment du travail en équipe avec Jean-Jacques. Ici, justement, dans la première version, nous avions un problème de voix. Elle était ou trop aiguë ou trop grave. Impossible à passer. J'ai suggéré à Jean-Jacques de changer carrément de ton au milieu du morceau. Et du coup, mpeccable. Il démarre la chanson dans un ton et au milieu, il monte d'une tierce. Ce n'était pas prévu au départ. Cet exemple illustre l'intérêt du travail d'équipe.
Paul Ferrette : Sachant combien Jean-Jacques et toi vous aimez le piano, je m'étonne qu'il n'y en ait pas dans cet album.
Erick Benzi : Le piano accompagne une chanson mais il est vrai que Jean-Jacques a composé cet album beaucoup plus autour de la guitare. Il y a des pianos électriques type Fender mais je trouve que c'est tellement commun que j'essaye, autant que possible, de les remplacer par un riff de guitare. C'est plus intimiste.
Paul Ferrette : Et pour le spectacle qui se prépare, même ambiance, avec autant de guitares ?
Erick Benzi : Même idée. Jean-Jacques seul, devant son public. Quelques musiciens, mais c'est lui qui assurera la majeure partie du spectacle, seul avec sa guitare. Des accessoires, des décors, des lumières mais le tout très centré sur Jean-Jacques.
Livre de partitions de "En passant"
Hit Diffusion, juin 1998
Paul Ferrette : C'est une chanson que j'adore. Ce thème me touche comme musicien et comme homme.
Jean-Jacques Goldman : Ah oui ? Elle est extrêmement particulière dans cet album et les avis sont très partagés. Il y a ceux qui disent : J'aime ton album, sauf "Nos mains" et ceux qui disent : Je suis déçu par cet album, sauf pour "Nos mains".
Paul Ferrette : N'est-ce pas la plus "goldmanienne" ?
Jean-Jacques Goldman : Voilà, la plus "traditionnelle". C'est la "chanson fossile" de ce que je faisais avant. Donc, certains sont un peu déçus par "Quand tu danses", "Tout était dit" et ils me retrouvent un peu dans "Nos mains". Il y en a d'autres, au contraire, que ça gêne. C'est amusant. Mais j'en avais conscience dès le départ.
Paul Ferrette : Revenons au texte que j'aime beaucoup. Est-il l'aboutissement d'un long chemin ? La main, outil subtil ou machine de guerre ? Lorsque tu joues, tes mains sont tellement indispensables pour traduire tes sentiments...
Jean-Jacques Goldman : Non, c'est une idée récente. Un jour, j'ai remarqué ce côté dur, avec ongles et poings et l'autre, avec une peau tellement plus fragile...
Paul Ferrette : Et musicalement ? Là aussi, une rythmique, une progression ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, et c'est une des seules chansons de cet album où il y a des choeurs (j'adore les choeurs). A la limite c'est plus du Fredericks, Goldman, Jones
Paul Ferrette : Avec une couleur radicalement différente ?
Jean-Jacques Goldman : Oui, de même que "Rouge" avait une couleur un peu différente : plus électrique, plus orchestrée, sophistiquée, plus "produite".
Paul Ferrette : Avec "Rouge", dès les premières notes, on reconnaissait l'ambiance "Goldman". Et puis quel fabuleux spectacle ! De la première à la dernière note, de l'émotion, des surprises.
Jean-Jacques Goldman : C'est un bon souvenir. Pour tous, le spectacle le plus abouti. Après on ne sait plus quoi faire!
Paul Ferrette : Jusqu'au dernier moment il s'y passait quelque chose avec une débauche d'idées et d'énergie.
Jean-Jacques Goldman : C'est dû à ma difficulté d'être sur scène. J'ai tellement peur et je me trouve tellement peu capable de tenir une scène que je me suis toujours beaucoup entouré. Il me faut un spectacle construit. Mais j'adore ça. C'est le show de toute une équipe. Je ne suis pas seul en scène.
Livre de partitions de "En passant"
Hit Diffusion, juin 1998
Jean-Luc Cambier : Après toutes les photos d'enfants pour illustrer "Les Mains", vient l'image de leur instituteur auquel tu rends hommage en disant que chaque jour, il change un peu la vie. Ce métier d'enseignant te semble un peu primordial ?
Jean-Jacques Goldman : Je pense que la Révolution avec un grand " R" est là et uniquement là. Après avoir expérimenté la révolution rouge et noire, c'est l'éducation. L'éducation est la seule pratique réellement révolutionnaire. Je n'ai pas l'impression que mes textes me donnent un rôle de professeur mais je peux peut-être donner confiance. En exprimant des opinions qui peuvent sembler cuculs, j'aide peut-être ceux qui les partagent à les trouver moins nunuches. J'ai toujours fortement revendiqué le fait d'être un boy-scout.
Quand la chanson est bonne
Télé Moustique n° 3807, 16-22 janvier 1999